Lettre de S. S. Léon XIII au peuple italien
au sujet de la Franc-maçonnerie
Fils bien-aimés,
Gardien de cette foi à laquelle les nations chrétiennes sont débitrices de leur grandeur morale et politique, Nous manquerions à l’un de Nos devoirs suprêmes, si Nous n’élevions la voix souvent et bien haut contre la guerre impie par laquelle on essaye, bien cher-fils, de vous ravir un si précieux trésor. Instruits déjà par une longue et douloureuse expérience, vous avez subi les terribles épreuves de cette guerre et vous la déplorez profondément dans votre cœur de catholiques et d’Italiens.
Eh ! vraiment, peut-on demeurer Italien de nom et d’affection, sans ressentir vivement les outrages adressés aujourd’hui aux divines croyances ?
Ces croyances constituent la plus belle de nos gloires : elles ont donné à l’Italie la primauté sur les nations, et à Rome le sceptre spirituel du monde ; sur les ruines du paganisme et de la barbarie, elles ont fait surgir l’admirable édifice de la civilisation chrétienne.
Sur cette terre, au sein de laquelle notre adorable Rédempteur a daigné fixer le siège de son règne, peut-on, si l’on a le cœur et l’esprit catholiques, contempler sans larmes sa sainte doctrine repoussée, son culte outragé, son Église combattue, son Vicaire en butte à tous les assauts, et tant d’âmes que son sang avait rachetées perdues pour toujours ?
Peut-on enfin voir sans pleurer la partie la plus privilégiée de son troupeau, un peuple toujours demeuré fidèle pendant dix-neuf siècles, exposé aujourd’hui à toute heure au péril imminent de l’apostasie et entraîné dans la voie des erreurs et des vices, des misères matérielles et des abjections morales ?
La guerre dont Nous parlons est dirigée à la fois contre la patrie du ciel et contre la patrie de la terre ; elle attaque, avec la religion de nos pères, cette civilisation qu’ils nous ont transmise toute resplendissante de l’éclat des sciences, des lettres et des beaux-arts. Cette guerre, chers fils, est donc deux fois scélérate ; elle n’est pas moins un crime de lèse-humanité que de lèse-divinité.
Mais d’où vient-elle ? Elle sort surtout de cette secte maçonnique dont Nous vous avons entretenus au long dans l’Encyclique Humanum genus, du 20 avril 1884, et plus récemment, le 13 octobre 1890, en Nous adressant aux évêques, au clergé et au peuple d’Italie. Par ces deux lettres, Nous avons arraché le masque dont la maçonnerie se couvrait aux yeux du peuple, et Nous l’avons dévoilée dans sa hideuse difformité, dans son action ténébreuse et funeste.
Aujourd’hui, considérons ses déplorables effets en Italie ; car, depuis longtemps déjà, la secte s’est glissée en ce beau pays sous les spécieuses apparences de société philanthropique et en se présentant comme libératrice des peuples. Grâce aux complots, à la corruption et à la violence, elle est parvenue à dominer l’Italie et Rome elle-même. A quels troubles, à quelles calamités n’a‑t-elle pas ouvert la voie depuis un peu plus de trente ans !
Des maux immenses ont passé sur notre patrie et l’ont torturée en un si court espace de temps. La religion de nos pères est devenue le point de mire des persécuteurs de toute sorte ; ils ont eu le dessein satanique de substituer au christianisme le naturalisme ; au culte de la foi, le culte de la raison ; à la morale catholique, la prétendue morale indépendante ; au progrès de l’esprit, le progrès de la matière. Enfin, on a l’audace d’opposer aux sacrées maximes et aux lois saintes de l’Évangile, des lois et des maximes qui peuvent s’appeler le code de la révolution ; à l’école, à la science et aux arts chrétiens, un enseignement athée et un réalisme abject.
On a envahi le temple du Seigneur, dissipé, par la confiscation des biens ecclésiastiques, la plus grande partie du patrimoine indispensable au saint ministère ; et, par la conscription des clercs, réduit, au delà des limites extrêmes de la plus stricte nécessité, le nombre des ministres sacrés. Si l’on n’a pu empêcher l’administration des sacrements, on a cherché néanmoins, par tous les moyens, à introduire et à susciter les mariages et les enterrements civils. Si l’on n’a pu encore réussir à arracher complètement des mains de l’Église l’éducation de la jeunesse et le gouvernement des institutions charitables, on travaille sans cesse, avec des efforts persévérants, à tout laïciser, autant vaut dire à effacer de partout l’empreinte chrétienne. Si l’on n’a pu étouffer la voix de la presse catholique, on a tout mis en œuvre pour la discréditer et l’avilir.
