Pie XI

259ᵉ pape ; de 1922 à 1939

25 juillet 1922

Constitution Apostolique Summorum Pontificum

Saint Ignace de Loyola est déclaré patron céleste des Exercices spirituels.

Pie, Évêque
Serviteur des ser­vi­teurs de Dieu, pour per­pé­tuelle mémoire.

De tout temps les Souverains Pontifes ont por­té le plus vif inté­rêt aux pra­tiques par­ti­cu­liè­re­ment propres à déve­lop­per la pié­té et la per­fec­tion de la vie chré­tienne, les recom­man­dant par leur éloge suprême, les encou­ra­geant par de pres­santes exhor­ta­tions. Or, par­mi ces divers adju­vants de la reli­gion, une place d’hon­neur est reven­di­quée par les Exercices spi­ri­tuels que saint Ignace, sous l’im­pul­sion de l’Esprit divin, a intro­duits dans l’Eglise. Sans doute, grâce à la bon­té misé­ri­cor­dieuse de Dieu, il n’a jamais man­qué de ces hommes qui, pro­fon­dé­ment imbus des véri­tés célestes, ont su les pro­po­ser fruc­tueu­se­ment aux médi­ta­tions des fidèles ; pour­tant Ignace est le pre­mier qui, dans un opus­cule com­po­sé par un homme alors sans culture lit­té­raire et qu’il inti­tu­la, lui-​même Exercices spi­ri­tuels, ait entre­pris d’enseigner une méthode, une direc­tion spé­ciale pour faire les retraites spi­ri­tuelles, si mer­veilleu­se­ment propres à faci­li­ter aux fidèles la détes­tation de leurs péchés et une orga­ni­sa­tion sainte de leur vie sur le modèle de celle de Notre-​Seigneur Jésus-Christ.

Telle a été la ver­tu de cette méthode igna­tienne, que l’utilité souve­raine des Exercices, comme l’a affir­mé Notre pré­dé­ces­seur d’illustre mémoire, Léon XIII, a été démon­trée « par l’expérience de trois siècles déjà… et par le témoi­gnage de tous les hommes qui, durant ce même temps, ont brillé soit par leur science ascé­tique, soit par la sain­te­té de leur vie ».

En plus de tant de per­son­nages si célèbres par leur sain­te­té et des membres mêmes de la famille igna­tienne, qui tous ont décla­ré élo­quemment avoir pui­sé à cette source la rai­son de leur ver­tu, il Nous plaît de citer ces deux lumières de l’Eglise prises dans le cler­gé sécu­lier, saint François de Sales et saint Charles Borromée. François de Sales, en effet, pour se pré­pa­rer digne­ment à sa consé­cra­tion épis­co­pale, pra­ti­qua soi­gneu­se­ment les Exercices igna­tiens, au cours des­quels il se fixa le genre de vié qu’il gar­da tou­jours dans la suite, d’après les prin­cipes pour la réforme de la vie expo­sés dans l’opuscule de saint Ignace.

De son côté, Charles Borromée, comme l’a mon­tré Notre pré­dé­ces­seur d’heureuse mémoire, Pie X, et comme Nous l’avons éta­bli Nous-​même par des docu­ments his­to­riques publiés avant Notre Pontificat, après avoir éprou­vé sur lui-​même la ver­tu des Exercices qui l’a­vaient inci­té à une vie plus par­faite, en pro­pa­gea l’usage dans le cler­gé et dans le peuple. Quant aux saints per­son­nages, hommes et femmes, for­més à la dis­ci­pline reli­gieuse, il suf­fit de nom­mer à titre d’exemple cette émi­nente maî­tresse de la vie contem­pla­tive, sainte Thérèse, et le fils du patriarche séra­phique, Léonard de Port-​Maurice, qui tenait l’ouvrage de saint Ignace en si haute estime qu’il décla­rait en suivre entiè­re­ment la méthode pour rame­ner les âmes à Dieu.

