Conférence faite sur le modernisme de Jean-Paul II à l’occasion du symposium sur Pascendi
Par l’abbé Patrick de La Rocque, Novembre 2007
Dire que le modernisme dénoncé par Pascendi n’a jamais été si présent que sous Jean-Paul II peut paraître sévère. Ce n’est pourtant là qu’un euphémisme, pour qui connaît un tant soit peu la pensée et l’enseignement du pape défunt. Si en effet nous acceptons pour définition fondamentale du modernisme celle que donna saint Pie X, à savoir l’immanence vitale qui le caractérise, on se doit de reconnaître en Jean-Paul II un pape profondément moderniste. L’immanence vitale, nul autre pape plus que lui ne l’a enseignée. Il me semble même pouvoir affirmer – sans prétendre le montrer ici – que cette immanence vitale fut la source à laquelle s’alimenta tout le pontificat de Jean-Paul II. A l’aune d’un tel critère en tout cas, les vingt-sept ans de son souverain pontificat revêtent une remarquable cohérence.
Pour l’heure, le propos présent ne portera que sur trois points. Je voudrais tout d’abord montrer que Jean-Paul II se fit le prédicateur explicite de l’immanence vitale ; quelques exemples y suffiront. Nous décrypterons ensuite la lecture qu’il fit, à cette lumière, du dogme de l’Incarnation, puis enfin de la Rédemption. La conclusion s’imposera alors d’elle-même : passés aux fourches caudines de l’immanence, les dogmes catholiques perdent leur substance même. En ce sens, l’évolution de la théologie catholique sous le pontificat de Jean-Paul II fut une triste illustration du constat de saint Pie X : le modernisme est bien l’égout collecteur de toutes les hérésies.
I) L’immanence vitale chez Jean-Paul II
Dieu mystérieusement présent au cœur de tout être humain
Que Jean-Paul II ait enseigné le principe d’immanence vitale est une évidence. Prenons pour exemple le discours qu’il adressait au lendemain d’Assise afin de justifier son geste auprès des cardinaux de la Curie : « Toute prière authentique est suscitée par l’Esprit-Saint qui est mystérieusement présent dans le cœur de tout homme.[1] » L’Esprit-Saint n’est plus dit agir ponctuellement sur tout le cœur de tout homme par le biais de grâces actuelles – ce que l’Eglise enseigne – mais il est affirmé qu’Il est mystérieusement présent dans le cœur de tout homme : c’est là l’affirmation du principe d’immanence vitale.
En guise de nouvelle illustration, citons l’importante homélie que Jean-Paul II prononça ici même à Paris, lors de son premier voyage en France. C’était au Bourget, le 1er juin 1980. Jean-Paul II y fit un vibrant hommage de l’homme, tout appuyé sur le principe d’immanence vitale. Cet éloge met tout d’abord en avant la noblesse naturelle de l’homme. Doué d’intelligence et de volonté, l’homme est à l’image de Dieu. De plus, en tant qu’être créé, il est présent de tout éternité dans la pensée divine. Jean-Paul II le souligne : « L’homme est dans le cœur du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Et cela depuis le début. N’a‑t-il pas été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu ? Hors de cela, l’homme n’a pas de sens. L’homme n’a un sens dans le monde que comme image et ressemblance de Dieu [2]. » Tout cela est très traditionnel, mais n’explique pas encore le culte – oui, le culte [3] – que Jean-Paul II entend adresser à l’homme. Celui-ci s’enracine sur autre chose, précisément sur le principe d’immanence vitale. Ecoutons la suite du discours : « L’homme, l’éloge de l’homme, l’affirmation de l’homme. Oui, l’affirmation de l’homme tout entier, dans sa constitution spirituelle et corporelle, dans ce qui le manifeste comme sujet extérieurement et intérieurement. L’homme adapté, dans sa structure visible, à toutes les créatures du monde visible, et en même temps intérieurement allié à la sagesse éternelle [4]. » L’être humain, en sa nature concrète, est tout à la fois adapté au monde visible et allié de la sagesse éternelle. Il est sujet de relation non seulement avec le monde extérieur et visible, mais encore avec Dieu lui-même. Cette relation avec Dieu est décrite comme un relation d’amitié. Dans son être même, dans ce qui le constitue comme sujet, l’homme est l’allié de la sagesse éternelle : « il est intérieurement allié à la sagesse éternelle ». Voici à nouveau affirmé clairement le principe d’immanence vitale. La conscience est alors considérée comme un sanctuaire où Dieu est présent à l’homme, à tout homme [5].
