Lettre de Mgr Lefebvre à Jean-​Paul II du 16 octobre 1980

Très Saint-​Père,

À l’occasion du deuxième anni­ver­saire de Votre Souverain Pontificat, dai­gnez agréer nos féli­ci­ta­tions, nos vœux et l’assurance de nos prières. Que Dieu vous vienne en aide pour rendre à l’Église la place et les droits qui lui sont dus pour la gloire de Dieu et le salut des âmes !

Puis-​je confier à Votre Sainteté la peine qu’éprouvent des mil­liers de prêtres, des mil­lions de fidèles, sou­cieux de gar­der intacte leur foi catho­lique et de rece­voir les grâces dont ils ont besoin pour demeu­rer membres du corps mys­tique de Notre Seigneur, en consta­tant qu’à cause de leur fidé­li­té, ils sont per­sé­cu­tés et mépri­sés par ceux qui devraient les encou­ra­ger et les réconforter.

Espérant qu’au moins le père com­mun des fidèles recon­naisse leur fidé­li­té et leur atta­che­ment au Siège apos­to­lique, ils attendent avec impa­tience le résul­tat des démarches faites auprès de Votre Sainteté par la Fraternité sacer­do­tale Saint-​Pie‑X.

vOr depuis deux ans, cette lettre est la sep­tième que j’adresse à Votre Sainteté ; maintes fois, sur votre demande, je suis venu m’entretenir avec le car­di­nal Seper et avec le car­di­nal Palazzini. Aucune réponse, aucune solu­tion ne se pré­sente jusqu’à présent.

J’ai répon­du affir­ma­ti­ve­ment aux demandes de décla­ra­tion qui m’ont été pro­po­sées, et cela sans résultat.

Afin de ten­ter une der­nière démarche je joins à cette lettre une for­mule de décla­ra­tion que je suis prêt à signer et les demandes qui ont paru légi­times à mes inter­lo­cu­teurs, et qui appa­raissent avec évi­dence néces­saires au vrai renou­veau de l’Église. J’attends donc une réponse à cette proposition.

J’avance en âge, le temps de ma démis­sion approche ; il est indis­pen­sable que dans un proche ave­nir je pour­voie à ma suc­ces­sion. Il semble sou­hai­table que la solu­tion de nos pro­blèmes soit trou­vée tant que je demeure res­pon­sable de la Fraternité.

En toute conscience je crois pou­voir affir­mer que j’ai fait tout ce qu’il m’était pos­sible de faire pour appor­ter mon modeste concours à l’œuvre de l’Église. Notre Seigneur juge­ra lui-​même des obs­tacles qui sont mis sans cesse à la véri­table réno­va­tion de l’Église. Déjà les faits eux-​mêmes portent en eux le ver­dict écrasant.

C’est en toute confiance et filiale affec­tion que je sou­mets ces réflexions à Votre Sainteté en la priant de croire à mon inlas­sable désir d’être un bon et fidèle ser­vi­teur in Christo et Maria.

† Marcel LEFEBVRE, ancien Archevêque-​Evéque de Tulle