Mes bien chers frères,
Cette solennité de la fête de saint Pierre et saint Paul revêt aujourd’hui pour notre Fraternité, une solennité particulière. En effet, beaucoup d’entre vous savent déjà que l’année dernière s’est réuni le Conseil général de notre Fraternité et a élu comme Supérieur général, M. l’abbé Franz Schmidberger, qui au cours de cette année a reçu les consignes, la succession en quelque sorte, mais désormais l’heure est arrivée par la Providence, par la volonté de Dieu, que M. l’abbé Schmidberger prenne en réalité la direction de la Fraternité. Et, par conséquent, à partir d’aujourd’hui, c’est lui qui aura à la fois la charge et les grâces particulières pour continuer l’œuvre qui a été accomplie par la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X.
Je ne doute pas que le choix qu’ont fait les capitulants a été réfléchi, a été fait avec le secours du Saint-Esprit et par conséquent, la Fraternité se trouvera en de bonnes mains, assurée de continuer l’œuvre que saint Pie X, notre saint Patron nous a inspiré de faire.
Que va faire la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X désormais ? Eh bien, elle continuera tout simplement avec courage, avec ferveur, dans la prière, dans l’union à Dieu, à maintenir la tradition de la foi catholique, à continuer l’Église. Telle est l’œuvre de la Fraternité Saint-Pie X, particulièrement en poursuivant l’œuvre des séminaires, si importante pour le bien des âmes, pour la gloire de l’Église, pour la gloire de Dieu.
Et si je voulais résumer en quelques mots quelle a été notre ligne de conduite au cours de ces treize années précédentes depuis la fondation de la Fraternité, je dirai que nous n’avons voulu être ni schismatique, ni hérétique, mais catholique.
Car c’est cela qui importe, pour vous mes bien chers frères, pour nous, de demeurer catholique et d’éviter précisément ces deux écueils qui conduisent aujourd’hui les âmes, dans une bien triste aventure, soit de devenir véritablement hérétiques, soit de devenir schismatiques en quittant Rome et en abandonnant notre Saint Père le pape et la hiérarchie, en pensant qu’il n’y a plus qu’eux qui sont dans l’Église.
Hélas, nous devons bien constater que les dangers d’hérésie continuent aussi et que la Curie romaine étant toujours occupée par les modernistes, l’erreur continue de se répandre et de se diffuser à l’intérieur de l’Église. Elle se diffuse particulièrement par ce vent d’hérésie que l’on appelle l’œcuménisme. Cet œcuménisme qui veut rapprocher l’Église de toutes les religions ; qui veut rapprocher l’Église de toutes les idéologies, et entraîne les fidèles – non pas l’Église, puisque l’Église est sainte et demeurera toujours dans la foi – mais entraîne les fidèles dans l’hérésie, dans l’éloignement de la foi catholique. Nous le constatons tous les jours.
Car il est bon de réfléchir tout de même aux principes fondamentaux qui ont conduit Luther à se séparer de l’Église. C’est bien cela qu’il a fait, en refusant le Magistère de l’Église, en prétendant que chaque catholique ou chaque fidèle, chaque chrétien, pouvait interpréter l’Écriture comme il l’entendait sous l’inspiration du Saint-Esprit. Il s’éloignait du Magistère de l’Église ; il rompait avec Rome et par le fait même il s’éloignait de l’Église.
L’Église mère et maîtresse de vérité, l’Église notre guide, que pouvons-nous faire sans l’Église ? Pour nous, nous continuons l’Église ; nous continuons comme l’ont fait nos prédécesseurs ; comme l’ont fait nos parents ; comme l’ont fait nos ancêtres. Nous continuons, tout simplement l’Église. Nous ne voulons pas nous séparer de l’Église, jamais. L’Église pendant vingt siècles a maintenu l’œuvre de Notre Seigneur Jésus-Christ et la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ et nous voulons continuer.
Luther, lui, a rompu avec l’Église et par le fait même, éloignant les fidèles de l’Église, il les a éloignés aussi de Dieu. Et c’est peut-être la chose la plus grave, la plus douloureuse pour le protestantisme et pour les mouvements issus du protestantisme, comme le libéralisme, comme le progressisme, comme le modernisme. Tous ces mouvements éloignent de Dieu. Dieu a voulu vivre avec nous. Dieu a voulu être l’un des nôtres ; Dieu a voulu vivre en nous, bien plus qu’avec nous, en nous. Par la grâce de notre baptême, par la grâce sanctifiante, nous savons que nous sommes fils de Dieu ; que Dieu est avec nous ; que Dieu est en nous ; qu’il vît en nous ; que nous sommes devenus des temples du Saint-Esprit. Ce n’est pas une petite chose, c’est ce qui prépare notre éternité.
