Pie IX

255ᵉ pape ; de 1846 à 1878

7 mars 1874

Lettre encyclique Vix dum a nobis

Sur les persécutions dont était victime l'Église de l'Empire d'Autriche-Hongrie et la liberté dont l'Eglise doit jouir à l'égard du pouvoir civil

Aux Cardinaux, Archevêques et Évêques de l’empire d’Autriche.

A peine avions-​Nous annon­cé au monde catho­lique, par Notre lettre du 21 novembre de l’année der­nière, la grave per­sé­cu­tion entre­prise contre l’Église en Prusse et en Suisse, qu’une autre afflic­tion Nous fut impo­sée par la nou­velle d’autres injus­tices mena­çant cette Église, qui, sem­blable à son divin Epoux, peut à son tour faire entendre ce cri lamen­table : Vous aus­si, vous aug­men­tez la dou­leur de mes plaies ! Ces injus­tices Nous affligent d’autant plus qu’elles sont com­mises par le gou­ver­ne­ment du peuple autri­chien, lequel, dans les moments les plus cri­tiques des États chré­tiens, a com­bat­tu vaillam­ment pour la foi catho­lique, étant uni par la plus étroite alliance avec ce Siège apostolique.

Il est vrai que depuis déjà plu­sieurs années se sont publiés, dans cette monar­chie, des décrets qui sont en contra­dic­tion fla­grante avec les droits les plus sacrés de l’Eglise et avec les trai­tés solen­nel­le­ment conclus, et que, confor­mé­ment à Notre devoir, Nous avons condam­nés et décla­rés nuls par Notre allo­cu­tion du 22 juin 1868 adres­sée à Nos véné­rables frères les car­di­naux de la S. E. R. Mais aujourd’hui on pré­sente aux déli­bé­ra­tions et à l’approbation du Reichsrath de nou­velles lois qui tendent ouver­te­ment à sou­mettre l’Église catho­lique à la ser­vi­tude la plus funeste, au bon plai­sir du pou­voir sécu­lier, contrai­re­ment à la divine dis­po­si­tion de Notre-​Seigneur Jésus-Christ.

En effet, le Créateur et Rédempteur du genre humain a cer­tai­ne­ment fon­dé l’Eglise comme son royaume visible sur la terre, et il l’a dotée non seule­ment de dons sur­na­tu­rels, d’un ensei­gne­ment infaillible pour la pro­pa­ga­tion de la sainte doc­trine, d’un saint sacer­doce pour le minis­tère sacré et la sanc­ti­fi­ca­tion des âmes au moyen de saints sacri­fices et des sacre­ments ; mais il lui a don­né encore un pou­voir propre et entier de faire des lois, de juger et d’exercer un pou­voir salu­taire et coer­ci­tif pour toutes les choses qui ont du rap­port avec la fin véri­table du royaume de Dieu sur la terre.

Mais comme ce pou­voir sur­na­tu­rel du gou­ver­ne­ment ecclé­sias­tique, fon­dé sur la dis­po­si­tion de Jésus-​Christ, est entiè­re­ment dis­tinct et indé­pen­dant du pou­voir sécu­lier, ain­si ce royaume de Dieu sur la terre est le royaume d’une socié­té par­faite qui se règle et se gou­verne selon ses propres lois et son propre droit, par ses propres chefs qui veillent pour rendre compte des âmes, non pas aux sou­ve­rains sécu­liers, mais au prince des pas­teurs, à Jésus-​Christ qui a éta­bli les pas­teurs et les doc­teurs, les­quels, lorsqu’ils rem­plissent bien leur office spi­ri­tuel, ne sont sou­mis à aucun pou­voir sécu­lier. De même que les pas­teurs sacrés ont le devoir de gou­ver­ner, de même aus­si il est du devoir des fidèles, comme l’apôtre les en aver­tit, d’obéir et de se sou­mettre à eux ; et c’est pour cela que les peuples catho­liques ont le droit sacré de ne pas être empê­chés par le pou­voir civil dans l’exercice de ce devoir sacré et divin qui les oblige à pro­pa­ger la doc­trine de Jésus-​Christ et à faire obser­ver la dis­ci­pline et les lois de l’Église.

