Le rayonnement de la tradition résultera de notre capacité à travailler ensemble dans le même combat surnaturel.

« Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie [1]. »
« Ils ont vaincu Satan par le sang de l’Agneau et par la Parole à laquelle ils ont rendu témoignage, et pour laquelle ils ont méprisé leur vie jusqu’à mourir[2]. » Et saint Paul affirmait au soir de sa vie : « j’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai maintenu la Foi A présent, m’est réservée la couronne des justes[3]. »
« Mais dans toutes ces épreuves, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés[4]. »
Il faut participer au combat du Christ pour partager sa victoire. Les chrétiens ont besoin pour cela de prêtres qui les guident avec sûreté en ces temps troublés, et prennent avec courage et réalisme les décisions salutaires, sans se réfugier dans le silence.
On attend des chefs de l’Église un enseignement clair et solide.
Dans un contexte de perte totale de repères et de la civilisation chrétienne. les hommes ont besoin avant tout de posséder fermement les bases de la foi catholique. Ce sera le point de départ du renouveau. Il faut donc enseigner le catéchisme, d’une façon évangélique, claire et précise. Mais pour cela, les prêtres doivent eux-mêmes posséder le trésor de la tradition multiséculaire.

L’insistance dans nos séminaires sur la rigueur doctrinale et la spiritualité sacerdotale authentique vise à nous rendre humblement mais fermement soldats de la foi, capables d’assurer la transmission de la foi catholique dans toute sa pureté, de résister aux dérives modernes et au relativisme moral sous prétexte de compassion.
Qu’ils rappellent constamment la vraie raison d’être de l’Église.
Alors que l’axe du gouvernement actuel de l’Église paraît de plus en plus être celui de la relation de circonstance, donnant des gages aux idéologies dominantes déversées partout par les médias — réchauffement climatique, immigration, révolution LGBT, démocratisation des structures de gouvernement de l’Église — la Fraternité Saint-Pie X rappelle constamment que le Christ a fondé l’Église pour sauver les âmes, et que « le salut ne réside en aucun autre que Jésus- Christ » et l’Église catholique qu’il a fondée, « qui est son corps », et qu’à elle seule II a donné les moyens de salut. Tous les dévouements sociaux de l’Église visent l’union des âmes à Jésus-Christ.
Qu’ils encouragent les laïcs à mettre en pratique le règne social du Christ.
Contrairement à ce qu’affirment nos évêques de France, l’Église a toujours et partout cherché à instaurer des sociétés chrétiennes et non la laïcité, qui ouvre la porte à toutes les erreurs et à tous les vices. La Fraternité travaille à cette mission à long terme, peu importe si la situation actuelle semble difficile. La Sainte Église est passée par des moments bien critiques dans son histoire. Elle encourage les fidèles à se concentrer sur la reconstruction d’une chrétienté enracinée, en commençant par les familles, écoles, prieurés, réseaux et missions. Elle soutient l’effort collectif des catholiques qui travaillent en ce sens.
Qu’ils transmettent une vision claire et stimulante de la crise touchant l’Église.
- La première étape est la résistance.
Monseigneur Lefebvre a su se positionner comme un défenseur de la Tradition catholique, refusant les réformes du Concile Vatican II, dans la mesure où celles-ci s’opposaient à l’enseignement constant de l’Église, et ouvraient la porte à un éloignement progressif des principes qui avaient sanctifié le monde pendant des siècles.
« Eh bien, nous résistons et nous résisterons. Non pas par esprit de contradiction, non pas par esprit de rébellion, mais par esprit de fidélité à l’Église, par esprit de fidélité à Dieu, par esprit de fidélité à Notre-Seigneur Jésus-Christ, par esprit de fidélité à tous ceux qui nous ont enseigné notre sainte religion, par esprit de fidélité à tous les papes qui ont maintenu la Tradition. Et c’est pourquoi nous sommes décidés à tout simplement continuer, à persévérer dans la Tradition, persévérer dans ce qui a sanctifié les saints qui sont au Ciel. Faisant cela, nous sommes persuadés de rendre un service immense à l’Église. à tous les fidèles. »
- La deuxième étape est la mise en lumière théologique de la crise.
La Fraternité présente une vision claire de la crise qui secoue l’Église actuellement : la crise interne à l’Église vient principalement de l’adoption depuis Vatican II d’un nouveau rapport entre l’Église et le monde, inventé par les libéraux, faisant fi de la réalité des forces du mal à l’œuvre dans le monde. Il produit l’infiltration dans l’Église des idées et des mœurs destructrices, prônées par la révolution.
- La troisième étape est d’inverser ce rapport.
Le remède de fond réside dans la rectification de ce nouveau rapport. Que l’Église arrête d’être à la remorque du monde, mais soit son médecin aimant. Qu’elle cherche à forger une société civile chrétienne. Quelle prêche la Vérité sans accommodement, qu’elle rayonne la Pureté qui guérit, qu’elle donne la Charité jusqu’au sacrifice de soi.
- La quatrième étape est de construire.
La victoire ne réside pas dans la passivité, mais dans l’action. Monseigneur a été un fondateur. Il a créé. La Fraternité l’a suivi dans sa méthode, avec plus de 170 prieurés, et 800 lieux de messes implantés dans 35 pays. Car l’issue du combat est sur le terrain.
Chef hors norme, il sut se démarquer de la masse, ne pas se laisser arrêter par les interdits romains, pour guider les catholiques sur un chemin qui les mènera hors de la crise. Conduit par un esprit de défense de la Foi (« Notre victoire qui a vaincu le monde, c’est notre Foi [5] »), allié à une grande humilité, il respirait l’esprit de victoire et sut prendre

