Sermon de Mgr Lefebvre – Confirmations – 19 octobre 1975

Mes chers enfants,

Depuis déjà long­temps, cer­tai­ne­ment, vous vous êtes pré­pa­rés à rece­voir ce sacre­ment de confir­ma­tion, vos parents, vos prêtres, vous ont appris ce que c’était le sacre­ment de confirmation.

Et aujourd’hui, vous voi­ci entou­rés de vos parents, pour rece­voir le sacre­ment. Vous remar­que­rez que nous avons vou­lu don­ner une cer­taine solen­ni­té à ce sacre­ment de confir­ma­tion, parce que c’est un très grand sacre­ment, très néces­saire aujourd’hui plus que jamais, pour demeu­rer bon chré­tien, bonne chré­tienne. Car c’est pour cela que vous rece­vez le sacre­ment de confirmation.

Nous rece­vons comme une semence en nos âmes, le jour du bap­tême, lorsque la grâce du bap­tême des­cend dans nos âmes. C’est une semence qui doit croître et qui doit enva­hir toutes nos âmes, nos âmes inté­gra­le­ment, tout entières. Faire deve­nir nos âmes par­fai­te­ment chré­tiennes, par­fai­te­ment sou­mises à Notre Seigneur, rem­plies de l’Esprit de Notre Seigneur.

C’est pré­ci­sé­ment cela que Notre Seigneur a vou­lu. Que tous les sacre­ments ajoutent à la grâce du bap­tême une force encore par­ti­cu­lière afin de nous aider à don­ner nos âmes com­plè­te­ment à Notre Seigneur Jésus-​Christ. Que nous soyons com­plè­te­ment sous la domi­na­tion de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Qu’est-ce qu’un chré­tien ? C’est celui qui est un autre Christ, celui qui est tout entier don­né à Notre Seigneur Jésus-​Christ, tout entier sou­mis à Notre Seigneur Jésus-​Christ, dési­reux que son règne arrive. C’est ce que vous dites dans le Notre Père : Que votre règne arrive, que votre volon­té soit faite sur la terre comme au Ciel. Vous le répé­te­rez encore tout à l’heure.

Eh bien la grâce que vous rece­vez, grâce du bap­tême, grâce du sacre­ment de confir­ma­tion, grâce de tous les sacre­ments, grâce de la Sainte Eucharistie en par­ti­cu­lier, toutes ces grâces sont faites pour que vos âmes soient tout entières don­nées à Notre Seigneur Jésus-​Christ. Et ce n’est pas si facile ! Car Notre Seigneur est exi­geant. Notre Seigneur veut que nous L’aimions et que l’on n’aime pas autre chose. Que l’on n’aime pas des choses qui nous éloignent de Lui.

Or aujourd’hui, dans ce monde et comme tou­jours d’ailleurs, mais peut-​être plus encore aujourd’hui qu’autrefois, parce que la science a fait des décou­vertes qui per­mettent mal­heu­reu­se­ment aux hommes de faire beau­coup de mal et beau­coup plus de scan­dale qu’autrefois, eh bien, ces scan­dales qui nous entourent, veulent nous arra­cher à Notre Seigneur Jésus-​Christ. Et le démon se sert de ces moyens pour arra­cher nos âmes à Notre Seigneur Jésus-​Christ. Le démon ne veut pas que Notre Seigneur Jésus-​Christ règne en nous. Il ne le veut pas. Il fera tout pen­dant votre vie, jusqu’à votre der­nier sou­pir pour essayer de vous arra­cher à Notre Seigneur Jésus-​Christ qui vous a conquis par le bap­tême et qui main­te­nant, aujourd’hui, va vous conqué­rir encore et va deve­nir votre Roi encore un peu plus par le sacre­ment de confir­ma­tion. Le démon n’accepte pas cela. Alors il déploie tous les moyens qui sont au ser­vice de son intel­li­gence – et il est malin le démon, je vous assure il est intel­li­gent, avec tous ceux qui sont à son ser­vice et tous ceux qui ici-​bas sur la terre se mettent à son ser­vice, pour essayer d’empêcher les âmes d’être dans le si doux, le si bon règne de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Alors vous allez rece­voir ce sacre­ment de confir­ma­tion qui va vous don­ner une force très grande si vous dis­po­sez bien vos âmes. Si vous fer­mez vos âmes à la grâce du Bon Dieu, Notre Seigneur ne peut pas péné­trer dans vos cœurs, dans votre volon­té, dans votre intel­li­gence. Mais je suis sûr que vos âmes sont bien dis­po­sées, bien dis­po­sées à faire la volon­té de Notre Seigneur. Et c’est pour­quoi la grâce que vous allez rece­voir dans quelques ins­tants, va trans­for­mer vos âmes à nou­veau. C’est pour­quoi il est très impor­tant de rece­voir la grâce de ce sacre­ment. Et c’est Notre Seigneur qui a ins­ti­tué ces sacre­ments. Ce n’est pas nous qui les avons inven­tés. Ce n’est pas l’Église qui a inven­té ces sacre­ments ; c’est Notre Seigneur Lui-​même. C’est l’Église qui nous l’enseigne.

