Sermon de Mgr Lefebvre – Cœur immaculé de Marie – 22 août 1976

Mes bien chers frères,

La fête du Cœur Immaculé de Marie, que l’Église solen­nise aujourd’hui, est une fête rela­ti­ve­ment récente et qui est une preuve de ce que l’Église peut faire et a fait, dans les temps qui nous sont proches, pour adap­ter l’esprit de l’Église et les richesses de l’Église à notre temps. Car s’il est une fête qui nous rap­pelle des véri­tés dont nous avons besoin, des véri­tés dont nous sen­tons dans la médi­ta­tion, le désir de les appli­quer à nos âmes, c’est bien cette fête du Cœur Immaculé de Marie, qui nous le rappelle.

Cette fête, sans doute, a un lien par­ti­cu­lier avec les appa­ri­tions de Notre-​Dame de Fatima et c’est le pape Pie XII qui a vou­lu que l’octave de l’Assomption fête désor­mais le Cœur Immaculé de Marie.

Ô sans doute, il y avait déjà avant, depuis le XVIIe siècle l’on avait la dévo­tion pour les Cœurs de Jésus et de Marie et nous venons de fêter au cours de cette semaine, la fête de saint Jean Eudes qui a fon­dé pré­ci­sé­ment ces congré­ga­tions sous le vocable des Cœurs de Jésus et de Marie ; mais si notre Saint-​Père le pape Pie XII a vou­lu hono­rer d’une manière toute par­ti­cu­lière le Cœur Immaculé de Marie, c’est que notre temps en avait bien besoin.

En effet, nous avons besoin, dans ces temps qui sont durs, dans ces temps qui nous privent de ce qu’avaient les chré­tiens autre­fois, la mani­fes­ta­tion de la cha­ri­té de Notre Seigneur qui était évi­dente, durant les siècles de chré­tien­té ; par­tout l’on trou­vait des mai­sons reli­gieuses ; dans toute la chré­tien­té se mul­ti­pliaient les monas­tères, les cou­vents, les Hôtels-​Dieu, que sais-​je ! Combien de mai­sons reli­gieuses peu­plaient nos vil­lages, nos cam­pagnes et nos villes, de telle sorte que nous avions cette impres­sion – je pense que les per­sonnes qui ont vécu ces temps avaient l’impression – de bai­gner en quelque sorte, dans l’amour de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Parce que son amour se mani­fes­tait – je pour­rais dire – à tous les coins de nos rues.

C’étaient des cal­vaires ; c’étaient des images de la Vierge ; c’étaient des Hôtels-​Dieu ; c’étaient des mai­sons de cha­ri­té pour rece­voir les pauvres, les pèle­rins, ceux qui souf­fraient. Partout se mani­fes­tait la cha­ri­té de Notre Seigneur.

Mais en notre temps… com­bien notre siècle est deve­nu dur, nous ne trou­vons plus cette cha­ri­té de Notre Seigneur Jésus-​Christ dans nos cités, dans nos cam­pagnes. Ô certes, il y a encore des âmes qui se dévouent à Notre Seigneur, mais com­bien par rap­port à la popu­la­tion ? Et com­bien y aurait-​il à faire dans tous ces pays qui ne connaissent pas encore la cha­ri­té de Notre Seigneur, des pays immenses comme la Chine, comme l’Afrique et com­bien d’autres pays sont encore éloi­gnés de cette cha­ri­té de Notre Seigneur !

Alors, il me semble que nous avons besoin de la très Sainte Vierge Marie en notre temps. Nous avons besoin du Cœur de la très Sainte Vierge Marie, pour nous aider à nous main­te­nir dans notre foi ; sen­tir cette cha­leur de l’amour de Notre Seigneur Jésus-​Christ pour nous. Ne Le voyant plus sous nos yeux ; Le voyant de moins en moins, nous avons besoin de sen­tir que la Vierge Marie est auprès de nous. Et je pense que c’est cela qui a fait que la Vierge Marie, à Fatima, a deman­dé que l’on prie son Cœur Immaculé. Nous avons besoin de cette affec­tion divine qui est répan­due dans le Cœur de la Vierge Marie.