des décisions réprouvées à Rome, parce que d’une absolue nécessité, comme celle de sacrer des évêques sans mandat du pape. Il renforça ainsi la confiance et l’espoir chez les catholiques fidèles.
La Fraternité est providentielle.
Si Monseigneur Lefebvre a tant inspiré, c’est qu’il vivait d’une manière peu commune cette foi sereine en la Providence divine, « qu’il ne faut jamais devancer ». En réalité, il n’a rien calculé, il se laissait guider. Mais quand la Providence lui montrait clairement le chemin il mettait en œuvre son génie organisateur pour y répondre.
Sur quoi s’appuyait une telle certitude dans le combat ?
« Je ne suis pas un chef de file des traditionalistes, mais un simple évêque qui transmet ce qu’il a reçu. »
Il répétait sans cesse qu’il ne suivait pas des opinions particulières mais transmettait ce qu’il avait reçu. Il fut suivi précisément parce que les catholiques trouvaient en lui un homme qui continuait à croire et à prêcher ce que les papes avaient toujours cru et prêché, et refusait ce que les papes avaient condamné : l’œcuménisme, la liberté religieuse, la laïcité, la destruction de la famille, etc. Cette confiance absolue en la Providence a permis à la Fraternité de surmonter des obstacles qui, au départ, semblaient insurmontables.
Elle incarne la fidélité et la résilience.
La fidélité de la Fraternité est claire pour les fidèles qui la fréquentent. Mais elle est aussi un phare pour les autres prêtres de l’Église. Nombreux sont ceux qui nous ont témoigné lire les publications ou sites internet de la Fraternité dès qu’un document romain ambigu est publié, afin d’y trouver un avis fondé sur le Magistère constant.
La résilience est l’une des qualités les plus importantes d’un responsable en temps de crise. Nous formons des prêtres incarnant l’esprit de victoire, sûrs de ce qu’ils ont reçu et de ce qu’ils transmettent, calmes et déterminés, même lorsqu’ils doivent faire face à des diffamations, ou des condamnations injustifiées — telles que les pseudo-excommunications.
La Fraternité continue ni plus ni moins la mission de l’Église qu’elle a reçue des autorités et qui lui a été faussement retirée pour motif de non-allégeance au libéralisme. Elle sait n’être rien par elle-même, être un serviteur inutile, mais cette humilité ne l’aveugle pas sur sa mission.
Sa légitimité est telle quelle est en mesure d’assumer ses responsabilités, sans les exagérer, ni les fuir. Elle n’a pas à se prouver, ni à prouver aux autres sa légitimité. Elle ne crie pas, elle n’exagère pas, elle sait que la force du discours ne remplacera jamais le travail de terrain pour la sanctification des âmes. Voilà pourquoi elle progresse avec sérénité vers sa pleine maturité, sans redouter que les épreuves qui la touchent ne remettent en question ce quelle a reçu et définitivement assimilé.
La Fraternité encourage la collaboration et l’unité.
En période de crise, il est facile pour les prêtres et les fidèles de se sentir isolés ou de se replier sur leurs problèmes individuels. La Fraternité encourage les fidèles et tous les amoureux de la tradition à un engagement collectif pour résister au modernisme, et pour que nos prieurés soient de vrais lieux d’unité et de dévouement pour le règne du Christ. Le rayonnement de la tradition résultera de notre capacité à travailler ensemble dans le même combat surnaturel.
« Nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés[6]. »
Heureux les fidèles qui sont guidés par des pasteurs habités de cet esprit de victoire surnaturelle, ne craignant pas le monde, les jugements faux des hommes, rebondissant sur tous les obstacles pour enthousiasmer, relever les tombés, encourager les faibles, soutenir dans le combat quotidien, et guider ainsi vers la victoire !
source : Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du Séminaire Saint-Curé ‑d’Ars