Qu’avons-nous à faire ici-bas, sinon de nous préparer à vivre avec Dieu pour l’éternité ? Mais si nous n’avons pas Dieu en nous ici-bas, l’aurons-nous au Ciel ? L’aurons-nous dans l’éternité ? Alors l’Église a toujours enseigné que par le baptême nous recevons cette grâce insigne, la grâce sanctifiante qui nous faisait participer à la nature même de Dieu, à la nature de Notre Seigneur Jésus-Christ, à sa nature divine et que, par conséquent, nous étions vraiment fils de Dieu, frère de Jésus-Christ, unis à Dieu par cette grâce sanctifiante. Quelle merveille !
Hélas, nous l’oublions aujourd’hui. Combien même de chrétiens vivent comme s’ils ne connaissaient plus ces grandes réalités : comme s’ils ne connaissaient plus Notre Seigneur Jésus-Christ. Et c’est précisément la grande erreur de Luther. Luther a voulu imaginer à lui seul, se faire une idée de la Rédemption de Notre Seigneur Jésus-Christ, une idée fausse : que nous restions pécheurs et que Notre Seigneur Jésus-Christ, par sa Croix, par son Sacrifice, par son Calvaire, couvrait nos péchés, mais que nos péchés n’étaient pas remis ; que nous demeurions pécheurs, mais que nous devenions justes par notre foi en Jésus-Christ. Et le baptême étant le symbole de la foi en Jésus-Christ, baptisés, nous devenions justes, mais nous demeurions en même temps pécheurs. Point de grâce sanctifiante, point de présence du Saint-Esprit dans nos cœurs et dans nos âmes, point de présence de transformation de nos âmes dans la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nos âmes n’étaient pas lavées par le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ.
C’est tout un autre monde. Et depuis ce temps, cette présence de Dieu en nous a diminué dans l’esprit de tant et tant d’âmes.
Donc l’œuvre de Luther a été à la fois d’éloigner les âmes de l’Église et d’éloigner les âmes de Dieu, de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Eh bien, nous devons constater malheureusement, que depuis que ce vent d’œcuménisme a soufflé dans l’Église, ce sont les mêmes résultats qui apparaissent à l’intérieur de l’Église. Car en vérité, les âmes se séparent de l’Église ; elles se séparent de l’Église parce qu’elles n’ont plus la foi dans l’Église seul moyen de salut, seul moyen de sauver nos âmes.
Des idées se répandent partout, dans les revues catholiques, dans les prédications, dans la conception qu’ont désormais les prêtres de la sainte Église et même les évêques, que l’on peut se sauver dans 576
toutes les religions ; que toutes les religions sauvent.
On place dans les revues catholiques, parmi les religions, une religion qui s’appelle catholique. Il y a d’abord la religion chrétienne et puis, la religion catholique, la religion musulmane et la religion bouddhiste. L’Église catholique n’étant plus qu’une religion parmi les autres religions. C’est une hérésie ! Il n’y a qu’une seule véritable religion fondée par Notre Seigneur Jésus-Christ qui est Dieu : la sainte Église catholique, seul moyen de salut pour nos âmes.
Il faut que d’une manière ou d’une autre, toute âme pour se sauver, passe par l’Église catholique. Consciemment ou inconsciemment, toute âme ne peut se sauver que par Notre Seigneur Jésus-Christ et son Épouse mystique, en étant membre du Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ. Voilà ce que l’Église nous a toujours enseigné. Il n’y a pas d’autre religion que celle-là. Nous ne pouvons pas choisir. Ce n’est pas nous qui avons fondé notre sainte Religion, c’est Dieu Lui-même.
Or, maintenant, dans l’Église, nous voyons ces erreurs se répandre partout. Si bien que les âmes se séparent de l’Église catholique. Que d’âmes maintenant, que de catholiques adhèrent à des sectes et s’éloignent de l’Église. Et cela, il faut bien le dire, à cause de ces nouveautés, à cause des nouvelles idées et particulièrement cette idée d’œcuménisme qui s’est répandue depuis le concile Vatican II. Nous avons vu fleurir cette idée, dans le concile Vatican II. Et c’est ainsi que toutes les réformes sont issues de cet esprit d’œcuménisme, esprit faux, esprit qui détruit l’Église catholique. Ce n’est pas pour rien que le pape Paul VI a dit que l’on constatait « l’auto-démolition » de l’Église.
