Le renouvellement du scandale d’Assise

Abbé Régis de Cacqueray,
Supérieur du District de France

Le renouvellement du scandale d’Assise
Errare humanum est, perseverare diabolicum.
Abbé Régis de Cacqueray

Que va-​t-​il se pas­ser en ce 27 octobre 2011 ? Une simple ren­contre ami­cale entre gens de bonne foi ? Une dis­cus­sion à bâtons rom­pus sur la divi­ni­té du Christ et de son Église ? Non, le renou­vel­le­ment, par le pape régnant, Benoît XVI, du scan­dale sans pré­cé­dent com­mis par son pré­dé­ces­seur, Jean-​Paul II, le 27 octobre 1986.

Qu’arrivera-t-il en ce 27 octobre 2011 ? L’appel à la conver­sion à la foi catho­lique ? Les décla­ra­tions du pape laissent clai­re­ment entendre ce que sera cette jour­née : la réunion des repré­sen­tants de toutes les fausses reli­gions, appe­lés par le pape en per­sonne, à une jour­née de réflexion où tous sont invi­tés à prier [1] pour la paix.

Certes, à la dif­fé­rence de la pre­mière réunion d’Assise, la prière semble devoir res­ter silen­cieuse, quoique très pré­sente. Mais quel dieu prie­ront en silence ces repré­sen­tants de toutes les fausses reli­gions ? Quel dieu prieront-​ils sinon leurs faux dieux, puisque le pape les invite expli­ci­te­ment à vivre plus pro­fon­dé­ment « leur foi reli­gieuse »[2] ? Vers qui se tour­ne­ront alors les musul­mans sinon vers le dieu de Mahomet ? À qui s’adresseront les ani­mistes sinon à leurs idoles ? Comment donc peut-​on conce­voir qu’un pape appelle les repré­sen­tants des fausses reli­gions, en tant que tels, à par­ti­ci­per à une jour­née de prière per­son­nelle ? Cet acte du sou­ve­rain pon­tife consti­tue par le fait même un effroyable blas­phème envers Dieu ain­si qu’une occa­sion de scan­dale pour les hommes du monde entier.

Une offense au Dieu trinitaire et incarné

Comment pourrait-​on qua­li­fier autre­ment cette foire des reli­gions qui offense gra­ve­ment le pre­mier com­man­de­ment : « Tu ado­re­ras le Seigneur ton Dieu et tu ne ren­dras de culte qu’à Lui seul »[3] ?

Comment s’imaginer que Dieu se plai­ra dans les prières de Juifs fidèles à leurs pères qui ont cru­ci­fié Son Fils et nient le Dieu Trine ?

Comment pourrait-​il exau­cer des prières adres­sées à Allah dont les dis­ciples, ne cessent de per­sé­cu­ter les chrétiens ?
Comment pourrait-​il agréer les suf­frages de tous les héré­tiques, schis­ma­tiques et apos­tats qui ont renié Son Église, née du côté ouvert de son Fils ?

Comment pourrait-​il être hono­ré du culte offert aux idoles par tous les ani­mistes, pan­théistes et autres idolâtres ?

Comment pourrait-​il entendre ces prières quand Son Fils nous a clai­re­ment indi­qué le contraire : « Nul ne va au Père sans pas­ser par moi »[4] ?

Que des âmes de bonne foi prient Dieu dans l’hérésie ou l’infidélité est une chose ; Dieu recon­naî­tra les siens et les gui­de­ra vers la seule véri­table Église. Mais qu’on invite ces hommes à prier, en tant que repré­sen­tants des fausses reli­gions, selon « leur foi reli­gieuse », n’est-ce pas le signe mani­feste qu’on les invite à prier selon l’esprit et les for­mules de leur fausse religion ?

Comment alors ne pas y voir l’injure suprême jetée à la face du Dieu trois fois saint ? Comment ne pas être pro­fon­dé­ment indi­gné à la vue d’un tel scan­dale ? Comment se taire sans se mon­trer complice ?

