Mes bien chers frères,
Vous devinez que ce n’est pas sans une certaine émotion que je prends la parole aujourd’hui, dans ces circonstances si douloureuses qui nous touchent tous profondément, nous qui avons connu et estimé notre cher ami Christian Sermier. Et nous voudrions au début de ces quelques mots, adresser nos profondes et sincères et cordiales condoléances à son épouse, à ses enfants et à toute sa famille.
Mais ce serait trahir en quelque sorte sa mémoire que de demeurer sur ces sentiments de douleur et de stupéfaction, car nous avons eu en la personne de cet ami si cher, un exemple extraordinaire, un exemple de foi, un exemple de piété, un exemple de père de famille. Nous l’avons vu et plus particulièrement les membres de sa famille qui l’ont suivi plus près que nous encore, ont pu juger du courage et de sa foi, dans l’épreuve que le Bon Dieu lui a envoyée.
Épreuve d’une maladie qui lui a fait subir des traitements douloureux, pénibles, particulièrement lorsqu’il était à Genève. Et tous ceux qui ont eu l’occasion de le voir, de le rencontrer dans ces moments difficiles sont revenus édifiés, profondément bouleversés en voyant avec quel esprit de foi, avec quel courage, avec quelle maîtrise de lui-même, avec quel esprit de prière il supportait ses souffrances.
Et puis l’on a espéré que le Bon Dieu lui accorderait encore de nombreuses années et voilà que la maladie le reprenant de nouveau, subitement, il nous a quittés, nous laissant cet exemple. Leçon précieuse pour ses enfants, leçon précieuse aussi pour nous, surtout en ce temps où la foi a tellement diminué dans les cœurs, dans les intelligences, dans les volontés. Il nous a montré ce que pouvait être encore un homme qui croyait, qui croyait en Dieu, qui croyait en la Rédemption de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui croyait en la très Sainte Vierge Marie.
Que de fois au cours des voyages que nous avons faits ensemble, dans lesquels il m’accompagnait si aimablement, si charitablement, il récitait son chapelet. Il avait une dévotion profonde pour la très Sainte Vierge Marie et c’est certainement elle qui l’a soutenu dans ses derniers moments et qui lui a permis d’avoir ce courage, ce courage d’accepter l’épreuve, de se remettre dans les mains du Bon Dieu et de montrer ainsi à tous ceux qui l’ont connu un exemple admirable.
Où trouvait-il la force de cette Foi ? Où trouvait-il la source de cette grâce particulière qui l’a montré en exemple à ceux qui l’entouraient, dans la Sainte Messe. Il aimait assister à la Sainte Messe et particulièrement à la Sainte Messe de toujours. Il aimait préparer l’autel. Il aimait servir la Sainte Messe. Combien de fois je l’ai entendu parler de tout ce qui était nécessaire pour le Saint Sacrifice de la messe. Il voulait que le Saint Sacrifice de la messe soit célébré dignement. Il voulait que tout ce qui touche à l’autel soit beau, soit convenable et soit digne du Seigneur qui descendait sur l’autel. Avec quel respect, quelle dévotion, il m’a servi la messe souvent. Oui, il nous a laissé un exemple qui doit demeurer.
Bienheureuses les familles qui ont des enfants qui ont vu une pareille foi. Bienheureux le pays qui a encore des hommes qui ont cette foi si rayonnante et si encourageante.
Mes bien chers frères, voyez comme l’Église est bonne. Toutes ces cérémonies que nous vivons actuellement, que nous vivons aujourd’hui, nous montrent la maternité de l’Église.
Si nous, nous ne pouvons plus rien pour lui en cette vie ici-bas puisqu’il nous a quittés, nous pouvons au moins prier avec la Sainte Église et éprouver un peu en nous, les sentiments que l’Église éprouve pour celui qui vient de nous quitter. C’est l’Église qui le prend en charge en quelque sorte désormais.
Celui qui a été baptisé, celui qui a reçu sa Première communion, celui qui a été confirmé, celui qui a été marié religieusement, celui qui a reçu l’extrême-onction et qui s’est nourri si souvent de la grâce des sacrements de pénitence et de l’Eucharistie, est vraiment membre de l’Église. Et alors l’Église ne l’oublie pas. L’Église ne peut pas se séparer de ses enfants. Et en ces derniers moments, l’Église nous montre son amour maternel, elle le reçoit à la porte de l’Église. Elle le reçoit en demandant à tous les saints d’accourir :
Sub venite sancti Dei : « Venez, saints de Dieu ».
Occurrite, Angeli Domini : « Accourez, anges du Seigneur ».
Venez accompagner cette âme et la présenter à Dieu et faites-vous les avocats de cette âme qui désormais doit participer à votre bonheur. Et si quelques taches se trouvent encore dans cette âme, demandez à Dieu que la purification de cette âme ne soit pas trop longue et qu’enfin elle puisse arriver au bonheur éternel.
C’est cela le sens de toutes les prières que nous chantons, car nous ne devons pas oublier que Dieu est Dieu, que nous, pauvres pécheurs, nous présentant devant Dieu, c’est le cri de la Sainte Église qui vient sur nos lèvres :
Si iniquitates observaveris, Domine, Domine qui sustinebit ?
« Si vous tenez compte de nos iniquités, Seigneur, Seigneur, qui pourra subsister devant vous ? »
Qui pourra soutenir votre regard ? Eh oui, pauvres pécheurs que nous sommes, il y aura toujours quelque chose à nous reprocher. Nous ne serons pas parfaits, nous ne serons pas tout à fait purs. Alors peut-être qu’il faudra que nous passions au Purgatoire, que nous soyons purifiés avant d’arriver au bonheur éternel.
Mais l’Église est toute remplie d’espérance. Et c’est l’espoir de cette réception par le Bon Dieu, cette réception définitive au Paradis qui la fait chanter, qui la fait prier. Et tout à l’heure, nous chanterons encore ce chant In paradisium, Oui, que dans le Paradis, les anges vous conduisent. Voilà ce que nous souhaitons pour ce cher Monsieur Sermier. Car, en définitive c’est bien pour chacun de nous le sort qui nous attend.
Un jour aussi, nos parents, nos amis, seront autour de nous dans les mêmes conditions. Nous devons y penser tous les jours de notre vie et nous préparer à ce bonheur éternel pour lequel le Bon Dieu nous a créés.
Confions-nous à la très Sainte Vierge Marie et demandons à ce cher Christian Sermier, de rester auprès des siens, auprès de sa famille, afin de nous garder dans l’amour de la très Sainte Vierge Marie, cet amour qu’il avait comme un enfant, un enfant auprès de sa mère.
Et bien que cet amour soit aussi le nôtre. Nous sommes persuadé que cet amour de la Vierge Marie, notre Mère du Ciel, sera pour lui le gage de la résurrection éternelle.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.