Vous recon­nais­sez avec Nous, chers fils et véné­rables frères, que le texte des lois dis­cu­tées aujourd’hui au Reichsrath autri­chien contient jusqu’à l’évidence une vio­la­tion de cette divine consti­tu­tion de l’Église, un ren­ver­se­ment into­lé­rable de droits du Saint-​Siège apos­to­lique, des sacrés canons et de tout le peuple catholique.

En effet, en ver­tu de ces lois, l’Eglise de Jésus-​Christ, dans presque toutes ses rela­tions et dans ses actes concer­nant la direc­tion des fidèles, est consi­dé­rée comme plei­ne­ment subor­don­née et sou­mise au pou­voir supé­rieur de l’autorité sécu­lière ; et cela est très-​clairement expri­mé, et presque sous forme de prin­cipe, dans l’exposition des motifs expli­quant la valeur et la signi­fi­ca­tion des lois pro­po­sées. Il y est encore expres­sé­ment décla­ré que le gou­ver­ne­ment sécu­lier, en ver­tu de son pou­voir illi­mi­té, a le droit de faire des lois sur des ques­tions pure­ment ecclé­sias­tiques, comme sur les ques­tions civiles, et de sur­veiller et domi­ner l’Église comme toutes les autres socié­tés humaines exis­tant dans l’intérieur de l’empire.

Avec tout cela, le gou­ver­ne­ment sécu­lier s’arroge le juge­ment et le magis­tère sur la consti­tu­tion et sur les droits de l’Église catho­lique, non moins que sur sa haute direc­tion supé­rieure, qu’il exerce de lui – même en par­tie par ses lois et ses actes, en par­tie par dif­fé­rentes per­sonnes ecclé­sias­tiques. D’où il suit que la volon­té et le pou­voir du gou­ver­ne­ment civil prennent la place du pou­voir reli­gieux éta­bli par décret divin pour la direc­tion de l’Eglise et pour l’édification du corps de Jésus-​Christ. Contre une telle usur­pa­tion du sanc­tuaire, le grand Ambroise dit à bon droit : « On pré­tend que tout est per­mis à César et qu’il peut dis­po­ser de tout. Moi je réponds : – Ne crois cepen­dant pas avoir quelque droit impé­rial sur ce qui est consa­cré à Dieu. Ne t’enorgueillis pas, mais soumets-​toi à Dieu. Il est écrit : Ce qui est à Dieu appar­tient à Dieu ; ce qui est à César appar­tient à César. A l’empereur appar­tiennent les palais ; au prêtre, les églises. »

Pour ce qui regarde ces lois, du reste, qui ont été pré­cé­dées d’une longue expo­si­tion pour en expli­quer les motifs, elles sont cer­tai­ne­ment de la même nature, et ont le même carac­tère que les lois prus­siennes, et elles pré­parent à l’Église catho­lique, dans l’empire d’Autriche, les mêmes désastres, bien qu’au pre­mier abord elles semblent offrir le cachet d’une cer­taine modé­ra­tion, lorsqu’on les com­pare aux mêmes lois prussiennes.

Nous ne vou­lons pas exa­mi­ner minu­tieu­se­ment chaque article de ces lois ; mais nous ne pou­vons en aucune manière pas­ser sous silence la cruelle offense déjà faite, par leur seule pré­sen­ta­tion, à Nous-​même et à ce Siège apos­to­lique, ain­si qu’à vous, Nus fils bien aimés et Nos dignes frères, de même qu’à tout le peuple catho­lique de cet empire.

Le concor­dat pas­sé en l’année 1855 entre Nous et l’illustre empe­reur, et que ce même monarque catho­lique confir­ma par une pro­messe solen­nelle ; ce concor­dat, qui fut pro­mul­gué dans tout l’empire comme une loi impé­riale, est main­te­nant pré­sen­té à la chambre des dépu­tés et décla­ré com­plè­te­ment pri­vé de valeur, annu­lé, comme n’ayant pas été préa­la­ble­ment trai­té avec ce Saint-​Siège ; bien plus, on va même jusqu’à dire qu’il a été appli­qué dans le prin­cipe en dépit de Nos très-​justes plaintes. Aurait-​on jamais osé faire publi­que­ment une chose sem­blable dans des temps où la foi publique était encore prise en consi­dé­ra­tion ? Mais, hélas ! dans les mal­heu­reux temps où Nous vivons, ces choses-​là s’entreprennent et s’accomplissent ! Contre une telle vio­la­tion publique du Concordat, Nous pro­tes­tons de nou­veau devant vous, bien-​aimés fils et véné­rables frères.

