A propos de l’encyclique « Caristas in unitate »
Avertissement : le style parlé de ce sermon a été conservé
Chers Messieurs les Abbés, mes chères Sœurs, mes biens chers Frères,
Nous voici de nouveau réunis pour cette belle journée, dans ce domaine de Villepreux. Après l’été, quelle bonne occasion de remise en route, quelle opportunité pour faire le point et reprendre tous ensemble nos résolutions et notre ardeur à servir, chacun à notre place, Notre Seigneur Jésus-Christ, notre foi catholique ! Je voudrais donc particulièrement remercier nos hôtes et tous ceux qui se dévouent pour l’organisation de cette si belle journée.
Où en sommes-nous donc, après cet été, de notre grand combat au service du Bon Dieu ? Le début de l’été a été marqué par la parution de la dernière encyclique du Pape intitulée : « Caritas in veritate », la charité dans la vérité. C’est un beau titre. Il semble nous inviter à mieux comprendre l’harmonie, qui nous paraît parfois si difficile, à tenir entre les exigences de la vérité et celles de la charité, dans notre vie et dans nos relations à l’égard du prochain. Ne risque-t-on pas en effet de manquer à la charité à force de vouloir toujours dire la vérité ou au contraire ne risque-t-on pas de manquer à la vérité à force de vouloir être aimable et rempli de charité envers les autres ?
En réalité cette question n’est pas celle qui se trouve directement au cœur de la dernière encyclique du Pape. Cependant, pour y répondre, il me semble d’abord intéressant de reprendre quelques passages de cette encyclique où le pape Benoît XVI affirme, d’une façon particulièrement claire, son estime pour certaines religions autres que la religion catholique, et la valeur qu’il reconnaît à ces autres religions. Nous voudrions expliquer comment cette concession en faveur de certaines autres religions est une erreur d’une immense gravité qui est responsable de la corruption et de la perte de la foi en beaucoup d’âmes, qui est gravement injurieuse à l’égard de Notre Seigneur Jésus-Christ et il est impossible de pouvoir ménager la vérité et la charité sur un tel fondement. Nous ne doutons pas de l’intention qui porte aujourd’hui tant d’hommes à penser de cette manière et nous comprenons leur anxieuse préoccupation à établir dans ce monde difficile, quelque concorde entre les hommes. Nous pensons cependant, parce qu’ils manquent gravement à la vérité, que ces propos manquent nécessairement aussi à la charité.
Dans un sens contraire, un jugement qui exprime clairement la fausseté des autres religions ou même une critique de fond de cette encyclique – au moins pour des passages comme ceux-là – ne manque pas en soi-même de charité. Il est vrai que ces propos peuvent être dits avec une insuffisance de charité et même avec de l’animosité, de l’amertume, du mépris, de la sécheresse. Mais, en eux-mêmes, des propos qui disent la vérité ne contredisent pas la charité et c’est la troisième des choses que je voudrais vous dire.
Cette encyclique porte sur le thème du développement intégral de l’homme : comment parvenir à l’épanouissement de l’homme dans la société d’aujourd’hui ? Le Pape dit que tous doivent collaborer au développement intégral de l’homme. Bien sûr, le christianisme d’abord, nous dit-il, a d’abord un rôle majeur à jouer pour que se produise ce développement, cet épanouissement intégral de la personne humaine. Cependant, bien d’autres acteurs peuvent aussi et doivent apporter leur concours au développement de la personne humaine. Et parmi eux le Pape, après avoir mentionné la Révélation chrétienne, écrit : « D’autres cultures et d’autres religions enseignent la fraternité et la paix et présentent donc une grande importance pour le développement humain intégral ». C’est une citation.
Ensuite le Pape distingue entre les religions qui sont bonnes parce quelles favorisent le développement de l’homme et qu’elles s’engagent à être en communion avec les autres hommes et à s’ouvrir par eux, et les mauvaises religions. Les mauvaises religions ce sont celles qui ne favorisent pas les relations entre les hommes, qui les isolent les uns des autres et les entraînent dans l’individualisme. Ce qui amène ensuite le Pape a écrire : « S’il est vrai que le développement a besoin des religions et des cultures des différents peuples, il n’en reste pas moins vrai, d’autre part, qu’opérer un discernement approprié entre les religions est nécessaire ». Et le Pape, tout en protestant que ce discernement entre les religions devra se fonder sur la vérité et la charité, explique que le critère de discernement des religions consiste à évaluer la contribution que les religions apportent en vue d’édifier la communauté sociale dans le respect du bien commun. Il découle en tout cas nettement de cette citation et de ce raisonnement que le pape Benoît XVI admet véritablement que certaines religions, autres que le catholicisme, peuvent être bienfaisantes pour l’humanité au motif qu’elles sont favorables au développement de l’homme et de l’humanité. Au premier rang bien sûr de ces religions se trouve le christianisme qu’il qualifie de religion du « Dieu qui possède un visage humain » et qui porte certainement en lui ce critère de bienfaisance pour le développement intégral de l’homme et de l’humanité. Mais bien d’autres religions peuvent également être, selon lui, des religions bienfaisantes pour le développement intégral de l’homme.