Et nous avons besoin aus­si de son Cœur Immaculé ; imma­cu­lé, c’est-à-dire sans tache, sans péché. Or Dieu sait, pré­ci­sé­ment, que nous n’avons plus autour de nous l’exemple de ces vies qui sont tout entières don­nées à Notre Seigneur Jésus-​Christ, qui réa­lisent la loi de Notre Seigneur Jésus-​Christ, sa loi d’amour, car enfin les com­man­de­ments de Dieu se résument dans l’amour de Dieu et dans l’amour du prochain.

Mais, aujourd’hui, vous êtes les témoins de ce qui se passe dans nos Sociétés, où l’on assas­sine les enfants, où les gens se sui­cident. Savez-​vous qu’ici, en Suisse, il y a davan­tage de sui­cides que de morts par acci­dents de voi­ture. On l’a publié dans un jour­nal il y a peu de temps, il y a eu 1.800 sui­cides au cours de l’année der­nière, alors qu’il n’y a eu que 1.600 morts par acci­dents de la route, 1.800 sui­cides ! Et en géné­ral des jeunes. Qu’est-ce que cela signi­fie ? Cela signi­fie que ces pauvres âmes ne sen­taient plus la cha­ri­té de Notre Seigneur autour d’elles ; étaient dégoû­tées de cette vie qui les entou­rait, pour se sui­ci­der. Et si l’on publiait ce qui se fait dans bien d’autres pays, nous serions épouvantés.

Que l’on songe aux divorces ; que l’on songe à tous ces enfants aban­don­nés qui ne savent plus vers qui aller, ou à leur mère, ou à leur père ? Nous sommes dans une socié­té dure, pénible, qui ne pra­tique plus la charité.

C’est d’ailleurs ce que per­son­nel­le­ment j’avais sur­tout éprou­vé lorsque je me trou­vais au milieu de ces nations afri­caines, vers les­quelles j’ai été envoyé pen­dant trente ans. Ce qui me frap­pait le plus, c’étaient des sen­ti­ments de haine. Ces gens nour­ris­saient sou­vent d’un vil­lage à l’autre, la haine, dans un vil­lage d’une famille à l’autre, la haine. Il s’en sui­vait des sui­cides, il s’en sui­vait des empoi­son­ne­ments, il s’en sui­vait des homi­cides, à cause de cette haine. L’amour de Notre Seigneur Jésus-​Christ ne régnait pas.

Nous ne savons pas quel bon­heur nous avons d’avoir Notre Seigneur Jésus-​Christ pour Père et la très Sainte Vierge Marie pour mère. C’est là qu’il nous faut pui­ser vrai­ment notre amour pour le Bon Dieu et vers nos modèles. Car enfin, la très Sainte Vierge si elle avait un cœur aimant, elle ne l’avait que pour Notre Seigneur Jésus-​Christ et pour tous ceux qui étaient atta­chés à Notre Seigneur Jésus-​Christ et pour conduire toutes les âmes à Notre Seigneur Jésus-​Christ, à son Fils Jésus. Elle vivait de cet amour.

Et parce qu’elle a aimé Notre Seigneur, elle n’a jamais pu L’offenser ; elle ne le pou­vait pas. Elle est née imma­cu­lée dans sa Conception, imma­cu­lée dans sa nais­sance et elle est demeu­rée imma­cu­lée toute sa vie. Elle est pour nous, donc, un modèle de la pure­té du cœur, un modèle de cette obéis­sance à la loi de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Et parce qu’elle a aimé Notre Seigneur, elle a vou­lu souf­frir avec Lui, par­ta­ger ses souf­frances. C’est le signe de l’amour, de par­ta­ger les souf­frances. Elle a vu Jésus, son Fils, souf­frir et elle a vou­lu souf­frir avec Lui. Quand le Cœur de Jésus était trans­per­cé, son Cœur l’a été aus­si, le cœur de Marie ! Ces deux cœurs trans­per­cés n’ont vécu qu’à l’unisson pour la gloire du Bon Dieu, pour le règne de Dieu, pour le règne de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Ils n’ont bat­tu que pour cela.

