Léon naquit à Rome d’une famille opulente de toscans. Il était Archidiacre de l’Eglise Romaine sous le pape Célestin 1er.
Sous le pape saint Sixte III, il fut envoyé en Gaule pour réconcilier les généraux romains rivaux Aetius et Albinus. Sa médiation ayant réussi, il est élu pape à l’unanimité au décès de saint Sixte III en 440, alors qu’il séjourne encore en Gaule.
En tant que pape, Léon 1er confirma ses frères évêques en Orient et en Occident dans la Foi catholique contre les hérésies nestoriennes, monophysites, manichéennes, pélagiennes et priscillianistes, par de nombreuses lettres. Sa prédication au peuple romain montre également son souci de défendre l’intégrité de la Foi.
En 443, le Pape intente des procès au Sénat contre les manichéens qui versaient dans le crime rituel et le cannibalisme. En 445, Valentinien III exclut de l’armée les manichéens, les exilent en campagne, les déclarent inaptes à hériter ou léguer leurs biens confisqués à leur mort. C’est ce que l’on appelle l’union du sabre et du goupillon, ou encore l’union du trône et de l’autel, c’est-à-dire la politique du Christ-Roi !
En tant que pape, il veille également sur la discipline ecclésiastique et il représente la suprême autorité à laquelle recourir en cas de litige comme en témoigne la lettre que saint Armentaire, évêque à Draguignan, cosigna avec dix-huit autres évêques au pape saint Léon 1er, au sujet de Ravennius, archevêque d’Arles depuis juin 449.
Attila, chef des Huns, ayant été ménagé par saint Loup, lequel avait été formé au monastère de Lérins, renonça à pénétrer dans la cité de Troyes et, poursuivi, fuyant par les Alpes, envahit l’Italie. Sorti de Rome, saint Léon, ambassade de Valentinien III, alla à la rencontre d’Attila le 11 juin 452 à Peschiera sur le bord du Mincio, affluent du Pô, et le dissuada d’entrer ou de piller Rome. Attila dira plus tard à ses sbires qu’à ce moment il eut une vision derrière le pape des Apôtres Pierre et Paul brandissant une épée redoutable le menaçant de mort [1]). Léon obtient qu’il se retire en Pannonie contre un tribut annuel. D’où l’on dit qu’ « Attila n’eut peur que d’un Loup et d’un Lion » (Leo signifie lion en latin).
Le 17 mars 455, Pétrone Maxime renverse Valentinien III à Rome. Maxime force le mariage de son fils avec Eudocie, fille de Valentinien et d’Eudoxie, qui avait été promise à Hunéric, fils de Genséric, roi de Vandales d’Afrique. Eudoxie en appelle à Genséric qui s’embarque pour Rome où, à cette nouvelle, la panique générale aboutit le 31 mai au lynchage de l’empereur Maxime. Trois jours après, Genséric arrive à Rome où il est tempéré par saint Léon qui obtient qu’il n’y ait ni meurtre ni incendie. Genséric ne fit que « vandaliser » Rome quinze jours, épargnant les églises basiliques St-Pierre et St-Paul.
Saint Léon décède le 10 novembre 461 au terme d’un des plus longs pontificats de l’Histoire. Son corps est enseveli dans l’église basilique St-Pierre, puis il sera déplacé un 11 avril à un autre endroit de cette église, ce qui établira la date de sa fête. Dans la basilique St-Pierre reconstruite, son corps sera transféré en 1715 à l’autel qui porte son nom.
Amos, patriarche de Jérusalem entre 594 et 601, disait avoir lu que saint Léon avait veillé et prié quarante jours au pied du tombeau de saint Pierre, lui demandant d’intercéder pour la rémission de ses péchés ; saint Pierre lui apparut et dit : « Le Seigneur vous pardonne tous vos péchés, excepté ceux que vous avez commis en conférant les saints Ordres et dont vous êtes encore chargé pour en rendre un compte rigoureux. » On peut penser que dès lors le saint pape s’était appliqué plus encore à faire respecter la discipline ecclésiastique !
Saint Euloge, patriarche d’Alexandrie de 581 à 608, disait avoir reçu la tradition d’un diacre de Rome dénommé Grégoire, selon laquelle saint Léon, après avoir écrit la fameuse lettre doctrinale à saint Flavien, patriarche de Constantinople de 441 à 449, contre les hérésies de l’archimandrite Eutychès qui niait l’humanité du Christ, la déposa sur le tombeau de saint Pierre, en le conjurant par des veilles, des jeûnes et des prières, de la corriger. Quatre jours étant écoulés, l’Apôtre lui apparut lui disant avoir lu la lettre et y avoir apporté les corrections nécessaires. Le pape, ayant reprit la lettre sur le tombeau, y lut les corrections du Prince des Apôtres, et l’envoya à Flavien ; malheureusement l’empereur Théodose II et les eutychiens n’en permirent pas la publication. Cette lettre sera honorée en 451 par les 630 évêques du concile de Chalcédoine, ce qui n’empêcha pas le schisme eutychien des coptes, des éthiopiens et des syriens.
En 1754, le pape Benoît XIV déclara saint Léon Docteur de l’Eglise.
Abbé L. Serres-Ponthieu
- Scène fameusement dépeinte par Raphaël. (Voir photo ci-dessus[↩]