Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Cette fête émouvante de la Purification de la très Sainte Vierge, fête si ancienne dans l’Église, qu’elle remonte vraiment à ses premiers temps.
Et comme la conclusion de toutes les fêtes qui depuis la Nativité ont émaillé tout ce temps de la Nativité, de l’Épiphanie – et si nous pouvons résumer ce temps liturgique de la Nativité, de l’Épiphanie – nous pourrions dire que ce temps a été celui des témoins. Témoins de Notre Seigneur Jésus-Christ, témoins de la Lumière, de la Lumière qui est venue en ce monde ; de cette lumière qui illumine tout homme venant en ce monde :
Quæ illuminat omnem hominem veniantem in hunc mundum (Jn 1,9).
Comme le dit saint Jean : Erat lux vera (Jn 1,9) : Oui, Jésus est la vraie lumière. Il l’a dit Lui-même : Je suis la lumière du monde : Ego sum lux mundi.
Lumière qui nous apporte la clarté et la vérité dans nos intelligences et en même temps qui nous apporte la vie de l’Esprit Saint, la charité dans nos cœurs.
Ces témoins ont été nombreux. Déjà avant la nativité, c’est l’ange Gabriel qui témoignait de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, en annonçant la Bonne Nouvelle à la Vierge Marie. Puis ce fut la Vierge Marie elle-même, dans son Magnificat. Et puis, ce fut Élisabeth, Joachim, témoins de la divinité de Notre Seigneur. Saint Jean-Baptiste lui-même, dans le sein de sa mère, manifestait la grandeur de Dieu qui venait le visiter.
Et puis ce furent les bergers de Bethléem invités par les anges du Ciel, à chanter la gloire de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ce furent ensuite les Rois Mages qui vinrent s’humilier devant cet Enfant dans la crèche, reconnaissant sa royauté, reconnaissant tous ses privilèges de Roi.
Et puis aujourd’hui, l’Église nous rappelle que deux témoins privilégiés ont accueilli Marie et Joseph et l’Enfant-Jésus dans le Temple. Ce sont Siméon et la prophétesse Anne – qui, dit l’Évangile – avaient attendu la venue de Jésus afin de témoigner précisément de la venue du Messie.
Et alors, le vieillard Siméon, prenant l’Enfant-Jésus dans ses bras chante son Nunc dimittis. Quelle magnifique nuée de témoins qui nous ont précèdes, dans le témoignage que nous devons rendre à la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Peut-il y avoir une fête qui corresponde mieux, mes chers amis, à ces cérémonies auxquelles nous allons assister dans quelques instants. Pour vous qui allez recevoir, dans quelques instants, la livrée du Seigneur, qui allez devenir des clercs, qui allez revêtir la soutane et le surplis, vous allez précisément au milieu de ce monde pervers, au milieu de ce monde qui représente vraiment les ténèbres dont parle aussi saint Jean :
Et lux in tenebris lucet et tenebræ eam ‚non comprehenderunt (Jn 1,5) : « La lumière s’est levée dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas compris ».
Eh bien vous aussi, qui allez revêtir la soutane aujourd’hui, vous vous levez dans un monde de ténèbres et vous allez porter la lumière au monde.
Quelle magnifique vocation est la vôtre. À la suite de tous ces témoins que je viens d’énumérer, vous allez, vous aussi, en ce vingtième siècle qui ne veut plus recevoir Notre Seigneur Jésus-Christ, ce monde qui se croit adulte ; ce monde qui ne veut plus s’incliner devant Notre Seigneur Jésus-Christ, qui ne veut plus imiter les Rois Mages qui se sont agenouillés devant cet Enfant pauvre, indigent, dans cette crèche, dans cette étable, eh bien vous allez être des témoins, témoins de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et devant ce monde rationaliste, devant ce monde pervers, qui se croit plus que Dieu, qui se déifie lui-même, vous allez leur apprendre qu’il faut s’incliner devant Dieu ; qu’il faut adorer Notre Seigneur Jésus-Christ. Et l’adorer particulièrement dans la Sainte Eucharistie. Il faut que le monde s’humilie à nouveau devant Notre Seigneur Jésus-Christ ; qu’il s’agenouille devant ce grand mystère comme l’ont fait les Rois Mages devant ce mystère de l’Enfant-Jésus, Créateur du monde et de l’univers, venu dans une crèche. Il faut aussi que le monde d’aujourd’hui s’agenouille devant l’Eucharistie et reconnaisse la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ et sa présence dans la Sainte Eucharistie, la présence de son Esprit Saint.
