Mes bien chers frères,
Mes bien chers amis,
Au cours de cette nuit de Noël, nous avons écouté la liturgie que l’Église nous a préparée pour entretenir notre foi et nous hésiterions dans la richesse des vérités qui nous ont été exposées dans cette liturgie, sur celles qui devaient être l’objet particulier de nos méditations.
Cependant, il en est une qui est essentielle à cette journée et qui est répétée fréquemment dans la Sainte Écriture et répétée aussi dans la sainte Liturgie d’aujourd’hui : Pourquoi celui qui est né et qui vit éternellement dans la Trinité Sainte – nous venons de l’entendre dans la lecture de l’Évangile – s’est fait homme, est né dans le sein de la Vierge Marie ?
Nous pouvons nous demander pour quelle raison, comme saint Joseph qui, hésitant devant l’événement qui survenait à la Vierge Marie, les bergers également stupéfaits, par la voix des anges, se demandent quelle est cette nouvelle qui est annoncée et ce sont les anges eux-mêmes qui répondent à Joseph et qui répondent aux bergers.
« Ne crains pas d’accepter Marie pour ton épouse, dit l’ange, car Celui qui naîtra d’elle, sera Celui qui sauvera son peuple de ses péchés ».
Et aux bergers les anges annoncent également que Celui qu’ils sont invités à aller adorer, à porter leurs hommages. Celui-là, c’est le Sauveur du monde : Hic est salvatorem mundi.
Et la liturgie donne une place spéciale à cette vérité que Notre Seigneur Jésus-Christ est le Sauveur du monde. Rarement la liturgie nous fait ajouter des paroles au Canon de la messe, mais aujourd’hui elle exprime cette vérité d’une manière particulière dans le Canon de la messe. C’est en effet le Sauveur du monde qui s’offre sur nos autels. Et pourquoi ? Demandons-nous pourquoi Notre Seigneur Jésus-Christ est-il nommé le Sauveur ?
Cette notion de Sauveur évoque une multitude de vérités qui nous sont salutaires, qu’il est bon de méditer, qu’il est bon de reconnaître. Sauveur, parce que nous avons péché. Sauveur, parce que Dieu a décidé que le Verbe s’incarnerait pour nous sauver de nos péchés. Sauveur, Il le sera par la décision divine prise de toute éternité et déjà annoncée à nos premiers parents. Il le sera par la Croix, par son Sacrifice. Enfin, Sauveur Il le sera dans la gloire de l’éternité, en réunissant autour de Lui tous ceux qui ont cru qu’Il était le Sauveur et qu’Il était le Fils de Dieu incarné.
C’est tout cela que doit évoquer en nous cette grande vérité qui caractérise et qui est comme l’essence même de la Personne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est essentiellement notre Sauveur. Il est notre Sauveur depuis qu’Il a été conçu dans le sein de la Vierge Marie. Et à l’énumération de toutes ces vérités, nous pouvons déjà ressentir les sentiments que nous devons avoir et les vertus que nous devons ; pratiquer, pour être vraiment dignes de recevoir notre Sauveur et de l’imiter.
Pécheurs, nous sommes pécheurs. Songeons que Notre Seigneur Jésus-Christ aurait pu ne pas s’incarner, que Dieu aurait pu ne pas vouloir notre Rédemption. Que serions-nous devenus ?
Saint Paul le dit bien : Nous étions tous destinés à la mort. Fils de colère. Alors c’est un sentiment d’humilité qui doit envahir nos âmes. Pécheurs nous le sommes. Et nous le sommes après que Dieu nous a manifesté sa charité d’une manière extraordinaire en nous créant.
Et voici que désormais nous aurons à exprimer aussi cette humilité vis-à-vis du Dieu incarné.
L’humilité, la très Sainte Vierge nous en a montré l’exemple et c’est parce qu’elle a été humble qu’elle a été choisie par le Seigneur. L’humilité, nos crèches nous le rappellent : Jésus, le Fils de Dieu, Celui qui a tout fait, qui a tout créé. Celui sans lequel nous ne pourrions opérer, nous ne pourrions vivre, nous ne pourrions pas nous mouvoir, Jésus s’est incarné et Il se présente aujourd’hui comme un enfant, dans une crèche. Quelle humilité ! Quelle leçon pour nous, nous qui sommes pécheurs, alors que Jésus n’est pas pécheur. Mais Il est venu pour porter nos péchés et a voulu ainsi nous montrer qu’il fallait pratiquer l’humilité si nous voulions vraiment être dans les dispositions nécessaires pour que nos péchés soient vraiment rachetés.
