Pie XII

260ᵉ pape ; de 1939 à 1958

29 juin 1941

Radiomessage au monde entier

Pour la fête des saints Pierre et Paul

Table des matières

Ce radio­mes­sage qui consti­tue un magni­fique expo­sé sur le pro­blème du mal, de la souf­france et de la pro­vi­dence de Dieu, a été retrans­mis par la radio ita­lienne dans les dif­fé­rentes langues des peuples de la chrétienté :

En cette solen­ni­té des saints apôtres Pierre et Paul, les pen­sées et les sen­ti­ments de votre dévo­tion, chers fils de toute l’Eglise catho­lique, se portent vers Rome en lui adres­sant la strophe triom­phale : O Roma felix quae duo­rum prin­ci­pum es conse­cra­ta glo­rio­so san­guine ! « Heureuse Rome qui a été consa­crée par le sang glo­rieux de ces deux princes ! » Mais le bon­heur de Rome, ce bon­heur de sang et de foi, est aus­si le vôtre : la foi de Rome, scel­lée ici sur les deux rives du Tibre par le sang des princes des apôtres, est la foi qui vous a été annon­cée à vous, qui s’annonce et s’annoncera dans le monde entier. Votre pen­sée exulte en saluant Rome parce que vous sen­tez en vous l’inébranlable fer­me­té pui­sée par votre foi dans son uni­ver­selle romanité.

Rome a été baptisée dans le sang des apôtres Pierre et Paul.

I1 y a dix-​neuf siècles que la Rome des Césars a été bap­ti­sée Rome chré­tienne dans le sang glo­rieux du pre­mier Vicaire du Christ et du Docteur des nations pour être à jamais la repré­sen­tante de l’indéfec­tible pri­mat de l’autorité sacrée et de l’infaillible magis­tère de la foi de l’Eglise ; et c’est dans ce sang que furent écrites les pre­mières pages d’une nou­velle magni­fique his­toire des saintes luttes et vic­toires de Rome.

Courage des premiers chrétiens

Vous êtes-​vous jamais deman­dé quels devaient être les senti­ments et les craintes du petit groupe des chré­tiens per­dus dans la grande cité païenne, lorsque, après avoir ense­ve­li en hâte les corps des deux grands mar­tyrs, l’un au pied du Vatican, l’autre sur la voie d’Ostie, ils se retrou­vèrent, la plu­part dans leurs cel­lules d’esclaves ou de pauvres arti­sans, quelques-​uns dans leurs riches demeures, tous se sen­tant seuls et comme orphe­lins après cette ‑dis­pa­ri­tion des deux grands apôtres ? La fureur de la tem­pête avait été déchaî­née peu aupa­ra­vant sur l’Eglise nais­sante par la cruau­té de Néron ; devant leurs yeux se dres­sait encore l’horrible vision des torches humaines fumant durant la nuit dans les jar­dins impé­riaux, et des corps déchi­rés pal­pi­tant dans les cirques et dans les rues. Il leur sem­blait que l’implacable cruau­té avait cou­ron­né son triomphe en frap­pant et en abat­tant les deux colonnes dont la seule pré­sence sou­te­nait la foi et le cou­rage de la petite troupe des chré­tiens. En ce cré­pus­cule san­glant, comme leurs cœurs devaient se ser­rer de dou­leur en se trou­vant pri­vés désor­mais du récon­fort et de la pré­sence de ces deux voix puis­santes, livrées à la féro­ci­té d’un Néron et au for­mi­dable bras de la puis­sance de l’Empire romain !

… et de saint Lin, le premier pape.

