Sermon de Mgr Lefebvre – Pentecôte – Confirmations – 22 mai 1983

Mes bien chers frères,
Mes bien chers enfants,

La Pentecôte est une occa­sion admi­rable pour don­ner le sacre­ment de confir­ma­tion. C’est la fête du Saint-​Esprit. Et la confir­ma­tion est pré­ci­sé­ment le sacre­ment qui a été ins­ti­tué par Notre Seigneur Jésus-​Christ pour nous don­ner la plé­ni­tude des dons du Saint-Esprit.

Nous avons besoin, mes bien chers frères, de nous rap­pe­ler que nous aus­si nous avons reçu le sacre­ment de confir­ma­tion, afin de res­sus­ci­ter en nous cette grâce dont nous avons tant besoin, aujourd’hui plus que jamais. Dans toutes les dif­fi­cul­tés que tra­verse l’Église, nous avons besoin de toute cette Lumière et de cette force que nous donne l’Esprit Saint, par ses grâces, par ses sacre­ments, afin de nous main­te­nir dans la foi catho­lique et de demeu­rer fidèles à l’Église de tou­jours comme tous ceux qui nous ont pré­cé­dés pen­dant vingt siècles et qui, à tra­vers les dif­fi­cul­tés de la vie, sont arri­vés à la vie éternelle.

Beaucoup ont eu à souf­frir, beau­coup même ont don­né leur vie pour main­te­nir leur foi catho­lique et nous le voyons encore main­te­nant, der­rière le « rideau de fer ». Combien de per­sonnes, là-​bas, souffrent dans les camps de concen­tra­tion, uni­que­ment à cause de leur foi, à cause de leur foi catholique.

Alors, nous, qui aus­si avons à lut­ter dans notre milieu, dans l’ambiance dans laquelle nous sommes, contre tout ce laisser-​aller, cette liber­té que cha­cun prend aujourd’hui avec les com­man­de­ments de Dieu, avec les ver­tus chré­tiennes, nous devons lut­ter, nous devons deman­der au Bon Dieu, au Saint-​Esprit, ses grâces dont nous avons besoin pour demeu­rer fermes dans la foi et atta­chés à Notre Seigneur Jésus-Christ.

Mes bien chers enfants, par vos chers parents, par les prêtres qui se sont occu­pés de vous, pour vous pré­pa­rer à ce sacre­ment de confir­ma­tion, rappelez-​vous que l’on ne reçoit le sacre­ment de confir­ma­tion qu’une fois dans sa vie, une seule fois dans sa vie.

Parce que le sacre­ment de confir­ma­tion, comme le sacre­ment de bap­tême, marque nos âmes d’un carac­tère, d’un signe qui est pré­ci­sé­ment le signe du Saint-​Esprit et qui marque nos âmes pour la vie tout entière. Et, grâce à ce sacre­ment, vous allez dans quelques ins­tants, rece­voir ce don de force. Le don de force, c’est celui que vous rece­vrez d’une manière toute par­ti­cu­lière. Sans doute, l’évêque tout à l’heure, en éten­dant ses mains (au-​dessus de votre tête) va appe­ler tous les dons du Saint-​Esprit. Il va nom­mer tous les dons du Saint-​Esprit, les sept dons du Saint-​Esprit. Mais vous rece­vrez d’une manière par­ti­cu­lière, le don de force. Pourquoi le don de force ? Parce que vous allez deve­nir par le sacre­ment de confir­ma­tion, des sol­dats de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Pourquoi des sol­dats de Notre Seigneur Jésus-​Christ ? Est-​ce que nous devons com­battre ? Un sol­dat est fait pour com­battre. Est-​ce que nous avons besoin de combattre ?

Eh oui, la vie du chré­tien est un combat !

