Sermon de l’abbé Aldalur à Versailles le 16 novembre 2008


« Le combat de Mgr Lefebvre et de la FSSPX »
Abbé David Aldalur

(Le style oral a été conservé)

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ain­si soit-il.

Nous fêtions, ven­dre­di der­nier, saint Josaphat. Saint Josaphat était un évêque polo­nais, évêque de Polotsk au 18ème siècle, qui a consa­cré toute sa vie pour le retour des schis­ma­tiques qu’on appelle ortho­doxes à l’unité de l’Eglise et à l’unité de la foi. Saint Josaphat connais­sait très bien le pro­blème et il vou­lait faire par­ti­ci­per à ses frères de sang schis­ma­tiques et héré­tiques, la joie de retrou­ver la vraie foi, la joie de se retrou­ver dans l’unique Eglise. Or, il semble qu’il existe une loi que vous avez peut-​être vous-​même expé­ri­men­tée : lorsque nous sommes plein de bonnes inten­tions, que nous connais­sons le vrai, que nous connais­sons le bien, et que nous vou­lons le faire par­ta­ger autour de nous, bien sou­vent nous ne trou­vons pas les mêmes dis­po­si­tions. Nous nous retrou­vons en face de per­sonnes qui ne veulent pas savoir, des gens qui n’acceptent pas la véri­té, des gens pour les­quels nous vou­lons du bien et qui en échange nous donnent des coups. Et c’est bien ce qui est arri­vé à Saint Josaphat puisque son zèle pour la foi, son zèle pour la cha­ri­té, ses bonnes inten­tions qu’il a eues lui ont valu des coups ter­ribles puisqu’il en est mort mar­tyr, mar­tyr au 18ème siècle.

Et, il en est un autre, mes biens chers frères, plus près de nous, lui aus­si avait ce grand sou­ci de la foi pleine et entière dans son ensei­gne­ment, dans sa pro­cla­ma­tion : une foi conju­guée avec ce que l’Eglise a tou­jours ensei­gné : la Tradition. Et il a vou­lu que cette foi retrouve plei­ne­ment sa place non seule­ment dans les cœurs des hommes mais même dans la cité céleste à Rome, dans la hié­rar­chie ecclé­sias­tique. Vous avez tous devi­né, il s’agit de Monseigneur Lefebvre. Lui aus­si avait ce bien dans l’esprit, il vou­lait le retour de la foi et a reçu des coups en retour. Oh, pas des coups phy­siques, ce n’était plus tel­le­ment à la mode, mais des coups ter­ribles tout de même. S’il est vrai qu’il n’a pas subi le mar­tyre phy­sique, il a bien subi le mar­tyre moral. Se retrou­ver accu­sé de schis­ma­tique, se retrou­ver accu­sé d’excommunié, ne sont-​ce pas là les peines les plus ter­ribles que l’Eglise puisse infli­ger : se voir reti­ré, appa­rem­ment, de la com­mu­nion pleine et entière avec l’Eglise et donc reti­ré de la source de la vie de l’Eglise. Quelqu’un qui n’a pas la vie est mort. Un excom­mu­nié est mort. Alors mar­tyre moral, oui, de se voir sujet à ces coups ter­ribles venant de Rome.

Mes biens chers frères, je vou­drais vous expli­quer, aujourd’hui, qu’est-ce qu’on entend exac­te­ment par schisme et par excom­mu­ni­ca­tion ? Qu’est-ce que le schisme tout d’abord ?

Le schisme, mes biens chers frères, n’est pas une simple déso­béis­sance au Pape. D’une manière géné­rale déso­béir au Pape, c’est évi­dem­ment un péché et il ne faut pas le faire, c’est évident ! Mais une simple déso­béis­sance au Pape n’est pas suf­fi­sante pour consti­tuer cet autre péché par­ti­cu­lier qui est le schisme. Pour qu’il y ait schisme il faut plus qu’une déso­béis­sance, il faut refu­ser en prin­cipe le fait que le Pape soit chef de l’Eglise, refu­ser l’existence même d’une pri­mau­té d’un des évêques de l’Eglise catho­lique, en l’occurrence l’évêque de Rome sur toute l’Eglise. Si on refuse intel­lec­tuel­le­ment et donc pra­ti­que­ment cette véri­té, ah oui alors cela consti­tue un schisme ! Mais un simple acte de déso­béis­sance, en admet­tant qu’il puisse être pec­ca­mi­neux, n’est pas suf­fi­sant pour consti­tuer un schisme.