Dieu caché au cœur de toute culture
Le même postulat d’immanence fonde encore le respect et la confiance que Jean-Paul II accorda aux diverses religions. A son sens, la présence secrète et agissante de Dieu dépasse l’homme individuel, pour s’étendre aux cultures – et aux religions qui en constituent le cœur [6]. Jean-Paul II ne disait-il pas dans son homélie du Bourget : « Au cœur de la mission du Christ, il y a l’homme, tout l’homme. A travers l’homme, il y a les nations, toutes les nations » ? Aussi continue-t-il son sermon : « L’alliance intérieure avec la sagesse se trouve à la base de toute culture et du véritable progrès de l’homme [7]. » Jean-Paul II répéta souvent cette assertion, notamment lorsqu’il s’adressait aux missionnaires évangélisant les pays de cultures non chrétiennes. Citons l’un des ses discours aux évêques d’Afrique du Nord : « La tâche de l’apôtre qui a ainsi rencontré Dieu est de le faire connaître à ses frères en montrant qu’Il est déjà là, caché au milieu des peuples, au cœur de toutes les cultures [8]. » Ou encore, en un autre lieu : « Si toute culture a besoin de conversion, favorisez cette conversion, dans l’espérance et dans la reconnaissance que Dieu est déjà là […] Celui qui propose la Bonne Nouvelle invite les religions non chrétiennes à découvrir le Christ, mais il est aussi appelé, par les signes de la présence de Dieu dans ces religions, à recevoir des éclairages nouveaux sur des façons différentes de vivre en homme, et donc avec Dieu [9]. »
On sait l’argument utilisé pour appuyer la thèse de l’immanence divine au sein de toutes les religions et cultures. Il croit trouver des fondements patristiques dans ce que les Pères appelaient les semina Verbi, semences du Verbe. De quoi s’agit-il ? Parce que le mal absolu n’existe pas, toute culture a sa part de vérité. Loin de lui être propre, cette part de vérité n’est qu’une participation à celui qui est la Vérité même, le Verbe éternel. Vérités naturelles ou restes de vérités issues de la vraie religion, ces semina Verbi étaient certes considérées par les Pères de l’Eglise comme un bien, mais nullement comme une présence effective et surnaturelle de Dieu, loin s’en faut. En effet, et les Pères de l’Eglise en sont bien conscients, ce n’est pas à toutes les religions, mais seulement aux apôtres, fondements de l’Eglise catholique, que le Christ a adressé sa promesse : « Et voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Aussi ces semina Verbi n’étaient-elles pour les Pères qu’une participation naturelle à la vérité divine, qui n’impliquait pas une présence de Dieu dans l’âme. Cette dernière, donnée par la seule grâce surnaturelle, était au contraire clairement distinguée. L’exemple de saint Justin, le plus cité en ce domaine, est lumineux à cet endroit : « Je suis chrétien, je m’en fais gloire, et, je l’avoue, tout mon désir est de me faire reconnaître comme tel. Ce n’est pas que la doctrine de Platon soit incompatible avec celle du Christ, mais elle ne lui est pas en tout semblable, pas plus que celles des autres, stoïciens, poètes ou écrivains. Chacun d’eux en effet a vu du Verbe divin disséminé dans le monde ce qui était en rapport avec sa nature, et a pu exprimer ainsi une vérité partielle […] Tout ce qu’ils ont enseigné de bien nous appartient, à nous chrétiens. Car après Dieu nous adorons et nous aimons le Verbe (logoV) né du Dieu éternel et ineffable, puisqu’il s’est fait homme pour nous, afin de nous guérir de nos maux en y prenant part. Les écrivains ont pu voir indistinctement la vérité, grâce à la semence du Verbe qui a été déposée en eux. Mais autre chose est de posséder une semence et une ressemblance proportionnée à ses facultés, autre chose l’objet même dont la participation et l’imitation procèdent de la grâce qui vient de lui [10]. » Dès lors, il relève du mensonge d’affirmer que la Tradition de l’Eglise a cru, sous couvert des semina Verbi, à une présence immanente et agissante de l’Esprit Saint dans toutes les cultures. Jean-Paul II ne s’est pourtant pas privé d’une telle affirmation : « En elles [dans les religions non chrétiennes] se trouvent les « semina Verbi » le « rayonnement de l’unique vérité » dont parlaient déjà les premiers Pères de l’Eglise, qui sont vivants et travaillent au milieu du paganisme. » Les derniers mots sont déterminants : ils identifient les semina Verbi à une présence vivante et agissante de Dieu. Cette présence vivante et agissante de Dieu au sein du paganisme sera encore reprise, par exemple, dans le discours du 22/12/86 aux membres de la Curie pour justifier Assise : « Tous ceux qui n’ont pas encore reçu l’Évangile sont « ordonnés » à l’unité suprême de l’unique Peuple de Dieu […] C’est précisément la valeur réelle et objective de cette « ordination » à l’unité de l’unique Peuple de Dieu, souvent cachée à nos yeux, qui a pu être reconnue dans la Journée d’Assise, et dans la prière avec les représentants chrétiens, c’est la profonde communion qui existe déjà entre nous dans le Christ et dans l’Esprit, vivante et agissante, même si elle est encore incomplète, qui a eu l’une de ses manifestations particulières [11]. »
Conclusion
Dès lors, parler d’immanence divine secrètement cachée au cœur de toutes les religions n’a aucun appui dans la Tradition, tout au contraire. Son seul fondement est la doctrine moderniste de l’immanence vitale, hélas chère à Jean-Paul II.