Demandez à vos parents si c’est si facile que cela de gar­der la vie chré­tienne intègre, pen­dant toute sa vie. Ce n’est pas facile. Il faut lut­ter ; il faut com­battre. Nous avons de mau­vaises ten­dances en nous ; il faut les répri­mer ; il faut veiller, être vigi­lant comme le sol­dat, comme la sen­ti­nelle qui veille, contre l’ennemi. Alors nous aus­si nous devons être vigi­lants. C’est Notre Seigneur qui nous le dit : « Veillez et priez. Sinon vous entre­rez dans la ten­ta­tion ». Alors nous devons veiller comme un sol­dat veille devant la pré­sence de l’ennemi, afin de chas­ser l’ennemi.

Qui est notre enne­mi ? Notre enne­mi, c’est le démon. Il existe le démon, oui, ils existent les démons ! Ils sont peut-​être aujourd’hui plus puis­sants que jamais. Par la per­mis­sion du Bon Dieu. C’est un grand mystère.

Mais il faut recon­naître qu’aujourd’hui plus que jamais, les démons sont par­tout. Pour essayer de faire tom­ber les âmes dans le péché. Car l’ennemi de nos âmes, c’est le péché, le péché mor­tel. Alors le démon se déchaîne et cherche tous les moyens, tous les moyens pos­sibles pour nous entraî­ner avec lui.

Alors nous devons lut­ter. Et c’est pour­quoi la vie chré­tienne est un com­bat, un com­bat spi­ri­tuel, un com­bat conti­nuel. C’est pour­quoi vous allez être faits par le sacre­ment de confir­ma­tion, des sol­dats de Notre Seigneur Jésus-​Christ, pour lut­ter contre toutes les influences mau­vaises ; tous les scan­dales du monde, pour demeu­rer chré­tiens, pour demeu­rer fidèles à votre pro­messe du bap­tême. Au bap­tême, vos par­rain et mar­raine ont dit : « Oui, je m’attache à Jésus-​Christ pour tou­jours ». Eh bien, main­te­nant, vous devez répé­ter : Oui, je veux m’attacher à Jésus-​Christ pour tou­jours. C’est-à-dire à Dieu. Je veux obéir aux com­man­de­ments de Dieu ; je veux obéir à Dieu ; je ne veux pas déso­béir à Dieu. Voilà ce que vous devez pro­mettre aujourd’hui.

Cela c’est le pre­mier effet du sacre­ment de confirmation.

Et puis, il y a un deuxième effet du sacre­ment de confir­ma­tion, c’est de faire de nous des mis­sion­naires, des mis­sion­naires, oui ! – Mais mis­sion­naire, je ne peux pas par­tir en Afrique ; je ne peux pas par­tir en Asie ; je ne peux pas par­tir en Amérique du Sud, pour aller prê­cher l’Évangile.

Eh bien, rappelez-​vous l’exemple de la petite Thérèse. La petite Thérèse de l’Enfant-Jésus, elle, elle n’est pas allée en Asie ; elle n’est pas allée en Afrique ; elle n’est pas allée en Amérique du Sud. Elle est demeu­rée dans son couvent ; elle est demeu­rée dans son cloître ; elle n’a pas vécu long­temps ; elle a vécu jusqu’à l’âge de vingt-​trois ans. Elle est morte toute jeune. Et le pape Pie XII l’a nom­mée Patronne de toutes les mis­sions. Patronne de tous les missionnaires.

Comment cela est-​il pos­sible ? Une jeune reli­gieuse de vingt-​trois ans qui meurt dans le car­mel de Lisieux et la voi­là tout à coup patronne de toutes les missions.

Oui, parce qu’elle a été une grande mis­sion­naire, une grande mis­sion­naire. Et com­ment a‑t-​elle été mis­sion­naire ? Par la prière et le sacri­fice. Elle a offert sa vie pour les mis­sions. Elle a beau­coup souf­fert. Elle est morte en offrant sa vie pour les mis­sions. Et on a vu qu’après sa mort, beau­coup d’âmes se sont conver­ties. Parce qu’elle a offert sa vie et qu’elle a prié pour le salut des âmes et elle a souf­fert pour le salut des âmes.

