Le baptême de Clovis lui fut administré un 25 décembre par saint Rémi à Reims bien avant 508

Des his­to­riens se sont dis­pu­tés quant à l’année et au lieu de ce bap­tême : 496 à Reims, 498 ou 499 à Reims ou 508 à Tours. Des his­to­riens du XIXème siècle, en par­ti­cu­lier les his­to­ri­cistes luthé­riens alle­mands, mal­heu­reu­se­ment sui­vis par Philippe de Villiers dans son der­nier livre, ont tenu pour un bap­tême à Tours en 508.

Contre l’hypothèse de Tours, il faut consi­dé­rer que saint Grégoire, évêque de Tours, qui rédige son « Histoire des Francs » vers 575, aurait été bien pla­cé pour rap­por­ter des tra­di­tions locales s’il en exis­tait ; il n’en est rien alors que sainte Clotilde finit ses jours en Touraine en 545, et qu’en 556 saint Euphrone devint évêque de Tours, pré­dé­ces­seur de saint Grégoire et son cou­sin issu de ger­main. Ensuite, la tra­di­tion rémoise de la sainte Ampoule qui ser­vit au bap­tême exclut un bap­tême à Tours.

Saint Grégoire écrit donc qu’en la quin­zième année du règne de Clovis, soit en 496, ce roi rem­por­ta une vic­toire contre les Alamans attri­buée au Dieu de son épouse Clotilde. Que Clotilde le fit caté­chi­ser en secret par saint Rémi, par crainte de révol­ter l’armée païenne franque. Que Clovis bra­va son peuple, lequel pré­vint son chef qu’il était déjà dis­po­sé à reje­ter ses idoles pour suivre son roi au bap­tême chré­tien. Que sa sœur Alboflède reçut le bap­tême en même temps que Clovis et ses trois mille hommes, mais qu’elle mou­rut peu après.

Grégoire aborde ensuite l’implication de Clovis dans la guerre fra­tri­cide des rois bur­gondes. Marius, évêque d’Avenches (évê­ché hel­vète de Burgondie), contem­po­rain de Grégoire, pré­cise dans sa Chronique que ces com­bats se pas­sèrent sous les consu­lats de Patricius et Hypatius (Consuls à Rome), c’est-à-dire exac­te­ment en l’an 500. Grégoire raconte que Clovis pour­suit Gondebaud jusqu’à Avignon. Or jus­te­ment, il y a non loin de là dans les Alpilles, à une ving­taine de kilo­mètres au sud d’Avignon, la cité de Saint-​Rémy-​de-​Provence qui doit son nom à l’évêque de Reims qui accom­pa­gnait le roi des Francs dans cette incur­sion en pays bur­gonde ; en effet, la tra­di­tion locale rap­porte que le saint pon­tife, accom­pa­gné de Clovis, y res­sus­ci­ta une jeune fille du pays. Que l’on n’aille pas nous dire, après tout cela, que Clovis devait attendre l’an 508 pour être témoin de miracles, au tom­beau de saint Martin à Tours, pour se convaincre enfin à rece­voir le baptême !

Enfin, Grégoire rap­porte les pro­pos de Clovis en réac­tion aux agis­se­ments des wisi­goths, ariens, contre les catho­liques : « Je sup­porte avec grand peine que ces ariens occupent une par­tie des Gaules ; mar­chons avec l’aide de Dieu, et après les avoir vain­cus, rédui­sons le pays en notre pou­voir ». Aussi, avant de vaincre Alaric en 507, Clovis prie Dieu et fait prier des émissaires…

En 1896, le cardinal-​archevêque de Reims, Benoît Langénieux, célèbre les 1400 ans du bap­tême de Clovis.

Abbé Laurent Serres-​Ponthieu, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Nota Bene. : Pour les férus d’Histoire, on lira avec pro­fit l’analyse de cette ancienne contro­verse dans « Clovis ou le com­bat de gloire » de Francis Dallais, PSR édi­tions, 1996, pré­fa­cé par Jean-​Pierre Brancourt, 382 pages, en vente à « ». L’auteur est membre de la Société des Antiquaires de l’Ouest.

Source : La Porte Latine du 18 décembre 2018