Et c’est pour­quoi nous aus­si, nous devons être prêts à souf­frir pour le règne de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Notre Seigneur Jésus-​Christ ne règne plus dans nos socié­tés, ne règne plus dans nos familles, ne règne plus en nous-​mêmes. Nous avons besoin de ce règne de Notre Seigneur Jésus-Christ.

C’est la seule rai­son d’existence de nos âmes, de nos corps, de l’humanité, de cette terre et de toute la créa­tion de Dieu : que Jésus-​Christ règne. Qu’il apporte aux âmes sa vie, son salut, sa cha­ri­té, sa gloire.

Et c’est parce que pré­ci­sé­ment, nous avons conscience de ce qui s’est pas­sé depuis quinze ans dans la Sainte Église, qu’une véri­table révo­lu­tion s’est opé­rée, qui s’attaque à, la royau­té de Notre Seigneur Jésus-​Christ, qui veut détruire le règne de Notre Seigneur Jésus-​Christ – c’est clair, c’est net – que nous ouvrions les yeux, nous pou­vons le consta­ter. On n’obéit plus à la loi de Notre Seigneur Jésus-​Christ et, mal­heu­reu­se­ment, ceux qui devraient nous apprendre à obéir à cette loi, nous encou­ragent au contraire à y désobéir.

Car, lorsque l’on veut la laï­ci­té des États, on détruit le règne de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Lorsque l’on met en doute, la réa­li­té de la sain­te­té du mariage et les lois du mariage, on détruit l’amour de Notre Seigneur Jésus-​Christ dans les foyers.

Lorsque l’on ne dit rien, lorsque l’on ne parle pas for­te­ment ; ouver­te­ment, contre l’avortement, on ne fait pas régner Notre Seigneur Jésus-Christ.

Lorsque l’on détruit le culte de la royau­té de Notre Seigneur Jésus-​Christ, on détruit aus­si le règne de Notre Seigneur Jésus-​Christ dans les âmes.

Or le Saint Sacrifice de la messe n’est pas autre chose, mes bien chers frères, que la pro­cla­ma­tion du règne de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Par quoi Notre Seigneur Jésus-​Christ a‑t-​il régné ? Regnavit a ligno Crucis. Il a régné par le bois de la Croix. Il a vain­cu le démon, vain­cu le péché, par le bois de la Croix. Ainsi en renou­ve­lant le Saint Sacrifice de Notre Seigneur et son cal­vaire sur l’autel, nous affir­mons la royau­té de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Nous affir­mons sa divinité.

Et en détrui­sant, en quelque sorte, notre Saint Sacrifice de la messe, on a détruit l’affirmation de la royau­té de Notre Seigneur Jésus-​Christ et de sa divinité.

Et c’est pour­quoi l’adoration de la Sainte Eucharistie a tant dimi­nué de nos temps, sinon disons plu­tôt que les sacri­lèges se sont mul­ti­pliés à l’infini, depuis le concile. Il faut le dire. C’est clair. C’est net.

On a relé­gué Notre Seigneur Jésus-​Christ dans la Sainte Eucharistie hors de nos autels. On ne L’adore plus. On ne veut plus faire la génu­flexion devant la Sainte Eucharistie. C’est cela le règne de Notre Seigneur Jésus-​Christ, c’est recon­naître qu’il est Dieu. C’est recon­naître qu’il est notre Roi. Et par consé­quent, nous devons mani­fes­ter cet amour de Notre Seigneur Jésus-​Christ, l’existence de sa divinité.

Je n’en veux pour preuve qu’un fait, qui vient de se pas­ser et qui est public aux États-​Unis, au Congrès eucha­ris­tique de Philadelphie. Y a‑t-​il eu une pro­ces­sion du Saint-​Sacrement ? Non ! Il n’y a pas eu de pro­ces­sion du Saint-​Sacrement, pas plus qu’il n’y en a eu il y a quatre ans au Congrès eucha­ris­tique de Melbourne, où j’étais présent.

Pourquoi pas de pro­ces­sion devant l’Eucharistie ? Parce que l’on a vou­lu faire de ce Congrès eucha­ris­tique, un congrès œcu­mé­nique. Congrès œcu­mé­nique, c’est-à-dire avec les pro­tes­tants, avec des juifs, avec des gens qui ne croient pas en la divi­ni­té de Notre Seigneur Jésus-​Christ, qui ne veulent pas de son règne.

