Né en 1483, Luther entre au couvent des Augustins d’Erfurt en 1505. Prêtre en 1507, il est envoyé en 1513 comme docÂteur en théoÂloÂgie à l’uÂniÂverÂsiÂté de Wittenberg et y comÂmente les Psaumes, puis les Epîtres de saint Paul. Par cet enseiÂgneÂment il s’éÂloigne déjà consiÂdéÂraÂbleÂment de la théoÂloÂgie cathoÂlique traditionnelle.
En 1517, il se fait connaître du grand public par 95 thèses diriÂgées contre les Indulgences. Luther entre en conflit avec l’auÂtoÂriÂté de l’Eglise : l’enÂtreÂvue avec le légat du pape Cajetan en 1518 ne perÂmet pas la conciliation.
La bulle du pape Léon X : « Exsurge Domine », condamne en 1520 les concepÂtions de Luther qui est excomÂmuÂnié l’anÂnée suiÂvante. A la diète de Worms (avril 1521) Luther refuse défiÂniÂtiÂveÂment de se rétracÂter. C’est la sépaÂraÂtion d’aÂvec l’Eglise cathoÂlique de Rome. Luther achève de rompre avec son pasÂsé cathoÂlique et monaÂcal : en décembre 1524 il quitte le froc et six mois plus tard, le 13 juin 1525, il donne l’efÂfroyable scanÂdale de son mariage avec une ancienne moniale cisÂterÂcienne, Catherine de Bora, dont il devait avoir cinq enfants. Ses amis eux-​mêmes trouvent qu’il se déconÂsiÂdère. « C’est un homme excesÂsiÂveÂment mobile et les nonnes l’ont traÂvaillé en l’enÂveÂlopÂpant de leurs intrigues sans nombre » (Mélanchton).
Ayant sans scruÂpule fomenÂté une révoÂluÂtion reliÂgieuse comÂplète et renÂverÂsé tous les dogmes et toute la disÂciÂpline eccléÂsiasÂtique, Luther mesure vite la faillite de son Evangile : « Il n’est pas un de nos évanÂgéÂliques qui ne soit aujourd’Âhui sept fois pire qu’il n’éÂtait aupaÂraÂvant, déroÂbant le bien d’auÂtrui, manÂgeant, s’enÂivrant, tromÂpant, menÂtant et se livrant à tous les vices comme s’il ne venait pas de receÂvoir la sainte parole » écrit-​il en 1525. Pour impoÂser son désordre, il est obliÂgé de recouÂrir au pouÂvoir sécuÂlier du prince élecÂteur de Saxe. Le proÂtesÂtanÂtisme abdique entre les mains de l’Etat.
Luther fait paraître en 1529 deux catéÂchismes. Ces textes servent de base à la rédacÂtion du Credo proÂtesÂtant, la Confession d’Augsbourg de 1530. Que penÂser de l’homme qui a écrit ceci : « Il n’a exisÂté perÂsonne avant moi qui ait su ce que c’est que l’Evangile, que la foi, que les dix comÂmanÂdeÂments, que le Notre-​Père, que l’Eglise… Bref, nous ne savions absoÂluÂment rien de ce qu’un chréÂtien doit savoir. Mais mainÂteÂnant, Dieu merÂci, homme et femme, jeunes et vieux savent leur catéÂchisme » ? Luther se peint tout entier dans cette manière d’éÂcrire, que l’on retrouve avec plus d’ouÂtrance dans les célèbres Propos de table. Le sujet qui domine ces converÂsaÂtions, c’est la haine du pape. Cette haine fut la pasÂsion domiÂnante de Luther. A proÂpos de tout et de rien il faut qu’il tonne contre le pape. « lmpleat vos Dominus odio papae ! Que le Seigneur vous remÂplisse de la haine du pape ! », c’est la recomÂmanÂdaÂtion qu’il donÂneÂra à ses parÂtiÂsans en 1537 alors que, tomÂbé malade, il semÂblait parÂveÂnu à la derÂnière extrémité.
La foule n’aime ni les timides, ni les modestes, ni les déliÂcats. Les grosses vanÂtarÂdises de Luther, ses injures à l’aÂdresse de ses enneÂmis, sa triÂviaÂliÂté, ses inlasÂsables répéÂtiÂtions, ses déclaÂmaÂtions sonores et creuses, c’éÂtait bien cela qu’il falÂlait pour souÂleÂver les masses. Mais il ne sut pas comÂprendre que pour réforÂmer une sociéÂté, il ne faut pas comÂmenÂcer par s’en exclure. Dieu s’est serÂvi de lui pour proÂvoÂquer dans l’Eglise un saluÂtaire surÂsaut d’horÂreur et de terÂreur, mais la vraie réforme fut accomÂplie par d’autres, sans lui et contre lui. Luther mouÂrut dans sa soixante troiÂsième année emporÂté par une attaque d’aÂpoÂplexie à la suite d’un dîner très gai où il avait amuÂsé tout le monde par ses habiÂtuelles boufÂfonÂneÂries. Sa derÂnière parole fut pour signiÂfier très disÂtincÂteÂment qu’il perÂséÂvéÂrait dans la docÂtrine qu’il avait prêchée.
Jubilé 2000 – Texte 1, Ecône
Sources : Ecône /​La Porte Latine du 30 novembre 2016