La paix du Christ dénaturée

Ce péché gra­vis­sime offense tout autant la paix de Jésus-​Christ. Le pape appelle à prier pour la paix. Mais quelle est cette paix deman­dée par le pape ? Est-​ce la ces­sa­tion des conflits qui ensan­glantent le monde ? Mais croit-​on véri­ta­ble­ment que la prière aux faux dieux va nous méri­ter, non le châ­ti­ment, mais le bien­fait d’une paix toute humaine ? A‑t-​on oublié le déluge des pre­miers temps ? A‑t-​on per­du le sou­ve­nir de la des­truc­tion de Sodome et de Gomorrhe dont le crime fut moins grave que celui des âmes incré­dules ? [5] A‑t-​on effa­cé de l’Évangile et de l’Histoire la des­truc­tion san­glante de Jérusalem, prix des péchés de Son peuple ?

Au reste, à quoi nous ser­vi­rait d’acheter une paix tem­po­relle si l’on vient à perdre notre âme ? « Ne crai­gnez pas ceux qui tuent le corps, et qui après cela ne peuvent rien faire de plus (…) crai­gnez celui qui, après avoir tué, a le pou­voir de jeter dans la géhenne. »[6] Par ailleurs, com­ment ne pas voir dans cette prière pour la paix, un détour­ne­ment sans doute incons­cient mais per­fide et à des fins œcu­mé­niques, de l’aspiration légi­time de tout homme à la paix civile ? Non, la paix appor­tée par le Christ ne sau­rait être cette paix du monde, cette paix maçon­nique scel­lée par la liber­té de conscience.

Car en réa­li­té, la paix appe­lée de tous ses vœux par le pon­tife actuel, n’est pas la seule paix tem­po­relle, c’est sur­tout la liber­té reli­gieuse,[7] la liber­té de conscience, condam­née tant de fois par les papes.[8] Voici l’intention de prière don­née par le pape, voi­ci la paix deman­dée par le pape : la paix tem­po­relle obte­nue par la liber­té de conscience.

Est-​ce là la paix de Jésus-​Christ ? De celui qui est mort sur une Croix pour affir­mer sa divi­ni­té ? La paix du Christ est tout autre, aus­si éloi­gnée de cette paix maçon­nique que la cha­ri­té l’est de la fra­ter­ni­té. La paix du Christ, c’est la paix avec Dieu, fruit du rachat des âmes par le Sang de Son Fils et de l’abandon du péché par les hommes. Quant à la paix civile com­mu­ni­quée par le Christ, elle n’est autre que le fruit d’une civi­li­sa­tion chré­tienne, toute pétrie de la foi et de la cha­ri­té catholiques.

Une odieuse humiliation de l’Église

Mais si le Dieu tri­ni­taire et l’humanité du Christ sont gra­ve­ment offen­sés par cette invi­ta­tion au péché, l’Épouse imma­cu­lée du Christ, son unique Église catho­lique, est humi­liée publi­que­ment. Bafoué l’enseignement des Apôtres, des papes, des Pères de l’Église, des saints, des mar­tyrs, des princes et des héros catholiques.Bafoué l’enseignement du psal­miste selon lequel « tous les dieux des nations sont des démons »[9] ; bafoué l’ordre for­mel de saint Jean de ne pas saluer les héré­tiques[10], bafoué l’enseignement d’un Grégoire XVI ou d’un Pie IX[11] pour les­quels la liber­té de conscience est un « délire », bafouée la défense for­melle des papes Léon XIII [12] et Pie XI[13] d’organiser ou de par­ti­ci­per à des congrès inter­re­li­gieux ; bafoué le mar­tyre d’un Polyeucte refu­sant de sacri­fier aux idoles, bafoué l’exemple d’un saint François de Sales écri­vant ses Controverses afin de conver­tir l’hérétique pro­tes­tant, bafoués ces mil­liers de mis­sion­naires ayant tout aban­don­né pour sau­ver l’âme des infi­dèles, bafouée la geste héroïque d’un Charles Martel arrê­tant l’Islam à Poitiers, d’un Godefroy de Bouillon for­çant l’entrée de Jérusalem par sa lance et son épée, bafoué l’honneur d’un saint Louis punis­sant le blasphème.