Et dans ces combats contre la religion catholique, quelle partialité, quelles contradictions ! On a fermé les monastères et les couvents et, d’autre part, on laisse se multiplier à leur gré les loges maçonniques et les repaires des sectes : on a proclamé le droit d’association, mais la personnalité juridique, dont les associations de toute couleur usent et abusent, est refusée aux seules sociétés religieuses. On exalte la liberté des cultes et, en attendant, l’on réserve des intolérances et des vexations odieuses précisément à ce qui est la religion des Italiens, alors qu’il faudrait lui assurer un respect et une protection spéciales.
Pour la sauvegarde de la dignité et de l’indépendance pontificales, on a fait des protestations et des promesses généreuses, mais vous voyez à quels outrages Notre personne est en butte tous les jours. Des manifestations publiques de toute sorte trouvent le champ libre ; mais les diverses démonstrations catholiques sont aussitôt interdites ou troublées.
On encourage, au sein même de l’Église, schismes, apostasies, révoltes contre les supérieurs légitimes ; les vœux de religion, et notamment celui d’obéissance, sont réprouvés comme contraires à la liberté et à la dignité humaines : et cependant, on laisse vivre impunément des associations impies qui lient leurs adeptes par de coupables serments et qui exigent même, dans le crime, une obéissance aveugle et absolue.
Sans exagérer la puissance de la franc-maçonnerie, ni attribuer à son action directe et immédiate tous les maux dont nous souffrons actuellement dans l’ordre religieux, on sent néanmoins son esprit se manifester dans les faits que Nous avons rappelés et dans une foule d’autres que Nous pourrions mentionner encore.
C’est cet esprit, adversaire implacable du Christ et de l’Église, qui essaye de toutes les méthodes, use de tous les artifices, se prévaut de tous les moyens pour ravir à l’Église sa fille première-née, au Christ son peuple de prédilection, à qui il a confié ici-bas le siège de son Vicaire et le centre de l’unité catholique.
Nous n’avons pas aujourd’hui à conjecturer d’après de rares et fugitifs indices, ni à déduire des faits qui se succèdent depuis trente ans, l’influence malfaisante et très efficace de cet esprit sur toutes nos affaires publiques. Enorgueillie par ses succès, la secte elle-même a parlé haut, elle nous a dit ce qu’elle avait fait dans le passé, ce qu’elle se propose dans l’avenir.
Les pouvoirs publics, complices ou non, ne sont, à ses yeux, en définitive, que ses instruments. En d’autres termes, la persécution religieuse qui a troublé, qui trouble encore notre Italie, la secte impie s’en fait gloire comme d’une œuvre principalement sienne ; œuvre exécutée souvent par d’autres mains, mais toujours immédiatement ou médiatement, directement ou indirectement, au moyen de ruses, de menaces, de séductions, de révolutions ; œuvre inspirée, poussée en avant, encouragée, soutenue par elle. Des ruines religieuses aux ruines sociales, il n’y a qu’un pas.
Déchu des hauteurs de l’espérance et de l’amour céleste, le cœur de l’homme, capable de goûter l’infini et qui en a le besoin, se rabat avec une avidité insatiable sur les biens de la terre ; de là, par une conséquence nécessaire, inévitable, un conflit perpétuel des passions avides de jouir, de s’enrichir, de monter plus haut, et par suite une large et intarissable source de haines, de discordes, de corruptions et de crimes. Dans notre Italie, les désordres moraux et sociaux ne manquaient pas sans doute, avant les désastres actuels : mais quel douloureux spectacle ne nous offre-t-elle pas de nos jours ?
