Paul III

220e pape ; de 1534 à 1549

2 juin 1537

Lettre Veritas ipsa

Condamnation et interdiction de l'esclavage des Indiens « et de tout autre peuple connu ou qui viendrait à être découvert »

Au car­di­nal Juan Pardo de Tavera, arche­vêque de Tolède

La Vérité elle-​même, qui ne peut ni trom­per ni se trom­per, a dit clai­re­ment lors­qu’elle des­ti­nait les pré­di­ca­teurs de la foi au minis­tère de la parole : « Allez ensei­gner toutes les nations ». Elle a dit toutes, sans excep­tion, puisque tous les hommes sont capables de rece­voir l’en­sei­gne­ment de la foi. Ce que voyant, le jaloux adver­saire du genre humain, tou­jours hos­tile aux œuvres humaines afin de les détruire, a décou­vert une nou­velle manière d’empêcher que la parole de Dieu soit annon­cée, pour leur salut, aux nations. Il a pous­sé cer­tains de ses sup­pôts, avides de satis­faire leur cupi­di­té, à décla­rer publi­que­ment que les habi­tants des Indes occi­den­tales et méri­dio­nales, et d’autres peuples encore qui sont par­ve­nus à notre connais­sance ces temps-​ci, devaient être uti­li­sés pour notre ser­vice, comme des bêtes brutes, sous pré­texte qu’ils ne connaissent pas la foi catho­lique. Ils les réduisent en escla­vage en leur impo­sant des cor­vées telles qu’ils ose­raient à peine en infli­ger à leurs propres ani­maux domestiques. 

Or Nous, qui, mal­gré notre indi­gni­té, tenons la place du Seigneur sur terre, et qui dési­rons, de toutes nos forces, ame­ner à Son ber­cail les bre­bis de Son trou­peau qui nous sont confiées et qui sont encore hors de Son ber­cail, consi­dé­rant que ces Indiens, en tant que véri­tables êtres humains, ne sont pas seule­ment aptes à la foi chré­tienne, mais encore, d’a­près ce que Nous avons appris, accourent avec hâte vers cette foi, et dési­rant leur appor­ter tous les secours néces­saires, Nous déci­dons et décla­rons, par les pré­sentes lettres, en ver­tu de Notre Autorité apos­to­lique, que les­dits Indiens et tous les autres peuples qui par­vien­draient dans l’a­ve­nir à la connais­sance des chré­tiens, même s’ils vivent hors de la foi ou sont ori­gi­naires d’autres contrées, peuvent libre­ment et lici­te­ment user, pos­sé­der et jouir de la liber­té et de la pro­prié­té de leurs biens, et ne doivent pas être réduits en escla­vage. Toute mesure prise en contra­dic­tion avec ces prin­cipes est abro­gée et invalidée. 

De plus, Nous décla­rons et déci­dons que les Indiens et les autres peuples qui vien­draient à être décou­verts dans le monde doivent être invi­tés à ladite foi du Christ par la pré­di­ca­tion de la parole de Dieu et par l’exemple d’une vie ver­tueuse. Toutes choses pas­sées ou futures contraires à ces dis­po­si­tions sont à consi­dé­rer comme nulles et non avenues. 

Donné à Rome, le 2 juin de l’an­née 1537, troi­sième de Notre Pontificat.

20 décembre 1741
par laquelle il est pourvu à la liberté et à la sauvegarde des Indiens habitant les provinces du Paraguay, du Brésil et sur les rives du fleuve de la Plata
  • Benoît XIV