Mais, contre le fer et la puis­sance maté­rielle du tyran et de ses ministres, ils avaient reçu l’Esprit de force et d’amour, plus vigou­reux que les tour­ments et que la mort. Et il Nous semble voir à la réunion sui­vante, au milieu de la com­mu­nau­té déso­lée, le vieux Lin, celui qui le pre­mier fut appe­lé à rem­pla­cer Pierre dis­pa­ru, prendre entre ses mains trem­blantes d’émotion les feuillets où se conser­vait pré­cieu­se­ment le texte de la lettre envoyée jadis par l’Apôtre aux fidèles de l’Asie mineure, et y lire len­te­ment ces phrases de bénédic­tion, de confiance et de conso­la­tion : « Béni soit Dieu, le Père de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ qui, selon sa grande misé­ri­corde, nous a régé­né­rés pour une vivante espé­rance par la Résurrection de Jésus-​Christ… Dans cette pen­sée vous tres­saillez de joie, bien qu’il vous faille encore pour un peu de temps être affli­gés par diverses épreu­ves… Humiliez-​vous donc sous la puis­sante main de Dieu… vous déchar­geant sur lui de toutes vos sol­li­ci­tudes, car lui-​même prend soin de vous… Le Dieu de toute grâce qui vous a appe­lés à sa gloire éter­nelle dans le Christ, après quelques souf­frances achè­ve­ra lui- même son œuvre, vous for­ti­fie­ra, vous ren­dra inébran­lables. A lui soit la gloire et la puis­sance aux siècles des siècles !» (i Pierre, i, 3, 6 ; v, 6, 10).

L’angoisse dit Saint-​Père devant les maux qui assaillent l’humanité.

Nous aus­si, chers fils, qui, par un inson­dable des­sein de Dieu, avons reçu après Pierre, Lin et cent autres saints pon­tifes, la mis­sion de for­ti­fier et de conso­ler Nos frères dans le Christ Jésus (Luc, xxii, 32), Nous sen­tons, comme vous, Notre cœur se ser­rer en pen­sant à l’épouvantable tour­billon de maux, de souf­frances et d’angoisses qui déferle aujourd’hui sur le monde. Il ne manque certes pas jusque dans l’obscurité de la tem­pête de spec­tacles récon­for­tants qui ouvrent le cœur à de grandes et saintes attentes : cou­rage magna­nime à défendre les fon­de­ments de la civi­li­sa­tion chré­tienne et confiante espé­rance dans leur triomphe, intense amour de la patrie, actes héroïques de ver­tu, âmes choi­sies promptes et prêtes à tous sacri­fices, dévoue­ments géné­reux, large réveil de foi et de piété.

Mais, d’un autre côté, nous voyons le mal et le péché péné­trant dans la vie des indi­vi­dus, dans le sanc­tuaire de la famille, dans l’organisme social, non plus sim­ple­ment tolé­ré par fai­blesse ou impuis­sance, mais excu­sé, mais exal­té, mais entré en maître dans les mani­festations les plus diverses de la vie humaine : déca­dence de l’esprit de jus­tice et de cha­ri­té, peuples entraî­nés et tom­bés dans un abîme de – désastres, corps humains déchi­rés par les bombes et la mitraille, bles­sés et malades qui rem­plissent les hôpi­taux et n’en sortent sou­vent que la san­té rui­née, les membres muti­lés, inva­lides pour toute la vie, pri­son­niers loin des leurs et sou­vent sans nou­velles, indi­vi­dus et familles dépor­tés, trans­plan­tés, sépa­rés, arra­chés à leurs demeures, errant dans la misère, sans secours, sans moyen de gagner leur pain. Et tous ces maux ne frappent pas seule­ment les com­bat­tants, mais pèsent sur les popu­la­tions entières : vieillards, femmes, enfants, les plus inno­cents, les plus pai­sibles, les plus pri­vés de défense. Blocus et contre-​blocus, qui aug­mentent par­tout les dif­fi­cul­tés du ravi­taille­ment, au point qu’ici et là la faim se fait cruel­le­ment sen­tir. En plus de tout cela, les indi­cibles souf­frances, dou­leurs et persécu­tions que tant de Nos chers fils et filles, prêtres, reli­gieux et laïques, sup­portent en cer­taines régions pour le nom du Christ, à cause de leur reli­gion, de leur fidé­li­té à l’Eglise, de leur minis­tère sacré, peines et amer­tumes que la sol­li­ci­tude même pour ceux qui les souffrent ne per­met pas de révé­ler dans tous leurs dou­lou­reux et émou­vants détails.