Au foyer domestique s’amoindrit cet affectueux respect qui fait l’harmonie de la famille ; l’autorité paternelle est trop souvent méconnue et par les fils et par les parents. Les querelles sont fréquentes ; les divorces ne sont pas rares. Dans les villes, chaque jour croissent les discordes civiles, les haines envenimées entre les diverses classes de la société, le débordement des générations nouvelles qui, grandies au souffle d’une liberté mal comprise, ne respectent plus rien ni en haut ni en bas. Partout des excitations au vice, des délits précoces, des scandales publics. Au lieu de s’en tenir à la haute et noble mission de reconnaître, de sauvegarder, de favoriser dans leur harmonieux ensemble les droits divins et humains, l’État s’en croit presque l’arbitre, il les méconnaît et les restreint selon son caprice.
Enfin l’ordre social est généralement ébranlé jusque dans ses fondements. Livres et journaux, écoles et chaires d’enseignement, cercles et théâtres, monuments et discours, photographies et beaux-arts, tout conspire à pervertir les esprits et à corrompre les cœurs. Cependant, les peuples opprimés et appauvris frémissent, les sectes anarchistes s’agitent, les classes ouvrières lèvent la tète et vont grossir les rangs du socialisme, du communisme, de l’anarchie. Les caractères s’affadissent, et un grand nombre de désespérés, ne sachant plus ni souffrir noblement ni s’affranchir virilement de leurs misères, abandonnent lâchement la vie par le suicide. Voilà les fruits que la secte maçonnique nous a valus, à nous autres Italiens.
Et, après cela, elle ose se présenter à vous avec de magnifiques paroles, comme ayant bien mérité de l’Italie ; elle ose Nous jeter à Nous, et à tous ceux qui écoutent Notre parole et sont fidèles à Jésus-Christ, le titre calomnieux d’ennemis de la patrie. Quels sont les mérites de la secte criminelle envers notre péninsule ? Il est bon de le répéter, les faits le disent assez. Les faits disent que le patriotisme maçonnique n’est qu’un égoïsme sectaire, jaloux de tout dominer en s’assujettissant les États modernes qui, dans leurs mains, réunissent et concentrent tout.
Les faits disent que, dans les desseins de la franc-maçonnerie, les mots d’indépendance politique, d’égalité, de civilisation, de progrès, ne tendent qu’à favoriser dans notre patrie l’indépendance de l’homme vis-à-vis de Dieu, la licence de l’erreur et du vice, la ligue d’une faction au détriment des autres citoyens, et, pour les heureux du siècle, l’art de jouir plus largement des aises et des délices de la vie. Enfin, le but est de ramener aux luttes intestines, aux corruptions et aux hontes du paganisme, un peuple racheté par le sang divin.
On ne saurait d’ailleurs s’en étonner. Une secte qui, après dix-neuf siècles de civilisation chrétienne, s’efforce d’abattre l’Église catholique et d’en tarir les sources divines ; une secte qui nie absolument le surnaturel, répudie toute révélation avec tous les moyens de salut que la révélation nous procure ; une secte qui, pour la réalisation de ses desseins et de ses œuvres, ne se fonde que sur une nature infirme et corrompue comme la nôtre, ne peut être que le comble de l’orgueil, de la convoitise et de la sensualité. Or, l’orgueil opprime, la convoitise dépouille, la sensualité corrompt, et lorsque ces trois concupiscences sont poussées à l’extrême, les oppressions, les spoliations, les corruptions séductrices s’élargissent peu à peu, prennent des proportions démesurées et finissent par devenir l’oppression, la spoliation, le foyer de corruption de tout un peuple.
Laissez-Nous donc, en Nous adressant à vous, dénoncer la franc-maçonnerie comme une ennemie de Dieu, de l’Église et de notre patrie. Reconnaissez-la pratiquement pour telle, une fois pour toutes, et avec toutes les armes que la raison, la conscience et la foi vous mettent entre les mains, débarrassez-vous d’un si cruel ennemi. Que personne ne se laisse plus tromper par ses belles apparences, allécher par ses promesses, séduire par ses flatteries, effrayer par ses menaces.
Rappelons-nous que le christianisme et la franc-maçonnerie sont essentiellement inconciliables, si bien que s’agréger à l’une, c’est divorcer avec l’autre. Cette incompatibilité entre la profession de catholique et celle de franc-maçon, vous ne pouvez plus l’ignorer désormais, fils bien-aimés. Nos prédécesseurs vous en ont clairement avertis, et de même, Nous vous en réitérons hautement la déclaration.