Voilà ce que vous porterez au monde. Et vous le ferez courageusement. Oh, vous serez persécutés, vous serez contredits, vous serez ridiculisés, vous serez condamnés. Eh bien vous suivrez aussi ceux qui ont souffert pour le témoignage de Notre Seigneur Jésus-Christ. Vous serez ces martyrs, qui veut dire précisément témoins, témoins de Notre Seigneur.
Et toutes les cérémonies qui, dans quelques instants, vont se dérouler sous nos yeux, toutes les paroles du Pontifical, paroles dont on ne connaît même plus bientôt les origines, tellement elles sont lointaines et vraiment expriment toute la foi de l’Église, la foi de l’Église de toujours. Ces paroles vont vous dire et vous redire que vous portez la lumière ; que vous êtes lumière ; que vous devez luire ; que votre lumière doit luire dans les ténèbres.
Pour vous Acolytes qui allez porter la lumière, pour vous Exorcistes qui allez lutter contre le démon, contre ses ténèbres qui sont toujours si puissantes aujourd’hui ; pour vous Lecteurs, qui allez, dans un lieu élevé, prêcher, porter la parole de l’Évangile à ceux qui ne la connaissent pas ; et pour vous Portiers, vous allez, en gardant le temple du Seigneur, manifester la sainteté de ce temple par la présence de Celui qui l’habite, par Dieu Lui-même qui habite ce temple : Hæc est Domus Dei et porta cœli : Ici c’est la demeure de Dieu et la porte du Ciel.
Mais vous surtout qui allez revêtir la soutane aujourd’hui, ce sera pour vous un grand changement dans votre vie, non pas seulement un changement extérieur, mais aussi un changement intérieur. Il faudra que vous soyez digne de l’habit que vous portez. Le monde attend cela de vous. Je dirai même le monde païen, le monde qui refuse Dieu, le monde qui lutte contre Dieu, attend de vous ce témoignage. Et à plus forte raison ceux qui ont gardé la foi. Les chrétiens aujourd’hui désemparés, abandonnés par leurs pasteurs. Ces chrétiens qui ne reçoivent plus la lumière de leurs prêtres. Car leurs prêtres ne leur apprennent plus la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ ; ne leur apprennent plus à s’agenouiller profondément pour adorer Notre Seigneur dans la Sainte Eucharistie. Pauvres fidèles abandonnés par des pasteurs indignes !
Alors vous n’hésiterez pas à vous placer dans, la succession des vrais pasteurs ; de ceux qui ont toujours enseigné la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ : Que votre règne arrive ; que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel.
Voilà ce que nous a enseigné Notre Seigneur. Et vous serez de ceux qui enseignent cela aux fidèles, qui ont besoin d’entendre cela ; qui ont besoin de savoir que Notre Seigneur Jésus-Christ doit régner, non pas seulement dans le Ciel, mais ici-bas, dans nos cœurs, dans nos âmes, dans les familles, dans la Société. Tout appartient à Notre Seigneur ; tout est à Lui. Nous n’avons pas le droit de Lui soustraire quoi que ce soit de son royaume.
Alors vous demanderez et nous demanderons tous ensemble avec la très Sainte Vierge Marie dont nous fêtons la Purification, nous demanderons d’avoir cette foi, cette foi profonde.
Oh imaginez, combien la Vierge Marie devait croire en son divin Fils ; elle y a cru jusqu’au martyre, jusqu’à sa Passion, car elle a eu aussi sa Passion. Un glaive a transpercé son, cœur.
Eh bien vous accompagnerez Marie jusque dans sa Passion. Et vous demanderez à la très Sainte Vierge Marie de vous donner sa foi. Que jamais votre foi ne défaille ; que jamais vous ne soyez de ceux qui se compromettent avec le monde ; de ceux qui ont peur de proclamer la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ ; de ceux qui hésitent devant la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ et de toutes ses conséquences, les conséquences les plus ultimes de cette foi en Notre Seigneur Jésus-Christ.
Soyez fidèles, fidèles à la Vierge Marie, fidèles à vos engagements, fidèles à l’habit que vous allez recevoir aujourd’hui, fidèles à l’Église, fidèles à tous ceux qui vous ont précédés et qui ont donné leur vie et parfois leur sang pour attester la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.