Comment le catho­lique pétri de l’esprit d’Assise pourrait-​il sous­crire encore au dogme « Hors de l’Église, point de salut » ? Comment verrait-​il dans l’Église catho­lique, la seule et unique arche de salut ? Qui plus est, ce scan­dale vient de la plus haute auto­ri­té sacrée qui soit sur terre, du vicaire de Jésus-​Christ lui-​même, comme si la gra­vi­té d’une telle réunion ne suf­fi­sait pas. N’est-ce pas faire du pape pré­si­dant cette réunion, non le chef de l’Église catho­lique, mais le chef d’une « Église » de l’O.N.U., le pri­mus inter pares d’une reli­gion de toutes les reli­gions, essen­tiel­le­ment iden­tique au culte maçon­nique du Grand Architecte de l’Univers ? N’est-ce pas là une per­ver­sion sata­nique de la mis­sion de Pierre ? Alors que le Christ a solen­nel­le­ment ordon­né à Pierre de « confir­mer ses frères dans la foi » et de paître Ses bre­bis, le suc­ces­seur de Pierre va de fait confir­mer ses frères dans l’indifférentisme et le relativisme.

Un immense scandale

Car au-​delà d’un ter­rible blas­phème, cette déci­sion per­son­nelle du pape va engen­drer un immense scan­dale dans l’âme des catho­liques et des non-​catholiques. Devant l’image d’un pape réunis­sant les repré­sen­tants de toutes les fausses reli­gions, la réac­tion de la majo­ri­té des hommes sera de rela­ti­vi­ser un peu plus la véri­té et la reli­gion. Quel homme, peu au fait de la doc­trine catho­lique, ne sera-​t-​il pas ten­té de se ras­su­rer sur le sort des non-​catholiques lorsqu’il ver­ra le pape invi­ter ces der­niers à prier pour la liber­té de conscience ? Quel non-​chrétien ver­ra dans la reli­gion catho­lique la seule vraie reli­gion à l’exception de toute autre, quand il sau­ra que le chef de l’Église catho­lique réunit un pan­théon des reli­gions ? Comment interprétera-​t-​il l’exhortation du pape à ne pas céder au rela­ti­visme, [14] sinon en pen­sant qu’il s’agit non pas d’être dans le vrai, mais d’être sincère ?

Comment, au contraire, n’interpréterait-il pas dans un sens rela­ti­viste cette invi­ta­tion expli­cite du Saint-​Père à pra­ti­quer du mieux pos­sible sa reli­gion : « …je me ren­drai au mois d’octobre pro­chain comme pèle­rin dans la ville de saint François, en invi­tant à s’unir à ce che­min nos frères chré­tiens des diverses confes­sions, les auto­ri­tés des tra­di­tions reli­gieuses du monde, et de manière idéale, tous les hommes de bonne volon­té, dans le but (…) de renou­ve­ler solen­nel­le­ment l’engagement des croyants de chaque reli­gion à vivre leur foi reli­gieuse comme ser­vice pour la cause de la paix. » [15] ? En 1986, un jour­na­liste publiait cette conclu­sion signi­fi­ca­tive : « Le pape invente et pré­side l’O.N.U. des reli­gions : ceux qui croient en l’Éternel, ceux qui croient en mille dieux, ceux qui ne croient en aucun dieu pré­cis. Vision stu­pé­fiante ! Jean-​Paul II admet spec­ta­cu­lai­re­ment la rela­ti­vi­té de la foi chré­tienne qui n’est plus que l’une entre les autres. »[16] Comment ima­gi­ner que ce juge­ment ne soit pas par­ta­gé par de nom­breux hommes au soir du 27 octobre 2011 ?

C’est pour­quoi il nous paraît sin­gu­liè­re­ment étrange de vou­loir excu­ser le pape d’un tel péché au motif qu’Assise 2011 serait dif­fé­rent d’Assise 1986. Tout concourt au contraire à nous convaincre d’une éton­nante conti­nui­té entre la réunion d’Assise de 1986 et celle de 2011 :

La nature de la réunion : une invi­ta­tion aux repré­sen­tants des fausses reli­gions à se réunir ensemble pour réflé­chir et prier pour la paix.