Le problème du mal : tentation de certains chrétiens.

En pré­sence d’une pareille accu­mu­la­tion de maux, de dan­gers pour la ver­tu, de désastres et d’épreuves de toutes sortes, la pen­sée et le juge­ment des hommes se perdent et sont confon­dus. Peut-​être s’est-il éle­vé dans le cœur de plus d’un par­mi vous la ter­rible pen­sée du doute qui, déjà peut-​être, vint ten­ter et trou­bler en pré­sence de la mort des deux apôtres quelques chré­tiens moins fermes : com­ment Dieu peut-​il per­mettre tout cela ? Comment est-​il pos­sible qu’un Dieu tout-​puissant, infi­ni­ment sage et infi­ni­ment bon, per­mette tant de maux qu’il lui serait si facile d’empêcher ? Et monte aux lèvres le mot de Pierre, encore impar­fait, à l’annonce de la Passion : « Cela ne vous arri­ve­ra abso­lu­ment pas Seigneur ! » (Matth., xvi, 22). Non, mon Dieu, pensent-​ils, ni votre sagesse, ni votre bon­té, ni votre hon­neur même ne peuvent lais­ser à tel point le mal et la vio­lence domi­ner le monde, se jouer de vous et triom­pher de votre silence. Où est votre puis­sance, votre Providence ? Devrons-​nous donc dou­ter Ou de votre gou­ver­ne­ment divin ou de votre amour pour nous ?

La Providence de Dieu.

« Tu n’as pas la sagesse de Dieu, mais celle des hommes » (Matth., xvi, 23), répon­dit le Christ à Pierre, comme jadis il avait fait dire au peuple de Juda par le pro­phète Isaïe : « Mes pen­sées ne sont pas vos pen­sées, et vos voies ne sont pas mes voies » (Is., lv, 8).

Tous les hommes ne sont que des enfants devant Dieu, tous même les plus pro­fonds pen­seurs et les plus expé­ri­men­tés conduc­teurs de peuples. Ils jugent les évé­ne­ments avec les courtes vues du temps qui passe et s’envole sans retour, tan­dis que Dieu les regarde des hau­teurs et du centre immo­bile de l’éternité. Ils ont devant leurs yeux l’étroit pano­ra­ma de quelques années ; Dieu a devant lui le pano­ra­ma com­plet de tous les siècles. Ils pèsent les évé­ne­ments humains selon leurs causes pro­chaines et leurs effets immé­diats ; Dieu les voit dans leurs causes les plus recu­lées et les mesure dans leurs effets les plus loin­tains. Ils s’arrêtent à démê­ler les respon­sabilités par­ti­cu­lières de telle ou telle main ; Dieu voit dans son ensemble le concours com­pli­qué et mys­té­rieux des res­pon­sa­bi­li­tés, sa haute Providence n’excluant la liber­té d’aucun choix humain, pas plus des mau­vais que des bons. Ils vou­draient la jus­tice immé­diate et se scan­da­lisent devant l’éphémère puis­sance des ennemis

de Dieu, les souf­frances et les humi­lia­tions des bons ; mais le Père céleste qui, dans la lumière de son éter­ni­té, embrasse, pénètre et domine les vicis­si­tudes des temps comme la sereine paix des siècles qui ne doivent pas finir, Dieu, bien­heu­reuse Trinité, plein de com­passion pour les fai­blesses, les igno­rances et les impa­tiences humaines, mais aimant trop les hommes pour se lais­ser détour­ner par leurs fautes mêmes des voies de sa sagesse et de son amour, conti­nue et et conti­nue­ra à faire lever son soleil sur les bons et les mau­vais, à faire tom­ber sa pluie sur les justes et les injustes (Matth., v, 45), à gui­der leurs pas d’enfants avec fer­me­té et ten­dresse, leur deman­dant seule­ment de se lais­ser mener par lui et de faire cré­dit à la puis­sance et à la sagesse de son amour pour eux.