C’est Notre Seigneur Lui-​même qui a vou­lu ce sacre­ment de confir­ma­tion. Par consé­quent nous ne pou­vons pas faire n’importe quoi, n’importe quelle prière, n’importe quel rite, n’importe quels gestes pour don­ner ou rece­voir le sacre­ment de confirmation.

Si je vous disais, dans quelques ins­tants, au lieu de dire la prière qui est ins­crite au Pontifical pour don­ner le sacre­ment de confir­ma­tion, si j’inventais une prière à moi, comme par exemple : « Recevez le Saint-​Esprit ». Si je ne disais que cela tout à l’heure en impo­sant ma main sur votre tête et en signant votre front du signe de la Croix, eh bien vous ne rece­vriez pas la grâce. Vous n’auriez pas la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion. Vous auriez fait une très belle réunion, ici à Écône, mais vous repar­ti­riez sans la grâce de la confirmation.

Est-​ce que c’est cela que vos parents dési­rent ? Vos parents vous ont-​ils ame­nés ici pour faire une prière et retour­ner chez vous sans avoir reçu la grâce de la confir­ma­tion ? Est-​ce pour cela qu’ils vous ont conduits ici ? Certainement pas. Ils vous ont ame­nés ici, pour être sûrs au contraire, pour être tout à fait cer­tains, que je ferai sur vous le rite que l’Église a tou­jours fait, que l’Église a fait depuis des siècles. Parce que si l’Église a pra­ti­qué ce rite-​là depuis des siècles et des siècles et qu’elle a été heu­reuse de ce rite et qu’elle estime que c’est le rite que Notre Seigneur Jésus-​Christ a vou­lu, donc vous pou­vez être cer­tains de rece­voir le sacre­ment de confir­ma­tion de toujours.

Même si, par exemple, j’étais dis­trait, en vous don­nant le sacre­ment de confir­ma­tion, vous auriez quand même le sacre­ment de confir­ma­tion, parce que j’aurais accom­pli le rite que l’Église a tou­jours fait et que dans mon inten­tion, je veux faire ce que l’Église a tou­jours fait. Voilà ce qui est néces­saire pour ce que l’on appelle la vali­di­té du sacre­ment, c’est-à-dire que la grâce des­cende vrai­ment dans vos âmes.

Ceci est très impor­tant. On ne fait pas n’importe quoi. Les sacre­ments ont été ins­ti­tués par Notre Seigneur Jésus-​Christ. C’est pour­quoi aujourd’hui la situa­tion de l’Église est très grave. Parce que, mal­heu­reu­se­ment, beau­coup de prêtres aujourd’hui et hélas il faut le dire même d’évêques, ne veulent plus suivre ce que l’Église a fait autrefois.

On veut tou­jours inno­ver, faire du nou­veau. Inventer de nou­velles prières, inven­ter de nou­veaux rites, sous le pré­texte de mettre l’Église au dia­pa­son du temps moderne, des hommes modernes. Mais l’on ne peut pas chan­ger toutes choses dans le rite du sacre­ment, sans ris­quer de faire dis­pa­raître la grâce du sacrement.

