A propos de la rencontre de Naples.….

Abbé Philippe François, prieur de Mulhouse

« II est très croyable que l’Antéchrist ména­ge­ra, pour s’é­le­ver, tous les par­ti­sans des fausses reli­gions. Il s’an­non­ce­ra comme plein de res­pect pour la liber­té des cultes, une des maximes et un des men­songes de la bête révolutionnaire[…]

Malheur aux chré­tiens qui sup­portent sans indi­gna­tion que leur ado­rable Sauveur soit mis, pêle-​mêle avec Bouddha et Mahomet, dans je ne sais quel pan­théon de faux dieux !

Tous ces arti­fices, pareils aux caresses du cava­lier qui veut mon­ter en selle, gagne­ront insen­si­ble­ment le monde à l’en­ne­mi de Jésus-​Christ ; mais une fois affer­mi sur les étriers, il fera jouer le frein et les épe­rons ; et la plus épou­van­table tyran­nie pèse­ra sur l’humanité. […].

Ainsi, quand l’Antéchrist aura asser­vi le monde, quand il aura pla­cé par­tout ses lieu­te­nants et ses créa­tures, quand il pour­ra faire jouer à son pro­fit tous les res­sorts d’une cen­tra­li­sa­tion pous­sée à son comble : il lève­ra le masque, il pro­cla­me­ra que tous les cultes sont abo­lis, il se don­ne­ra comme le Dieu unique et, sous les peines les plus affreuses et les plus infa­mantes, vou­dra for­cer tous les habi­tants de la terre à ado­rer, à l’ex­clu­sion de toute autre, sa propre divinité.

Cest là que vien­dra abou­tir la fameuse liber­té des cultes, dont on fait tant d’é­ta­lage ; la pro­mis­cui­té des erreurs exige logi­que­ment cette conclusion ».

Père EMMANUEL
Etude sur l’Eglise – Le drame de la fin des temps, Bulletin de N.-D. de la Ste-​Espérance, Juin 1885
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E MATIN DU DIMANCHE 21 OCTOBRE, en visite pas­to­rale à Naples, après avoir célé­bré la messe sur une place de la ville, le pape Benoît XVI s’est adres­sé à une cin­quan­taine de chefs de délé­ga­tions des 200 « res­pon­sables des grandes reli­gions mon­diales » (hérétiques-​schismatiques angli­cans, ortho­doxes et pro­tes­tants, rab­bins, aya­tol­lahs, imams, boud­dhistes, hin­douistes, shin­toïstes, etc.), réunis à Naples du 21 au 23 octobre pour la XXIe Rencontre Internationale des Religions pour la Paix, orga­ni­sée tous les ans, depuis Assise en 1986, par la Communauté Sant’-Egidio.

C’est à des catho­liques, sou­te­nus offi­ciel­le­ment par le Vatican, que revient l’initiative de ces ren­contres et, dans son inter­ven­tion, le pape a tenu à les en remer­cier publiquement.

Le Souverain Pontife a ensuite déjeu­né avec un nombre plus impor­tant des participants.

Comme chaque année, plu­sieurs car­di­naux pre­naient part à cette ren­contre de trois jours, notam­ment : le car­di­nal Kasper, pré­sident du Conseil pon­ti­fi­cal pour la pro­mo­tion de l’unité des chré­tiens ; le car­di­nal Tauran, pré­sident du Conseil pon­ti­fi­cal pour le dia­logue inter­re­li­gieux ; le car­di­nal Sepe, arche­vêque de Naples ; et le car­di­nal Ricard, arche­vêque de Bordeaux et pré­sident de la Conférence épis­co­pale française.

Depuis vingt-​et-​un ans que ces mani­fes­ta­tions inter­re­li­gieuses annuelles existent, quatre fois seule­ment les papes y ont été pré­sents phy­si­que­ment : Jean-​Paul II en 1986 (Assise I), 1999 (Rome) et 2002 (Assise II) ; Benoît XVI en 2007 (Naples). Les autres années, ils ont sim­ple­ment adres­sé un mes­sage de sou­tien. La pré­sence du Saint Père à la Rencontre Internationale des Religions pour la Paix , pour la pre­mière fois de son pon­ti­fi­cat, revêt donc une impor­tance excep­tion­nelle dans l’his­toire de ces ren­contres. Elle sou­ligne sa volon­té de faire pro­gres­ser l’oe­cu­mé­nisme dans la ligne de ses visites à la Synagogue de Cologne (août 2005) et à la Mosquée Bleue d’Istanbul (novembre 2006).