Comment peut-​on prier avec des gens qui sont contre notre foi, qui n’admettent pas notre foi.

Alors, ils ont posé comme condi­tion : Nous vou­lons bien par­ti­ci­per au Congrès eucha­ris­tique à la condi­tion qu’il n’y ait pas de pro­ces­sion du Saint-​Sacrement. C’est-à-dire pas d’honneur ren­du à Celui qui est notre Roi et notre Père, notre Créateur et notre Rédempteur, Celui qui a ver­sé son Sang pour nous. On ne veut plus L’honorer. Et on a accep­té, parce que pour par­ti­ci­per au Congrès avec des pro­tes­tants et avec des juifs, il fal­lait donc ne pas faire de pro­ces­sion du Saint-Sacrement.

Bien plus, on a fait une espèce de concé­lé­bra­tion avec les pas­teurs pro­tes­tants et c’était un pas­teur pro­tes­tant qui pré­si­dait la concélébration !

Tout cela crie ven­geance ! Notre Seigneur n’est plus hono­ré ; Notre Seigneur n’est plus le Roi. On L’insulte en fai­sant des choses comme celles-là.

Et si un jour les armées des com­mu­nistes déferlent sur nos pays, eh bien nous l’aurons méri­té, par les sacri­lèges qui auront été com­mis, que nous aurons admis, que nous aurons lais­sé faire, par le manque d’honneur qui n’aura pas été don­né à Notre Seigneur Jésus-​Christ. Nous ne vou­lons plus de Notre Seigneur Jésus-​Christ comme Roi, nous aurons le démon comme roi. Il vien­dra et alors, nous pour­rons par­ler de liber­té… Ceux qui auront vou­lu la liber­té, cette liber­té qui veut libé­rer l’homme tout sim­ple­ment des com­man­de­ments de Dieu et de l’Église.

Libération ! On a vou­lu se libé­rer de Notre Seigneur… On aura un autre prince qui vien­dra nous apprendre la liberté !

Alors, nous devons mani­fes­ter, nous qui avons le bon­heur de com­prendre ces choses, qui avons le bon­heur de croire en la divi­ni­té de Notre Seigneur Jésus-​Christ, en sa royau­té, nous devons le cla­mer, dans nos familles, par­tout où nous sommes. Nous devons nous réunir par­tout où il y a des groupes de chré­tiens qui croient encore à la divi­ni­té de Notre Seigneur Jésus-​Christ, à sa royau­té et qui ont l’amour dans leur cœur, l’amour que la très Sainte Vierge avait pour son Fils Jésus.

Eh bien, ceux qui ont cet amour-​là, qu’ils se réunissent et qu’ils tiennent fer­me­ment, sans hésiter.

Ce sont eux qui sont l’Église. Ce sont eux. Ce ne sont pas ceux qui détruisent le règne de Notre Seigneur. Cela il faut le dire ouvertement !

Comme l’a dit d’ailleurs le car­di­nal Suenens, ce n’est pas moi qui ai inven­té cette défi­ni­tion : « Le concile a été 89 dans l’Église ». Oui, je crois en effet que cela a été 89 dans l’Église. Lui, il s’en réjouis­sait, nous, nous le déplo­rons. Car 89 dans l’Église, c’est-à-dire le règne de la déesse Raison, ado­rée par nos ancêtres de 89, qui ont ado­ré la déesse Raison, qui ont mené à l’échafaud toutes les reli­gieuses et les reli­gieux, qui ont sac­ca­gé nos cathé­drales, détruit nos églises, qui ont vio­lé tous nos temples.

Eh bien, est-​ce que cette révo­lu­tion à laquelle nous assis­tons n’est pas pire encore que celle de 89 ?

Si nous dres­sons le bilan de ce qui s’est pas­sé depuis le concile dans nos églises, dans nos foyers, dans nos écoles, dans nos uni­ver­si­tés, dans nos sémi­naires, dans nos congré­ga­tions reli­gieuses, le résul­tat est pire que ce qui s’est pas­sé en 89.