Dans une telle perspective immanentiste, la théologie catholique relative à l’Incarnation rédemptrice pose un double problème. Comment admettre tout d’abord la nécessité d’un médiateur extérieur à la conscience humaine ? Dire que l’homme doit passer par un autre pour trouver accès à Dieu n’est-il pas aux antipodes du principe d’immanence ? En ce sens, la christologie traditionnelle dérange. Comment ensuite admettre que l’homme ait besoin d’être racheté pour être uni à Dieu ? Cela veut dire que non seulement il n’est pas automatiquement uni à Dieu, mais qu’en plus il ne le mérite pas. Voilà qui une nouvelle contradiction du principe d’immanence. On le devine donc : les dogmes de l’Incarnation et de la Rédemption vont être profondément revisités par la pensée moderniste. Et, pour ce qui nous concerne dans l’immédiat, par l’enseignement de Jean-Paul II.
II) L’Incarnation chez Jean-Paul II
L’Incarnation, ou l’immanence renforcée
En ce qui concerne le dogme de l’Incarnation, nous repartirons du sermon de Jean-Paul II au Bourget, cité tout à l’heure. L’homme – tout homme – y était décrit, nous l’avons vu, comme « intérieurement allié à la sagesse éternelle ». Et bien le pape poursuivait aussitôt : « Le Christ est venu au monde au nom de l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Au nom de cette alliance il est né de la Vierge Marie et il a annoncé l’Evangile. Au nom de cette alliance, « crucifié… sous Ponce Pilate », il est allé sur la croix et il est ressuscité. Au nom de cette alliance, renouvelée dans sa mort et dans sa résurrection, il nous donne son Esprit. L’alliance avec la sagesse éternelle continue en Lui. » Le pape ne dit pas que l’alliance avec Dieu a été rétablie en Lui – ce qui supposerait que l’homme l’ait préalablement détruite par le péché – mais qu’elle continue en Lui. Autrement dit, le Christ est venu au monde « au nom de l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle », dans le cadre d’une immanence divine préalablement existence. Il est venu pour donner une nouvelle « force » à cette immanence, comme pour la « reconfigurer ». Quelle est donc cette nouvelle « force » ? Le pape répond en commentant Mt 28, 20, où le Christ dit : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » : « « Le pouvoir au ciel et sur la terre » n’est pas un pouvoir contre l’homme. Ce n’est même pas un pouvoir de l’homme sur l’homme. C’est le pouvoir qui permet à l’homme de se révéler à lui-même dans sa royauté, dans toute la plénitude de sa dignité. C’est le pouvoir dont l’homme doit découvrir dans son cœur la puissance spécifique, par lequel il doit se révéler à lui-même dans les dimensions de sa conscience et dans la perspective de la vie éternelle [12]. »
La dimension universelle de l’Incarnation
Selon cette doctrine, le rapport de l’homme au Christ est profondément modifié. Ce n’est plus le Christ qui est le chemin du Ciel – lui qui pourtant est voie, vérité et vie – Christ auquel l’homme doit s’incorporer pour parvenir au salut. Non. Dans la conception de Jean-Paul II, il serait plus juste de dire que c’est au contraire l’homme qui a en lui-même le chemin du salut – la voix de sa conscience – chemin que le Christ est venu renforcer en tout homme. Tel est l’interprétation que Jean-Paul II fait de l’expression conciliaire qui lui est si chère : « Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni Lui-même à tout homme [13]. » Pour Jean-Paul II, l’Incarnation a rendu tous les hommes, de manière plus profonde encore, fils adoptifs de Dieu[14]. Citons encore Jean-Paul II : « En rappelant que « le Verbe s’est fait chair », c’est-à-dire que le Fils de Dieu est devenu homme, nous devons réaliser combien chaque homme est devenu grand à travers ce mystère, c’est-à-dire à travers le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu – chaque homme ! En effet, le Christ a été conçu dans le sein de Marie et il est devenu homme pour révéler l’amour éternel du Créateur et Père, et pour manifester la dignité de chacun d’entre nous [15]. »
Ce grand renversement opéré par la théologie moderniste éclate dans le message que Jean-Paul II adressa au monde au jour de son premier Noël de pape, le 25 décembre 1978. Le titre même du discours est révélateur : Noël, fête de l’homme. Ce texte, au lyrisme surprenant, mériterait d’être cité intégralement. Limitons-nous ici à ses passages essentiels : « Noël est la fête de l’homme. C’est la naissance de l’homme […] Si nous célébrons aujourd’hui de manière aussi solennelle la naissance de Jésus, nous le faisons pour rendre témoignage au fait que chaque homme est unique, absolument singulier » D’un trait, l’anniversaire de l’Incarnation divine est transformée en fête de l’humanité. La dynamique de l’Incarnation n’est plus tournée vers la patrie céleste que le Verbe incarné rend à nouveau accessible, mais vers l’homme et sa dignité transcendantale, issue précisément de l’immanence divine sensée le caractériser. Le pape continue : « Au nom de cette valeur absolument unique de tout homme, et au nom de cette force que le Fils de Dieu offre à tout homme en se faisant homme […] je leur dis : Acceptez la grande vérité sur l’homme ! Acceptez la vérité entière sur l’homme qui a été dite dans la nuit de Noël […] Acceptez le mystère dans lequel vit tout homme, depuis que le Christ est né ! Respectez ce mystère ! […] « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ». Dieu s’est approché. Il est au milieu de nous. Il est l’homme […] Dieu a trouvé ses complaisances dans l’homme par le Christ. [16] » Le Dieu de Jean-Paul II n’est plus celui qui met toutes ses complaisances dans le Christ, et en nous dans la seule mesure où nous sommes « inchristés » par la grâce baptismale ; c’est un Dieu qui met sa complaisance dans l’homme, en tout homme, entre autres parce que le Christ s’est uni à tout homme.