Nous nous bornons simplement à constater que ces affirmations – vous pourrez le vérifier : ces citations sont tirées du paragraphe 55 [1] de l’encyclique – se trouvent être écrites par le Pape. Nous nous bornons à restituer sa pensée, qu’il a d’ailleurs exprimée en termes équivalents en bien d’autres circonstances. Mais une fois ces constats faits, nous avons le devoir de confronter l’expression d’une telle pensée avec ce que nous enseigne la foi catholique pour savoir si cette pensée est réellement compatible avec elle.
La foi catholique nous enseigne qu’il n’y a qu’une seule religion qui a été donnée par Dieu pour tous les hommes et que cette religion c’est la religion catholique ; que la profession de la foi catholique est nécessaire pour être sauvé. « Sans la foi il est impossible de plaire à Dieu », ce sont des paroles révélées. En conséquence, toutes les autres religions, ou celles qui, par abus de langage – il faut le redire – sont appelées religions, ne peuvent pas venir de Dieu. Elles sont des fables, elles sont des affabulations, elles sont des mensonges, elles sont des transgressions, elles sont des perversions de la religion véritable et c’est une charité de le dire. Certes, elles peuvent détenir certaines vérités, mais ces vérités se trouvent alors dans ces religions comme des captives, comme des esclaves de systèmes erronés et ces religions n’ont conservé certaines parcelles de vérité que dans le but de pouvoir mieux séduire et circonvenir les hommes car le seul faux ne saurait attirer.
Nous n’avons donc pas le droit - en un domaine aussi grave et aussi sacré que celui-là, où se joue le salut éternel des hommes et l’honneur de Dieu - d’utiliser des mots ou des expressions adoucies pour parler de ces fausses religions. Au contraire, nous avons aujourd’hui un devoir d’autant plus impérieux de confesser la foi catholique et de réfuter les erreurs qui s’y opposent que ces erreurs se répandent davantage dans les esprits. On entend cependant dire que ce serait justement un signe de charité de parler de ces autres religions avec mansuétude, avec des mots et des expressions indulgentes et que ce serait manquer à la charité, faire preuve de brutalité, ignorer des nuances que de les déclarer fausses et mensongères.
On entend également dire que ce ne serait plus opportun, plus prudent, aujourd’hui d’énoncer de telles affirmations parce que nous vivons dans un contexte religieux et social de plus en plus difficile et tendu et que ces assertions sont de moins en moins supportées. Ou bien, on entend dire qu’il ne faut quand même pas exagérer : il y a tout de même beaucoup de choses communes que nous partageons avec certaines autres religions et l’on a plus à gagner à mettre en avant ce qui nous unit que ce qui nous divise.
Mais, mes bien chers Frères, il faut justement tout mettre en œuvre pour que ces trois sophismes que je viens d’énoncer ne pénètrent pas dans nos esprits. S’ils finissent par trouver quelque crédit auprès de nous, si nous nous apercevons que nous ne savons plus très bien comment les réfuter, ne laissons pas ces signaux d’alerte allumés et reprenons immédiatement l’étude de notre foi avec ardeur. Le monde cherche à éroder la foi des catholiques. Or la foi, c’est notre premier trésor car sans la foi, sans la vérité, nulle charité n’est possible.
En réalité, ces sophismes expriment une apparence de charité, mais dans la réalité c’est une faute grave qui est commise contre la charité que de ne plus dire de ces autres religions qu’elles sont fausses et pernicieuses. Bien chers Parents, sous prétexte de bienveillance à l’égard de vos enfants, vous ne supporteriez qu’un maître d’école ne corrige plus leurs erreurs d’opération ou leurs fautes d’orthographe. A bien plus forte raison, de tels propos ne sont pas acceptables sur des questions qui mettent en cause ce qu’il y a de plus sacré.