Nous réprou­vons d’autant plus cet outrage infli­gé à l’Église, que la cause et le pré­texte de la rup­ture du concor­dat et des autres lois qui en dépen­daient ont été mali­cieu­se­ment appuyés sur la défi­ni­tion des ensei­gne­ments de la foi, publiés et confirmes par le conseil œcu­mé­nique du Vatican ; et l’on a osé appe­ler d’une manière impie ces dogmes catho­liques une nou­veau­té, des chan­ge­ments faits dans ccs articles de foi et dans la consti­tu­tion de l’Église.

Il peut y avoir dans l’empire d’Autriche des per­sonnes capables de reje­ter la foi catho­lique sons l’influence d’inventions aus­si indignes ; mais son illustre monarque, avec tonte la mai­son impé­riale, la conserve et la confesse, de même que l’immense majo­ri­té du peuple la conserve et la confesse éga­le­ment. Et pour­tant, c’est à ce peuple que l’on don­ne­ra des lois appuyées sur de pareilles inventions !

Ainsi, à Notre insu et sans Notre volon­té, on a déchi­ré la conven­tion que Nous avions conclue avec le noble empe­reur dans l’intérêt du salut des âmes et pour le bien de l’État. On a enle­vé à des­sein une nou­velle forme de droit, et l’on a attri­bué au gou­ver­ne­ment civil un nou­veau pou­voir, afin de mettre la main sur les choses ecclé­sias­tiques, et ordon­ner et régler les affaires de l’Eglise comme on l’entendra.

Par ces pro­jets de lois, on par­vient à façon­ner de pesantes chaînes au moyen des­quelles on serre avec vio­lence et l’on empêche la liber­té invio­lable de l’Eglise, néces­saire pour le salut des âmes, pour le gou­ver­ne­ment des fidèles, pour la direc­tion reli­gieuse du peuple et même du cler­gé, pour faire avan­cer les âmes chré­tiennes dans la voie de la per­fec­tion évan­gé­lique, pour admi­nis­trer et même pour pos­sé­der des biens ; on déna­ture la dis­ci­pline de l’Église, et l’on favo­rise l’apostasie ; enfin, l’union et les conju­ra­tions des sectes contre les vrais dogmes chré­tiens sont fer­men­tées sous la pro­tec­tion et sous la garde de pareilles lois.

Certes, Nous aurions beau­coup trop à dire, si Nous vou­lions faire connaître la nature de ces lois et énu­mé­rer tous les maux que l’on devra craindre aus­si­tôt qu’elles seront pro­mul­guées. Mais, chers fils et véné­rables frères, elles ne peuvent pas vous trom­per ; elles ne peuvent pus échap­per à votre pru­dence, car presque toutes les fonc­tions et tous les béné­fices ecclé­sias­tiques, et même jusqu’à l’exercice des devoirs pas­to­raux, sont tel­le­ment assu­jet­tis au pou­voir sécu­lier, que les chefs ecclé­sias­tiques, sup­po­sant qu’ils vou­lussent se sou­mettre aux nou­veaux droits (ce qui est loin de la réa­li­té), ne devraient plus doré­na­vant admi­nis­trer leurs dio­cèses, dont ils devront cepen­dant rendre un compte rigou­reux à Dieu, selon les règle­ments salu­taires de l’Église, mais seraient obli­gés de suivre telle direc­tion ou ne pas la suivre, selon le bon plai­sir ou le caprice de ceux qui sont à la tête de l’État.