Telle est, pour Jean-Paul II, l’œuvre de l’Incarnation : « Jésus-Christ nous fait partager ce qu’il est. Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’unit d’une certaine manière à chaque être humain. Dans notre être intérieur, il nous a réconciliés avec Dieu, il nous a réconciliés avec les autres, il nous a réconciliés avec nos frères et avec nos sœurs : il est notre paix [17]. » Par trop habitués à ces formules, nous n’en mesurons pas forcément la portée. Elles sont tout simplement incompatibles avec la foi catholique. Il est en effet contraire à la foi catholique de dire que le Fils de Dieu a déjà réconcilié chaque homme avec Dieu dans son être intérieur. Pourtant, cette affirmation est répétée à maintes reprises par Jean-Paul II : « Dans le Christ, tous sont le « peuple élu », car dans le Christ l’homme est élu. Chaque homme, sans exception ni différence, est réconcilié avec Dieu et – pour cela même – appelé à participer à l’éternelle Promesse de salut et de vie. L’humanité tout entière est nouvellement créée comme « l’Homme nouveau selon Dieu dans la justice et la sainteté de la vérité » (Eph. 4, 24) [18].» Insistons une dernière fois sur cet universalisme de l’Incarnation : « C’est cela, l’homme dans toute la plénitude du mystère dont il est devenu participant en Jésus-Christ et dont devient participant chacun des quatre milliards d’hommes vivant sur notre planète, dès l’instant de sa conception [19]. » Tous ces passages, que nous pourrions multiplier, pèchent gravement contre la foi. Ils refusent de distinguer l’amour de prévenance que Dieu a pour tout homme d’avec l’amour de dilection qu’il n’a que pour certains, selon la parole même du Christ en Jn 16, 27 : « Le Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. »
Une conscientisation par la foi : la confusion des ordres naturel et surnaturel
Si selon Jean-Paul II l’Incarnation concerne tous les hommes en ce qu’elle inclut chacun dans une union plus grande à Dieu – dans un plus grand degré de grâce [20] – il n’en reste pas moins que cette nouvelle divinisation n’est pas consciente pour tous. Jean-Paul II le souligne : « Jésus-Christ « s’est uni d’une certaine manière à tous les hommes » (Gaudium et spes, n° 22), même si ceux-ci n’en sont pas conscients [21]. » Aussi ce nouveau degré de divinisation doit-il être, autant que possible, conscientisée. Conformément au postulat moderniste, ce rôle de conscientisation revient à la foi. Ecoutons en quels termes : « Par la foi, l’homme parvient à une connaissance plus pleine de Dieu et acquiert aussi une dimension plus profonde de sa dignité en tant que personne, connaissance et dignité qui sont le propre de tous les hommes [22]. »
Prise en elle-même, cette proposition est erronée. De fait comme de droit, il est faux d’affirmer que tous les hommes partagent la même connaissance de Dieu et une égale dignité. Quant à la connaissance, cette phrase ne distingue la connaissance commune de la connaissance de foi que par une différence de degré. Or il existe bien une différence de nature entre la connaissance rationnelle accessible – et non commune – à tous les hommes et la connaissance de foi qui est l’apanage des seuls membres de l’Eglise. Saint Thomas le dit très clairement, synthétisant en cela la Tradition : « Les choses de la foi dépassent la raison humaine. Elles ne nous viennent donc même pas dans l’idée si Dieu ne les révèle [23]. » Pour ce qui relève de la dignité, il est encore faux de dire que tous les hommes la partagent. Ecoutons encore saint Thomas : « Par le péché, l’homme s’écarte de l’ordre prescrit par la raison ; par là même il déchoit de la dignité humaine qui consiste à naître libre et à exister pour soi ; et il en arrive ainsi, d’une certaine manière, à l’asservissement des animaux privés de raison […] L’Ecriture le note clairement : « L’homme, lorsqu’il était dans sa splendeur, ne l’a pas compris ; il est descendu au rang des animaux privés de raison ; il leur est devenu semblable » (Ps. 48, 21) [24]. » Toutes ces distinctions, élémentaires en théologie, ont été ici balayées. Tout n’est envisagé que sous l’angle d’une conscientisation plus ou moins grande d’une réalité déjà intégralement partagée par tous.
