Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Les cérémonies d’ordination sont toujours une grande date dans la vie du séminaire. Elles réconfortent les séminaristes, elles les encouragent à continuer avec persévérance et avec ferveur dans leur vocation.
Et pour vous mes chers amis, vous particulièrement qui allez recevoir les ordres mineurs ce matin, c’est une occasion de réfléchir et de méditer d’une manière particulière sur le choix que Dieu a fait de vous, pour devenir s’il lui plaît, ses prêtres, un jour. Mais il est évident que pour recevoir une grâce comme celle du sacerdoce, il faut s’y préparer pendant de nombreuses années.
Et alors, ces étapes que marquent la tonsure, les ordres mineurs, les ordres majeurs, sont autant d’occasions de faire le point pour vous et pour savoir si vraiment vous vous attachez à Dieu, si vraiment vous vous éloignez de l’esprit du monde et que vous répondez à l’appel de l’Église. L’Église en effet vous dit : Vidite guale ministerium vobis traditur : Voyez quel est le ministère qui vous est confié – pensate quod agitis : Pensez à ce que vous allez accomplir, à ce qui va vous être donné.
Pour vous Portiers, l’Église vous confie le soin de la Maison de Dieu. Pensez à ce que représente, pour les âmes, pour la sanctification des âmes, pour le salut des âmes, ce que représente la Maison de Dieu. C’est pour elles toute leur vie spirituelle. C’est le chemin du Ciel. C’est l’antichambre de la vie céleste. Alors vous avez le soin de ce Temple de Dieu qui doit édifier les fidèles et vous édifier vous-même.
Pour vous Lecteurs, l’Église vous confie la Parole de Dieu. Et l’Église le dit également dans ses magnifiques instructions. Par votre position sur un degré déjà élevé pour bien vous faire entendre des fidèles, cette position vous montre quel doit être le degré de votre vertu. Élevé dans l’Église de Dieu pour annoncer la Parole, le Verbe de Dieu. Vous devez aussi être élevé dans la vertu, vous éloigner par conséquent aussi de l’esprit du monde, pour attirer les âmes à Dieu, pour les rapprocher de Notre Seigneur. Elle insiste par deux fois : Prononcez les paroles distinctement afin de vous faire comprendre que cette parole est destinée vraiment à l’édification des fidèles.
Et vous Exorcistes, l’Église insiste sur le fait qu’ayant à chasser les démons, les esprits mauvais dans les autres, que vous deviez également vous-même, éviter toutes les influences des mauvais esprits, vous corriger de vos vices, acquérir la vertu, afin que le démon que vous chassez des autres, ne trouve pas en vous une occasion de vous contredire, et de vous empêcher – d’une certaine manière – de le chasser, puisqu’il a en quelque sorte un droit sur vous. C’est là une grande responsabilité d’avoir à commander à ces esprits mauvais pour les éloigner des âmes.
Et vous Acolytes, vous vous approchez davantage de l’autel. Et l’Église insiste pour que vous soyez vraiment la Lumière, lumière qui éclaire, lumière qui n’est pas mise sous le boisseau, mais qui doit rayonner à la fois la Vérité et la vertu. Et vous avez le rôle d’apporter à l’autel, ce qui sera la matière du sacrement, qui va être transformée dans le Corps et le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est déjà un rôle élevé, très digne. Alors quelle ne doit pas être votre pureté, votre chasteté, pour approcher ainsi de l’autel. Et apporter à l’autel ce qui va être dans peu de temps le Corps et le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Vous voyez par là, mes chers amis, que l’Église vous élevant peu à peu à l’autel, vous conduisant à l’autel, vous faisant monter ces degrés de l’autel, vous approche de Notre Seigneur Jésus-Christ.
C’est le chemin du sacerdoce. Le prêtre est un autre Christ ; vous devez devenir des autres Christ. Or si l’on constate aujourd’hui la situation de ce monde qui nous entoure, nous pouvons dire qu’il est peut-être plus que jamais matérialisé. Cet esprit du monde est partout. Les hommes sont aveugles.
Dans sa magnifique Épître aux Romains, dans son magnifique premier chapitre, saint Paul dit : « Ils sont coupables ceux qui n’ont pas vu les choses invisibles par les choses visibles ». Car c’est bien pour cela que le Bon Dieu nous a mis sur cette terre. Pour que, par tout ce qui nous entoure, nous trouvions les moyens de nous unir à Dieu, de connaître mieux Dieu et de Le louer.