D’après cela, que peut-​on attendre de ces pro­jets de lois qui ont pour titre : En consi­dé­ra­tion des com­mu­nau­tés reli­gieuses ? Leurs funestes effets et leur inter­pré­ta­tion hos­tile sont tel­le­ment évi­dents, que per­sonne ne peut mécon­naître qu’ils soient médi­tés et pré­pa­rés pour la perte et pour la ruine des ordres reli­gieux. La perte immi­nente des biens tem­po­rels, enfin, est tel­le­ment cer­taine, que c’est tout à peine si l’on dis­tingue aujourd’hui ces biens de ceux qui sont mis aux enchères ou livrés aux ventes publiques. Après l’approbation de ces lois, le gou­ver­ne­ment ne man­que­ra pas de prendre ces biens sous sa dépen­dance, et de s’arroger le droit et le pou­voir de les divi­ser, de les louer, de les réduire par les impôts au point que le misé­rable usu­fruit et le petit inté­rêt qui en revien­dront seront consi­dé­rés avec rai­son, non comme un hon­neur pour l’Église, mais comme une déri­sion et comme un man­teau pour cou­vrir l’injustice.

Si donc les lois que dis­cute en ce moment la chambre des dépu­tés du Reichsrath autri­chien sont conçues dans ce sens et sont fon­dées sur les prin­cipes que Nous avons expo­sés, vous ver­rez sans doute clai­re­ment, fils bien-​aimés et véné­rables frères, les dan­gers qui menacent actuel­le­ment le trou­peau confié à votre vigi­lance. L’unité et la paix de l’Église sont les deux choses sur­tout qui sont le plus com­pro­mises. On tend à ravir à l’Église cette paix que saint Thomas de Cantorbéry appe­lait à bon droit l’âme de l’Église, sans laquelle cette Épouse de Jésus-​Christ ne pour­rait pas vivre et n’aurait aucune force pour agir contre ceux qui vou­draient pos­sé­der le sanc­tuaire de Dieu comme héritage.

Cette parole a été expli­quée par un autre défen­seur invin­cible de cette même liber­té, par saint Anselme, qui s’est expri­mé en ces termes : « Dieu n’aime rien tant dans le monde que la liber­té de son Église. Ceux qui veulent moins ser­vir l’Église que la domi­ner doivent à coup sûr être consi­dé­rés comme les enne­mis de Dieu. Dieu veut que son Église soit libre, et non pas qu’elle soit ser­vante. » C’est pour cela que Nous exci­tons votre vigi­lance pas­to­rale et que Nous enflam­mons le zèle dont vous êtes ani­més pour la mai­son du Seigneur, afin que vous vous effor­ciez d’éloigner le dan­ger qui vous menace de près. Armez-​vous d’un grand cou­rage pour sou­te­nir un com­bat digne de votre ver­tu. Nous sommes cer­tain que vous ne le céde­rez ni en cou­rage ni en valeur à Nos autres frères invin­cibles, qui sont deve­nus, dans d’autres contrées où ils sont expo­sés aux épreuves les plus amères au milieu du mépris et des per­sé­cu­tions, un spec­tacle d’admiration pour tous les peuples, et qui sup­portent, non seule­ment avec joie pour la liber­té de l’Église, la rapine de leurs biens, mais qui sou­tiennent aus­si éner­gi­que­ment dans leurs chaînes le com­bat de la douleur.

Du reste, notre espé­rance n’est point dans nos propres forces : elle repose tout entière en Dieu. Il s’agit de la cause même de Dieu qui, par sa parole infaillible, nous a aver­tis on nous disant : « Le monde vous per­sé­cu­te­ra ; mais ayez confiance : j’ai vain­cu le monde. »

Nous donc qui, en ver­tu de Notre office apos­to­lique, dans lequel la grâce de Dieu for­ti­fie Notre fai­blesse, avons été éta­bli comme guide dans cette guerre si cruelle et pleine de désastres entre­prise contre l’Église, Nous répé­tons et Nous louons ce que le saint arche­vêque de Cantorbéry a déjà expri­mé par ces paroles qui peuvent admi­ra­ble­ment s’appliquer à notre époque et à nos mal­heurs : « La bataille que les enne­mis de Dieu entre­prennent contre Nous est un com­bat entre eux et Dieu. » Nous ne dési­rons donc d’eux rien autre chose que ce que ce Dieu éter­nel a lais­sé à son Église comme legs éter­nel lorsqu’il s’est fait chair pour elle. En atten­dant, levez-​vous avec Nous dans la foi et dans l’amour du Christ, pour pro­té­ger l’Eglise, et venez au secours des hommes par l’autorité et la sagesse qui vous ont été abon­dam­ment accor­dées, car aucun bien ne pour­rait répondre à leurs dési­rs si l’Eglise de Dieu ne jouit pas de sa liberté.