Que ceux qui, par le plus grand malheur, ont donné leur nom à quelqu’une de ces sociétés de perdition, sachent donc qu’ils sont strictement tenus de s’en séparer, s’ils ne veulent pas rester retranchés de la communion chrétienne et perdre leur âme dans le temps et dans l’éternité.
Que les parents, les éducateurs, les patrons, tous ceux qui ont charge des autres, sachent aussi qu’ils ont le devoir rigoureux d’empêcher, selon leur pouvoir, leurs sujets d’entrer dans celte secte coupable ou d’y rester s’ils y ont pénétré.
Il importe, dans une matière si grave, où la séduction est de nos jours si facile, que le chrétien se garde des premiers pas, redoute les plus légers périls, évite toute occasion, prenne les plus minutieuses précautions, suive, pour tout dire, le conseil évangélique, eu conservant dans son cœur la simplicité de la colombe avec tonie la prudence du serpent. Que les pères et les mères de famille se gardent d’accueillir sous leur toit et d’admettre dans l’intimité du foyer domestique les personnes inconnues, ou du moins sur la religion desquelles ils ne sont pas assez, édifiés ; qu’ils aient soin de s’assurer d’abord que, sous le manteau de l’ami, du maître, du médecin, ou de toute autre personne serviable, ne se cache pas un astucieux, recruteur de la secte. Ah ! dans combien de familles le loup a pénétré sous la peau de l’agneau !
Il est beau assurément de voir les sociétés les plus variées surgir aujourd’hui dans tous les ordres de la vie civile, de toutes parts, avec une prodigieuse fécondité ; sociétés ouvrières, sociétés de secours mutuels, de prévoyance, de sciences, de lettres, d’arts et autres semblables. Lorsqu’elles sont pénétrées d’un bon esprit moral et religieux, elles deviennent certainement utiles et opportunes. Mais, ici encore, et même surtout ici, a pénétré et pénètre le poison maçonnique.
Il faut donc généralement tenir pour suspectes et éviter les sociétés qui, échappant à toute influence religieuse, peuvent facilement être dirigées et dominées plus ou moins par des francs-maçons ; il faut éviter de même celles qui, non seulement prêtent leur aide à la secte, mais en forment pour ainsi dire la pépinière et l’atelier d’apprentissage.
Que les femmes ne s’agrègent pas facilement aux sociétés philanthropiques dont on ne connaît pas bien la nature et le but, sans avoir d’abord consulté des personnes sages et expérimentées : souvent cette philanthropie, que l’on oppose avec tant de pompe à la charité chrétienne, n’est qu’un laisser-passer pour la marchandise maçonnique.
Que chacun évite toute liaison, toute familiarité avec des personnes soupçonnées d’appartenir à la franc-maçonnerie ou à des Sociétés affiliées. Qu’on les reconnaisse à leurs fruits et qu’on s’en éloigne, et ainsi qu’on laisse toute relation familière non seulement avec les impies et les libertins déclarés qui portent au front le caractère de la secte, mais encore avec ceux qui se déguisent sous le masque de la tolérance universelle, du respect pour toutes les religions, de la manie de concilier les maximes de l’Évangile avec celles de la Révolution, le Christ avec Bélial, l’Église de Dieu avec l’État sans Dieu.
Quant aux livres et aux journaux qui distillent le venin de l’impiété, attisent dans les cœurs le feu des convoitises effrénées et des passions sensuelles ; quant aux cercles et cabinets de lecture où rôde l’esprit maçonnique, cherchant une proie à dévorer, qu’ils soient en horreur à tous les chrétiens et à chacun d’eux. De plus, comme il s’agit d’une secte qui a tout envahi, il ne suffit pas de se tenir sur la défensive, mais il faut descendre courageusement dans l’arène et la combattre de front : c’est ce que vous ferez, chers fils, en opposant publications à publications, écoles à écoles, associations à associations, congrès à congrès, actions à actions.