Et puis, l’on ne parle plus de la grâce sanctifiante. Nous revenons à ce naturalisme, à ce rationalisme de la religion protestante. Et en cela, nous nous éloignons de Dieu ; nous nous éloignons du Ciel ; nous nous éloignons de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Mes bien chers frères, ayons conscience de la grandeur et de notre dignité de chrétien. Par cette grâce nous sommes faits déjà, des élus du Ciel. Si nous gardons cette grâce jusqu’à la fin de nos jours, nous pouvons être assurés d’être des élus du Ciel, de pénétrer dans le sein de la Trinité Sainte un jour et de chanter la gloire du Bon Dieu, unis à Notre Seigneur Jésus-Christ et à son Corps mystique.
Et tous les sacrements viennent réconforter, viennent augmenter cette grâce sanctifiante, viennent lui redonner une vie nouvelle. Et cette grâce sanctifiante n’est pas autre chose que la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ qui est répandue dans nos âmes par l’Esprit Saint d’une manière permanente, que nous donnent ces belles vertus de foi, d’espérance, de charité, toutes les vertus surnaturelles. C’est déjà le Ciel dans nos âmes.
Alors si nous abandonnons cette doctrine, nous ne sommes plus catholique ; nous ne sommes plus de la lignée de tous ces saints qui ont manifesté précisément la présence de la grâce sanctifiante dans leur âme.
Quelle grandeur dans le Sacrifice de la messe, où nous savons que par le Sang de Jésus-Christ, que par Jésus que nous recevons, notre grâce sanctifiante croît en vertu, en force, en sagesse, que notre âme s’unit à Celui qui sera notre bonheur au Ciel. Comme tout cela est beau ; comme tout cela est réconfortant au milieu des souffrances, des difficultés, des sacrifices de la vie. Pauvres protestants, vraiment pauvres protestants !
Et c’est ce qu’ils nous ont toujours envié. Ils ont envié notre conception de la grâce sanctifiante et du baptême. Ils nous ont envié l’Eucharistie ; ils nous ont envié cette transformation de nos âmes, dans la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ils nous ont envié le sacrement de pénitence qui rétablit nos âmes dans l’amitié de Jésus-Christ, tandis qu’eux pauvres protestants, croient qu’ils sont toujours pécheurs, toujours pécheurs ! Que seul un sentiment de foi, de confiance en Notre Seigneur les sauve. Ils savent bien que ce n’est pas possible, que ce n’est pas vrai. Et c’est pour cela que beaucoup se sont convertis au catholicisme et qu’ils étaient attirés par l’Église catholique. Et aujourd’hui, ils ne se convertissent plus, puisqu’ils ont l’impression que les idées qu’ils avaient, ils les retrouvent à l’intérieur de l’Église catholique.
On n’a plus ce respect dans la réalité du sacrement de pénitence ; on n’a plus le respect de la Présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ dans la très sainte Eucharistie. On ne sait plus ce que c’est que le Sacrifice de la messe, sacrifice rédempteur de Notre Seigneur qui nous sanctifie tous les jours. Alors ils ne se convertissent plus et les catholiques deviennent protestants. Voilà la réalité d’aujourd’hui.
Devant cela, c’est à vous mes chers amis, qui allez être ordonnés dans quelques instants, qui allez devenir prêtres, prêtres de Notre Seigneur, communiant à la grâce. Cette grâce d’union hypostatique de Notre Seigneur qui l’a fait Prêtre. Car c’est par sa grâce d’union de l’humanité et de la divinité que Jésus est devenu Prêtre – le Prêtre – le Prêtre de toujours, le Prêtre d’hier, le Prêtre d’aujourd’hui, le Prêtre de demain, le Prêtre de l’éternité.
Vous allez participer par cette grâce à la grâce d’union de Notre Seigneur Jésus-Christ. Vous serez aussi prêtre pour l’éternité.
Alors, ce sera votre rôle à vous, de manifester cette foi, cette espérance, cette charité surnaturelle, partout où vous serez. Que dans votre prédication, que dans votre manière de célébrer le Saint Sacrifice de la messe ; que dans votre manière de donner les sacrements, que dans votre manière de prêcher, de vous conduire vis-à-vis des fidèles, vous soyez vraiment ce qu’a été saint Jean-Baptiste : Ille erat lucerna, ardens et lucens (Jn 5,35) : Une lumière, oui, vraiment éclatante et en même temps une charité, le rayonnement de la charité, le rayonnement de l’Esprit Saint, voilà ce qu’attendent les fidèles de vous, dans ce monde paganisé, dans ce monde matérialisé, rationalisé, qui ne croit plus qu’à sa raison ; qui ne croit plus qu’à sa pensée, à sa libre-pensée, à sa libre-volonté. Vous enseignerez ces réalités surnaturelles et vous enseignerez ces vertus de foi, d’espérance et de charité. Foi en Jésus-Christ, car c’est Lui qui est l’objet de notre foi ; c’est Lui qui est la source de notre foi ; c’est Lui qui sera l’épanouissement de notre foi, dans la gloire du Ciel, dans la vision béatifique.