L’humilité se joindra aussi au sentiment de contrition, de pénitence, de renoncement et Notre Seigneur Jésus-Christ nous l’enseigne également. Lui qui n’a pas péché. Renoncement. Il est rejeté d’une hôtellerie vers laquelle se dirigeaient Joseph et Marie pour y trouver un abri pour la naissance de Jésus.
Non, il n’aura même pas cette hôtellerie, cette auberge. Il naîtra dans une crèche, dans le renoncement le plus parfait, le plus complet et dans quelques jours. Il devra même renoncer à demeurer dans son village natal. Un ange annoncera à Joseph que Hérode veut tuer l’Enfant Jésus et il lui intimera l’ordre de partir immédiatement pour l’Égypte.
Nous devons donc aussi, imiter Notre Seigneur Jésus-Christ dans notre renoncement, si nous voulons vraiment profiter des mérites du Sauveur qui se présente à nous.
Notre Seigneur a choisi pour nous sauver : sa Croix, son Sacrifice. Alors, nous aussi, il nous faudra Le suivre, Le suivre tout au long de sa vie qui n’est qu’une offrande, offrande de la Victime qui va s’immoler sur la Croix.
Retenons la leçon que nous donne Notre Seigneur, par obéissance parfaite à la volonté de Dieu. Tout au cours de sa vie, Il sera obéissant, obéissant jusqu’à la mort de la Croix.
Que nous aussi, nous sachions accepter les sacrifices en obéissant à la volonté du Bon Dieu, que nous acceptions les épreuves, afin de nous sanctifier, afin de recevoir en abondance les mérites de la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Mais si Jésus a décidé de mourir sur la Croix pour nous racheter, pour être notre Sauveur, Il a voulu aussi que cette Croix soit une victoire, que cette Croix porte en elle l’espérance, que cette Croix porte en elle toute la gloire, la gloire dont Il sera revêtu au Ciel, car bientôt Il ressuscitera et Il retournera dans la gloire du son Père.
Alors Il nous demande de Le suivre dans cette gloire. Il nous demande de Le suivre au Ciel pour la vie éternelle. C’est pour cela qu’il est venu. C’est pour cela qu’Il s’est fait notre Sauveur.
Alors que ferons-nous ? Ferons-nous comme Hérode ? Persécuterons-nous Notre Seigneur ? Ou ferons-nous comme ces gens de l’auberge qui ont tout simplement rejeté Notre Seigneur de leur maison ? Ou oublierons-nous Notre Seigneur, notre Sauveur ? Ferons-nous comme tant d’âmes aujourd’hui qui s’éloignent de Notre Seigneur Jésus-Christ par indifférence, par attachement aux biens de ce monde, par manque de renoncement, par manque d’humilité, étant tout entiers remplis d’égoïsme et d’orgueil ?
Eh bien, remercions le Bon Dieu qui nous a fait la grâce d’être baptisés et de nous confirmer dans cette grâce du baptême et par conséquent de nous encourager à maintenir les promesses de notre baptême.
Aujourd’hui, en cette fête de Noël, renouvelons les promesses de notre baptême. Demandons à Jésus de Le suivre, de Le suivre courageusement au milieu de toutes les épreuves de la vie, au milieu de toutes les difficultés de la vie chrétienne.
Demandons-Lui la grâce d’être auprès de Lui, comme la Vierge Marie, comme saint Joseph. Vivons de cette union à Notre Seigneur Jésus-Christ, particulièrement dans la Sainte Eucharistie. Car si Jésus a voulu mourir sur la Croix et rentrer dans sa gloire, Il ne nous a pas oubliés. Il nous a laissé son Sacrifice et Il nous est resté Lui-même, comme victime, afin que nous puissions avoir cette union intime avec Notre Seigneur, dans la Sainte Eucharistie et dans le Saint Sacrifice de la messe.
Voilà ce que nous apprend cette grande vérité de la Rédemption de Notre Seigneur Jésus-Christ, de ce titre qui lui est donné si fréquemment par la liturgie : le Sauveur. Il est le Sauveur du monde. Que nous aussi, nous participions aux mérites de Notre Seigneur Jésus-Christ dans cette Rédemption, afin que nous puissions un jour Le suivre dans sa gloire et y retrouver avec la très Sainte Vierge Marie, saint Joseph, tous les anges qui ont si bien chanté la fête de Noël et tous ceux qui nous ont précédés : nos parents et amis qui partagent les fruits de la Rédemption.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.