Car, en 89, au moins, les reli­gieuses et les reli­gieux mon­taient à l’échafaud, don­naient leur sang pour Notre Seigneur Jésus-​Christ et je pense que vous êtes prêts à don­ner votre sang pour Notre Seigneur Jésus-Christ.

Mais aujourd’hui, quelle honte de voir ces prêtres qui ont aban­don­né leur sacer­doce et de voir que tous les mois encore, com­bien de prêtres vont por­ter à Rome leur demande d’abandonner le ser­ment qu’ils ont fait de ser­vir Notre Seigneur Jésus-​Christ, pour se marier. Et au bout de trois semaines, ils ont la per­mis­sion de se marier.

Est-​ce que ce n’est pas pire ? Est-​ce qu’il ne vau­drait pas mieux qu’ils montent à l’échafaud, ces prêtres, pour affir­mer leur foi en Notre Seigneur Jésus-​Christ, au lieu de L’abandonner ?

Ce qui s’est pas­sé depuis le concile est pire que ce qui s’est pas­sé à la Révolution. Il vaut mieux avoir des enne­mis décla­rés, qui déclarent la guerre à l’Église, qui déclarent la guerre à Notre Seigneur Jésus-​Christ !… Mais que ceux qui devraient hono­rer Notre Seigneur Jésus-​Christ, qui devraient L’adorer, qui devraient mani­fes­ter leur foi envers Notre Seigneur Jésus-​Christ, que ceux-​là nous apprennent à faire des sacri­lèges, à aban­don­ner Notre Seigneur, à Le vili­pen­der en quelque sorte… cela nous ne pou­vons pas l’accepter !

C’est nous qui sommes l’Église catho­lique. Ce sont ceux-​là qui se séparent de l’Église catholique.

Ce n’est pas nous qui fai­sons schisme. Nous, nous vou­lons ce règne de Notre Seigneur. Nous vou­lons qu’on le pro­clame. Nous sommes prêts à suivre ! Que nos pas­teurs disent par­tout : Nous ne vou­lons qu’un Dieu : Notre Seigneur Jésus-​Christ. Nous n’avons qu’un Roi : Notre Seigneur Jésus-​Christ. Alors nous les suivrons !

Mais que l’on ne nous fasse pas dis­pa­raître par exemple, la croix de nos autels ; que l’on ne fasse pas dis­pa­raître les croix de nos temples. C’est cela que nous devons main­te­nir. Nous devons être fermes sur ces points.

Et c’est parce que je pro­clame cela, que l’on me dit déso­béis­sant ; que l’on me dit bien­tôt schis­ma­tique. Mais pas du tout ! Je ne suis ni déso­béis­sant, ni schis­ma­tique, parce que j’obéis à l’Église, à Notre Seigneur Jésus-Christ.

Vous déso­béis­sez au pape.

Eh bien je déso­béis au pape, dans la mesure où le pape s’identifierait avec la révo­lu­tion qui s’est faite au cours du concile et après le concile.

Parce que cette révo­lu­tion est la Révolution de 89. Et moi, je ne peux pas obéir à la Révolution de 89 à l’intérieur de l’Église. Je ne peux pas obéir à la déesse Raison ; je ne veux pas m’incliner devant la déesse Raison.

Et c’est ce que l’on vou­drait que nous fas­sions. On vou­drait sup­pri­mer ce sémi­naire pour que tous, nous allions ado­rer la déesse Raison, l’Homme, le « culte de l’homme », ado­rer l’homme !

Cela non ! Jamais ! Nous n’accepterons pas cela. Nous vou­lons être obéis­sants à Dieu, sou­mis à Notre Seigneur Jésus-​Christ. Nous serons sou­mis, dans toute la mesure, où ceux qui doivent nous don­ner notre foi, seront sou­mis à la foi aus­si. Ils n’ont pas le droit de bra­der la foi. La foi ne leur appar­tient pas. La foi n’appartient pas au pape. Elle appar­tient à l’Église ; elle appar­tient à Dieu ; elle appar­tient à Notre Seigneur Jésus-​Christ. Et le pape et les évêques sont là pour trans­mettre la foi.

