Le cardinal Hollerich veut changer l’enseignement moral de l’Eglise

Le car­di­nal Jean-​Claude Hollerich, d’origine luxem­bour­geoise, est entré chez les Jésuites et a été ordon­né prêtre en 1990. Il est arche­vêque de Luxembourg depuis 2011, et il a été créé car­di­nal par le pape François en 2019. Depuis mars 2018, il est pré­sident de la Commission des épis­co­pats de la com­mu­nau­té euro­péenne (COMECE).

Dans un entre­tien don­né à l’agence alle­mande Katholische nachrich­te­na­gen­tur (KNA), publié le 2 février 2022, il a tenu à sou­te­nir les membres du cler­gé et les employés de l’Eglise alle­mande ayant réa­li­té un coming out col­lec­tif le 24 jan­vier der­nier, à tra­vers l’organisation Out in Church.

Le car­di­nal Reinhard Marx avait déjà sou­te­nu ce mou­ve­ment, et il a même pro­po­sé à cette occa­sion, que l’on envi­sage d’ordon­ner des hommes ayant des ten­dances homo­sexuelles, du moment qu’ils s’engagent à vivre dans la chas­te­té de leur état.

Mais le car­di­nal Marx s’est plus ou moins contre­dit dans une inter­ven­tion sub­sé­quente por­tant sur l’abolition du céli­bat sacer­do­tal.

La science au fondement de la révélation ?

C’est d’un autre point de vue que le car­di­nal Hollerich s’est pla­cé, en appe­lant à modi­fier l’enseignement de l’Eglise sur l’homosexualité.

Il en donne la rai­son sui­vante : « Je crois que le fon­de­ment sociologique-​scientifique à la base de cet ensei­gne­ment [sur les rela­tions homo­sexuelles, ndlr] n’est plus adé­quat », a‑t-​il affir­mé au cours de son entre­tien à KNA.

Si l’on suit la pen­sée de l’archevêque de Luxembourg, l’enseignement révé­lé, qui est extrê­me­ment clair sur ce point, est fon­dé sur un fon­de­ment « sociologique-​scientifique » erro­né. Autrement dit, les pro­grès des sciences socio­lo­giques remettent en ques­tion la Parole même de Dieu, la Révélation don­née par le Fils de Dieu et par ses Apôtres.

Bref rappel de l’enseignement de la Révélation

Tout d’abord, Notre Seigneur parle de l’union de l’homme et de la femme à plu­sieurs reprises, mais il ne parle jamais d’une quel­conque autre union contre-​nature. Le Fils de Dieu pourrait-​il igno­rer quelque chose, et son ensei­gne­ment deve­nir caduc avec les siècles ?

De plus, saint Paul qui écrit comme auteur ins­pi­ré par Dieu, fus­tige à plu­sieurs reprises ces mœurs contre-nature.

Il dit ain­si dans l’épître aux Romains : « C’est pour­quoi Dieu les a livrés à des pas­sions d’ignominie : leurs femmes ont chan­gé l’usage natu­rel en celui qui est contre nature ; de même aus­si les hommes, au lieu d’user de la femme selon l’ordre de la nature, ont, dans leurs dési­rs, brû­lé les uns pour les autres, ayant hommes avec hommes un com­merce infâme, et rece­vant, dans une mutuelle dégra­da­tion, le juste salaire de leur éga­re­ment. » (Rm 1, 26–27)

Un auteur com­mente jus­te­ment : « Paul voit dans les rela­tions homo­sexuelles une expres­sion sym­bo­lique de l’idolâtrie, per­ver­sion de l’image de Dieu qui, elle, est mani­fes­tée dans la rela­tion hété­ro­sexuelle, rela­tion fré­quem­ment reprise par les pro­phètes eux-​mêmes pour évo­quer l’alliance entre Dieu et son peuple.

Le des­sein de Dieu se donne à connaître dans la créa­tion à laquelle la dif­fé­rence sexuelle appar­tient et qui reçoit dans le récit de la Genèse (Gn 1,26) une valeur par­ti­cu­lière : être image de Dieu. Ce n’est donc pas sans rai­son que cette dif­fé­rence est reprise pour expri­mer l’Alliance entre Dieu et son peuple. La dimen­sion d’altérité dont la dif­fé­rence sexuelle est le signe, est essen­tielle à l’Alliance.1

Dans la pre­mière épître aux Corinthiens (1Co 6, 9), saint Paul use d’un terme sou­vent tra­duit en fran­çais par « impu­diques » qu’il asso­cie aux voleurs, aux dif­fa­ma­teurs, aux adul­tères, et à d’autres qui n’hériteront pas du royaume des Cieux.

Mais le sens est bien don­né par la Vulgate de saint Jérôme : « mas­cu­lo­rum concu­bi­tores », autre­ment dit, les hommes qui s’accouplent aux hommes. L’Apôtre reprend ici la tra­di­tion biblique et juive qui voient dans les rela­tions homo­sexuelles une grave offense envers Dieu. Ce péché était sou­vent attri­bué par la syna­gogue aux païens qui ignorent le vrai Dieu.

Rien d’autre qu’une prévarication

La Révélation de Dieu, qui nous a été don­née par le Christ et par ceux qu’il a vou­lu s’associer, en par­ti­cu­lier les apôtres, ne prête à aucune équivoque.

Vouloir, au nom d’une pré­ten­due science moderne, modi­fier l’enseignement de Dieu lui-​même ; vou­loir faire de cette science per­ver­tie une source de la Révélation, en quelque sorte supé­rieure à la sainte Ecriture elle-​même, relève de la pré­va­ri­ca­tion pure et simple.

C’est sur ce sable que les néo-​modernistes veulent construire, c’est par cette fumée bien­tôt dis­si­pée, que l’on veut ren­ver­ser toute la morale. Car, comme le dit l’apôtre saint Jacques : « qui­conque aura obser­vé toute la loi, s’il vient à faillir en un seul point, est cou­pable de tous » (Jc 2, 10).

Que ces ten­ta­tives soient menées désor­mais par des car­di­naux, ne fait que révé­ler l’étendue des des­truc­tions opé­rées dans l’Eglise par le der­nier Concile et ses funestes suites.

Source : Fsspx.Actualités

  1. Jean-​Baptiste Edart, « Homosexualité, ne pas igno­rer Saint Paul », La Croix, 26 mars 2021. []