C’est la même chose avec le Saint Sacrifice de la messe. Le prêtre ne pour­rait pas dire n’importe quelles paroles sur l’Eucharistie et croire que Notre Seigneur serait pré­sent dans l’Eucharistie. Ce n’est pas vrai. Nous devons pro­non­cer les paroles que l’Église désire que nous pro­non­cions et qui ont été pro­non­cées pen­dant des siècles.

Aussi vous pou­vez être assu­rés, que le rite que vous rece­vrez tout à l’heure, qui vous sera don­né, sera vrai­ment le rite de la confir­ma­tion et que vous rece­vrez cette grâce de la confirmation.

Vous repar­ti­rez for­ti­fiés par le Saint-​Esprit, par la grâce du Saint-​Esprit. Tout à l’heure – dans quelques ins­tants – lorsque je vais com­men­cer le rite de la confir­ma­tion, j’étendrai les mains comme ceci, sur vous, pour appe­ler sur vous, tous les dons du Saint-Esprit.

Ce n’est pas à ce moment-​là que vous rece­vrez la grâce du sacre­ment, mais vous savez bien que dans tous les sacre­ments, l’Église a vou­lu qu’il y ait des prières qui expliquent la grâce du sacre­ment, qui montrent ce que l’on va faire, comme dans le Saint Sacrifice de la messe. L’Offertoire était jus­te­ment fait pour expri­mer l’intention du prêtre, l’intention de l’Offertoire, l’intention de ce que l’on va faire. C’est une décla­ra­tion d’intention, que l’Offertoire de la messe.

Eh bien c’est la même chose au début du rite du sacre­ment de confir­ma­tion : l’évêque appelle tous les dons du Saint-​Esprit, que le Saint-​Esprit des­cende avec ses dons.

C’est pour expli­quer ce qui va vous être don­né dans le sacre­ment qui va vous être déli­vré dans quelques ins­tants après.

Puis vous vien­drez vous age­nouiller devant l’évêque et c’est au moment où l’évêque met­tra sa main sur votre tête et vous signe­ra de la Croix sur votre front, avec le Saint-​Chrême et pro­non­ce­ra les paroles du sacre­ment de confir­ma­tion, que vous rece­vrez la grâce du sacre­ment de confir­ma­tion. Dites-​vous bien que c’est à ce moment-​là – un tout petit moment – ce n’est pas long, mais la grâce du Bon Dieu, c’est quelque chose d’extraordinaire. C’est un vrai miracle qui s’opérera à ce moment-​là, soyez-​en sûrs.

Qu’est-ce que c’est que ce petit geste pour la grâce que vous allez rece­voir, en com­pa­rai­son de la grâce elle-​même que vous allez rece­voir ? Mais la toute puis­sance de Dieu est infi­nie et Dieu par un petit geste, vous donne une grâce immense.

Cela n’a pas été plus dif­fi­cile pour le Bon Dieu de créer le monde, les mon­tagnes, tous les astres qui sont dans le ciel. Il a fal­lu un ins­tant, un seul ins­tant pour le Bon Dieu pour créer tout cela. Alors par une petite parole, par un petit geste qui est fait sur vous, le Bon Dieu peut trans­for­mer vos âmes et les don­ner tout entières à Notre Seigneur Jésus-​Christ, si vous le vou­lez, si vous êtes bien disposés.

Alors deman­dez dans vos cœurs à Notre Seigneur de bien dis­po­ser vos cœurs, de faire en sorte que la grâce soit abon­dante en vous et que vous puis­siez pro­fi­ter de cette grâce toute votre vie. Car cela ne se renou­velle pas le sacre­ment de confir­ma­tion. Vous ne le rece­vrez pas une autre fois. On ne reçoit qu’une fois le sacre­ment de confir­ma­tion, parce qu’il imprime un carac­tère dans vos âmes, qui est visible par tous les anges du Ciel, par tous les élus du Ciel, qui voient ceux qui ont été confir­més et ceux qui ne sont pas confirmés.

Il y a un carac­tère, un signe qui est mar­qué défi­ni­ti­ve­ment dans vos âmes et c’est par ce signe que vous rece­vez la grâce et que ce signe doit vous aider à être de bons chré­tiens et de bonnes chrétiennes.