Or, au lieu que les créatures qui nous entourent soient des moyens pour nous élever vers Dieu, voici que les hommes en ont fait un moyen de nous éloigner de Dieu. Au lieu que les créatures soient des miroirs de Dieu, elles deviennent un obstacle ; elles deviennent un obstacle (et nous empêchent) de monter jusqu’à Dieu. L’homme s’attache à ces créatures pour elles-mêmes. Il ne voit plus la cause de ces créatures ; il ne voit plus ce pourquoi les créatures sont faites ; il s’attache à elles et s’éloigne de Dieu.
Quel désordre, désordre profond, désordre radical, cette situation du monde qui s’enferme dans ce monde matériel au lieu de passer de ce monde matériel au monde invisible.
Sicut in spéculum per spéculum et in enigmate.
Par un miroir, oui, nous devrions voir, par ses créatures, la splendeur de Dieu, la grandeur de Dieu, l’immensité de Dieu, l’infinité de Dieu, sa toute-puissance.
Alors, il faut nous demander aussi pour nous, pour vous mes chers amis, qui allez recevoir ces ordres et qui êtes choisis par Dieu pour vous approcher de Lui, pour Le servir, pour Le donner aux âmes. N’avez-vous pas encore conscience d’être encore trop dans l’esprit du monde, d’être attaché encore trop aux créatures qui vous entourent et d’être attaché à vous-même ? Plongés que nous sommes dans ce monde de péchés, ces influences qui nous entourent, ne pénètrent-elles pas à l’intérieur de nous-mêmes et n’ont-elles pas une influence profonde sur l’état de nos âmes ?
Alors nous devons tout faire, pour nous détacher de cet esprit du monde, détachés de notre volonté propre, détachés de nos idées personnelles, détachés de tout ce qui nous appartient. Parmi ceux qui vont recevoir les ordinations dans quelques instants, il y en a qui sont religieux, religieux bénédictins, olivétains, religieux franciscains, capucins. Sans doute les vœux de religion facilitent ce détachement. Mais il ne suffit pas de prononcer les vœux de religion, il ne suffit pas de porter un habit religieux, pour que notre âme se détache immédiatement de toutes les choses de ce monde. Un religieux, pour vivre vraiment en religieux, doit se transformer et devenir vraiment tout entier à Jésus-Christ.
Pour vous, mes chers amis, membres de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, qui ne faites pas de vœux de religion, mais qui font des promesses, des engagements, vous vous engagez par le fait même que vous désirez devenir prêtre, à imiter Notre Seigneur Jésus-Christ sur sa Croix, au Calvaire.
Or, oserez-vous dire que Notre Seigneur Jésus-Christ ne nous montre pas l’exemple des vertus de religion ? des vertus d’obéissance, de pauvreté, de chasteté. Oserez-vous dire, que parce que vous ne 548
prononcez pas les vœux de religion, vous n’êtes pas tenus à pratiquer ces vertus ? de pauvreté, de chasteté, d’obéissance ? Ce serait méconnaître à la fois votre vocation et méconnaître l’exemple de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Alors, tous, que vous soyez engagés dans les vœux de religion ou que vous soyez engagés sur le chemin du sacerdoce et que vous soyez attachés à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, par le fait même qu’elle est sacerdotale, elle est essentiellement imitatrice de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Vous devez tous – et nous devons tous – chercher à nous attacher à Notre Seigneur Jésus-Christ, à vivre de Lui, à vivre de son esprit, à vivre de sa Lumière. Essayons de nous figurer ce que devait être l’ambiance de la vie à Nazareth : Jésus, Marie et Joseph, remplis de sainteté, de vertus, d’union à Dieu ; Dieu Lui-même présent dans cette maison de Nazareth.
Alors, oui vraiment, toutes les créatures qui les entouraient étaient des occasions de monter vers Dieu, de s’unir à Lui. Et Jésus, sans doute, d’une manière discrète et toute sainte, toute parfaite, suggérait à ses parents, de monter vers Dieu par toutes les créatures qui les entouraient.
Alors demandons aussi à la très Sainte Vierge et à saint Joseph, de nous aider à mieux nous détacher des choses d’ici-bas, à vivre davantage de notre vie de foi, des réalités spirituelles, des réalités éternelles et de nous détacher davantage de toutes ces réalités temporelles et de profiter de toutes ces réalités temporelles pour nous élever vers Dieu.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.