Alliance contre-nature de l’Eglise conciliaire et de la franc-maçonnerie…
Au cours de deux conférences, faites à Barcelone et Madrid au moment même où se tenait la première réunion d’Assise, Mgr Lefebvre a retracé le chemin ouvert et suivi par le libéralisme jusqu’à l’assujettissement de l’Église aux exigences de la Franc-Maçonnerie.[1]
Le libéralisme est un péché
Non seulement le libéralisme est un péché grave qui atteint l’honneur de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais c’est une religion. Nous mourons du libéralisme et de ses conséquences. Voilà deux siècles qu’il s’est répandu partout, dans nos écoles, dans nos sociétés. C’est un poison qui détruit les commandements de Dieu, tout ce qui fait la beauté et la grandeur de la civilisation chrétienne.
Il est bon de le cerner, comme l’a fait Léon XIII à propos de la Franc- Maçonnerie, dans son encyclique Humanum genus :
« Il faut leur arracher leur masque et les montrer tels qu’ils sont, pour que nous les évitions et que nous évitions leurs erreurs ».
Je crois que le libéralisme est un fruit de la Franc-Maçonnerie et qu’il doit être démasqué de façon que l’on en saisisse tous les dangers.
Le libéralisme a sa déesse : c’est la liberté. Au moment de la Révolution française, on a adoré la déesse Raison dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, c’est-à-dire la liberté, la liberté de l’Homme, cette liberté qui a sa statue à l’entrée de New-York, que l’on a fêtée d’une manière incroyable il y a peu de temps. L’Homme est libre, enfin délivré de toute loi et en particulier de la loi de Dieu. La liberté c’est la déesse de la religion du libéralisme.
Le libéralisme a son sacerdoce, en la personne des francs-maçons, sacerdoce secret, organisé, extrêmement efficace. Il existe des milliers et des milliers de francs-maçons. Rien que la secte exclusivement juive des B’nai B’rith, qui a ses entrées à Rome de manière très fréquente et qui était présente à la réunion d’Assise, compte cinq cent mille membres dans le monde. Le Grand Orient est lui aussi répandu partout.
Le libéralisme a ses dogmes : ce sont les constitutions des droits de l’homme. Ces droits du libéralisme – les papes nous l’ont enseigné – ce sont les instruments inventés par la Franc-Maçonnerie contre Dieu, pour libérer l’homme de Dieu. Désormais l’homme est libre de pécher, de désobéir à Dieu… Liberté, liberté de la presse… Ce sont ces libertés inscrites dans les droits de l’homme, qui ont été condamnées par les papes pendant un siècle et demi.
Le libéralisme a sa morale qui est tout simplement l’immoralité : aucun frein à la liberté. Depuis vingt ans on a réussi à introduire dans presque toutes les législations des États, tous les principes qui vont à l’encontre de la morale catholique, comme l’avortement, l’union libre – le concubinage étant fiscalement favorisé.
Le libéralisme a sa politique : celle de la démocratie, la démocratie du nombre. C’est le peuple qui – soidisant – commande. Mais en fait il s’agit de mieux l’asservir, le dominer, le déposséder au profit d’un État omnipotent, d’un socialisme totalitaire qui peu à peu ruine le droit de propriété, qui fait travailler le citoyen pendant un tiers de l’année pour l’État. Les citoyens deviennent pratiquement esclaves de l’État totalitaire. Voilà la politique du Libéralisme, soi-disant liberté.
Le libéralisme a son enseignement : il veut qu’il soit athée, laïque et unique par toute la nation. En France, ce ne sont pas les évêques qui ont défendu la liberté d’enseignement, ce sont les familles. S’il n’y avait pas eu deux millions de personnes qui s’étaient rendues à Paris pour faire échec à la loi socialiste sur l’enseignement, il y aurait aujourd’hui, en France, un enseignement unique et l’enseignement privé aurait disparu.
Le libéralisme a son économie, dirigée par les groupements financiers internationaux. Dans la mesure où les États appliquent la morale libérale, l’économie libérale, l’enseignement libéral, les lois libérales, même s’ils contractent des dettes énormes, ils sont soutenus par le Fonds Monétaire International.