Voyez comme c’est impor­tant, pour faire le salut de vos âmes, pour aller au Ciel. Ici-​bas, cela ne dure que quelques années ce temps que le Bon Dieu nous donne. Quelques années et puis c’est fini. Il faut faire un choix : ou pour le Bon Dieu, ou contre le Bon Dieu ; pour Notre Seigneur ou contre Notre Seigneur ; ou pour la Sainte Vierge ou contre la Sainte Vierge. Il faut faire un choix.

Alors le Bon Dieu nous donne quelques années : Faites votre choix. Je vous regarde. Où irez-​vous ? Est-​ce que vous choi­sis­sez le Bon Dieu ? Est-​ce que vous êtes contre le Bon Dieu ? Est-​ce que vous êtes pour Notre Seigneur, ou est-​ce que vous êtes contre Notre Seigneur ?

Le Bon Dieu regarde. Il regarde mar­cher les hommes vers la vie éter­nelle. Ce sont eux-​mêmes qui choi­sissent. Le Bon Dieu nous guide. Il nous donne des guides : les prêtres, les évêques, le pape, toute l’Église. Le Bon Dieu nous a ensei­gné pen­dant deux mille ans ce qu’il fal­lait faire. Alors pen­dant ces quelques années que nous pas­sons sur la terre, nous avons un choix à faire, un choix à faire pour l’éternité.

Et le sacre­ment de confir­ma­tion nous aide à faire ce choix. Une fois de plus, en venant ici, vous faites votre choix. Vous dites : Oui, je choi­sis pour le Bon Dieu ; oui je choi­sis Notre Seigneur JésusChrist. Oui je choi­sis comme mère la très Sainte Vierge Marie.

Voilà, mes chers enfants, ce que vous devez pen­ser aujourd’hui. Remerciez vos parents de vous avoir conduits ici. Remerciez vos parents de vous avoir pré­pa­rés à rece­voir cette grâce du sacre­ment de confir­ma­tion. Remerciez le Bon Dieu de vous avoir don­né des parents chré­tiens. Combien de mil­liers d’enfants ne reçoivent pas le sacre­ment de confir­ma­tion ? Des mil­lions et des mil­lions d’enfants qui ne reçoivent pas le sacre­ment de confir­ma­tion, qui ne choi­sissent pas Notre Seigneur Jésus-​Christ, parce qu’ils n’ont pas de parents chré­tiens, ou que les parents ne s’occupent pas de leurs enfants, les aban­donnent, ou ne les conduisent pas à Notre Seigneur.

Alors, remer­ciez bien le Bon Dieu de vous avoir don­né de bons parents, remer­ciez vos parents. Vous les remer­cie­rez encore tout à l’heure. À la sor­tie du sacre­ment, vous direz mer­ci à vos parents de vous avoir conduits ici et de vous avoir pro­cu­ré ce sacre­ment de confir­ma­tion, de même que vous remer­cie­rez tous ceux qui vous ont aidé à vous pré­pa­rer à rece­voir ce sacrement.

Maintenant, nous allons prier tous ensemble, avec vous, pour deman­der au Saint-​Esprit de des­cendre dans vos âmes avec abon­dance. Nous le deman­de­rons par­ti­cu­liè­re­ment à la très Sainte Vierge Marie. Parce que, vous savez, qu’il n’y a aucune grâce qui est don­née sans la très Sainte Vierge Marie. Tout passe par la très Sainte Vierge Marie. Elle est le canal par lequel toutes les grâces nous viennent, car c’est par elle que nous a été don­né Notre Seigneur, par son Fiat. Lorsqu’elle a pro­non­cé son Fiat, alors elle nous a don­né Notre Seigneur Jésus-Christ.

C’est pour­quoi le Bon Dieu a vou­lu, par un mys­tère de sa misé­ri­corde, de sa bon­té, faire en sorte que toutes les grâces nous viennent par la très Sainte Vierge Marie. Elle est notre mère, la mère de nos âmes. C’est pour­quoi, il faut la prier, l’invoquer sou­vent. Il faut réci­ter votre cha­pe­let afin d’être tou­jours sous la pro­tec­tion de la très Sainte Vierge Marie qui vous gar­de­ra et vous condui­ra pour l’éternité.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.