Autriche : Mgr Fellay fait le point sur les relations de la Fraternité Saint-​Pie X avec Rome – 17 et 20 mai 2012


Au cours de deux ser­mons pro­non­cés, en Autriche, le 17 mai 2012 à Salzbourg, et le 20 mai à Vienne, Mgr Bernard Fellay, Supérieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X, a fait le point sur l’état actuel des rela­tions avec Rome, mon­trant que dans l’expectative il est indis­pen­sable d’adresser à Dieu des prières plus fer­ventes et plus confiantes, plu­tôt que de s’abandonner à des craintes irrationnelles.

Salzbourg, jeudi de l’Ascension – 17 mai 2012

Chers fidèles,

Vous vou­driez cer­tai­ne­ment en savoir un peu plus sur ce qui se passe avec Rome. C’est une ques­tion dif­fi­cile. Vous le savez, il s’agit de notre ave­nir. Par consé­quent, ce n’est pas une ques­tion facile. Qu’adviendra-t-il ? Serons-​nous reçus ? Ou pas du tout ? Je sais qu’il existe beau­coup de craintes. Nous avons été témoins de tant de choses ! De façon pré­cise nous crai­gnons que les choses ne tournent mal. Ces peurs sont en grande par­tie com­pré­hen­sibles. Mais nous ne nous enga­ge­rons pas les yeux fer­més. Cela est très, très clair. Cependant, pour l’instant, je ne peux même pas vous dire si cela va se faire ou non ! Parce que, pour l’heure, ce n’est pas clair. Nous avons besoin d’être sûrs que nous pour­rons conti­nuer à faire ce que nous avons tou­jours fait jusqu’ici. Et à ce sujet, cer­taines choses ne sont pas encore claires. Tout sim­ple­ment pas claires.

Mais je peux vous dire ceci : le démon est déchaî­né ! En fait, il est vrai­ment par­tout. Donc, pour nous, une chose est claire : prier ! Nous devons prier comme nous ne l’avons jamais fait. Depuis le début de notre his­toire, nous nous sommes consa­crés à la Mère de Dieu, elle ne nous aban­don­ne­ra pas, sur­tout si nous prions autant, et si nous ne vou­lons faire que la volon­té de Dieu. Par consé­quent, nous conti­nue­rons de prier avec confiance en Dieu. C’est cela. Ne nous lais­sons pas désta­bi­li­ser par nos pas­sions, par des peurs injustifiées…

Je vous le répète, vrai­ment, le démon est déchaî­né ! Et il est par­tout. Dans la Fraternité elle-​même ; à tra­vers toute l’Eglise. Il y a vrai­ment des gens qui ne veulent pas de nous. Ce sont les moder­nistes, les pro­gres­sistes. Eux aus­si exercent une grande pres­sion dans le but d’empêcher ce qui doit être fait. Ce qui doit être fait, c’est rendre jus­tice. Que nous soyons à nou­veau offi­ciel­le­ment recon­nus comme catho­liques. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que nous accep­te­rons subi­te­ment tout ce qui a cau­sé tant de dom­mage à l’Eglise. Il faut bien com­prendre cela. Il n’en est pas ques­tion. Il s’agit pour nous d’être recon­nus comme nous sommes, afin que nous puis­sions per­pé­tuer la Tradition : que nous ne puis­sions pas seule­ment mon­trer la Tradition aux autres, mais aus­si la leur transmettre.

Pour le moment c’est tout ce que j’ai à vous dire. Continuons donc de prier, confions ces inten­tions si impor­tantes au Bon Dieu. Il ne nous aban­don­ne­ra pas ! Nous devons avoir cette confiance ! Quiconque demande à Notre Seigneur son aide, ne sera pas aban­don­né par Lui.

Vienne, dimanche après l’Ascension – 20 mai 2012

Vous avez cer­tai­ne­ment enten­du dire, au cours des der­niers mois, que Rome nous a pro­po­sé une solu­tion ­– disons plu­tôt une recon­nais­sance canonique.

Cette struc­ture qui est pro­po­sée à la Fraternité est, de fait, par­fai­te­ment appro­priée. C’est-à-dire que, si cela a vrai­ment lieu, vous ne sen­ti­rez aucune dif­fé­rence entre avant et après. Nous res­te­rons, pour ain­si dire, tels que nous sommes. Le pro­blème est celui des glis­sières de sécu­ri­té : tout se passera-​t-​il vrai­ment ain­si ? La crainte est grande que nous soyons trans­for­més (comme les autres com­mu­nau­tés). C’est là notre expé­rience jusqu’ici.

Il est très clair que cette pro­po­si­tion est éga­le­ment très contro­ver­sée dans l’Eglise en géné­ral. Je peux vous l’assurer : c’est la volon­té du pape. On ne peut en dou­ter. Mais ce n’est cer­tai­ne­ment pas la volon­té de tous dans l’Eglise.

La réa­li­sa­tion de cette volon­té dépend de termes qui ne sont pas encore très clairs. Certains points demeurent obs­curs. Il se pour­rait que dans les jours ou dans les semaines à venir – il est dif­fi­cile d’établir une date – le pape prenne direc­te­ment une déci­sion. Il se pour­rait qu’il retourne le dos­sier à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Il y a beau­coup de pres­sion à Rome. C’est pour cela que je ne pour­rai pas en dire plus. Telle est la situa­tion présente.

Il ne faut pas pen­ser que les choses seront faciles ensuite. Pour reprendre les paroles du pape qui décrivent très bien la situa­tion : « Je sais, dit-​il, qu’il serait plus facile pour la Fraternité comme pour moi de lais­ser la situa­tion en l’état ». Cela décrit très bien la situa­tion, et montre aus­si que le pape est conscient qu’il sera atta­qué quand il le fera. Et aus­si que la situa­tion ne sera pas facile pour nous. Et que ce qui sor­ti­ra de cette situa­tion sera : ou avec Rome ou contre Rome. Et dans les deux cas, ce sera difficile.

Pourtant nous avons confiance dans le Bon Dieu. Il nous a très bien gui­dés jusqu’ici. Nous ne devons pas pen­ser qu’alors que nous prions tant, il pour­rait nous aban­don­ner, au moment même où le dan­ger est le plus grand. Ce serait pécher contre l’espérance. Nous comp­tons sur l’aide de Dieu. 

Nous sommes prêts à payer le prix (de prières et de sacrifices). 

Que Sa volon­té soit faite !

Source : FSSPX/​Autriche – Traduction DICI n°255 du 25/​05/​12