En revanche, le général Pinochet, un catholique qui veut défendre l’ordre dans son pays, on essaye par tous les moyens de l’abattre et de ruiner le Chili. De même tous les moyens sont employés pour déstabiliser l’Afrique du Sud.
Le Vatican lui-même n’a pas échappé : il a été ruiné par la finance internationale. À l’époque du cardinal Villot et – hélas – sous la protection de Jean XXIII et grâce à sa naïveté, les francs-maçons ont pénétré les finances pontificales par le canal de Mgr Marcinkus, de la Banco Ambrosio et de la fameuse Logia P 2. Ils ont conseillé le transfert des avoirs du Vatican au Canada. Un institut bancaire a été créé avec cet argent. Mais il n’a pas tardé à faire faillite et la fortune du Vatican a disparu. Le cardinal Villot ne l’a pas dissimulé : « Nous avons fait faillite. Nous avons tout perdu. Nous avons été obligés de licencier des employés et de diminuer les salaires ». Le Vatican s’est trouvé financièrement au bord de l’anéantissement.
Évidemment, les francs-maçons se sont empressés et la finance internationale est intervenue :
« Ne vous souciez pas, nous sommes là. Si vous avez besoin d’argent, en voici, tant que vous voudrez. Nous vous soutiendrons ».
Même si le Vatican constate encore publiquement le très mauvais état de ses finances, ce soutien explique les pressions qui peuvent être exercées sur Rome pour la nomination des évêques, ou de tel ou tel cardinal et puis pour imposer tout ce que fait le Pape. Il est pratiquement maintenant au service du libéralisme maçonnique. Il nous faut dire les choses comme elles sont.
Assise : la super-religion
Nous venons de le voir [2] au cours de la cérémonie d’Assise qui n’est autre chose que le but que se sont fixé les francs-maçons par la liberté religieuse : l’instauration d’une superreligion. Car, la maçonnerie libérale a aussi ses mythes : super-religion, super-gouvernement mondial, mettre en fait la main sur tout ce qui a un peu d’influence dans le monde. On n’a pas fait grand bruit autour d’une réunion qui illustre cette volonté de super-religion et qui a eu lieu le 27 septembre à Assise également. Elle était dirigée par le prince Philippe d’Édimbourg, le mari de la reine Élisabeth. Ce fut une chose affreuse, bien pire que celle qui a eu lieu hier. Cela s’est passé au milieu de la basilique Saint-François, avec la participation des cinq grandes religions, réunies sous l’égide d’un franc-maçon, avec l’autorisation de Rome… pour la protection de la nature ! Les journaux italiens ne s’y sont pas trompés en titrant :
« La superreligion présidée par le prince Philippe d’Édimbourg ».
Le supérieur général des franciscains, le père Franco Zerini assistait à cette cérémonie qu’il a qualifiée d”« harmonie écologique de l’humanité ». Chacune des religions renonçait finalement à ses dogmes, à sa doctrine, à la prétention qu’un homme qui a vécu il y a deux milles ans, soit lui-même la Voie, la Vérité et la Vie. Scandale ! Blasphème ! C’est fini cette « prétention » pour Notre- Seigneur Jésus-Christ d’être la Voie, la Vérité et la Vie. C’est du passé !
Comment ne pas voir une relation entre cette « cérémonie » – beaucoup plus scandaleuse certes – et la réunion d’hier ? Leur but est identique. L’une et l’autre constituent des étapes vers la super-religion, voulue par la Franc- Maçonnerie, réalisée par le Vatican. Cela paraît tellement affreux que l’on ne peut pas croire qu’une telle « cérémonie » ait été autorisée par Rome. Il y a malheureusement un petit fait, qui démontre que c’est cependant tristement exact. Le père Franco a demandé à Rome l’autorisation pour une danseuse hindoue de se produire devant l’autel Saint-François dans la basilique. Le Vatican a hésité un moment, puis a donné son accord, la danseuse devant exprimer un hymne au soleil. Un hymne au soleil, païen, par une danseuse hindoue… alors que l’on garde en mémoire le magnifique Cantique du soleil de saint François, si beau, si élevé, si surnaturel. C’est un véritable sacrilège !