Jamais il n’existe de circonstances qui soient devenues tellement périlleuses qu’elles légitimeraient de ne plus rappeler les vérités nécessaires au salut. Nous sommes sur la terre pour aller au Ciel. Réussir sa vie c’est aller au Ciel. Rater sa vie c’est aller en enfer. Or, pour aller au Ciel il faut la foi et pour que la foi dure dans les âmes il faut confesser la foi. Au fur et à mesure que les vérités de la foi sont davantage battues en brèche et remises en cause, il est d’autant plus important de les répéter pour que nous-mêmes nous ne nous laissions pas toucher à notre tour.
De même nous devons réfuter l’idée que, aujourd’hui, pour lutter contre l’athéisme, des troncs communs religieux deviendraient possibles parce que d’autres religions partageraient avec nous des vérités ; que ces religions deviendraient d’autant plus respectables au motif qu’elles auraient davantage de vérités en commun avec le catholicisme. Une telle pensée est gravement erronée et met la foi en péril. Même une religion qui ne nierait qu’un seul dogme de la foi catholique si cela était possible – mais en réalité ce n’est pas possible – parce qu’il y a une concordance des dogmes les uns avec les autres, une telle religion devrait être considérée comme gravement pernicieuse. Le refus d’un seul dogme suffit à constituer une véritable révolte vis-à-vis de la vérité de Dieu puisque c’est Dieu qui a révélé tous et chacun des dogmes. Même si un homme croit à toutes les autres vérités, il lui suffit d’en refuser une pour être hérétique. L’hérétique en effet est celui qui trie avec sa raison avec son intelligence et qui choisit, parmi les choses que Dieu dit, celles qu’il accepte et celles qu’il refuse. De même, chers Parents, que vous n’accepteriez pas que le maître d’école estime assez honorable l’élève qui ne se tromperait que d’un point dans son opération, ainsi le Bon Dieu nous demande de nous soumettre à toutes ses vérités qu’il nous a révélées sans en omettre le moindre iota, avec une docilité parfaite parce que c’est Lui qui les a révélées.
En conséquence, mes bien chers Frères, comment certaines religions pourraient-elles donc être qualifiées de positives pour le développement de l’homme ? Nous ne savons pas très bien, au reste, ce qu’il faut entendre par cette expression du « développement de l’homme ». Mais ce que nous pouvons affirmer c’est qu’une religion fausse ne peut en réalité favoriser le véritable développement de l’homme. Car nous ne concevons de véritable développement de l’homme qu’en se tournant de plus en plus intensément vers la connaissance et l’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ pour sa sanctification et pour accomplir son salut éternel. Parler autrement, c’est manquer à la vérité de Dieu en ne confessant pas que le seul Dieu qui existe est le Dieu unique en trois personnes dont la deuxième personne est venue s’incarner et mourir pour nous sur la croix et qu’il n’y a pas d’autre Dieu que lui.
C’est manquer à la vérité car la vérité est que le Bon Dieu n’a donné pour tous les hommes qu’une seule religion et que son désir par excellence, ce pourquoi il est venu sur la terre, ce pourquoi il a versé tout son sang, est que tous les hommes se soumettent à la vérité qu’il a révélée afin d’être sauvés.
C’est manquer à la charité à l’égard de ceux qui ne sont pas catholiques car c’est les maintenir dans l’illusion qu’ils sont bien, ou au moins qu’ils ne sont pas trop mal, dans leur religion et que cette religion constituerait quand même pour eux un moyen de faire leur salut éternel.
C’est manquer de charité à l’égard de ceux qui sont catholiques en risquant d’ébranler leur foi et d’obscurcir gravement leur esprit sur la vérité de la religion et introduire la peste du scepticisme dans leurs âmes.
Nous devons nous-mêmes bien prendre conscience que notre plus grand trésor et ce qui donne la fécondité à nos paroisses, à nos familles et à toutes nos œuvres, est la foi. C’est la prédication intangible de la foi. Si par malheur nous nous laissions aller, sous la pression du monde, à diminuer la prédication de la foi, toute la fécondité qui nous émerveille dans les œuvres de la Tradition s’en trouverait tarie. La foi c’est le fondement, la foi c’est le socle. La connaissance de Jésus-Christ est le gage de la montée de la charité dans les âmes. C’est pourquoi, quoi qu’il puisse nous en coûter, et jusqu’au martyre si le Bon Dieu le voulait, nous devons dire la foi, confesser la foi à temps et à contretemps. Nous ne voulons pas nous damner et contribuer à la damnation des âmes par un discours où la foi se trouverait édulcorée. Nous voulons, par la grâce de Dieu, faire notre salut et contribuer au salut des âmes par la sauvegarde de la foi catholique dans les âmes.