On a eu, d’ailleurs, dans l’histoire de l’Eglise, des mani­fes­ta­tions de déso­béis­sance d’une par­tie de l’épiscopat à l’égard du Saint Père, sans que cela consti­tue, pour autant, un schisme. Vous avez eu la ter­rible période autour de la condam­na­tion de l’Action Française, période dif­fi­cile où des évêques n’ont pas obéi au Pape lorsqu’il s’agissait de pro­cla­mer le décret d’excommunication de ses membres, parce qu’ils se voyaient devant l’alternative de mettre en dehors de l’Eglise leurs meilleurs fidèles. Ils étaient là en face d’un dilemme. Ils n’ont pas obéi, ils n’ont pas été schis­ma­tiques pour autant.

Un autre exemple beau­coup plus actuel. Regardez la plu­part de nos évêques fran­çais, ils sont tous en état de déso­béis­sance ouverte à l’égard de la volon­té du Pape en ce qui concerne l’application du Motu pro­prio. Ils ne sont pas schis­ma­tiques pour autant. Pourtant ils déso­béissent. Donc un simple acte de déso­béis­sance ne suf­fit pas pour occa­sion­ner ce qu’on appelle pro­pre­ment et pré­ci­sé­ment un schisme.

Alors mes biens chers frères, on pour­ra vous dire : « oui, on vous com­prend, peut être que l’accusation de schisme est exa­gé­rée mais tout de même vous accep­te­rez qu’il y a dans la Fraternité et dans ses membres, peut être pas de schisme mais une atti­tude schis­ma­tique, un esprit schis­ma­tique, ne serait-​ce que par le fait d’avoir posé cet acte de consé­cra­tion des évêques. N’est-ce pas un acte schis­ma­tique ? Ou le fait de tout le temps s’ériger en magis­tère au-​dessus du Pape. N’est-ce pas là aus­si une atti­tude ou un esprit schis­ma­tique ? » Il faut répondre et savoir répondre. Pour qu’un acte de consé­cra­tion épis­co­pale puisse être inter­pré­té comme un acte schis­ma­tique, il faut que cette consé­cra­tion porte avec elle la volon­té d’ériger une hié­rar­chie parallèle.

Si Monseigneur Lefebvre avait don­né à nos évêques le titre d’archevêque de Paris, d’évêque de Sion, d’évêque de ce que vous vou­lez, là oui il aurait consti­tué un acte schis­ma­tique parce qu’il aurait consti­tué ce qu’on appelle une hié­rar­chie paral­lèle à côté de la hié­rar­chie nom­mée par le Pape. Là c’eût été un acte schis­ma­tique. Mais la volon­té de Monseigneur est trop claire, trop pré­cise, mani­fes­tée par oral comme par écrit : lorsqu’il a posé cet acte des sacres. Il n’a pas vou­lu s’ériger en Pape, ni même éri­ger les évêques qu’il consa­crait en évêques paral­lèles. Non ! Il les sacrait uni­que­ment parce que leur minis­tère épis­co­pal était néces­saire pour trans­mettre le sacer­doce, uni­que­ment donc d’un point de vue sacra­men­tel. Et il dit bien dans la lettre qu’il adresse à nos quatre évêques qu’un jour vien­dra où ils dépo­se­ront leur épis­co­pat et le Pape pour­ra alors choi­sir de les nom­mer peut-​être quelque part, mais il n’a pas éri­gé de hié­rar­chie paral­lèle et donc son acte ne consti­tue pas un acte schis­ma­tique parce que ce n’est pas un refus de la pri­mau­té du Pape.

Et quant au magis­tère, cette ten­dance de la Fraternité de s’ériger au-​dessus de tous les autres et voire même de l’Eglise. Mais ce n’est pas le magis­tère de la Fraternité que l’on érige, c’est le magis­tère de tous les Papes qui ont ensei­gné depuis tou­jours la foi, la tra­di­tion, la dis­ci­pline, la litur­gie. Nous n’érigeons pas un magis­tère qui est inven­té par Monseigneur Lefebvre, ou inven­té par nos évêques, ou inven­té par les prêtres de la Fraternité. C’est le magis­tère authen­tique, tra­di­tion­nel, cohé­rent, lumi­neux, lui, et bien plus cer­tain que tous ces ensei­gne­ments modernes depuis Vatican II et depuis Paul VI. C’est ce magis­tère là que l’on érige, ce n’est pas notre magis­tère. Voilà quant à l’accusation du schisme. Que les choses soient claires, mes biens chers frères.