Dans son salut aux par­ti­ci­pants, Benoît XVI a loué son pré­dé­ces­seur pour l’organisation des ren­contres d’Assise en 1986 et 2002 et, dans la fidé­li­té à « l’authentique esprit d’Assise », il a réaf­fir­mé que « les reli­gions peuvent et doivent offrir de pré­cieuses res­sources pour construire une huma­ni­té paci­fique ». En conclu­sion, il a adres­sé sa prière « au Dieu éter­nel » (lequel de tous les dieux repré­sen­tés ?) pour « faire de nous tous des arti­sans de la civi­li­sa­tion de l’amour ».

*

Plus de vingt ans après Assise, quel catho­lique est encore hor­ri­fié par un tel acte ?

L’insulte à Notre Seigneur Jésus-​Christ, unique Prince de la Paix, le scan­dale pour la foi dans les âmes des fidèles, la tra­hi­son de la mis­sion confiée à Pierre et à l’Eglise laissent désor­mais indif­fé­rents les catho­liques conci­liaires trom­pés, empoi­son­nés par l’oecuménisme et la liber­té reli­gieuse de Vatican II. Selon un son­dage de l’IFOP publié par La Croix du 12/​11/​2007, 63% des catho­liques pra­ti­quants en France -ils sont déjà bien rares-, pensent que « toutes les reli­gions se valent ».

Comment le pape peut-​il invi­ter les repré­sen­tants des fausses reli­gions à prier leurs faux dieux, lui qui est le Vicaire de celui qui a dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : » Tu ado­re­ras le Seigneur ton Dieu et ne ren­dras de culte qu’à Lui » » (Deutéronome 6, 13 ; S. Matthieu 4, 10) ?

Comment les nations pourraient-​elles trou­ver la paix (qui est la « tran­quilli­té de l’ordre juste », selon la défi­ni­tion de saint Augustin), compte tenu de la bles­sure du péché ori­gi­nel dans chaque homme, si elles ne se conver­tissent pas et ne recourent pas à leur Médiateur et Prêtre, leur Sauveur et leur Roi, si elles ne dési­rent pas la paix du Christ-Roi ?

Le 28 octobre 1999, Jean-​Paul II avait réuni une pareille assem­blée à Rome, Place Saint-Pierre.

Suivant l’exemple de Mgr. Lefebvre en 1986, Mgr Fellay lui avait écrit la lettre d’indignation que nous repro­dui­sons. Deux ans et demi après son élec­tion, Benoît XVI se réclame ouver­te­ment de l’esprit d’Assise et ces lignes sont, hélas, tou­jours d’actualité !

Le 7 juillet der­nier, notre Supérieur Général concluait en ces termes sa lettre aux fidèles sur le Motu Proprio : « L’enjeu du débat entre Rome et la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X est essen­tiel­le­ment doc­tri­nal (…) c’est donc avec la même fer­me­té qu’il nous faut pour­suivre avec l’aide de Dieu le com­bat pour la lex cre­den­di, le com­bat de la foi ».

« Et toi, quand tu seras conver­ti, confirme tes frères », a dit Notre Seigneur à saint Pierre (S. Luc 22, 32).

Prions sans nous las­ser pour cette conversion.

Abbé Philippe François.