Monseigneur a ensuite rappelé le rôle joué par le cardinal Béa à la demande des B’nai B’rith, qui a reçu leur médaille d’or en reconnaissance de l’insertion et de l’approbation qu’il avait obtenues de la liberté religieuse qu’ils exigeaient dans les textes conciliaires.
Par la liberté religieuse [3] est venue l’oecuménisme et par lui toutes les réformes qui se sont faites dans l’Église, les changements liturgiques, l’introduction de la collégialité pour faire plaisir aux protestants et à l’esprit démocratique de notre temps. Tout est venu de cette acceptation de la liberté religieuse et des principes du monde moderne. C’est clair et si nous n’avons pas cela présent à l’esprit, nous ne pouvons pas comprendre ce qui s’est passé dans les coulisses du Concile, ni ce qui se passe aujourd’hui dans celles du Vatican. Comme l’a dit Léon XIII dans Humanum genus, le but de la Franc-Maçonnerie est de détruire toutes les institutions chrétiennes, tout ce que le christianisme a apporté dans la société, la famille, l’école, la justice et la paix chrétienne. Il faut supprimer tout cela. C’est le but du démon : Non serviam. Je ne servirai pas. Je ne veux pas obéir à la loi du Bon Dieu. Je veux la liberté.
Notre Seigneur est venu sur la terre pour instituer LA religion. Il n’y a qu’une seule religion. Ceux qui ne s’y seront pas convertis ne pourront pas entrer au Ciel.
Notre Seigneur a dit à ses Apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations ». Il n’a pas dit : laissez les bouddhistes tranquilles, les musulmans, les païens tranquilles. Ils ont chacun leur religion. Il ne faut pas les déranger.
Les missionnaires sont partis, ils se sont fait tuer, ils ont versé leur sang, ils ont été martyrs. Maintenant après le réunion d’Assise, comment être missionnaire ? Pourquoi partir en Afrique ? Pourquoi partir dans les Indes ? Pourquoi partir en Chine pour les convertir, puisque toutes les religions sont également un moyen de salut ? Pourquoi inquiéter les gens qui sont dans une autre religion ? L’oecuménisme c’est la fin des missions, de l’esprit missionnaire. C’est extrêmement grave. L’Église est essentiellement missionnaire. « Euntes, ite, docete. – Allez, enseignez. » C’est un changement radical, épouvantable. Ce n’est pas étonnant qu’il n’y ait plus de vocations missionnaires, plus de vocations sacerdotales.
Faisons nôtre la devise de la Bretagne : « Potius mori quam foedari. – Plutôt mourir que trahir ».
Nous préférons mourir que trahir notre vocation, trahir Notre-Seigneur Jésus- Christ. Pour ma part je n’ai pas d’idées personnelles, j’ai seulement l’idée de l’Église. J’ai toujours dit à mes séminaristes, ne dites pas : je suis un disciple de Mgr Lefebvre. Non. Je suis le disciple de l’Église, de la Tradition de l’Église, de vingt siècles d’Église.
Non, je ne suis pas seul, car j’ai vingt siècles d’Église avec moi. Je suis l’écho de millions et de milliards d’évêques, de fidèles et de tous les siècles de l’Église passée, pour continuer l’Église. Ce sont ceux qui abandonnent la foi de l’Église, qui, eux, trahissent l’Église. Au lieu de détruire l’Église, j’ai passé ma vie à construire l’Église.
† Marcel Lefebvre
- Introduction de l’article extrait de Fideliter n° 55 , repris dans le Rocher n° 104 de décembre 2016[↩]
- Conférence donnée à Madrid le 28 octobre 1986. [↩]
- Déclaration Nostra Aetate du 28 octobre1965 – Déclaration sur l’Église et les Religions Non-Chrétiennes – Paul VI [↩]