Mais, mes bien chers Frères, on nous dit qu’à force d’exprimer la foi nous manquons à la charité, nous ne parlons plus suffisamment de la charité ou la charité est oubliée dans nos discours. Certes, nous avons tous raison de dire, et ceux qui nous le reprochent le disent avec raison, que nous manquons de charité. Qui d’entre nous ne manque pas de charité ? La charité c’est l’amour de Dieu et qui peut dire qu’il a suffisamment d’amour de Dieu dans son cœur ? Ceux qui nous le reprochent ont donc bien raison, mais souvent ceux qui nous le reprochent ne s’aperçoivent pas que, là où ils pensent voir chez nous des manques à la charité, ce n’est pas là qu’ils se situent. Ce n’est pas manquer à la charité que de dénoncer l’erreur. Ce n’est pas manquer à la charité que de dire oui, oui ou non, non. Ce n’est pas manquer à la charité de dire des religions qui provoquent la damnation des âmes qu’elles provoquent la damnation des âmes, non. C’est, au contraire, un acte de charité que de parler ainsi. C’est un acte de charité lorsqu’une personne se trouve à côté d’un précipice de le lui signaler pour qu’elle n’y glisse pas et, éventuellement, de la reprendre fortement pour quelle ne tombe pas dans ce précipice. Ne nous laissons pas prendre par ces fausses façons de parler. Oui, certainement nous manquons de charité ‑qui n’en manque pas ? Mais ces manquements de charité ne sont pas là où les hommes les disent.
Cependant, cherchons à tirer le meilleur profit des critiques qui nous sont parfois adressées. Mes bien chers Frères, la foi c’est comme le baptême : il est nécessaire de passer par-là pour devenir catholique, mais la foi n’est pas le fruit auquel nous désirons aboutir. Le fruit auquel nous désirons aboutir c’est effectivement la charité. La charité c’est-à-dire l’amour de Dieu et l’amour du prochain : l’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ et l’amour des âmes pour l’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ. L’on comprend bien que la charité ne saurait augmenter dans les âmes, dans le monde, que dans la mesure où la foi augmente dans les âmes et dans le monde. Plus la connaissance de Jésus-Christ est grande, plus Notre Seigneur Jésus-Christ est connu, plus Notre Seigneur Jésus-Christ est aimé parce qu’au fur et à mesure que nous le connaissons, nous voyons mieux comment il est infiniment aimable et nous sommes émerveillés de la beauté et de la perfection de Notre Seigneur Jésus-Christ. Connaître et aimer Notre Seigneur Jésus-Christ c’est, en conséquence, aimer mieux notre prochain et de mieux en mieux. Parce que nous aimons notre prochain, nous voulons lui faire connaître notre trésor, c’est-à-dire Notre Seigneur Jésus-Christ.
Voilà, mes bien chers Frères, ce programme merveilleux qui est le nôtre. Aujourd’hui nous nous réunissons autour de l’autel, nous nous réjouissons autour de notre autel pour prendre notre envol. Nous sommes comparés à des aigles qui viennent se nourrir de Notre Seigneur Jésus-Christ sur l’autel, de la sainte Hostie présente sur l’autel, et les chrétiens et les hommes deviennent des aigles avec l’amour de Dieu qui est dans leurs cœurs. Les aigles sont faits pour prendre leur envol. Ils ne sont pas faits pour rester à terre, à un endroit donné, ils sont faits pour prendre leur envol. Et pourquoi ? Sinon pour aller porter Notre Seigneur Jésus-Christ, pour aller porter la vérité, pour aller porter la perfection de Dieu, pour aller porter l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre.
