Réponses à quelques questions au sujet du sacre épiscopal du successeur de Mgr de Castro Mayer – 20 février 1991

Le sacre pro­je­té, en dehors des lois cano­niques, est-​il légitime ? 

Il est non seule­ment légi­time, mais nécessaire.

1. « Parce que les prêtres et les fidèles ont un droit strict à avoir des pas­teurs qui pro­fessent dans son inté­gri­té la foi catho­lique, essen­tielle pour le salut de leurs âmes, et des prêtres qui sont de vrais prêtres catholiques »

2. « parce que l”« Église conci­liaire », désor­mais répan­due uni­ver­sel­le­ment, dif­fuse des erreurs contraires à la foi catho­lique et, en rai­son de ces erreurs, a cor­rom­pu les sources de la grâce que sont le saint Sacrifice de la Messe et les sacre­ments. Cette fausse Église est en rup­ture tou­jours plus pro­fonde avec l’Église catho­lique » (Mgr Lefebvre, 4 décembre 1990).

(Par « Église conci­liaire », expres­sion de feu le car­di­nal Benelli, nous enten­dons le sys­tème néo­mo­der­niste qui a inves­ti l’Église depuis Vatican II et en dirige tous les rouages.)

Donc ce n’est pas àl”« Église conci­liaire » que l’on peut rai­son­na­ble­ment deman­der un évêque catho­lique, ni de consa­crer un évêque catho­lique, un pas­teur tel qu’y a droit le trou­peau fidèle de Campos.

Avez-​vous subi des pres­sions pour déci­der d’ac­com­plir ce sacre ?

Aucunement. Mais nous ne pou­vons lais­ser le cler­gé et le laï­cat fidèle de Campos « comme des bre­bis dis­per­sées sans pas­teur ». Nous ne pou­vons pas, en conscience, refu­ser de répondre à fa demande pres­sante de ce petit trou­peau fidèle. En bref, ce sacre est pour nous un devoir de conscience, pour le salut d’une por­tion de l’Église universelle.

N’est-​ce pas au pape seul qu’il appar­tient de pour­voir aux néces­si­tés de l’Église ? 

En temps nor­mal, oui, il y suf­fit. Mais quand il ne le fait pas, les évêques vrai­ment catho­liques répondent à l’ap­pel de Pie XII :

« vous aime­rez, véné­rables frères, prendre votre part, dans un esprit de vive cha­ri­té, de cette sol­li­ci­tude de toutes les églises qui pèse sur nos épaules (cf il Cor 11, 28) (…) Sans doute est-​ce au seul Apôtre Pierre, que Jésus confia la tota­li­té de son trou­peau : « pais mes agneaux, pais mes bre­bis » (Jn 21, 16–18); mais si chaque évêque n’est pas­teur que de la por­tion du trou­peau confiée à ses soins, sa qua­li­té de légi­time suc­ces­seur des Apôtres par l’ins­ti­tu­tion divine le rend soli­dai­re­ment res­pon­sable de la mis­sion apos­to­lique de l’Église, selon les paroles du Christ à ses apôtres : « de même que le Père m’a envoyé, moi aus­si je vous envoie » (Jn 20, 21) » (Encyclique ).

C’est au nom de notre « res­pon­sa­bi­li­té soli­daire » du bien de l’Église, que nous assu­mons, en tant qu’é­vêques catho­liques, la res­pon­sa­bi­li­té du sacre d’un évêque pour les fidèles de Campos. En agis­sant ain­si nous sommes conscients d’être le meilleur sou­tien de Rome et du Pape.

Le sacre épis­co­pal en ques­tion se fera « sans le man­dat expli­cite de Rome, mais avec le man­dat impli­cite de l’Église Romaine gar­dienne de la foi » (Mgr Lefebvre, 20 février 1991).

La Fraternité Sacerdotale Saint Pie X est-​elle impli­quée dans le sacre de Campos ?

Les évêques qui sacre­ront l’é­lu de Campos agi­ront non en tant que membres de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, mais en tant qu’é­vêques catho­liques. La Fraternité Sacerdotale Saint Pie X n’est pas en cause, le Supérieur géné­ral approuve tota­le­ment le sacre, mais il en remet toute la res­pon­sa­bi­li­té aux évêques consé­cra­teurs d’une part, et aux prêtres et fidèles catho­liques de Campos d’autre part.

Qui désigne le futur évêque ? est-​ce Mgr de Castro Mayer qui l’a nom­mé ? est-​ce la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X ? 

C’est « la majo­ri­té des prêtres dio­cé­sains et des fidèles qui, avec le conseil de l’an­cien évêque, dési­gnent le suc­ces­seur et demandent à des évêques catho­liques de le consa­crer. C’est bien de cette manière que la suc­ces­sion des évêques s’est réa­li­sée pen­dant les pre­miers siècles, en union avec Rome, comme nous le sommes aus­si, en union avec la Rome catho­lique et non avec la Rome moderniste ».