Faire crédit à Dieu.

Faire cré­dit à Dieu, qu’est-ce à dire ?

Faire cré­dit à Dieu, c’est, de toute la force d’une volon­té sou­te­nue par la grâce et par l’amour, en dépit de tous les doutes sug­gérés par des appa­rences contraires, s’abandonner à la toute-​puissance, à la sagesse, à l’amour infi­ni de Dieu.

C’est croire que rien en ce monde n’échappe à sa Providence, aus­si bien dans l’ordre géné­ral que dans le détail ; que rien de grand ou de petit n’arrive qui ne soit pré­vu, vou­lu ou per­mis, tou­jours diri­gé par cette Providence à ses fins éle­vées qui, en ce monde, sont tou­jours des fins d’amour pour les hommes. C’est croire que Dieu peut per­mettre par­fois ici-​bas, pour un temps, la pré­do­mi­nance de l’athéis­me et de l’impiété, de dou­lou­reux obs­cur­cis­se­ments du sens de la jus­tice, des vio­la­tions des droits, des tour­ments d’hommes inno­cents, pai­sibles, sans défense et sans appui. C’est croire que Dieu laisse ain­si par­fois s’abattre sur les indi­vi­dus et sur les peuples des épreuves dont l’instrument est la malice des hommes, dans un des­sein de jus­tice, pour punir les péchés, pour puri­fier indi­vi­dus et peuples par les expia­tions de la vie pré­sente et les rame­ner ain­si à lui ; mais c’est croire en même temps que cette jus­tice reste tou­jours ici-​bas une jus­tice de Père, ins­pi­rée et domi­née par l’amour. Si rude que puisse paraître la main du chi­rur­gien divin quand elle fait entrer le fer dans les chairs vives, tou­jours l’amour le guide et le pousse, c’est unique­ment le vrai bien des indi­vi­dus et des peuples qui la fait inter­ve­nir si dou­lou­reu­se­ment. C’est croire, enfin, que l’épreuve, dans toute son acui­té, comme le triomphe du mal, ne dure­ront même ici-​bas qu’un cer­tain temps, et pas davan­tage ; que l’heure de Dieu vien­dra, l’heure de la misé­ri­corde, l’heure de la sainte joie, l’heure du can­tique nou­veau de la déli­vrance et de l’allégresse (Ps., xcvi), l’heure où après avoir lais­sé un moment l’ouragan sévir sur la pauvre huma­nité, la toute-​puissante main du Père céleste, d’un geste imper­cep­tible, l’arrêtera et le dis­si­pe­ra, l’heure où, par des voies insoup­çon­nées des intel­li­gences et des esprits humains, les nations se ver­ront réta­blies dans la jus­tice, le calme et la paix.

Valeur de la souffrance.

Nous le savons bien, pour ceux qui n’ont pas un juste sens des choses de Dieu, la dif­fi­cul­té la plus grave, c’est de voir tant d’innocents ame­nés à souf­frir dans la même tem­pête qui emporte les pécheurs. Aux hommes, il n’est jamais pos­sible de res­ter indiffé­rents lorsque l’orage qui fra­casse les grands arbres, arrache en même temps les humbles petites fleurs qui s’ouvrent à leur pied dans le seul but de pro­di­guer à l’air qui les entoure la grâce de leur beau­té et de leurs par­fums. Et cepen­dant, eux aus­si, ces fleurs et ces par­fums sont l’œuvre de Dieu et de son art admi­rable ! S’il per­met que telle de ces fleurs soit empor­tée par le tour­billon des vents, ne serait-​ce pas qu’au sacri­fice de cette très inno­cente créa­ture, il peut avoir assi­gné un but, incon­nu à l’œil des hommes, dans l’économie géné­rale des lois par les­quelles il règle et gou­verne la nature ? Com­bien plus, donc, sa toute-​puissance et son amour sauront-​ils tour­ner en bien le sort d’êtres humains purs et innocents !