Et puis quant à l’accusation d’excommunication. C’est peut-​être un peu plus com­pli­qué, parce que cette excom­mu­ni­ca­tion vient, essen­tiel­le­ment, du sacre des quatre évêques. Mais qu’est-ce que c’est exac­te­ment une excommunication ?

Une excom­mu­ni­ca­tion c’est une peine, voi­là sa nature, une peine. C’est une peine qui est liée à un délit, à un crime. Toute légis­la­tion, toute socié­té, à par­tir du moment où elle a le pou­voir de faire des lois, ce qui est le cas par exemple de nos Etats, attache à cer­taines fautes, des peines cor­res­pon­dantes. Ainsi, un cri­mi­nel pour­ra être condam­né à de la pri­son et à une amende selon le temps et la valeur pré­vus par la loi. Donc il y a des peines qui sont liées auto­ma­ti­que­ment à cer­tains délits. Et dans l’Eglise, c’est la même chose.

Alors quel est le délit que soi-​disant Monseigneur aurait posé, fait ou accom­pli ? Ce délit c’est d’avoir sacré sans man­dat pon­ti­fi­cal. Qu’est-ce que cela veut dire ? Il a sacré sans auto­ri­sa­tion venant du Pape. Alors mes biens chers frères, je vou­drais que l’on pose un regard his­to­rique sur cette peine. Parce que, il faut savoir que le Pape, ne s’est réser­vé la nomi­na­tion directe des évêques qu’au XIème siècle, signe que cela n’a pas tou­jours été le cas dans l’Eglise, et ensuite cette peine pré­cise de l’excommunication liée au délit de sacrer sans auto­ri­sa­tion, n’a été fixée que par Pie XII, donc cela n’a pas été, non plus, tou­jours le cas dans l’Eglise. Pourquoi Pie XII a ren­du la chose plus sévère ? Parce qu’il a été confron­té au pro­blème chi­nois. Certains évêques chi­nois qui sacraient des évêques qui col­la­bo­raient au régime com­mu­niste et on a vu l’apparition de ce qu’on appelle l’église patrio­tique et donc la consti­tu­tion d’une église schis­ma­tique qui n’obéissait plus au Pape. Et pour évi­ter ce genre de pro­blème, en voyant la pro­pa­ga­tion du com­mu­nisme à l’époque, et bien Pie XII a atta­ché une peine plus sévère au fait de sacrer sans l’autorisation du Pape.

Mes biens chers frères, cet his­to­rique nous met le doigt sur une évi­dence : c’est que nous sommes là en face d’une loi ecclé­sias­tique certes, nul ne peut dire le contraire, mais une loi ecclé­sias­tique humaine. L’Eglise est régie avec deux sortes de lois : des lois divines et des lois humaines. Ces lois humaines ecclé­sias­tiques sont sûre­ment plus par­faites que les lois humaines civiles, mais elles n’en res­tent pas moins des lois humaines. Il faut que les choses soient claires.

Alors, mes biens chers frères, agir comme Monseigneur Lefebvre l’a fait, et le faire sans rai­son, de toute évi­dence s’eut été condam­nable. Mais agir avec un motif, agir avec une rai­son, alors, pour le moins, l’affaires mérite discussion. 

Alors quel a été le motif pré­sen­té par Monseigneur pour rendre cet acte légi­time ? Il parle de l’état de néces­si­té. Mes biens chers frères, qu’est-ce que c’est que l’état de néces­si­té ? L’état néces­si­té est une situa­tion extra­or­di­naire (car la néces­si­té ne peut pas être ordi­naire, sinon cela ne peut plus être la néces­si­té). C’est une situa­tion par défi­ni­tion extra­or­di­naire, dans laquelle les biens néces­saires à la vie natu­relle ou sur­na­tu­relle (il peut y avoir un état de néces­si­té natu­relle), donc un état extra­or­di­naire dans lequel les biens néces­saires à la vie natu­relle ou vie sur­na­tu­relle (notez bien que l’état de néces­si­té peut concer­ner la vie pour elle-​même ou les biens néces­saires à cette vie), donc ces biens ou cette vie se trouvent mena­cés de telle sorte que pour sau­ve­gar­der cette vie ou les biens néces­saires à cette vie on se retrouve habi­tuel­le­ment (c’est cela l’aspect extra­or­di­naire), on se trouve habi­tuel­le­ment obli­gé d’enfreindre la loi.