Nous voilà donc aux ultimes conséquences de la nouvelle théologie de l’Incarnation, qui ne sont autres qu’un nouveau trait du modernisme souligné par saint Pie X : la confusion complète de l’ordre naturel et de l’ordre surnaturel.
III) La Rédemption chez Jean-Paul II
La fausse conception de l’universalité de la Rédemption
Des déformations que le modernisme apporta au dogme de la Rédemption, on pense en premier lieu à la fausse conception qui est faite de son universalité. Pour Jean-Paul II en effet, la Rédemption apportée par le Christ est universelle non seulement en ce sens qu’elle est surabondante pour le genre humain tout entier et qu’elle est proposée à chacun de ses membres en particulier, mais encore parce qu’elle est appliquée de fait à tous les hommes pris individuellement. Si donc, d’un côté, « dans le Christ, la religion n’est plus une « recherche de Dieu comme à tâtons » (Ac 17, 27), mais une réponse de la foi à Dieu qui se révèle […], réponse rendue possible par cet Homme unique […] en qui tout homme est rendu capable de répondre à Dieu », de l’autre, le Pape ajoute « [qu’]en cet Homme, la création entière répond à Dieu[25]. » Cette dernière expression réclame à être clarifiée. Elle pourrait s’entendre de manière catholique si par création on entendait l’être humain, résumé de la création, en ajoutant que par création entière on entendait tout homme, non dans le sens de chaque homme en particulier, mais de tout type d’hommes [26]. Or, tel n’est pas l’interprétation de Jean-Paul II. Pour lui, c’est tout homme, c’est-à-dire chacun en particulier, qui a été uni par le Christ au mystère de la Rédemption. Il l’affirme clairement tandis qu’il s’adresse à des peuples païens : « Dans l’Esprit-Saint, chaque personne et chaque peuple sont devenus, par la croix et la résurrection du Christ, des enfants de Dieu, des participants de la nature divine et des héritiers de la vie éternelle [27]. »
Je n’insisterai pas ici sur cette erreur, qu’il m’a semblé plus judicieux de rattacher à la conception que Jean-Paul II s’est faite de l’Incarnation. Ainsi que nous l’avons vu, c’est en effet en celle-ci que, selon le pape Wojtyla, tous les hommes ont été inclus de manière efficace : « L’homme – tout homme sans exception – a été racheté par le Christ, parce que le Christ est en quelque sorte uni à l’homme, à chaque homme sans exception, même si ce dernier n’en est pas conscient [28]. » De ce point de vue, la Passion et la Résurrection du Christ n’ont rien apporté de fondamentalement nouveau. Je soulignerai simplement que cette conception universaliste de la Rédemption ne relève pas d’une incompréhension ou d’une interprétation injustifiée de la pensée de Jean-Paul II. Elle est admise par tous, à commencer par les très sérieux membres de la Commission théologique internationale, qui déclaraient dans l’un de leurs documents écrits à la demande de Jean-Paul II : « Par ces actions divines [l’Incarnation rédemptrice, tous les hommes sont dotés de la dignité de fils adoptifs de Dieu ; par là, ils deviennent tout à la fois les sujets et les bénéficiaires de la justice et de l’agapésuprême [29]. »
La Rédemption comme simple révélation
Il est une autre déformation du dogme de la Rédemption, plus spécifique, qu’il me paraît important de souligner, parce qu’elle touche à sa nature même. Dans la conception Wojtylienne, la Rédemption se réduit à la révélation ultime de l’amour de Dieu pour nous. Si en effet on admet que l’homme, de par la présence divine qui habite à l’intime de sa conscience, possède en lui-même la capacité d’aller à Dieu, alors il n’a plus besoin d’être racheté, au sens strict du terme. Ce que la théologie catholique entendait jusque-là par satisfaction vicaire du Christ est du même coup balayé d’un revers de main [30].