Dans la mesure où ils la trans­mettent, nous nous met­tons à genoux, nous obéis­sons ; nous sommes prêts à obéir immédiatement.

Dans la mesure où ils détruisent notre foi, nous n’obéissons plus. Nous ne pou­vons pas nous per­mettre de détruire notre foi.

Nous avons la foi accro­chée au cœur jusqu’à la mort. Voici ce que nous devons dire et ce que nous devons proclamer.

Alors nous ne sommes pas des déso­béis­sants, nous sommes des gens qui obéissent à Notre Seigneur Jésus-​Christ. C’est ce que l’Église a tou­jours deman­dé à ses fidèles.

Et quand on nous dit : Vous jugez, vous jugez le pape, vous jugez les évêques, ce n’est pas nous qui jugeons les évêques, c’est notre foi, c’est la Tradition. C’est notre petit caté­chisme de toujours.

Un enfant de cinq ans peut en remon­trer à son évêque. Si un évêque vient dire à un enfant : Ce que l’on vous dit sur la Sainte Trinité, qu’il y a trois Personnes dans la Sainte Trinité, ce n’est pas vrai.

L’enfant prend son caté­chisme et dit : Mon caté­chisme m’enseigne qu’il y a trois Personnes dans la Sainte Trinité. C’est vous qui avez tort. C’est moi qui ai raison.

Il a rai­son cet enfant. Il a rai­son parce qu’il a toute la tra­di­tion avec lui, parce qu’il a toute la foi avec lui.

Eh bien, c’est cela que nous fai­sons. Nous ne sommes pas autre chose. Nous disons : la Tradition vous condamne, La Tradition condamne ce que vous faites actuellement.

Alors, nous sommes avec deux mille ans d’Église et non avec douze ans d’une nou­velle Église, une église Conciliaire, comme on nous l’a dit, lorsque Mgr Benelli nous a deman­dé de nous sou­mettre à « l’église Conciliaire ». Je ne connais pas cette église Conciliaire, je ne connais que l’Église catholique.

Alors nous devons nous main­te­nir fermes sur nos posi­tions. Pour notre foi, nous devons tout accep­ter, toutes les ava­nies, que l’on nous méprise, que l’on nous excom­mu­nie, que l’on nous frappe, que l’on nous per­sé­cute. Demain, peut-​être, les pou­voirs civils nous per­sé­cu­te­ront, ce n’est pas exclu. Pourquoi ? Parce que ceux qui détruisent l’Église actuel­le­ment, font l’œuvre de la franc-​maçonnerie. C’est la franc-​maçonnerie qui com­mande partout.

Alors si elle se rend compte que nous sommes une force qui risque de mettre en péril leur pro­jet, à ce moment-​là, les gou­ver­ne­ments nous persécuteront.

Alors, nous irons dans les cata­combes, nous irons n’importe où, mais nous conti­nue­rons à croire ; nous n’abandonnerons pas notre foi. On nous per­sé­cu­te­ra. Beaucoup d’autres ont été per­sé­cu­tés avant nous pour leur foi. Nous ne serons pas les pre­miers. Mais nous sau­rons au moins don­ner l’honneur à Notre Seigneur, être ses fidèles, ne pas L’abandonner, ne pas Le tra­hir. Voilà ce que nous devons faire.

Nous devons donc être fermes et deman­der à la très Sainte Vierge Marie, en ce jour, de n’avoir comme elle qu’un amour dans notre cœur : Notre Seigneur Jésus-​Christ ; qu’un nom ins­crit dans nos cœurs : Notre Seigneur Jésus-Christ.

Il est Dieu ! Il est le Sauveur. Il est le Prêtre éter­nel. Il est le Roi de tous et Il l’est dans le Ciel. Il n’y a que Lui, le Roi dans le Ciel. Il n’y a pas d’autre roi que Notre Seigneur Jésus-​Christ dans le Ciel. C’est Lui qui fait le bon­heur de tous les élus, de tous les anges, de sa Sainte Mère, de saint Joseph.

Eh bien, nous, nous vou­lons par­ti­ci­per aus­si à cet hon­neur, à cette gloire, à cet amour de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Nous ne connais­sons que Lui et nous ne vou­lons connaître que Lui.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.