Saint Pie X

257ᵉ pape ; de 1903 à 1914

29 juin 1908

Réponse de la Commission Biblique Sur le caractère et l'auteur du livre d’Isaïe

Question 1 : Peut-​on ensei­gner que les pro­phé­ties qui se lisent dans le livre d’Isaïe – et dans divers pas­sages des saintes Écritures – ne sont pas des pro­phé­ties pro­pre­ment dites, mais des récits com­po­sés après l’événement, ou que, s’il faut recon­naître que cer­tains faits ont été pré­dits avant l’événement, le pro­phète n’a pas pré­dit ces faits grâce à une révé­la­tion sur­na­tu­relle de Dieu, qui sait l’avenir, mais par une conjec­ture déduite des évé­ne­ments pas­sés, en ver­tu d’une heu­reuse saga­ci­té et de la pers­pi­ca­ci­té natu­relle de son esprit ? 

Réponse : Non. 

Question 2 : L’opinion sui­vant laquelle Isaïe et les autres pro­phètes n’auraient annon­cé que des évé­ne­ments immi­nents ou pro­chains peut-​elle se conci­lier avec les pro­phé­ties – sur­tout les pro­phé­ties mes­sia­niques et escha­to­lo­giques – que ces mêmes pro­phètes ont cer­tai­ne­ment for­mu­lées long­temps à l’avance, et avec le sen­ti­ment com­mun des saints Pères affir­mant de concert que les pro­phètes ont éga­le­ment pré­dit des faits qui ne devaient s’accomplir qu’après de longs siècles ? 

Réponse : Non 

Question 3 : Peut-​on admettre que les pro­phètes, non seule­ment lorsqu’ils cen­su­raient la dépra­va­tion humaine et annon­çaient la Parole divine en vue de ceux qui les enten­daient, mais encore lorsqu’ils annon­çaient des évé­ne­ments à venir, ont tou­jours dû s’adresser non pas à des audi­teurs futurs, mais à des audi­teurs pré­sents et dans une situa­tion pareille à la leur, de manière à pou­voir être plei­ne­ment com­pris par ceux-​ci, et que, en consé­quence, la seconde par­tie du livre d’Isaïe Is 40–66, dans laquelle le pro­phète adresse des paroles de conso­la­tion, comme s’il vivait au milieu d’eux, non pas à des juifs dans la même situa­tion qu’Isaïe mais à des juifs gémis­sant dans l’exil de Babylone, ne peut avoir pour auteur Isaïe lui-​même, mort depuis long­temps, mais doit être attri­bué à un pro­phète incon­nu par­ta­geant l’existence des exilés ? 

Réponse : Non. 

Question 4 : L’argument phi­lo­lo­gique, tiré de la langue et du style, en ver­tu duquel on conteste l’identité d’auteur du livre d’Isaïe, doit-​il être jugé de telle force qu’il oblige un homme grave, ver­sé dans la connais­sance de la méthode cri­tique et de la langue hébraïque, à admettre pour ce même livre une plu­ra­li­té d’auteurs ?

Réponse : Non. 

Question 5 : Produit-​on de solides argu­ments pou­vant, même pris col­lec­ti­ve­ment, démon­trer que le livre d’Isaïe ne doit pas être attri­bué au seul Isaïe, mais à deux et même à plu­sieurs auteurs ?

Réponse : Non.