Eminence,
Votre lettre du 1er juin m’est parvenue hier, c’est-à-dire le 8 juin, veille de mon départ pour les U.S.A. pour deux semaines.
A mon retour les diacres seront en retraite pour l’ordination du 29 juin. Les parents et amis ont déjà retenu tous les hôtels du Valais, organisé les transports, envoyé les faire-part tant pour l’ordination que pour les premières messes.
Il eût fallu me demander cela lorsqu’au cours de l’entretien des 11 et 12 janvier, j’ai fait moi- même une allusion à pareille éventualité, ce que j’ai d’ailleurs déjà fait pour celles du 2 février, il y a deux ans, sans aucun résultat.
Je suis très heureux de ce que Votre Eminence me dit au sujet d’une solution définitive. Je la souhaite de tout cœur et crois avoir prouvé depuis bientôt cinq ans la sincérité de ce désir par la disponibilité à accepter tous les interrogatoires, tous les entretiens, toutes les invitations à me rendre à Rome. Et je demeure toujours disponible. Je regrette de ne pouvoir annuler mon voyage aux U.S.A. et je suis à votre disposition pour la première quinzaine de juillet.
Or Votre Eminence pourra constater que jusqu’aujourd’hui je ne puis avoir la moindre idée de ce que sera cette solution définitive ! Comment pourrais-je pénaliser les séminaristes et les fidèles sans pouvoir leur faire entrevoir cette solution ?
Tous vivent de l’espoir que les trésors de la Tradition leur seront laissés, car ils y trouvent l’aliment de leur foi et de leur vie chrétienne. Ils sont de cœur avec moi lorsque je vais à la Ville Eternelle. Mais, hélas, jusqu’à présent aucune consolation ne leur vient de ceux qui devraient les bénir et les encourager.
Je puis donc me rendre chez Votre Eminence les 4 et 5 juillet ou les 11 et 12 juillet.
Que Votre Eminence veuille bien m’excuser de ce retard et ne considère nullement mon activité comme un signe de contestation, mais plutôt, dans la situation douloureuse de l’Eglise, comme une contribution apportée à sa vitalité surnaturelle, avec l’espoir que cette contribution sera sans tarder bénie et encouragée par le Saint- Père et les évêques, ordinaires des lieux.
Que Votre Eminence daigne agréer mes sentiments respectueux et fraternels en Jésus et Marie.
+ Marcel Lefebvre
Source : Mgr Marcel Lefebvre et le Vatican sous le pontificat de Jean-Paul II