Nous avons confiance en vous, d’autant plus qu’il s’agit de la cause de Dieu. Quant à ce qui nous regarde, soyez cer­tains que Nous aimons beau­coup mieux souf­frir la mort tem­po­relle plu­tôt que de subir les épreuves d’une triste ser­vi­tude, car l’issue de cette lutte est consi­dé­rée aux yeux des puis­sants du siècle comme devant avoir cette signi­fi­ca­tion : que l’Église doit être éter­nel­le­ment affli­gée (Dieu nous en garde !) ou qu’elle doit éter­nel­le­ment se réjouir dans la liberté.

Mais comme vous devez faire tous vos efforts pour obéir aux dan­gers qui menacent de toute part, tant par votre auto­ri­té que par votre pru­dence et votre zèle, vous recon­naî­trez qu’il ne peut y avoir rien de plus oppor­tun et de plus utile que d’examiner en com­mun les moyens propres à atteindre le plus sûre­ment et le plus effi­ca­ce­ment pos­sible le but dési­ré. Du moment qu’on attaque les droits de l’Église, il est de votre devoir de pro­té­ger les fidèles ; mais le mur de défense sera d’autant plus sûr, et la défense elle-​même d’autant plus puis­sante, que vos efforts seront plus una­nimes et plus unis, et que, déployant toute l’énergie de votre zèle, vous aurez mieux étu­dié et plus soli­de­ment éta­bli les mesures exi­gées par les circonstances.

Nous vous exhor­tons donc à vous réunir le plus tôt pos­sible, et à fixer dans une déli­bé­ra­tion com­mune une ligne de conduite sûre et approu­vée par vous tous, qui vous per­mette, confor­mé­ment aux devoirs que vos obli­ga­tions vous imposent, de com­battre d’un com­mun accord les maux qui nous menacent et de pro­té­ger avec éner­gie la liber­té de l’Église. Notre exhor­ta­tion est néces­saire, afin que Nous ne sem­blions pas avoir négli­gé Notre devoir dans une ques­tion de si haute impor­tance ; mais Nous sommes bien convain­cu que, même sans cette exhor­ta­tion, vous auriez éga­le­ment fait votre devoir. Aussi n’avons-Nous point encore ces­sé d’espérer que Dieu vou­dra bien éloi­gner les maux pré­sents. Ce qui Nous encou­rage encore à l’espérer, c’est la dévo­tion et la foi de Notre fils bien-​aimé en Jésus-​Christ, l’empereur et roi François-​Joseph, que Nous avons ins­tam­ment conju­ré, dans une autre lettre d’aujourd’hui, de ne jamais per­mettre que dans son vaste empire l’Eglise soit sou­mise à une igno­mi­nieuse ser­vi­tude, et ses sujets catho­liques assu­jet­tis aux plus grandes afflictions.

Mais comme le nombre des enne­mis de l’Église est grand, et que cha­cun des assauts qu’ils lui livrent peut lui por­ter de très-​graves dom­mages, vous, du moins, vous pou­vez per­sé­vé­rer dans l’exercice de vos devoirs en toute sécu­ri­té. Puisse Dieu gui­der vos pas et vous assis­ter dans vos déci­sions ; puisse-​t-​il vous sou­te­nir de sa puis­sante pro­tec­tion, afin qu’il vous soit don­né de for­mu­ler d’heureuses déci­sions et de conduire à bonne fin une œuvre qui doit contri­buer à la gloire de son nom et au salut des âmes. Comme gage de cette pro­tec­tion divine et de Notre bien­veillance par­ti­cu­lière, Nous accor­dons de tout cœur à vous tous et à cha­cun en par­ti­cu­lier, fils bien-​aimés et véné­rables frères, ain­si qu’au cler­gé et aux fidèles confiés à vos soins, Notre béné­dic­tion apostolique.

Donné à Rome, près Saint-​Pierre, le 7 mars 1874, et la vingt-​huitième année de Notre pontificat.

PIE IX, PAPE.