Alors vous prêcherez ces grandes et belles réalités à tous les fidèles qui se sentiront soutenus, continuant vraiment ce qu’a toujours été l’Église catholique. Vous garderez aussi l’espérance. L’espérance, c’est la vertu du pèlerin. Nous sommes en marche. En marche vers qui ? Mais vers Dieu ! vers le Paradis, vers le Ciel. Tous les jours, des centaines de milliers d’âmes quittent cette terre, pour aller où ? Où ? à quel but ? à quelle destination ? C’est vous qui leur enseignerez l’espérance. L’espérance dans la parole de Dieu, mais aussi l’espérance dans la crainte et le tremblement pour le salut de nos âmes. Et éviter le péché, qui nous éloigne de ce but essentiel.
Et puis enfin, vous serez les hérauts de la charité. Charité comme celle qui a été celle des apôtres après la Pentecôte, après qu’ils aient reçu l’Esprit Saint.
Et repleti sunt omnes Spiritu Sancto (Ac 2,4) : Et ils ont été remplis de l’Esprit Saint, loquentes magnalia Dei : ils parlaient des merveilles de Dieu.
Quel a été le résultat de cette effusion de l’Esprit Saint en eux ? Ils ont chanté les grandeurs de Dieu. Vous allez recevoir l’Esprit Saint en abondance dans quelques instants pour être les prêtres du Seigneur et vous chanterez la gloire du Bon Dieu et vous chanterez les grandeurs de Dieu.
C’est cela que donne d’abord le Saint-Esprit et c’est cela qui sera définitivement notre bonheur dans le Ciel : chanter la gloire de Dieu. Et pour cela, vous vous dévouerez à votre prochain ; vous serez tout entier à votre prochain. Vous ne serez pas de ceux qui enverront d’autres personnes pour aller porter la communion aux malades ; pour aller porter le soutien à ceux qui souffrent, vous irez vous-même. Et vous leur donnerez les sacrements et vous leur donnerez la vraie parole de cette foi que vous aurez en vous, cette foi profonde en Notre Seigneur Jésus-Christ.
Vous serez dévoués aussi dans l’enseignement, enseignement du catéchisme, enseignement de la Vérité. Soyez vraiment de vrais prêtres. Et puis surtout, vous serez soutenus par le Saint Sacrifice de la messe. Le prêtre est fait pour le Sacrifice et le Sacrifice ne peut pas exister sans prêtre.
Alors vous serez sacrificateurs qui monterez à l’autel tous les matins, avec quelle joie, avec quels sentiments de reconnaissance à Notre Seigneur Jésus-Christ, avec quel désir de faire descendre Notre Seigneur Jésus-Christ sur l’autel et de Le donner aux âmes. Il n’y a pas de plus belle chose pour un prêtre que de distribuer la Sainte Eucharistie, donner Jésus aux âmes. Rien de plus beau, rien de plus grand, rien de plus sublime.
Alors vous remercierez et vous rendrez grâce à Dieu aujourd’hui après cette ordination et tous ici présents s’unissent à vous, qui sont venus pour cette ordination, se réjouissent dans leur cœur à la pensée qu’il y aura un bon nombre de prêtres en plus, de vrais prêtres, de saints Prêtres, véritables apôtres continuant la mission de Notre Seigneur.
Voilà ce qu’est l’Église. Voilà une image de l’Église. Aujourd’hui nous vivons vraiment ces grands moments de l’Église et le plus grand moment de votre séminaire. Un séminaire sans ordinations, ce ne serait plus un séminaire. Votre séminaire avec ce 29 juin, ici, à Écône, alors oui, votre séminaire aboutit à un résultat magnifique pour la plus grande gloire de Dieu, pour le salut des âmes, pour votre bonheur à vous.
Demandez à votre bonne Mère du Ciel, mes chers amis, de vous faire comprendre ce qu’est votre sacerdoce, elle qui a été la Mère du Prêtre éternel. Elle a compris ce qu’était son divin Fils mieux que n’importe qui. Alors elle vous fera comprendre aussi, si elle a compris la grandeur du sacerdoce de son Fils, elle vous fera comprendre aussi la grandeur de votre sacerdoce.
Aimez la Vierge Marie et faites-la aimer autour de vous et ainsi vous serez les vrais frères de Jésus et les vrais enfants de Marie.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.