Aussi les Pontifes romains, après avoir, dès sa pre­mière édi­tion, approu­vé solen­nel­le­ment ce petit volume, mais « admi­rable livre », l’avoir hau­te­ment loué, l’avoir appuyé de l’au­to­ri­té apos­to­lique, n’ont pas ces­sé depuis d’en recom­man­der l’usage, soit en le com­blant de pré­cieuses indul­gences, soit en l’honorant de nou­veaux et répé­tés éloges.

Nous donc, per­sua­dé que les maux de notre temps doivent pour la plu­part leur ori­gine à ce fait qu’il n’y a plus per­sonne qui réflé­chisse en son cœur ; convain­cu que les Exercices spi­ri­tuels pra­ti­qués sui­vant la dis­ci­pline de saint Ignace sont des plus puis­sants pour triom­pher des redou­tables dif­fi­cul­tés au milieu des­quelles se débat actuel­le­ment en maints endroits la socié­té humaine ; ayant consta­té qu’aujourd’hui comme jadis la riante mois­son des ver­tus mûrit dans les saintes retraites, aus­si bien par­mi les familles reli­gieuses et les prêtres sécu­liers que par­mi les laïques et — chose par­ti­cu­liè­re­ment digne de remarque à notre époque — par­mi les ouvriers mêmes ; Nous souhai­tons au plus haut point de voir se répandre de jour en jour davan­tage la pra­tique de ces Exercices spi­ri­tuels, de voir se mul­ti­plier et pros­pérer par­tout ces demeures pieuses où l’on se retire soit un mois entier, soit huit jours ou même quelques jours seule­ment, si l’on ne peut davan­tage, pour s’y livrer à une sorte de gym­nas­tique de la vie chrétienne.

Eu même temps que Notre amour pour le trou­peau du Seigneur Nous fait adres­ser à Dieu cette prière, vou­lant satis­faire les vœux et les ins­tances pres­sants de presque tous les évêques de l’univers, de l’un et l’autre rite, dési­rant aus­si, à l’occasion des solen­ni­tés du troi­sième cen­te­naire de la cano­ni­sa­tion de saint Ignace et du qua­trième de la com­po­si­tion de ce livre d’or, don­ner Nous-​même un témoi­gnage non équi­voque de Notre gra­ti­tude à l’égard du saint patriarche, sui­vant l’exemple de Nos Prédécesseurs qui ont assi­gné à divers Instituts des patrons tuté­laires, celui-​ci à l’un, celui-​là à un autre, après avoir pris conseil de Nos Vénérables Frères les car­di­naux pré­po­sés à la S. Con­grégation des Rites, en ver­tu de Notre auto­ri­té apos­to­lique, Nous décla­rons, éta­blis­sons et pro­cla­mons saint Ignace de Loyola patron céleste de tous les Exercices spi­ri­tuels et consé­quem­ment de tous les Instituts, asso­cia­tions, grou­pe­ments de tout genre menant leur action et leur zèle à la dis­po­si­tion de ceux qui s’a­donnent aux Exercices spirituels.

Nous décla­rons encore confir­mer cette Lettre, vou­loir qu’elle ait main­te­nant et tou­jours toute sa vigueur et son effi­ca­ci­té, qu’elle sorte et obtienne son plein et entier effet, non­obs­tant toutes dis­po­si­tions contraires.

Donné à Rome, près Saint-​Pierre, l’an du Seigneur 1922, le 25 du mois de juillet, de Notre Pontificat la pre­mière année.

A. card. Vico,
év. de Porto et Sainte-​Rufine.
Préf. de la S. C. des R.

O. card. Cagiano,
chanc. de la Ste Egl. Rom.

Raphaël Virili, pro­ton. apost.
Léopold Capitani, sub­st. reg. par délég. spéc.

Source : Actes de S. S. Pie XI, Maison de la Bonne Presse, Paris‑8, 1940

19 mai 1935
Prononcée à la Messe pontificale solennelle, après l'Evan­gile, le jour de la Canonisation des bienheureux mar­tyrs Jean Fisher et Thomas More
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