Dès lors, la mort du Christ et sa résurrection n’est plus qu’un témoignage de l’amour de Dieu pour l’homme : « Sur le chemin de l’élection éternelle de l’homme à la dignité de fils adoptif de Dieu, surgit précisément dans l’histoire la croix du Christ, Fils unique, qui, […] est venu donner l’ultime témoignage de l’admirable alliance de Dieu avec l’humanité, de Dieu avec l’homme – avec chaque homme [31]. » Ce témoignage sera dit ultime en ce sens qu’il manifeste que rien ne peut arrêter cette alliance avec Dieu, pas même le péché : « Si Dieu a envoyé son Fils pour ouvrir de nouveau les portes du salut à tous, c’est bien parce qu’il n’a pas changé d’attitude envers eux. (…) La venue du Fils unique de Dieu au cœur de l’histoire humaine révèle que Dieu entend poursuivre la mise en œuvre de son projet malgré les obstacles [32]. » Autrement dit, si la conception catholique enseignait que la mort expiatoire du Christ a anéanti l’obstacle réel à l’union à Dieu qui est le péché, le moderniste affirme pour sa part qu’en sa mort, le Christ a simplement révélé que les obstacles au salut ne sont pas des obstacles, quand bien même l’homme l’aurait cru ! En ce sens, la Rédemption apportée par le Christ est non seulement universelle, mais encore définitive. Plus rien ne peut la compromettre, puisque même le péché ne saurait la contredire. D’où l’affirmation de Jean-Paul II : « Chacun a été inclus dans le mystère de la Rédemption, et Jésus-Christ s’est uni à chacun, pour toujours, à travers ce mystère [33]. »
Révélation de l’amour de Dieu pour l’homme, la vie et la mort du Christ témoignent encore de la dignité de l’homme : « Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même [34]. » Il est en effet la pleine réalisation de toutes les potentialités présentes en chaque homme, il est l’accomplissement parfait de l’immanence divine présente en tous. Aussi, vivre en homme authentique revient à contempler le Christ pour l’imiter. C’est en ce sens que Jean-Paul II invita les jeunes à marcher à la suite du Christ : « La plus grande « ressource » de l’homme est le Christ, Fils de Dieu et Fils de l’homme. C’est en lui que l’on découvre les traits de l’homme nouveau, réalisé dans toute la plénitude de l’homme en soi. C’est dans le Christ, crucifié et ressuscité, que se dévoilent à l’homme la possibilité et la manière d’assumer dans une profonde unité sa nature tout entière [35]. »
Conclusion
Concluons. Homme de l’immanence, Jean-Paul II le fut plus qu’aucun des papes modernes. Il l’enseigna, il la prêcha, il en fit le fondement de l’humanisme dont il anima tout son pontificat. A l’aune d’un tel postulat, il revisita en profondeur les deux mystères de l’Incarnation et de la Rédemption. Le premier ne servit qu’à rehausser l’immanence, tandis qu’au second revenait la seule tâche de révéler à tout homme l’immense dignité d’une telle immanence.
Tout chez Jean-Paul II, est donc enraciné dans ce principe moderniste d’immanence vitale. Mais tout, chez Jean-Paul II, s’appuie également sur la constitution conciliaire Gaudium et spes. L’enseignement du pontife défunt que nous venons de résumer n’est en effet qu’un long commentaire du paragraphe 22 de la constitution sur l’Eglise dans le monde de ce temps : « Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation […] Par son Incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni à tout homme [36]. »
Si Jean-Paul II a retenu notre attention, c’est précisément parce que nous pensons pouvoir trouver en lui un commentateur autorisé de Vatican II. S’il fut si moderniste en ses propos, c’est donc parce que l’enseignement du concile Vatican II était lui-même profondément moderniste. Puisque ce symposium a pour objet l’actualité de l’encyclique Pascendi, j’achèverai en disant que la dénonciation que saint Pie X a faite du modernisme sera actuelle aussi longtemps que Vatican II sera d’actualité. Prions notre saint Patron pour que ce temps soit des plus brefs !
Abbé Patrick de La Rocque, novembre 2007
- Cette lecture de la pensée de Jean-Paul II est admise par tous. Par exemple, lorsqu’à la demande expresse et sur les encouragements de Jean-Paul II (allocution au CTI du 05/12/83, DC 1984, n° 1869, p. 191–193) la), cette commission n’hésitera pas à fonder les droits de l’homme sur cette conception du salut universel :
- - Jean-Paul II, discours du 22/12/86 aux cardinaux de la Curie, n° 11 ; DC 1987, n° 1933, p. 133–136.[↩]
- - Jean-Paul II, homélie du 01/06/80 à la messe du Bourget, n° 4 ; DC 1980, n° 1788, p. 585–586. [↩]