Mes bien chers Frères, comme notre cœur doit vibrer en entendant cela : « Se nourrir de Jésus-Christ » ! Oui, mais pas simplement pour nous-mêmes (bien sûr notre premier devoir est de nous sauver) : nous devons sans cesse renouveler notre cœur en Notre Seigneur Jésus-Christ pour pouvoir renouveler notre âme afin de pouvoir amener Notre Seigneur Jésus-Christ aux autres, à ceux dont nous avons la charge immédiatement, mais aussi à tous ceux qui nous entourent – à nos cousins, ou à nos voisins et à tant d’autres qui sont autour de nous- qui n’ont pas Jésus-Christ. Notre grande charité c’est de transmettre la vérité. Aussi, nous comprenons bien que ce n’est pas en cédant un iota de la vérité que nous serons charitables. C’est en arrivant à trouver cet équilibre où l’on dit toujours toute la vérité et donc, parce que cela va ensemble, où l’on combat toutes les erreurs qui sont opposées à la vérité. Mais ce qui nous fait dire cette vérité, ce n’est pas un esprit d’amertume, ce n’est pas un esprit de hauteur, ce n’est pas un esprit de dédain, ce n’est pas un esprit de sécheresse ou de fermeture. C’est vraiment ce désir très profond de pouvoir amener les âmes à Jésus-Christ, de n’être pas timide, de ne pas craindre d’être rebutés, mais d’amener les âmes à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Je terminerai, mes bien chers Frères, en cette fête de la Maternité de la très sainte Vierge Marie (même si c’est le dimanche qui prévaut aujourd’hui) et en ce mois du Rosaire, période au cours de laquelle nous avons été conviés à réciter le Rosaire, à découvrir le Rosaire comme un très grand moyen mis à la portée de tous pour découvrir qui est Notre Seigneur Jésus-Christ, pour connaître Notre Seigneur Jésus-Christ et l’aimer. Car, en réalité, qu’est-ce que le Rosaire sinon cette promenade au cours de laquelle la sainte Vierge Marie nous tient par la main pour contempler un par un les quinze tableaux qu’elle a composés elle-même et qui forment le résumé parfait de la vie de son divin Fils ? Quel bonheur de pouvoir avec la grâce du Bon Dieu, chaque jour parcourir tout cet itinéraire qui est la vie de Jésus-Christ, de mystère en mystère ; de pouvoir regarder des yeux de notre âme chacun des mystère ; de pouvoir s’imbiber des vertus qui sont pratiquées dans chacun des mystères et de pouvoir passer toutes nos journées comme cela ; comme en une sorte de préface du Ciel en compagnie de Notre Seigneur Jésus-Christ et de la très sainte Vierge Marie. Que la vie des chrétiens est une vie qui est belle lorsqu’elle est pleinement menée ! C’est cela le développement intégral de l’homme : vivre en véritable chrétien, céder la place dans son cœur pour que Notre Seigneur Jésus-Christ et la très sainte Vierge Marie y vivent. Notre vie est splendide et nous devrions, lorsque nous comprenons combien cette vie chrétienne est splendide, n’avoir d’autre désir que de la faire partager autour de nous.
Au cours de cette messe de rentrée, si l’on peut ainsi parler, nourrissons-nous de Jésus-Christ, nourrissons-nous du corps, du sang, de l’âme, de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, il l’a voulu pour cela. Nourrissons-nous de Notre Seigneur Jésus-Christ pour en être tout remplis et partir avec beaucoup d’enthousiasme — l’enthousiasme, c’est Dieu en soi — tout au long de l’année qui vient, avec le désir de ne manquer aucune occasion de communiquer dans nos pensées, dans nos paroles, dans nos actions Notre Seigneur Jésus-Christ à tous ceux qui nous entourent.
Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.
Ainsi soit-il.
Abbé Régis de Cacqueray
[1] Paragraphe 55 de CARITAS IN VERITATE : La révélation chrétienne de l’unité du genre humain présuppose une interprétation métaphysique de l’ humanum où la relation est un élément essentiel. D’autres cultures et d’autres religions enseignent elles aussi la fraternité et la paix, et présentent donc une grande importance pour le développement humain intégral. Il n’est pas rare cependant que des attitudes religieuses ou culturelles ne prennent pas pleinement en compte le principe de l’amour et de la vérité ; elles constituent alors un frein au véritable développement humain et même un empêchement. Le monde d’aujourd’hui est pénétré par certaines cultures, dont le fond est religieux, qui n’engagent pas l’homme à la communion, mais l’isolent dans la recherche du bien-être individuel, se limitant à satisfaire ses attentes psychologiques. Une certaine prolifération d’itinéraires religieux suivis par de petits groupes ou même par des personnes individuelles, ainsi que le syncrétisme religieux peuvent être des facteurs de dispersion et de désengagement. La tendance à favoriser un tel syncrétisme est un effet négatif possible du processus de mondialisation, lorsqu’il alimente des formes de « religion » qui rendent les personnes étrangères les unes aux autres au lieu de favoriser leur rencontre et qui les éloignent de la réalité. Dans le même temps, subsistent parfois des héritages culturels et religieux qui figent la société en castes sociales immuables, dans des croyances magiques qui ne respectent pas la dignité de la personne, dans des attitudes de sujétion à des forces occultes. Dans de tels contextes, l’amour et la vérité peuvent difficilement s’affirmer, non sans préjudice pour le développement authentique.