Pie XII

260ᵉ pape ; de 1939 à 1958

3 mars 1939

Radiomessage à l'univers catholique

Au lendemain de son élection au Souverain Pontificat

Parlant pour la pre­mière fois comme Pasteur suprême des âmes, voi­ci le radio­mes­sage que Sa Sainteté Pie XII adres­sa au monde catho­lique, au len­de­main de son élé­va­tion au sou­ve­rain pontificat.

Au moment où le très lourd far­deau du sou­ve­rain pon­ti­fi­cat posé par Dieu sur Nos épaules, par un des­sein impé­né­trable de sa Pro­vidence, Nous émeut for­te­ment et brise presque Notre cou­rage, Nous Nous sen­tons comme néces­sai­re­ment pous­sé à faire par­ve­nir au monde catho­lique, avec Notre pen­sée, Notre parole paternelle.

Tout d’abord, avec une par­ti­cu­lière affec­tion, Nous embras­sons Nos très chers Fils du Sacré Collège, les car­di­naux ; depuis long­temps Nous connais­sons leur pié­té, leur ver­tu, leurs qua­li­tés remar­quables. Nous saluons ensuite avec une par­ti­cu­lière bienveil­lance tous et cha­cun de Nos Vénérables Frères dans l’épiscopat. Nous bénis­sons éga­le­ment les prêtres, ministres de Jésus-​Christ et dis­pen­sa­teurs des mys­tères de Dieu, les reli­gieux et les reli­gieuses, ceux aus­si qui, tra­vaillant dans les mis­sions, font avan­cer par­tout le règne de Jésus-​Christ, ou ceux qui, dans les rangs de l’Action catho­lique, tra­vaillent sous la direc­tion des évêques et aident leur apos­to­lat hié­rar­chique. Pour tous les fils enfin que Nous avons dans le monde entier, et spé­cia­le­ment pour ceux qui sont éprou­vés dans la misère ou qui sont affli­gés par la dou­leur, Nous implo­rons les dons célestes et les conso­la­tions surnaturelles.

Mais Notre pen­sée va aus­si à tous ceux qui sont en dehors du ber­cail de l’Eglise catho­lique. Eux aus­si, Nous en avons la con­fiance, appren­dront volon­tiers que, en cette heure solen­nelle, Nous implo­rons pour eux, du Dieu très bon et tout-​puissant, par Nos prières, les secours divins.

A Notre mes­sage pater­nel, Nous dési­rons ajou­ter un vœu et une invi­ta­tion pour la paix. Nous disons la paix, celle que Notre pré­décesseur de pieuse mémoire recom­man­da avec tant d’insistance aux hommes et qu’il implo­ra avec de si ardentes prières jusqu’à faire à Dieu l’offrande spon­ta­née de sa vie pour obte­nir la concorde entre les hommes. La paix, le don le plus beau de Dieu, qui dépasse tout sen­ti­ment ; la paix que tous les hommes sen­sés et sages ne peu­vent pas ne pas dési­rer ; la paix enfin qui est le fruit de la jus­tice et de la cha­ri­té. Nous invi­tons tous les hommes enfin à éta­blir la paix et la concorde entre les nations de telle manière que toutes et cha­cune d’elles tendent, sous l’inspiration et avec l’aide de Dieu, dans une mutuelle confor­mi­té de sen­ti­ments, par des accords ami­caux et des efforts conju­gués à pro­cu­rer le pro­grès et le bon­heur de toute la famille humaine.

De plus, en ces temps pleins d’alarmes, tan­dis que tant et de si graves dif­fi­cul­tés semblent inter­dire et écar­ter cette paix véri­table que tous dési­rent très ardem­ment, Nous adres­sons à Dieu une prière sup­pliante pour tous ceux qui sont à la tête des Etats et aux­quels incombent, avec le très grand hon­neur, la charge très lourde de conduire les peuples à la pros­pé­ri­té et au pro­grès civique.

Voilà, Eminentissimes car­di­naux, Vénérables Frères et très chers Fils, le pre­mier sou­hait que Dieu a fait éclore de Notre âme de Père.

Certes, Nous avons devant les yeux les maux très graves qui tour­mentent les hommes. Désarmé, mais appuyé sur le secours du Dieu tout-​puissant, Nous devons y remé­dier. Empruntant les paroles : « Comprenez-​Nous bien », de saint Paul (n Cor., vu, 2), Nous exhor­tons tous les hommes. A la véri­té, Nous avons le ferme espoir que vous, Nos fils et vous, Nos Frères, vous ne ren­drez pas vain Notre vœu très brû­lant d’assurer la paix. Après le secours divin, c’est sur votre volon­té docile et active que s’appuie le plus Notre confiance.

Daigne Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, « de la plé­ni­tude duquel nous avons tous reçu » (Jean, i, 16), être pro­pice du haut du ciel à Notre sou­hait, le répandre sur toute la terre comme un mes­sa­ger de conso­la­tion et de bon­heur ; que l’heureux pré­sage en soit la Bénédic­tion apos­to­lique que Nous vous don­nons de tout cœur !

Source : Documents Pontificaux de S. S. Pie XII, Edition Saint-​Augustin Saint-​Maurice – D’après le texte latin des A. A. S., XXXI, 1939, p. 86 ; cf. la tra­duc­tion fran­çaise de la Documentation Catholique, t. XL, col. 355.

24 décembre 1955
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