Le motif : la paix civile pro­mue par l’O.N.U. En 1986, Jean-​Paul II avait invi­té toutes les reli­gions « en cette année 1986 choi­sie par l’O.N.U. comme année de la paix, pour pro­mou­voir une réunion spé­ciale de prière pour la paix en la cité d’Assise. » [17] Lors de son mes­sage pour la paix en date du 1er jan­vier 2011, jour de l’annonce de la réunion d’Assise le 27 octobre 2011, Benoît XVI signait ces lignes révé­la­trices : « Sans cette expé­rience ori­gi­nelle [des grandes reli­gions], orien­ter les socié­tés vers des prin­cipes éthiques uni­ver­sels s’avère pénible et il devient dif­fi­cile de mettre en place des règle­ments natio­naux et inter­na­tio­naux où les droits et les liber­tés fon­da­men­taux peuvent être plei­ne­ment recon­nus et mis en œuvre comme se le pro­posent les objec­tifs – mal­heu­reu­se­ment encore négli­gés ou contre­dits – de la Déclaration uni­ver­selle des Droits de l’homme de 1948. (…) Tout cela est néces­saire et est cohé­rent avec le res­pect de la digni­té et de la valeur de la per­sonne humaine, res­pect garan­ti par les Peuples de la terre dans la Charte de l’Organisation des Nations Unies de 1945.» [18]

Comme l’écrivait Monseigneur Fellay à Jean-​Paul II lors du deuxième scan­dale d’Assise en 1999 : « les thèmes huma­nistes, ter­restres, natu­ra­listes de ces ren­contres font déchoir l’Église de sa mis­sion toute divine, éter­nelle et sur­na­tu­relle, au niveau des idéaux maçon­niques d’une paix mon­diale en dehors de l’u­nique Prince de la Paix, Notre Seigneur Jésus-​Christ. »[19]

La date : Benoît XVI prend cette ini­tia­tive 25 ans jour pour jour après la fête d’Assise : « En 2011 sera fêté le 25ième anni­ver­saire de la Journée mon­diale de prière pour la paix, convo­quée en 1986 (…) à Assise (…). Le sou­ve­nir de cette expé­rience est un motif d’espérance en un ave­nir où tous les croyants se sentent et deviennent effec­ti­ve­ment arti­sans de jus­tice et de paix » [20] N’est-ce pas là le signe clair d’une évi­dente conti­nui­té ? N’est-ce pas une manière de vou­loir faire revivre à nos esprits le sou­ve­nir pénible des scan­dales du Bouddha sur le taber­nacle de l’église saint-​Pierre ; des pou­lets sacri­fiés aux dieux sur l’autel de Sainte-​Claire ; du vicaire du Christ enca­dré du Dalaï-​Lama et d’un Patriarche ortho­doxe à la botte du KGB ? Faut-​il donc célé­brer solen­nel­le­ment l’anniversaire d’un évé­ne­ment si l’on veut s’en démar­quer net­te­ment ? Pourquoi pro­cla­mer Urbi et Orbi que « Le sou­ve­nir de cette expé­rience est un motif d’espérance » ? Seule la tra­hi­son des bien-​pensants peut per­mettre de se voi­ler ain­si la face.[21]

Le rap­pel de son pré­dé­ces­seur comme s’il vou­lait dis­si­per toute équi­voque pos­sible et rap­pe­ler à qui veut l’entendre sa fidé­li­té à l’esprit du pre­mier Assise : « …en cette année 2011, l’on fête­ra le 25e anni­ver­saire de la Journée mon­diale de prière pour la paix que le véné­rable Jean-​Paul II convo­qua à Assise en 1986. »[22]

Il n’est pas jusqu’aux défen­seurs du pape qui uti­lisent les mêmes argu­ments pour ten­ter de jus­ti­fier l’injustifiable. Jadis on défen­dait Assise en dis­tin­guant sub­ti­le­ment « être ensemble pour prier » et « prier ensemble ». Dira-​t-​on aujourd’hui qu’il n’y aura pas de prière com­mune mais une jour­née com­mune de prière ? À défaut même de nier la conco­mi­tance des prières silen­cieuses, dirons-​nous que cha­cun prie sépa­ré­ment selon sa reli­gion ? Comme si ces dis­tinc­tions spé­cieuses n’étaient pas for­gées pour les besoins de la cause. Comme si ces sub­ti­li­tés étaient immé­dia­te­ment com­prises par l’ensemble des hommes qui ne retien­dront qu’une chose : un ras­sem­ble­ment des toutes les reli­gions pour prier cha­cun la divi­ni­té, abs­trac­tion faite de toute Révélation.