Mes biens chers frères, l’état de néces­si­té ce n’est pas un état qui a sur­gi dans les années 70, l’état de néces­si­té c’est quelque chose que l’Eglise a tou­jours ensei­gné même si de fait elle ne le vivait pas, elle en envi­sa­geait la pos­si­bi­li­té. Et l’état de néces­si­té ce n’est pas un terme, ce n’est pas une réa­li­té inven­tée par les prêtres de la Fraternité Saint Pie X. Cette réa­li­té de l’état de néces­si­té est intrin­sè­que­ment liée à la loi humaine, c’est une consé­quence de ce qu’est la loi humaine. Vous voyez, il n’y a pas d’état de néces­si­té quant à la loi divine, parce que Dieu est Dieu et il pré­voit tous les cas pos­sibles, sa science est telle qu’il pré­voit tous les cas pos­sibles. Et donc il ne peut pas y avoir d’état de néces­si­té en matière de loi divine. Personne ne peut dire : « Nous sommes dans une situa­tion où la loi natu­relle ne peut pas s’exercer », non ! Cela n’existe pas, cela ne peut pas exis­ter. Mais quant à la loi humaine, parce qu’elle est humaine et qu’elle ne peut pas, sinon on lui donne les attri­buts de Dieu, elle ne peut pas pré­voir tous les cas. Il y a intrin­sè­que­ment dans la loi humaine, la pos­si­bi­li­té de voir sur­gir un état de néces­si­té. Cet état peut ne pas sur­gir de fait, mais il peut, il y a dans toute loi humaine la pos­si­bi­li­té de voir sur­gir un état de néces­si­té parce que tous les cas ne peuvent pas être pré­vus par l’homme.

Voyez, mes biens chers frères, je pren­drais l’exemple d’une loi qui pré­voit que telle rue est à sens unique, mais il se trouve que dans cette rue une mai­son brûle, et bien l’état de néces­si­té oblige cer­taines per­sonnes à prendre cette rue à contre sens pour sau­ver les vies qui sont dans cette mai­son. Nous sommes là en face d’un état de néces­si­té qui sup­prime l’application de la loi ; et la suivre ce serait au risque de la vie des per­sonnes qui sont dans la mai­son qui brûle.

Alors quel est le but de l’Eglise ? Mes biens chers frères, quel est le but de toute sa légis­la­tion ? C’est bien simple : prê­cher la foi et admi­nis­trer les sacre­ments. Si donc l’application de cer­taines lois vient nuire à l’obtention de cette fin, la foi et les sacre­ments, et bien la loi devient mau­vaise et son appli­ca­tion et le fait de la suivre devient mau­vais aus­si. Or il suf­fit d’ouvrir les yeux. L’Eglise est dans une situa­tion d’une mai­son qui brûle, d’une mai­son qui prend feu et toutes les légis­la­tions qui entourent cette mai­son, ces voies à sens unique se trouvent en par­tie modi­fiés. C’est vrai que la voie du sacre épis­co­pal avait comme sens unique le fait qu’il fal­lait l’autorisation de l’Eglise ; mais la mai­son brûle, donc l’état de néces­si­té réclame de prendre cette loi à rebours pour sau­ver les habi­tants de cette Eglise. Nous sommes dans une Eglise qui brûle. Il n’y a qu’à voir tout l’enseignement doc­tri­nal, pas­to­ral, litur­gique issu du concile Vatican II, cette pro­cla­ma­tion de la tri­ni­té conci­liaire comme je me per­mets de l’appeler : liber­té reli­gieuse, col­lé­gia­li­té, œcu­mé­nisme et ceci contre la foi tra­di­tion­nelle, contre l’enseignement des papes. Toutes les thèses moder­nistes ou néo-​modernistes condam­nées par Saint Pie X ou par Pie XII se retrouvent dans le concile Vatican II. Cette litur­gie réfor­mée qui nous a don­né une messe à saveur pro­tes­tante, des sacre­ments à saveur œcu­mé­nique. Et bien face à tout cela, mes biens chers frères, nous sommes obli­gés de réagir, ce n’est pas facul­ta­tif. Nous sommes obli­gés de réagir, et non seule­ment nous sommes obli­gés mais cette réac­tion, elle est légitime.