La franc-maçonnerie s’est emparée des écoles publiques. Vous, avec les écoles privées, avec les écoles paternelles, avec celles que dirigent des ecclésiastiques zélés et des religieux ou des religieuses, disputez-lui l’instruction et l’éducation de l’enfance et de la jeunesse chrétiennes, mais surtout que les parents chrétiens ne confient pas l’éducation de leurs enfants à des écoles peu sûres. Elle a confisqué le patrimoine de la bienfaisance publique ; vous, sachez y suppléer par le trésor de la charité privée. Elle a mis dans les mains de ses adeptes les œuvres pies ; vous, confiez à des institutions catholiques celles qui dépendent de vous. Elle ouvre et maintient des maisons pour le vice ; faites votre possible pour ouvrir et maintenir des asiles à la vertu en péril. A ses gages, combat une presse antichrétienne au double point de vue religieux et social ; vous, de votre personne et de votre argent, aidez, favorisez la presse catholique. Des Sociétés de secours mutuel et des établissements de crédit sont fondés par elle pour ses partisans ; vous, faites de même, non seulement pour vos frères, mais pour tous les indigents ; vous montrerez ainsi que la vraie et sincère charité est fille de Celui qui fait lever le soleil et tomber la pluie pour les justes et les pécheurs.
Que cette lutte du bien contre le mal s’étende à tout, et cherche, dans la mesure du possible, à tout réparer. La franc-maçonnerie tient fréquemment ses congrès pour concerter de nouveaux moyens d’attaque contre l’Église ; vous aussi, réunissez-vous souvent pour mieux vous entendre sur les moyens et l’ordre de la défense. Elle multiplie ses loges ; vous aussi multipliez les cercles catholiques et les comités paroissiaux, favorisez les associations de charité et de prière ; concourez à maintenir et à augmenter la splendeur du temple de Dieu.
La secte, désormais libre de toute crainte, se montre aujourd’hui au grand jour. Vous, catholiques italiens, faites aussi profession ouverte de votre foi, à l’exemple de vos glorieux ancêtres qui, intrépides devant les tyrans, les supplices et la mort, la confessaient et la scellaient par le témoignage de leur sang.
Quoi encore ? La secte s’efforce d’asservir l’Église et de la mettre, humble servante, aux pieds de l’État : vous, ne cessez pas de demander, et, par les voies légales, de revendiquer la liberté et l’indépendance qui lui sont dues.
Pour déchirer l’unité catholique, elle essaye de semer dans le clergé lui-même la zizanie, suscite des querelles, fomente des discordes, excite les esprits à l’insubordination, à la révolte, au schisme. Vous, resserrant plus étroitement le nœud sacré de la charité et de l’obéissance, réduisez ses desseins à néant, rendez vaines ses tentatives, trompez ses espérances. Comme les fidèles de la primitive Église, ne soyez tous qu’un cœur et qu’une âme, et, rassemblés autour de la Chaire de saint Pierre, unis à vos pasteurs, protégez les intérêts suprêmes de l’Église et de la Papauté, qui sont aussi les intérêts suprêmes de l’Italie et de tout le monde chrétien.
Le Siège Apostolique a toujours été l’inspirateur et le gardien jaloux des grandeurs de l’Italie ; soyez donc Italiens et catholiques ; libres et non sectaires ; fidèles à la patrie et en même temps au Christ et à son Vicaire visible. Restez convaincus qu’une Italie antichrétienne et antipapale serait opposée à l’ordre divin et, par conséquent, condamnée à périr.
Fils bien-aimés, la religion et la patrie parlent par Nos lèvres. Ah ! écoutez leur cri d’angoisse, levez-vous tous ensemble, et combattez virilement les combats du Seigneur. Que le nombre, l’audace et la force des ennemis ne vous épouvantent pas, car Dieu est plus fort qu’eux, et, si Dieu est avec vous, que pourront-ils contre vous ?
Afin que Dieu soit avec vous et vous accorde de plus abondantes grâces ; afin que ce Dieu combatte avec vous, avec vous triomphe, redoublez vos prières, accompagnez-les des œuvres, des vertus chrétiennes et surtout des œuvres de charité envers les indigents.
Renouvelez tous les jours les promesses du baptême ; implorez avec humilité, ferveur et persévérance, les miséricordes divines. Comme gage de ces miséricordes et en témoignage de Notre paternelle dilection, Nous vous accordons, fils bien-aimés, la Bénédiction Apostolique.
Donné à Rome, près Saint-Pierre, le 8 décembre 1892, quinzième année de Notre Pontificat.
LÉON XIII, PAPE.