En défi­ni­tive, et comme la plu­part des gestes du pape actuel par rap­port à son pré­dé­ces­seur, le scan­dale d’Assise 2011 sera sub­stan­tiel­le­ment le même mais moins spec­ta­cu­laire qu’Assise 1986. Aussi à ceux qui nous accu­se­raient une nou­velle fois de man­quer de cha­ri­té par ces lignes véhé­mentes, nous leur rap­pel­le­rons les paroles du Christ : « Tu aime­ras le Seigneur ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toutes tes forces et ton pro­chain comme toi-​même ». Sera-​ce aimer le Christ d’un amour ardent que de ne pas dénon­cer le blas­phème et de cri­ti­quer ceux qui s’en offusquent ? ? Sera-​ce aimer son pro­chain que de ne pas l’avertir du grave scan­dale qui le menace ? Est-​ce là l’amour deman­dé par le Christ ? Non, comme le rap­pe­lait saint Pie X en des heures sombres : « La doc­trine catho­lique nous enseigne que le pre­mier devoir de cha­ri­té n’est pas dans la tolé­rance des convic­tions erro­nées, quelque sin­cères qu’elles soient, ni dans l’indifférence théo­rique ou pra­tique pour l’erreur ou le vice où nous voyons plon­gés nos frères, mais dans le zèle pour leur amé­lio­ra­tion intel­lec­tuelle et morale non moins que leur bien être maté­riel. Cette même doc­trine nous enseigne aus­si que la source de l’amour du pro­chain se trouve dans l’amour de Dieu, père com­mun et fin com­mune de toute la famille humaine, et dans l’amour de Jésus-​Christ. Non, Vénérables frères, il n’y a pas de vraie fra­ter­ni­té en dehors de la cha­ri­té chré­tienne. »[23]

Alors de quelle Église sommes-nous ?

De l’Église de saint Polycarpe de Smyrne, qui répon­dit à l’hérétique Marcion lui deman­dant s’il le recon­nais­sait : « Oui, je te recon­nais pour le fils aîné du diable » ?

Sommes-​nous de l’Église de saint Martin qui bri­sait les idoles et les arbres sacrés de nos campagnes ?

Sommes-​nous de l’Église de saint Bernard qui prê­chait la croi­sade à nos pères ?

Sommes-​nous de l’Église de saint Pie V, qui, ne se conten­tant pas de prier le rosaire, appe­la les princes chré­tiens à guer­royer vigou­reu­se­ment contre les mahométans ?

Sommes-​nous de cette Église des saints et des mar­tyrs ou de l’Église des Pilate, des Cauchon, des Lamennais, des Teilhard de Chardin tou­jours prompts à cour­ti­ser le monde et à livrer le Christ et ses dis­ciples à ses détracteurs ?

Jugerons-​nous Assise avec les yeux de la foi, des papes et des mar­tyrs, ou avec les yeux du mon­dain, du libé­ral et du moderniste ?

C’est pour­quoi, nous ne pou­vons pas nous taire, et, tan­dis que le pape se pré­pare à l’un des actes les plus graves de son pon­ti­fi­cat, nous cla­mons vigou­reu­se­ment et publi­que­ment notre indi­gna­tion, espé­rant et sup­pliant le Ciel que ce mal­heur si bien pré­pa­ré ne puisse avoir lieu. Enfin, com­ment ne pas son­ger à ces paroles de Mgr Lefebvre rap­pe­lées par Mgr Fellay en 1999 dans sa lettre au pape : « Mgr Lefebvre recon­nut dans le funeste évé­ne­ment d’Assise un des « signes des temps » qui per­met­taient de pro­cé­der légi­ti­me­ment à des sacres épis­co­paux sans Votre consen­te­ment et de Vous écrire que « ‘le temps d’une franche col­la­bo­ra­tion n’é­tait pas encore venu’. » [24] L’heure est au contraire venue de répa­rer ce scan­dale, de faire péni­tence en gar­dant au cœur la ferme espé­rance que mal­gré les pro­grès du Mystère de l’Iniquité, « Les portes de l’enfer ne pré­vau­dront point contre l’Église ».

