Quelle musique pour nos enfants ?

Par quoi rem­pla­cer les musiques délé­tères que l’on entend par­tout : radio, films, inter­net, TV, magasins… ?

Le carême est le temps des péni­tences. Si la péni­tence ne s’arrête pas à l’éloignement des occa­sions de péché, sup­pri­mer les plai­sirs mau­vais et les diver­tis­se­ments dan­ge­reux est cer­tai­ne­ment un pre­mier point néces­saire. Dans cette optique beau­coup de parents pro­fitent du Carême pour réduire et contrô­ler ce que les enfants regardent, en par­ti­cu­lier par la limi­ta­tion dras­tique du temps pas­sé sur les écrans. Mais pense-​t-​on à sur­veiller ce que les enfants écoutent ? Ce qu’ils entendent ? Pourtant les musiques enten­dues s’impriment très vite dans la mémoire des enfants : je me sou­viens d’un enfant de mater­nelle qui avait repé­ré le tube de l’été dans la liste des fichiers sur mon écran d’ordinateur ; la musique avait dû être enten­due plu­sieurs fois ! On dit en géné­ral qu’un air fre­don­né, enten­du, ou rap­pe­lé à la mémoire, y reste plu­sieurs heures (et ne dis­pa­raît que si son sou­ve­nir n’a pas été réac­ti­vé entre-temps).

Mais plu­tôt que de dres­ser un simple cata­logue de tout ce qu’il ne faut pas écou­ter pen­dant le Carême, voyons com­ment édu­quer ou ré-​éduquer nos enfants en ce qui concerne la musique, car l’influence des musiques délé­tères s’étend par­tout : radio, films, inter­net, TV, mais aus­si maga­sins, res­tau­rants, trans­ports… Il est donc néces­saire de pro­po­ser à nos jeunes de quoi rem­pla­cer avan­ta­geu­se­ment cette marée de musiques pernicieuses.

Dans cet esprit, quelques musi­ciens se sont réunis pour for­mer un groupe, sous le patro­nage de sainte Cécile, pour l’éducation musi­cale catho­lique des enfants, en par­ti­cu­lier dans les écoles et les familles de la Tradition. 

Le groupe Sainte Cécile

En octobre 2019, une réunion de parents d’élèves des Dominicaines, au Cours Saint-​Albert-​le-​Grand, au Rafflay près de Nantes, a été l’occasion d’un pre­mier concert-​conférence : une dizaine de musi­ciens ont pré­sen­té, chan­té et joué, des extraits d’œuvres de toute l’histoire de la musique, pen­dant deux petites heures. L’objectif était de don­ner aux familles des pistes pour appro­fon­dir tel style, tel ins­tru­ment, tel com­po­si­teur qui convien­drait aux enfants.

Les confi­ne­ments suc­ces­sifs, et autres mesures res­tric­tives, n’ont pas per­mis de renou­ve­ler l’expérience ailleurs dans l’immédiat (un pro­jet a été repor­té deux fois à Saint-​Manvieu, près de Caen), mais le groupe Sainte-​Cécile pro­pose des guides d’écoute qui forment un embryon de pro­gramme d’écoute musi­cale pour les classes pri­maires. En juin 2020, une pre­mière année pour les CE a été pro­po­sée, d’après les expé­riences réa­li­sées en école.

Le groupe Sainte-​Cécile peut orga­ni­ser de petits évé­ne­ments dans les écoles, ce fut le cas en novembre 2021 dans l’école des Dominicaines, près d’Avignon : les enfants, du CP au CM, ont écou­té pen­dant une petite heure (et même chan­té pour les plus grands), et décou­vert ain­si des tré­sors de l’histoire de la musique qu’ils igno­raient. L’écoute de musiques inter­pré­tées par des enfants de leur âge est très pro­fi­table aux enfants. Il faut veiller à la qua­li­té, mais on trouve aujourd’hui de bonnes inter­pré­ta­tions par des chœurs d’enfants et quelques ins­tru­men­tistes prodiges.

Il va sans dire que l’écoute musi­cale néces­site un contexte pro­pice : si la musique de fond peut aider à tra­vailler, l’écoute est construc­tive lorsque l’on cesse toute autre acti­vi­té, que l’on pré­pare un lieu pro­pice, un pro­gramme musi­cal adap­té, et sur­tout que l’on pré­pare l’attention des enfants par le silence, qu’il faut tou­jours savoir appré­cier pour appré­cier la musique.

Mais écou­ter ne suf­fit pas. Pour être édu­qués à la musique, les enfants doivent aus­si chan­ter. À ce sujet, il faut saluer le tra­vail admi­rable réa­li­sé par les Capucins de Morgon, qui ont édi­té pour Noël leur 3e Archet de Saint-​François, sur la nuit de Noël à Greccio. 

Toutes les familles devraient se pro­cu­rer ces CD qui n’ont qu’un défaut : leur valeur réelle est bien supé­rieure à leur tarif com­mer­cial. Les chants sont, pour la plu­part, très faciles à apprendre à la simple écoute parce qu’ils emploient un style popu­laire. Pourtant la qua­li­té musi­cale est au rendez-​vous, grâce à la par­ti­ci­pa­tion de pro­fes­sion­nels de la musique à qui la bure n’a pas reti­ré leurs talents. Ainsi les enfants deman­de­ront et rede­man­de­ront à écou­ter et chan­ter avec les capu­cins et toutes les médio­cri­tés qu’on nous sert aujourd’hui seront vite oubliées. C’est ain­si que l’on forme le goût, c’est ain­si que l’on détourne du laid qui, bien sou­vent, n’est pas très éloi­gné du mau­vais ! La famille retrou­ve­ra aus­si son uni­té autour de ces chants popu­laires, ban­nis­sant l’individualisme de nos écrans modernes. Tout le monde doit par­ti­ci­per à ces chants, ce n’est pas réser­vé aux jeunes enfants !

Le fruit de ce chant en famille sera l’investissement dans le chant parois­sial. Beaucoup de cho­rales de nos cha­pelles souffrent d’un manque d’effectif ou d’un vieillis­se­ment du per­son­nel. Des enfants qui chantent à la mai­son vien­dront aisé­ment renou­ve­ler ces équipes et appor­ter un son plus agréable. Profitons de ce que les enfants apprennent très faci­le­ment, et ne pen­sons pas que le chant gré­go­rien leur soit inac­ces­sible, nous serons bien­tôt sur­pris de leur aisance dans ce chant tra­di­tion­nel. La pré­pa­ra­tion de la Semaine Sainte est l’occasion de se lancer !

Cet effort de Carême peut sem­bler ori­gi­nal, mais il sera cer­tai­ne­ment pro­fi­table à tous, saint François n’est-il pas un modèle de péni­tence chrétienne ?

Découvrez le site du groupe Sainte-​Cécile.

Pour ache­ter les CD L’archet de Saint François, rendez-​vous sur le site de Chiré.