Avec la foi qui s’est affai­blie dans leurs cœurs, avec le goût du plai­sir qui domine et fas­cine leur vie, les hommes sont por­tés à regar­der comme des maux, et des maux abso­lus, tous les acci­dents phy­siques de cette terre. Ils ont oublié que, dès l’aube de la vie humaine, la dou­leur est là, et que c’est elle qui conduit aux sou­rires du ber­ceau ; ils ont oublié que, le plus sou­vent, elle est une projec­tion de la croix du Calvaire sur le sen­tier qui conduit à la Résurrec­tion ; ils ont oublié que sou­vent la croix est un don de Dieu, don néces­saire pour offrir, nous aus­si, à la divine jus­tice, notre part d’expiation ; ils ont oublié que le seul vrai mal est le péché qui offense Dieu ; ils ont oublié la parole de l’Apôtre que « les souffran­ces de la vie pré­sente sont sans pro­por­tion avec la gloire future qui se mani­fes­te­ra un jour en nous » (Rom., viii, 18) ; ils ont oublié que nous devons gar­der les yeux fixés sur l’auteur et le consom­ma­teur de notre foi, Jésus qui, au lieu de la joie qui lui était offerte, a endu­ré la croix (Hébr., xii, 2).

Mystère de la Croix.

C’est vers le Christ cru­ci­fié sur le Golgotha, force et sagesse qui attire à elle l’univers, que, dans les tri­bu­la­tions sans fin de la pré­di­ca­tion évan­gé­lique, se tour­nèrent les deux princes des apôtres, atta­chés à la croix avec le Christ, Pierre mou­rant cru­ci­fié, Paul cour­bant la tête sous le fer du bour­reau, tous deux mon­trant, ensei­gnant et témoi­gnant que dans la croix se trouvent le récon­fort et le salut et que, dans l’amour du Christ, on ne peut vivre sans dou­leur. C’est vers cette croix, voie écla­tante, véri­té et vie, que se tour­nèrent les pre­miers mar­tyrs romains et les pre­miers chré­tiens à l’heure de la souf­france et de la per­sé­cu­tion. Vous aus­si, ô chers fils, tournez-​vous aus­si vers elle dans vos épreuves et vous trou­ve­rez la force, non seule­ment de les accep­ter avec rési­gna­tion, mais de les aimer, de vous en glo­ri­fier, comme les aimèrent et s’en glo­ri­fièrent les apôtres et les saints, nos pères et nos frères aînés, qui cepen­dant étaient for­més de la même chair que vous, doués de la même sen­si­bi­li­té que vous.

Exemple de la Mère des douleurs.

Vos souf­frances et vos anxié­tés, regardez-​les à tra­vers les dou­leurs du Crucifié, à tra­vers les dou­leurs de la Vierge, la plus inno­cente des créa­tures et celle qui eut le plus de part à la divine Passion, et vous arri­ve­rez à com­prendre que la res­sem­blance avec le Fils de Dieu, roi des dou­leurs, est la voie la plus auguste et la plus sûre vers le ciel et le triomphe.

Le courage chrétien.

Ne regar­dez pas seule­ment les épines dont le tour­ment vous afflige et vous fait souf­frir, mais aus­si le mérite qui de votre souf­france fleu­rit comme une rose pour la cou­ronne céleste ; vous trou­ve­rez alors, avec la grâce de Dieu, le cou­rage et la force de mon­trer cet héroïsme chré­tien, qui est à la fois sacri­fice et vic­toire et paix sur­pas­sant toute intel­li­gence, cet héroïsme que votre foi a le droit d’exiger de vous.