Abbé Régis de Cacqueray, Le 12 sep­tembre 2011, en la fête du Saint Nom de Marie, jour anni­ver­saire de la vic­toire des armées catho­liques sur les troupes musul­manes à Vienne le 12 sep­tembre 1683.

Autres éléments sur ce dossier

Déclaration de Mgr Lefebvre et de Mgr Antonio de Castro Mayer fai­sant suite à la visite de Jean-​Paul II à la Synagogue et au congrès des reli­gions à Assise
Un pèle­rin à Assise le 4 sep­tembre 2011
Prière contre le blas­phème du 11 sep­tembre 1954

Notes de bas de page

  1. Le dérou­le­ment de la jour­née et le com­mu­ni­qué du Saint-​Siège ne laissent aucun doute sur la dimen­sion reli­gieuse de l’événement : « …le Saint-​Père entend convo­quer, le 27 octobre pro­chain, une Journée de réflexion, de dia­logue et de prière pour la paix et la jus­tice dans le monde. (…) Un temps de silence sui­vra pour la prière et la réflexion de cha­cun. Dans l’après-midi, tous ceux qui seront pré­sents à Assise par­ti­ci­pe­ront à un che­min qui ser­pen­te­ra vers la Basilique de Saint François. Ce sera un pèle­ri­nage auquel pren­dront part pour la der­nière étape éga­le­ment les membres des délé­ga­tions ; ain­si, on entend sym­bo­li­ser le che­min de chaque être humain dans la recherche assi­due de la véri­té et dans la construc­tion active de la jus­tice et de la paix. Il se dérou­le­ra en silence, lais­sant la place à la prière et à la médi­ta­tion per­son­nelle » Communiqué de presse du Saint-​Siège du 2 avril 2011 : Une jour­née de réflexion, de dia­logue et de prière pour la paix et la jus­tice dans le monde – « Pèlerins de la véri­té, pèle­rins de la paix » (Assise, 27 Octobre 2011). []
  2. Le but annon­cé par le pape est de « renou­ve­ler solen­nel­le­ment l’engagement des croyants de chaque reli­gion à vivre leur foi reli­gieuse comme ser­vice pour la cause de la paix » Benoît XVI, angé­lus, Place Saint-​Pierre, Samedi 1er jan­vier 2011.[]
  3. Deut 6, 13 ; Mat 4, 10.[]
  4. Jn 14, 6. Cf éga­le­ment 1 Jn 2, 23 : « Quiconque nie le Fils, n’a pas non plus le Père ».[]
  5. « Lorsqu’on ne vous rece­vra pas et qu’on n’écoutera pas vos paroles, sor­tez de cette mai­son ou de cette ville et secouez la pous­sière de vos pieds. Je vous le dis en véri­té : au jour du juge­ment, le pays de Sodome et Gomorrhe sera trai­té moins rigou­reu­se­ment que cette ville-​là » Mat 5, 15.[]
  6. Lc 12, 4–5 []
  7. « …c’est la Journée mon­diale de la paix, une occa­sion pro­pice pour réflé­chir ensemble aux grands défis que notre époque pose à l’humanité. L’un d’eux, dra­ma­ti­que­ment urgent de nos jours, est celui de la liber­té reli­gieuse ; c’est pour­quoi, j’ai vou­lu cette année consa­crer mon Message à ce thème : « La liber­té reli­gieuse, che­min vers la paix (…) dans le Message d’aujourd’hui pour la Journée mon­diale de la paix, j’ai sou­li­gné la manière dont les grandes reli­gions peuvent consti­tuer un fac­teur impor­tant d’unité et de paix pour la famille humaine, et j’ai rap­pe­lé à cette occa­sion, qu’en cette année 2011, l’on fête­ra le 25e anni­ver­saire de la Journée mon­diale de prière pour la paix que le véné­rable Jean-​Paul II convo­qua à Assise en 1986. C’est la rai­son pour laquelle, je me ren­drai au mois d’octobre pro­chain comme pèle­rin dans la ville de saint François, en invi­tant à s’unir à ce che­min nos frères chré­tiens des diverses confes­sions, les auto­ri­tés des tra­di­tions reli­gieuses du monde » Benoît XVI, angé­lus, Place Saint-​Pierre, Samedi 1er jan­vier 2011. []
