Mgr Fellay affirme qu’il ne signera pas le Préambule doctrinal, par Nicolas Senèze


Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

Le supé­rieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X a affir­mé jeu­di 2 février qu’il refu­sait de signer le Préambule doc­tri­nal pré­sen­té par Rome. Une décla­ra­tion qui, selon Rome, ne consti­tue pas une réponse offi­cielle de la Fraternité

Dans une homé­lie pro­non­cée jeu­di 2 février au sémi­naire amé­ri­cain de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X (FSSPX), à Winona (Minnesota, nord), Mgr Bernard Fellay, son supé­rieur géné­ral, a évo­qué les dis­cus­sions entre Rome et les héri­tiers de Mgr Lefebvre, et notam­ment le Préambule doc­tri­nal que lui a pré­sen­té le car­di­nal William Levada, pré­fet de la Congrégation pour la doc­trine de la foi, le 14 sep­tembre 2011.

« Nous n’allons pas signer cela », a décla­ré Mgr Fellay sou­li­gnant que la pro­po­si­tion romaine com­por­tait une solu­tion cano­nique de régu­la­ri­sa­tion de la FSSPX rem­plis­sant « toutes nos condi­tions », mais expli­quant aus­si que le point de désac­cord demeu­rait l’enseignement du concile Vatican II.

« Dans le texte de ce Préambule doc­tri­nal, ils donnent deux appli­ca­tions du com­ment nous devons com­prendre ces prin­cipes. Ils nous donnent les exemples de l’œcuménisme et de la liber­té reli­gieuse, tels qu’ils sont décrits dans le nou­veau Catéchisme de l’Église catho­lique, qui reprend exac­te­ment les points que nous repro­chons au Concile », explique Mgr Fellay.

Pour le chef de file des inté­gristes, cet ensei­gne­ment est contraire à la Tradition mais le pro­blème est que Rome « donne une autre signi­fi­ca­tion au mot « Tradition » », affirme-​t-​il. « Voilà pour­quoi nous avons été obli­gés de dire « non ». Nous n’allons pas signer cela. »

Officiellement, les dis­cus­sions doc­tri­nales entre le Saint-​Siège et la FSSPX se sont ache­vées en juin 2011. Le 14 sep­tembre, dans la suite de ces dis­cus­sions, le car­di­nal Levada a remis à Mgr Fellay un Préambule doc­tri­nal sur lequel il deman­dait à la Fraternité de se posi­tion­ner.
Après une ren­contre, début octobre à Albano (Italie) avec l’ensemble des res­pon­sables de la FSSPX, Mgr Fellay a envoyé à Rome une pre­mière réponse qui aurait été jugée « insuf­fi­sante » par les res­pon­sables romains, obli­geant Mgr Fellay à faire par­ve­nir une seconde réponse.

C’est l’ensemble de ces textes qui ont été exa­mi­nés fin jan­vier lors de l’Assemblée plé­nière de la Congrégation pour la doc­trine de la foi : selon l’agence romaine I.Media, ses membres en auraient jugé la teneur très insuffisante.

À Rome, on consi­dère qu’il n’y a pas actuel­le­ment de rup­ture défi­ni­tive des négo­cia­tions avec la FSSPX, du moins tant que cette der­nière ne s’est pas pro­non­cée formellement.

Or Mgr Fellay ne semble pas, actuel­le­ment, vou­loir aller à cette extré­mi­té : « C’est notre devoir d’aller tou­jours à Rome, de frap­per à la porte et de deman­der non pas d’y entrer (puisque nous sommes déjà dedans), mais de les prier de se conver­tir, de chan­ger et de retour­ner à ce qui fait l’Église », a‑t-​il affir­mé à Winona.

En fait, tout se passe comme si aucune des deux par­ties ne vou­lait prendre la res­pon­sa­bi­li­té d’être le pre­mier à « cla­quer la porte ».

Dans ce cas, se pose­rait alors la ques­tion du sta­tut de la FSSPX et de ses membres, prêtres et évêques, qui ne sont plus for­mel­le­ment excom­mu­niés depuis 2009, mais n’ont aucune situa­tion cano­nique dans l’Église catholique.

Nicolas Senèze, le 6 février 2012