Alors, voyez, vous aus­si, vous pou­vez faire des sacri­fices et vous pou­vez prier pour le salut des âmes. pour votre âme d’abord et puis pour le salut de toutes les âmes qui se perdent.

Les petits (enfants) de Fatima, disaient que la Sainte Vierge leur avait mon­tré des choses extra­or­di­naires – hélas – ils ont vu l’enfer. La Sainte Vierge leur a fait voir l’enfer. Ils étaient épou­van­tés. Et ils disaient : Les âmes des­cen­daient en enfer, comme les feuilles les jours d’automne, les feuilles tombent par terre.

C’est vous dire que beau­coup d’âmes se perdent. Alors que faire pour empê­cher ces âmes d’aller dans ce mal­heur éter­nel ? Eh bien, nous devons offrir nos exis­tences, offrir nos souf­frances, offrir tous nos mérites pour que les âmes se sauvent. Voilà ce que c’est que d’être missionnaire.

Et le sacre­ment de confir­ma­tion vous donne une grâce par­ti­cu­lière pour essayer de sau­ver les âmes. Parce que lorsque l’on se rend compte que nous-​mêmes nous avons ce grand pri­vi­lège d’être chré­tien, d’aimer le Bon Dieu, de ser­vir le Bon Dieu, on doit faire tout son pos­sible pour que les autres aus­si aient ce pri­vi­lège ; que les autres aus­si connaissent le Bon Dieu, connaissent Notre Seigneur et aiment Notre Seigneur, le servent.

Voilà ce que vous fera le sacre­ment de confir­ma­tion. Voyez que le sacre­ment de confir­ma­tion est impor­tant. Et donc nos allons prier tous ensemble, ici, vos parents, par­rain et mar­raine, vos amis, les prêtres qui vous entourent, les sémi­na­ristes qui sont là ; tous ensemble nous allons prier pour que vous rece­viez les grâces du Saint-​Esprit en abon­dance et pour que vous repar­tiez plus cou­ra­geux que lorsque vous êtes venus, plus déci­dés encore à prier, à faire des sacri­fices et à offrir vos vies pour le Bon Dieu et pour le salut de votre âme aussi.

Et vous vous confie­rez tout spé­cia­le­ment à la très Sainte Vierge Marie. La très Sainte Vierge Marie, elle est très cou­ra­geuse ; elle est très forte. C’est elle qui a écra­sé la tête du démon ; c’est elle, comme le dit l’Écriture, qui est forte comme une armée ran­gée en bataille, la Sainte Vierge. Pourtant elle qui est si douce, si bonne, si paci­fique… Ah oui, mais elle connaît le mal ; elle connaît le démon ; elle sait le mal que fait le démon. Alors, elle, elle est forte contre le démon. Elle lutte contre le démon et elle nous aide à lut­ter contre le démon aussi.

Alors il faut prier la très Sainte Vierge Marie. J’espère que vous avez tous et toutes votre cha­pe­let, que vous avez un cha­pe­let et que vous le dites sou­vent, tous les jours, si pos­sible. Vous dites votre cha­pe­let pour deman­der à la très Sainte Vierge de vous venir en aide et de vous gar­der bons chré­tiens et bonnes chrétiennes.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. Ainsi soit-il.

Fondateur de la FSSPX

Mgr Marcel Lefebvre (1905–1991) a occu­pé des postes majeurs dans l’Église en tant que Délégué apos­to­lique pour l’Afrique fran­co­phone puis Supérieur géné­ral de la Congrégation du Saint-​Esprit. Défenseur de la Tradition catho­lique lors du concile Vatican II, il fonde en 1970 la Fraternité Saint-​Pie X et le sémi­naire d’Écône. Il sacre pour la Fraternité quatre évêques en 1988 avant de rendre son âme à Dieu trois ans plus tard. Voir sa bio­gra­phie.