  8. « De cette source empoi­son­née de l’indifférentisme, découle cette maxime fausse et absurde ou plu­tôt ce délire : qu’on doit pro­cu­rer et garan­tir à cha­cun la liber­té de conscience » Grégoire XVI, Mirari vos, 1832. []
  9. Ps 95, 5. []
  10. « Si quel­qu’un vient à vous et n’ap­porte point cette doc­trine [du Christ], ne le rece­vez pas dans votre mai­son, et ne lui dites pas : Salut ! Car celui qui lui dit : Salut ! par­ti­cipe à ses œuvres mau­vaises » Jn 2, 10–11.[]
  11. Cf. le Syllabus, 1864, pro­po­si­tion condam­née n°79, DS 2979 : « Il est en effet faux que la liber­té civile de tous les cultes, de même que le plein pou­voir lais­sé à tous de mani­fes­ter publi­que­ment et au grand jour leurs opi­nions et leurs pen­sées, conduise plus faci­le­ment à cor­rompre les mœurs et les esprits, et à pro­pa­ger la peste de l’in­dif­fé­ren­tisme ».[]
  12. À l’occasion du congrès des reli­gions de Chicago en 1893. []
  13. « Convaincus qu’il est très rare de ren­con­trer des hommes dépour­vus de tout sens reli­gieux, on les voit nour­rir l’es­poir qu’il serait pos­sible d’a­me­ner sans dif­fi­cul­té les peuples, mal­gré leurs diver­gences, reli­gieuses, à une entente fra­ter­nelle sur la pro­fes­sion de cer­taines doc­trines consi­dé­rées comme un fon­de­ment com­mun de vie spi­ri­tuelle. C’est pour­quoi, ils se mettent à tenir des congrès, des réunions, des confé­rences, fré­quen­tés par un nombre appré­ciable d’au­di­teurs, et, à leurs dis­cus­sions, ils invitent tous les hommes indis­tinc­te­ment, les infi­dèles de tout genre comme les fidèles du Christ, et même ceux qui, par mal­heur, se sont sépa­rés du Christ ou qui, avec âpre­té et obs­ti­na­tion, nient la divi­ni­té de sa nature et de sa mis­sion. De telles entre­prises ne peuvent, en aucune manière, être approu­vées par les catho­liques, puis­qu’elles s’ap­puient sur la théo­rie erro­née que les reli­gions sont toutes plus ou moins bonnes et louables, en ce sens que toutes éga­le­ment, bien que de manières dif­fé­rentes, mani­festent et signi­fient le sen­ti­ment natu­rel et inné qui nous porte vers Dieu et nous pousse à recon­naître avec res­pect sa puis­sance. En véri­té, les par­ti­sans de cette théo­rie s’é­garent en pleine erreur, mais de plus, en per­ver­tis­sant la notion de la vraie reli­gion ils la répu­dient, et ils versent par étapes dans le natu­ra­lisme et l’a­théisme. La conclu­sion est claire : se soli­da­ri­ser des par­ti­sans et des pro­pa­ga­teurs de pareilles doc­trines, c’est s’é­loi­gner com­plè­te­ment de la reli­gion divi­ne­ment révé­lée » Pie XI, Mortalium ani­mos, 6 jan­vier 1928. []
  14. Cela pour­ra se faire « sans renon­cer à sa propre iden­ti­té ou céder à des formes de syn­cré­tisme » Communiqué de presse du Saint-​Siège du 2 avril 2011 : Une jour­née de réflexion, de dia­logue et de prière pour la paix et la jus­tice dans le monde – « Pèlerins de la véri­té, pèle­rins de la paix » (Assise, 27 Octobre 2011). []
  15. Benoît XVI, angé­lus, Place Saint-​Pierre, Samedi 1er jan­vier 2011. []