- - « « Nous aussi, s’écriait Paul VI au nom de tous les Pères du Concile oecuménique dont j’étais membre moi-même, nous plus que quiconque, nous avons le culte de l’homme » (Discours de clôture du 7 décembre 1965). » (Jean-Paul II, lettre du 20/05/82 au cardinal Casaroli, DC 1982, n° 1832, p. 604–606. [↩]
- - Jean-Paul II, homélie du 01/06/80 à la messe du Bourget, n° 4 ; DC 1980, n° 1788, p. 585–586.[↩]
- - Cf. Jean-Paul II, discours du 05/11/95 à l’Assemblée générale des Nations Unies, DC 1995, n° 2125, p. 917–923 : « L’espérance et la confiance sont les prémisses d’une activité responsable et trouvent leur source dans le sanctuaire intime de la conscience, où l’homme « est seul avec Dieu ». »[↩]
- - Cf. Jean-Paul II, discours du 05/11/95 à l’Assemblée générale des Nations Unies, DC 1995, n° 2125, p. 917–923 : « Au-delà de toutes les différences qui caractérisent les individus et les peuples, il y a entre eux une affinité fondamentale, étant donné que les diverses cultures ne sont en réalité que des manières différentes d’aborder la question du sens de l’existence personnelle […] n’importe quelle culture est un effort de réflexion sur le mystère du monde et, en particulier, de l’homme : elle est une manière d’exprimer la dimension transcendante de la vie humaine. Le cœur de toute culture est constitué par son approche du plus grand des mystères, le mystère de Dieu. ». Une double affinité fondamentale est ici décrite : affinité d’aspiration (« manières différentes d’aborder la question du sens de l’existence personnelle ») et affinité de réponse : toute culture « est une manièred’exprimer la dimension transcendante de la vie humaine. Le cœur de toute culture est constitué par son approche du plus grand des mystères, le mystère de Dieu. » L’approche est ici supposée effective, vu qu’elle exprime de fait la transcendance de la personne humaine, c’est-à-dire l’immanence divine en elle.[↩]
- - Jean-Paul II, homélie du 01/06/80 à la messe du Bourget, n° 4 ; DC 1980, n° 1788, p. 584–586[↩]
- - Jean-Paul II, discours du 23/11/91 aux évêques d’Afrique du Nord, Insignamenti, 1991, XIV/1, pp. 1275–1279.[↩]
- - Jean-Paul II, discours du 13/05/89 à la Société des Missions Africaines, DC 1989, n° 1987, p. 623–624.[↩]
- - Saint Justin, 2ème Apologie, n° 13.[↩]
- - Jean-Paul II, discours du 22/12/86 aux membres de la Curie, n° 7 ; DC 1987, n° 1933, p. 133–136[↩]
- - Jean-Paul II, homélie du 01/06/80 à la messe du Bourget, n° 4 ; DC 1980, n° 1788, p. 584–586. [↩]
- - Concile Vatican II, constitution Gaudium et spes, n° 22 § 2.[↩]
- - Cf. Jean-Paul II, discours du 28/01/79 pour l’ouverture des travaux de la IIIe Conférence de l’épiscopat latino-américain, III, 6 ; DC 1979, n° 1758, p. 164–172 : « L’Eglise a le devoir d’annoncer la libération de millions d’êtres humains, le devoir d’aider à consolider cette libération ; mais elle a aussi le devoir correspondant de proclamer la libération dans sa signification intégrale, profonde, telle que Jésus l’a annoncée et réalisée […] Libération qui découle de cette réalité que nous sommes fils de Dieu, que nous pouvons appeler Dieu « Abba » Père (cf. Rm 8, 15), et en vertu de laquelle nous reconnaissons en tout homme quelqu’un qui est notre frère. »[↩]
- - Jean-Paul II, allocution du 05/06/79 avant l’Angelus, DC 1979, n° 1767, p. 623. Italiques du texte officiel. Cf. homélie du 24/03/80 à la messe d’ouverture du synode ukrainien, DC 1980, n° 1784, p. 361 : Marie est la « « Mère de l’unité » dans le sein de laquelle le Fils de Dieu s’est uni à l’humanité, en inaugurant mystiquement l’union conjugale du Seigneur avec tous les hommes ». Affirmer que le Christ inaugure cette union conjugale, c’est supposer que cette union conjugale sera un jour pleinement effective. Or elle est ici décrite comme union conjugale du Seigneur « avec tous les hommes ». Une telle phrase est inacceptable pour la foi catholique.[↩]
- - Jean-Paul II, message de Noël du 25/12/78, DC 979, n° 1756, p. 57–58.[↩]
- - Jean-Paul II, homélie du 02/10/79 au Yankee Stadium de New York, DC 1979, n° 1792, p. 880.[↩]
- - Jean-Paul II, audience générale du 10/08/88, DC 1988, n° 1972, p. 1100. Italiques du texte officiel.[↩]