Rencontre à Naples avec les Chefs des Délégations participant à la XXIe Rencontre Internationale pour la Paix

Salut du Pape Benoît XVI

Aula Magna du Séminaire archi­épis­co­pal de Capodimonte, Dimanche 21 octobre

(NDLR : tra­duc­tion offi­cielle du site inter­net du Vatican ; sou­li­gne­ment de la rédaction)

SAINTETE, Béatitudes,
Eminentes Autorités,
Représentants des Eglises et des Communautés ecclésiales,
Chers res­pon­sables des grandes reli­gions mondiales

Je sai­sis volon­tiers cette occa­sion pour saluer les per­son­na­li­tés réunies ici à Naples pour le XXIe Meeting sur le thème : « Pour un monde sans vio­lence – Religions et cultures en dia­logue ». Ce que vous repré­sen­tez exprime en un cer­tain sens les dif­fé­rents mondes et patri­moines reli­gieux de l’hu­ma­ni­té, que l’Eglise catho­lique consi­dère avec un res­pect sin­cère et une atten­tion cor­diale. Une parole de recon­nais­sance va à Monsieur le car­di­nal Crescenzio Sepe et à l’ar­chi­dio­cèse de Naples qui accueille ce Meeting, ain­si qu’à la com­mu­nau­té de Sant”-Egidio, qui tra­vaille avec dévoue­ment pour favo­ri­ser le dia­logue entre les reli­gions et les cultures dans l”« esprit d’Assise ».

La ren­contre d’au­jourd’­hui nous ramène en esprit en 1986, lorsque mon véné­ré Prédécesseur Jean-​Paul II invi­ta sur la col­line de saint François les hauts Représentants reli­gieux à prier pour la paix, sou­li­gnant en cette cir­cons­tance le lien intrin­sèque qui unit une authen­tique atti­tude reli­gieuse avec une vive sen­si­bi­li­té pour ce bien fon­da­men­tal de l’hu­ma­ni­té. En 2002, après les évé­ne­ments dra­ma­tiques du 11 sep­tembre de l’an­née pré­cé­dente, Jean-​Paul II convo­qua à nou­veau à Assise les chefs reli­gieux, pour deman­der à Dieu que soit mis un terme aux graves menaces qui pesaient sur l’hu­ma­ni­té, en par­ti­cu­lier à cause du terrorisme.

Dans le res­pect des dif­fé­rences des diverses reli­gions, nous sommes tous appe­lés à tra­vailler pour la paix et à un enga­ge­ment effec­tif pour pro­mou­voir la récon­ci­lia­tion entre les peuples. Tel est l’au­then­tique « esprit d’Assise », qui s’op­pose à toute forme de vio­lence et à l’a­bus de la reli­gion comme pré­texte à la vio­lence. Face à un monde déchi­ré par les conflits, où l’on jus­ti­fie par­fois la vio­lence au nom de Dieu, il est impor­tant de réaf­fir­mer que jamais les reli­gions ne peuvent deve­nir des véhi­cules de haine ; jamais en invo­quant le nom de Dieu, on ne peut arri­ver à jus­ti­fier le mal et la vio­lence. Au contraire, les reli­gions peuvent et doivent offrir de pré­cieuses res­sources pour construire une huma­ni­té paci­fique, car elles parlent de paix au cœur de l’homme. L’Eglise catho­lique entend conti­nuer à par­cou­rir la voie du dia­logue pour favo­ri­ser l’en­tente entre les dif­fé­rentes cultures, tra­di­tions et sagesses reli­gieuses. Je sou­haite vive­ment que cet esprit se dif­fuse, en par­ti­cu­lier tou­jours davan­tage là où les ten­sions sont les plus fortes, là où la liber­té et le res­pect pour l’autre sont niés et où des hommes et des femmes souffrent des consé­quences de l’in­to­lé­rance et de l’incompréhension.

Chers amis, que ces jours de tra­vail et d’é­coute dans la prière soient fruc­tueux pour tous. J’adresse dans ce but ma prière au Dieu éter­nel, afin qu’il déverse sur cha­cun des par­ti­ci­pants au Meeting l’a­bon­dance de ses Bénédictions, de sa sagesse et de son amour. Puisse-​t-​il libé­rer le cœur des hommes de toute haine et de toute racine de vio­lence et faire de nous tous des arti­sans de la civi­li­sa­tion de l’amour.