  16. Le Figaro maga­zine, 31 octobre 1986, p. 69. []
  17. Observatore Romano, 27–28 jan­vier 1986. []
  18. Message de Sa Sainteté Benoît XVI pour la célé­bra­tion de la jour­née mon­diale de la paix, 1er jan­vier 2011, n°12. []
  19. Lettre de Mgr Fellay à Jean-​Paul II pro­tes­tant solen­nel­le­ment contre le renou­vel­le­ment du scan­dale d’Assise à Rome le 28 octobre 1999. []
  20. Message de Sa Sainteté Benoît XVI pour la célé­bra­tion de la jour­née mon­diale de la paix, 1er jan­vier 2011, n°7 et 11. []
  21. « Il est beau de s’élever au-​dessus de la fier­té. Encore faut-​il l’atteindre. Je n’ai pas le droit de par­ler libre­ment de l’honneur selon le monde, ce n’est pas un sujet de conver­sa­tion pour un pauvre prêtre tel que moi, mais je trouve par­fois qu’on fait trop bon mar­ché de l’honneur. Hélas ! nous sommes tous capables de nous cou­cher dans la boue, la boue paraît fraîche aux cœurs épui­sés. Et la honte, voyez-​vous, c’est un som­meil comme un autre, un lourd som­meil, une ivresse sans rêves. Si un der­nier reste d’orgueil doit remettre debout un mal­heu­reux, pour­quoi regarderait-​on de si près ? ». Bernanos, Journal d’un curé de cam­pagne, Plon, 1936, p. 245. []
  22. Benoît XVI, angé­lus, Place Saint-​Pierre, Samedi 1er jan­vier 2011. Cf. éga­le­ment le Communiqué de presse du Saint-​Siège du 2 avril 2011 : Une jour­née de réflexion, de dia­logue et de prière pour la paix et la jus­tice dans le monde – « Pèlerins de la véri­té, pèle­rins de la paix » (Assise, 27 Octobre 2011) : « L’image du pèle­ri­nage résume donc le sens de l’é­vé­ne­ment qui sera célé­bré, fait obser­ver le com­mu­ni­qué : on fera mémoire des étapes qui ont jalon­né le par­cours, de la pre­mière ren­contre d’Assise, à celle de jan­vier 2002 et, dans le même temps, on regar­de­ra vers l’a­ve­nir avec l’in­ten­tion de conti­nuer, avec tous les hommes et les femmes de bonne volon­té, à mar­cher sur le che­min du dia­logue et de la fra­ter­ni­té, dans un monde en muta­tion rapide ». Déjà en 2007, lors des jour­nées inter­re­li­gieuses de Naples, Benoît XVI dis­si­pait toute illu­sion d’une volon­té de repen­tance de la pre­mière réunion d’Assise : cette réunion « nous ramène en esprit en 1986, lorsque mon véné­ré Prédécesseur Jean-​Paul II invi­ta sur la col­line de saint François les hauts Représentants reli­gieux à prier pour la paix, sou­li­gnant en cette cir­cons­tance le lien intrin­sèque qui unit une authen­tique atti­tude reli­gieuse avec une vive sen­si­bi­li­té pour ce bien fon­da­men­tal de l’humanité (…) Dans le res­pect des dif­fé­rences des diverses reli­gions, nous sommes tous appe­lés à tra­vailler pour la paix » Benoît XVI, « Discours aux chefs reli­gieux par­ti­ci­pants à la ren­contre inter­na­tio­nale pour la paix, le 21 octobre 2007 » dans DC, n° 2391 (2 décembre 2007), p. 1037–1038.. []
  23. Saint Pie X, Lettre ency­clique Notre Charge apos­to­lique à l’épiscopat fran­çais, 25 août 1910, in Documents pon­ti­fi­caux de S.S. Saint Pie X, tome II, Publications du Courrier de Rome, 1993, p. 259. []
  24. Lettre de Mgr Fellay à Jean-​Paul II pro­tes­tant solen­nel­le­ment contre le renou­vel­le­ment du scan­dale d’Assise à Rome le 28 octobre 1999. []

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.