- - Jean-Paul II, Redemptor hominis, n° 13. D’autres textes, allant en ce sens, sont très ambigus. Cf. par exemple Audience générale du 14/02/79, DC 1979, n° 1759, p. 211 : « Aux hommes qui existent actuellement et à ceux qui viendront ensuite, l’Eglise doit toujours révéler Jésus-Christ, mystère du salut, dans sa plénitude et sans le diminuer. Ce mystère est un mystère éternel en Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Ce mystère est devenu dans le temps une réalité divine et humaine qui porte le nom de Jésus-Christ. Réalité historique, il est en même temps au-dessus de l’histoire ; « il est le même hier, aujourd’hui et toujours » (He 13, 8). Il est une réalité qui n’est pas uniquement extérieure à l’homme. La raison de son existence c’est d’être et d’agir dans l’homme, de donner à tout homme la source et le ferment de la vie nouvelle. » La source et le ferment de la vie nouvelle n’est autre que la grâce, reçue au baptême. Or elle est affirmée être ici conférée à tout homme, du fait que le dessein salvifique de Dieu se soit incarné dans l’histoire sous le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour devenir réalité en tout homme.[↩]
- - Cf. Jean-Paul II, encyclique Dives in misericordia, n° 7. DC 1980, n° 1797, p. 1090 : « Dieu, tel que le Christ l’a révélé, n’est pas seulement en rapport étroit avec le monde en tant que Créateur et source ultime de l’existence. Il est aussi Père : il est uni à l’homme, qu’il a appelé à l’existence dans le monde visible, par un lien encore plus profond que celui de la création. C’est l’amour qui non seulement crée le bien, mais qui fait participer à la vie même de Dieu Père, Fils et Esprit-Saint. »[↩]
- - Jean-Paul II, discours du 22/12/86 à la Curie, DC 1987, n° 1933, p. 134.[↩]
- - Jean-Paul II, rencontre du 17/05/88 avec les indiens de la mission Santa Teresita, DC 1988, n° 1964, p. 614.[↩]
- - Cf. saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 2a 2 æ, q. 6, art. 1.[↩]
- - Cf. saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, 2a 2æ, q. 64, art. 2, ad 3.[↩]
- - Jean-Paul II, Tertio millennio adveniente, n° 6. Cette réponse est ailleurs décrite comme agréée de Dieu : le Christ, en s’unissant à nous, a également accueilli chaque homme en particulier. Cf. homélie du 02/06/00 pour le Jubilé des migrants et des itinérants, DC 2000, n° 2229, p. 603 : « En assumant la condition humaine et historique, le Christ s’est uni d’une certaine façon à chaque homme. Il a accueilli chacun d’entre nous et, dans le commandement de l’amour, il nous a demandé d’imiter son exemple. »[↩]
- - cf. saint Thomas d’Aquin, sup. 1 Tim. 2, 4, Ed. Marietti, n° 62. [↩]
- - Jean-Paul II, message du 21/02/81 aux peuples d’Asie, DC 1981, n° 1804, p. 281. Cf. Jean-Paul II, encyclique Redemptor hominis n° 18 : « « Viens Esprit-Saint » […] Cette supplication à l’Esprit-Saint, visant à obtenir l’Esprit, est la réponse à tous les « matérialismes » de notre époque […] Peut-on dire que l’Eglise n’est pas seule dans cette supplication ? Oui, on peut le dire, parce que « le besoin » de ce qui est spirituel est exprimé également par des personnes qui se trouvent hors des frontières visibles de l’Eglise […] Cette invocation à l’Esprit et par l’Esprit n’est autre qu’une façon constante de pénétrer dans la pleine dimension du mystère de la Rédemption, selon lequel le Christ, uni au Père et avec tout homme, nous communique continuellement cet Esprit qui met en nous les sentiments du Fils et nous tourne vers le Père. »[↩]
- - Jean-Paul II, encyclique Redemptor hominis, n° 14.[↩]
- - Commission théologique internationale, La dignité et les droits de la personne humaine, DC 1985, n° 1893, p. 385–391.[↩]
- - Nous n’insistons pas ici sur ce point, déjà développé ailleurs. Cf. Abbé P. de La Rocque, Au cœur de la réforme liturgique, une nouvelle théologie du péché, in Actes du 3ème congrès SI SI NO NO, Paris 2002.[↩]
- - Jean-Paul II, encyclique Dives in misericordia, n° 7. DC 1980, n° 1797, p. 1090. Que cette alliance soit plus qu’une élection, mais bien une réalisation, a été affirmé juste avant par Jean-Paul II : « Dieu, tel que le Christ l’a révélé, n’est pas seulement en rapport étroit avec le monde en tant que Créateur et source ultime de l’existence. Il est aussi Père : il est uni à l’homme, qu’il a appelé à l’existence dans le monde visible, par un lien encore plus profond que celui de la création. C’est l’amour qui non seulement crée le bien, mais qui fait participer à la vie même de Dieu Père, Fils et Esprit-Saint. » [↩]
- - Commission théologique internationale, Quæstiones selectæ de Deo Redemptore du 8 décembre 1994, quatrième partie, n° 40 et 42, DC 1996, n° 2143. Cf. CEC 604–605.[↩]
- - Jean-Paul II, Redemptor hominis, n° 13. [↩]
- - Concile Vatican II, constitution Gaudium et spes, n° 22 § 2. On sait combien cette phrase inspira l’enseignement du pape défunt.[↩]
- - Jean-Paul II, discours du 29/08/82 aux jeunes du Meeting pour l’amitié entre les peuples, DC 1982, n° 1837, p. 853.[↩]
- - Concile Vatican II, Gaudium et spes, n° 22.[↩]