Lettre de Mgr. Fellay à Jean-​Paul II protestant solennellement contre le renouvellement du scandale d’Assise à Rome le 28 octobre 1999

Très Saint Père, Menzingen, le 27 octobre 1999

En 1986, Mgr Lefebvre et Mgr de Castro-​Mayer ont pen­sé qu’il était de leur devoir de Vous reprendre publi­que­ment selon l’exemple de saint Paul (Gal., 2, 11) à cause de la réunion de prière à Assise, à laquelle Vous aviez convié les prin­ci­pales « reli­gions » du monde. Ce péché public contre le pre­mier com­man­de­ment de Dieu et contre le pre­mier article du Credo, cette grande offense à la Majesté sou­ve­raine de l’u­nique vrai Dieu, Un et Trine, fut un immense scan­dale pour les fidèles.

Comment pouviez-​Vous, Vicaire du Christ, Vicaire du solus Sanctus, solus Dominus, soIus Altissimus, Vous mêler aux repré­sen­tants de « reli­gions » qui nient sa divi­ni­té ? Comment pouviez-​Vous humi­lier l’Église catho­lique, unique Epouse de Notre Seigneur Jésus-​Christ (Eph., 5, 26–27) en la rava­lant au rang de socié­tés fon­dées non par Dieu, mais par la volon­té de l’homme (Jn., 1, 13) ? Comment pouviez-​Vous invi­ter à prier Dieu des adeptes de « reli­gions » qui refusent l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus (1 Tm., 2, 5) ou qui, niant l’exis­tence d’un Dieu per­son­nel et unique, ne sont qu’a­théisme et ido­lâ­trie ? Comment pouviez-​Vous jus­ti­fier cette invi­ta­tion en affir­mant que le Saint-​Esprit habite mys­té­rieu­se­ment en chaque homme, alors que saint Paul enseigne le contraire (Rm., 8, 9) ?

Au moment où Vous allez renou­ve­ler le scan­dale d’Assise, le 28 octobre, sur la Place Saint-​Pierre à Rome, nous osons pro­tes­ter solen­nel­le­ment contre ce péché et, invo­quant l’au­to­ri­té de Vos pré­dé­ces­seurs assez récents, Vous oppo­ser la condam­na­tion qu’ils en ont faite ain­si que des erreurs sous-​jacentes : Pie IX dans le Syllabus (prop. 16–18), Léon XIII réprou­vant le « Congrès des reli­gions » de Paris (lettre du 15 sep­tembre 1899) et Pie XI dans Mortalium ani­mos.

Par ces réunions « inter­re­li­gieuses », Vous ne confir­mez pas vos frères dans la foi, bien au contraire Vous pro­mou­vez un immense indif­fé­ren­tisme et pro­vo­quez la divi­sion à l’in­té­rieur de l’Église. En outre, les thèmes huma­nistes, ter­restres, natu­ra­listes de ces ren­contres font déchoir l’Eglise de sa mis­sion toute divine, éter­nelle et sur­na­tu­relle, au niveau des idéaux maçon­niques d’une paix mon­diale en dehors de l’u­nique Prince de la Paix, Notre Seigneur Jésus-​Christ.

Mgr Lefebvre recon­nut dans le funeste évé­ne­ment d’Assise un des « signes des temps » qui per­met­taient de pro­cé­der légi­ti­me­ment à des sacres épis­co­paux sans Votre consen­te­ment et de Vous écrire que « le temps d’une franche col­la­bo­ra­tion n’é­tait pas encore venu ». Les treize ans écou­lés de Votre pon­ti­fi­cat n’ont effa­cé en rien ces signes ni leurs consé­quences cala­mi­teuses dans l’Eglise, ni la bles­sure qu’ils causent aux cœurs des catho­liques fidèles. (…)

[Suit une cri­tique de la Déclaration com­mune catholiques-​protestants sur la Justification du 31 octobre 1999.]

Ces lignes bien graves ne nous sont dic­tées que par l’a­mour de notre Mère la Sainte Église catho­lique, du Saint Siège Apostolique et du Pape.

Daignez agréer, Très Saint Père, l’ex­pres­sion de notre filial dévouement,

† Bernard Fellay,
Evêque auxi­liaire au ser­vice de la Fraternité Saint-​Pie X ,
Supérieur Général.

« Il n’y a pas de péché plus grave que celui de déshonorer Dieu ! »

Mgr. Lefebvre, Ecône, 27 juin 1986

Texte extrait du Bulletin du Prieuré Marie-​Reine, 195, rue de Bâle, 68100 Mulhouse – novembre 2007