Je ter­mi­ne­rai, mes biens chers frères, en répon­dant aux objec­tions que j’appellerai sen­ti­men­tales. Ce que je viens de vous dire beau­coup diront : « oui c’est vrai, c’est pos­sible … mais tout de même vous vous enfer­mez dans une atti­tude répul­sive à l’égard de tout ce qui vient de Rome, vous vous enfer­mez dans une atti­tude de non accueil des efforts du Pape, il y a une ten­dance au sec­ta­risme, vous vous enfer­mez dans un ghet­to tra­di­tion­na­liste ». Mes biens chers frères, j’ose répondre que cette appa­rente atti­tude répul­sive n’est rien d’autre que l’attitude répul­sive de la foi. Nous sommes trop habi­tués à un magis­tère qui ne condamne plus rien. Tout est posi­tif, tout est union, tout et moyen de s’unir, mais ce n’est pas cela la foi. La foi, elle est répul­sive à l’égard de tout ce qui va contre elle. Et donc notre atti­tude appa­rem­ment répul­sive, elle n’est rien d’autre que l’intolérance de la véri­té, rien de plus into­lé­rant, mes biens chers frères, que la véri­té. Une table reste une table même pour celui qui ne veut pas que ce soit une table. C’est into­lé­rant cela ! Rien de plus into­lé­rant que la véri­té. Rien de plus into­lé­rant, peut-​être aus­si que le mes­sage de Notre Seigneur qui dit « je suis la pierre angu­laire sur laquelle beau­coup s’écraseront ». C’est tolé­rant cela ? Le « signe de contra­dic­tion », c’est répul­sif cela aus­si ! Et le Ciel, après tout, le Paradis n’est-il pas un ghet­to aus­si ? Le Ciel où ne seront accueillis que ceux qui n’auront accep­té que cette foi et cette véri­té de Jésus Christ. Alors, mes biens chers frères, accep­tons plu­tôt le ghet­to du Paradis que l’ouverture de ce monde, ne nous trom­pons pas !

Nous avons une messe aujourd’hui qui nous invite à reprendre, à gar­der les pieds sur terre, des exemples de pay­sans, des exemples tirés du tra­vail et de la terre, ce grain de séne­vé. Et bien, cela me rap­pelle un pro­verbe de ce pays de pay­sans qu’est le Pays Basque qui dit :

Martxoan hai­zea, le vent en mars, api­ri­lan euria, la pluie en avril, maiat­zan lorea, les fleurs en mai, et alors seule­ment ekai­nan sagar­ra, les pommes en juin. Il y a des étapes, mes biens chers frères. On n’obtient pas des pommes, s’il n’y a pas de fleurs, s’il n’y a pas de vent, et s’il n’y a pas de pluie. Et bien, ne man­geons pas ces pommes pré­coces ou arti­fi­cielles qui n’ont pas de goût, atten­dons que les choses se passent cor­rec­te­ment. Il le faut, la pluie de la grâce qui réfor­me­ra les cœurs, même à Rome. Il faut ce vent de la foi qui doit balayer toutes les erreurs qui règnent encore à Rome. Il faut ces fleurs qui annon­ce­ront le retour de la Tradition et seule­ment enfin nous pour­rons man­ger les pommes de cette véri­té, de cette foi unique, de cette foi en Jésus-Christ.

Monseigneur Lefebvre a vrai­ment été ce jar­di­nier pro­vi­den­tiel, lui qui a plan­té ce grain de séne­vé. La Fraternité pas­se­ra l’année pro­chaine le cap des 500 prêtres ; alors priez pour eux, priez pour nos supé­rieurs pour que nous res­tions tous fidèles à ce beau et grand com­bat. Prions Notre Dame du Rosaire, accep­tez avec doci­li­té et avec grande confiance l’invitation de Monseigneur Fellay à dire ces cha­pe­lets pour le retrait de ce décret d’excommunication, pour retrou­ver un état de jus­tice dans l’Eglise et que le bien se fasse. Il faut que nous soyons ce levain dont parle l’évangile d’aujourd’hui, ce levain entre les mains de la femme, dit l’évangile. Cette femme c’est Notre Dame, c’est la Très Sainte Vierge Maie. Voilà pour­quoi il nous faut dire ces cha­pe­lets qui seront ce levain entre les mains de Notre Dame et qui fera lever toute la pâte. Si nous nous lais­sons prendre entre les mains de la Très Sainte Vierge Marie, nous sommes sûrs d’être vain­queurs. Ainsi soit-il.

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Ainsi soit-il.

Abbé David Aldalur

Versailles, le 16 novembre 2008