« Enfin, répétons-​Nous avec saint Pierre, qu’il y ait entre vous uni­té de sen­ti­ments, bon­té com­pa­tis­sante, cha­ri­té fra­ter­nelle, affec­tion misé­ri­cor­dieuse, modes­tie, humi­li­té ; ne ren­dez pas le mal pour le mal ni la malé­dic­tion pour la malé­dic­tion ; bénis­sez, au contraire…, afin qu’en toute chose Dieu soit glo­ri­fié par Jésus-​Christ, à qui appar­tient la gloire et la puis­sance dans les siècles des siècles » (i Pierre, iii, 8, 9 ; iv, 11).

La mission de Rome.

Mais, pen­dant que les sublimes gran­deurs du chris­tia­nisme élè­vent si haut Nos pen­sées, Nous sen­tons cepen­dant, dans l’intime de Notre cœur, que les aspi­ra­tions de tous Nos fils se confondent avec les Nôtres pour deman­der à Dieu que la ver­tu de tous se trouve à une heure si grave de l’histoire à la hau­teur de leur foi. Nous pen­sons à toi, ô chère Rome qui est dou­ble­ment Notre patrie, objet d’un éter­nel des­sein, habi­tuée à por­ter avec une si haute conscience les plus grandes obli­ga­tions dans la vie de l’Eglise. Nous te bénis­sons d’abord, sûr que tu ne démen­ti­ras pas, à cette heure, dans une force tou­jours égale et dans la pra­tique du bien, cette foi qui t’a faite maî­tresse du monde et véné­rable pour les nations chré­tiennes. Avec toi, Nous bénis­sons le peuple ita­lien tout entier. Ayant le pri­vi­lège d’avoir au milieu de lui le centre de l’unité de l’Eglise, il pré­sente les signes mani­festes d’une mis­sion divine pro­vi­den­tielle. Sur les monu­ments de son his­toire sécu­laire, mou­ve­men­tée mais glo­rieuse, il montre intactes ses magni­fiques tra­di­tions catholiques.

Sur le monde entier, par­tout où Nous avons des fils, tous pa­iement chers, Nous éten­dons Notre béné­dic­tion tan­dis que Notre cœur s’émeut dans Notre poi­trine en pen­sant à ces peuples qui souf­frent davan­tage des san­glantes cala­mi­tés actuelles qui ont déjà rem­pli la terre de tant de deuils et de tant de larmes. De Nos prières et de Nos vœux, Nous ne vou­lons exclure aucun de ceux qui sont encore éloi­gnés du sein de l’Eglise, deman­dant qu’ils en entendent le pres­sant et mater­nel appel et qu’eux aus­si cherchent en elle le salut et la paix. A Dieu Nous offrons ain­si tous les hommes, dans le Christ Jésus rédemp­teur de tous. Et, en son nom, par l’autorité des saints apôtres Pierre et Paul, dont nous célé­brons le mar­tyre et le triomphe, à tous, Nous accor­dons, dans l’effusion de Notre cœur, la Bénédiction apostolique.

Source : Document Pontificaux de S. S. Pie XII, Editions Saint-​Augustin Saint Maurice – D’après le texte ita­lien des A. A. S., XXXIII, 1941, p. 319 ; cf. la tra­duc­tion fran­çaise des Actes de S. S. Pie XII, t. III, p. 124.

4 novembre 1942
La vraie fidélité a pour objet et pour fondement le don mutuel non seulement du corps des deux époux, mais de leur esprit et de leur cœur
  • Pie XII
17 juin 1942
L'amour-propre porte à l'union sacrée des âmes une blessure invisible et souvent fatale
  • Pie XII