« C’est le cler­gé et le peuple fidèle de Campos qui se donnent un suc­ces­seur des apôtres, un évêque catho­lique et Romain, puis­qu’ils ne peuvent plus en avoir par la Rome moder­niste » (Mgr Lefebvre, 4 décembre 1990).

A quel titre le nou­vel évêque exercera-​t-​il une auto­ri­té sur les prêtres et les fidèles ?

Le nou­vel évêque « n’a d’autre titre de juri­dic­tion que celui qui lui vient de l’ap­pel des prêtres et des fidèles de prendre soin de leurs âmes et de celles de leurs enfants, qui lui ont deman­dé d’ac­cep­ter l’é­pis­co­pat pour leur don­ner de vrais prêtres catho­liques et la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion. » (Mgr Lefebvre, 20 février 1991).

L’évêque joui­ra donc d’une juri­dic­tion de sup­pléance, sur les prêtres et les fidèles qui recour­ront à son minis­tère. C’est l’Église elle-​même qui lui don­ne­ra cette juri­dic­tion : « Ecclesia sup­plet »

Le nou­vel évêque sera-​t-​il consi­dé­ré par son trou­peau comme l’é­vêque diocésain ?

Non. Et ceci est très impor­tant à sai­sir. « La juri­dic­tion du nou­vel évêque n’est pas ter­ri­to­riale, mais per­son­nelle, comme le devient aus­si la juri­dic­tion des prêtres. » (Mgr Lefebvre, 20 février 1991).

Cela signi­fie que l’é­vêque n’a pas auto­ri­té sur le ter­ri­toire ecclé­sias­tique déli­mi­té qui est le dio­cèse, mais sur les per­sonnes et les familles fidèles, où qu’elles demeurent, qui recourent à l’a­pos­to­lat des prêtres fidèles du dio­cèse de Campos.

L’évêque du dio­cèse reste l’é­vêque nom­mé par Rome, et les prêtres de Campos vrai­ment catho­liques le recon­naissent comme tel et prient pour lui au canon de la Messe. Toutefois ils ne feront pas appel à sa juri­dic­tion, mais à la juri­dic­tion sup­plé­toire du nou­vel évêque, pour les rai­sons déjà expliquées.

Le groupe des prêtres et des fidèles de Campos avec l’é­vêque vrai­ment catho­lique ne forme pas un dio­cèse et n’au­ra pas une struc­ture à pro­pre­ment par­ler diocésaine.

Quelles seront l’é­ten­due et la force des pou­voirs du nou­vel évêque ? 

Le nou­vel évêque, selon son carac­tère et sa grâce épis­co­pale et selon sa juri­dic­tion sup­plé­toire sera le doc­teur de la foi, le pas­teur et le sanc­ti­fi­ca­teur des âmes fidèles : sanc­ti­fi­ca­teur en confé­rant le sacre­ment de confir­ma­tion et celui de l’Ordre.

« Dans la mesure où les fidèles viennent deman­der aux prêtres et à l’é­vêque les sacre­ments et la doc­trine de la foi, ceux-​ci ont le devoir de veiller à la bonne récep­tion et au bon usage de la doc­trine et de la grâce du Sacrifice de la Messe et des sacre­ments. Les fidèles ne peuvent pas deman­der les sacre­ments et refu­ser l’au­to­ri­té vigi­lante des prêtres et de l’évêque ».

« L’autorité juri­dic­tion­nelle de l’é­vêque ne lui venant pas d’une nomi­na­tion romaine mais de la néces­si­té du salut des âmes, il devra l’exer­cer avec une déli­ca­tesse particulière. »

« D’autre part les fidèles et les prêtres doivent recon­naître la grâce d’a­voir un Pasteur suc­ces­seur des apôtres et gar­dien de la tra­di­tion du dépôt de la foi, du Sacrifice eucha­ris­tique, du sacer­doce catho­lique et de la grâce des sacre­ments, et par consé­quent de faci­li­ter l’exer­cice de son auto­ri­té par une géné­reuse obéis­sance » (Mgr Lefebvre, 20 février 1991).

Avez-​vous l’in­ten­tion de sacrer d’autres évêques ? 

Seule la néces­si­té, dans laquelle se trou­ve­raient d’autres groupes impor­tants de prêtres et de fidèles dignes de confiance par leur esprit d’Église, pour­rait nous en faire un devoir. Nous ne l’ex­cluons pas, tant que a Rome actuelle inves­tie par le moder­nisme ne s’est pas récon­ci­liée avec la Rome éter­nelle gar­dienne de la foi.

Tels sont les prin­cipes catho­liques et cano­niques qui diri­ge­ront les évêques consé­cra­teurs et le consa­cré. Leur expo­sé per­met à tous de voir dans le sacre de Campos, non une action schis­ma­tique, voire, dira-​t-​on, « un schisme plus carac­té­ri­sé que le pré­cé­dent », mais au contraire un acte par­fai­te­ment catho­lique, que Mgr Lefebvre se serait fait un devoir de poser. Ce seront trois de ses fils dans l’é­pis­co­pat qui auront cet honneur.