Sermon de M. l’abbé Thierry Gaudray à Pontmain sur la crise de l’Eglise

Oui, nous prions Notre-​Dame de Pontmain pour qu’elle redonne l’Espérance, la fier­té aux hommes d’Église.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,

Tous les lieux, tous les pays appar­tiennent au bon Dieu, et pour­tant il y a des lieux que le bon Dieu a choi­sis, par­ti­cu­liè­re­ment. Il y a des lieux qui sont consa­crés par l’Église, par son auto­ri­té d’épouse. Elle peut consa­crer des lieux, des églises, des basi­liques, des cathé­drales. Mais il y a des lieux que le bon Dieu lui-​même, que la Sainte Vierge, ont choi­si. Et Pontmain est un de ces lieux choi­sis par Dieu, pour pro­té­ger la France. Le bon Dieu a bien mani­fes­té ici, à Pontmain, sa sol­li­ci­tude pour notre pays.

Tous les temps appar­tiennent à Dieu. En tout temps, nous devons avoir recours à Dieu. La vie chré­tienne, la vie inté­rieure est une conver­sa­tion, devrait être une conver­sa­tion actuelle avec le bon Dieu. Et pour­tant, il y a des temps où le bon Dieu bénit davan­tage. Il y a des temps litur­giques, il y a des pèle­ri­nages, il y a des grâces que le bon Dieu donne aujourd’hui. Et il faut rece­voir aujourd’hui la grâce que le bon Dieu donne.

Le bon Dieu est riche en misé­ri­corde. Il donne quan­ti­té de grâce. Toutes les grâces viennent de lui. Il donne toutes ces grâces qui nous conduisent au ciel. Dans nos misères, dans nos demandes, nous savons que le bon Dieu est tou­jours là. Il répond à tous les besoins. Pourtant, il y a des grâces par­ti­cu­lières à deman­der, en ce lieu-​ci, en cette date, en ce dimanche qui pré­cède la fête de l’Ascension. Oui, nous sommes venus ici pour deman­der l’Espérance. Voilà la grâce que le bon Dieu veut cer­tai­ne­ment nous accor­der aujourd’hui, ici, à Pontmain.
Et deman­dons cette grâce, tout d’abord, pour la France, puisqu’ici le bon Dieu a mani­fes­té sa bon­té, son atten­tion sur notre pays. Oui, nous sommes venus ici pour prier pour la France.

Nous sommes venus ici aus­si, bien sûr, pour prier pour l’Église. Car la crise qui secoue l’Église est notre grande pré­oc­cu­pa­tion, notre grande croix. Et nous ne pou­vons pas oublier notre Mère.

Et puis bien sûr, nous sommes venus ici deman­der, au-​delà de toutes nos inten­tions par­ti­cu­lières, nous sommes venus ici deman­der tout sim­ple­ment le salut de notre âme. Car c’est bien là l’objet de la ver­tu d’Espérance. Oui, j’espère le bon­heur éter­nel dans l’autre. J’espère que vous me don­ne­rez, Seigneur, votre grâce en ce monde, et si j’observe vos com­man­de­ments, le bon­heur éter­nel dans l’autre.

Nous sommes venus pour la France. Le 17 jan­vier 1871, alors que l’Empire était tom­bé, alors que les Prussiens étaient à Laval, voi­là que la Sainte Vierge appa­raît dans le ciel et arrête cette inva­sion, sauve notre pays qui allait périr.

La Sainte Vierge s’occupe de poli­tique. Car la poli­tique, la cité, c’est le lieux où nous nous sanc­ti­fions. Il importe à la Sainte Vierge, il importe à notre sanc­ti­fi­ca­tion, que nous soyons dévoués à notre pays, que nous ayons l’amour de notre patrie, et la Sainte Vierge a mani­fes­té ce sou­ci qu’elle avait de la France qui est notre pays.

Le bon Dieu avait mani­fes­té cette sol­li­ci­tude pour les ques­tions tem­po­relles bien sûr, à tra­vers l’envoi de Jeanne d’Arc. Et la Sainte Vierge elle-​même, ici, à Pontmain, est venue pour pro­té­ger la France.

Nous aimons notre patrie, c’est-à-dire cet héri­tage de foi, de ver­tu, qui fait la France. Nous l’aimons alors que la France, elle, s’est ren­due cou­pable. Nous aimons notre pays, nous sommes venus ici, pour implo­rer la misé­ri­corde de Dieu.

Comment pour­rions nous espé­rer des grâces de Dieu, si d’abord nous ne deman­dions pas par­don pour les péchés de la France, l’impiété de ce pays, qui a enle­vé de sa consti­tu­tion le nom de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, le nom même de Dieu ? Ce pays qui a pro­duit dans sa légis­la­tion des lois iniques, contraires à la loi natu­relle, aux choses les plus élé­men­taires de la nature humaine. Un pays, qui en rai­son même de son impié­té, de son péché, est au bord de la dis­so­lu­tion, pris dans un étau effroyable aux deux mâchoires d’une Europe imper­son­nel et d’un Islam conqué­rant. Le bon Dieu va-​t-​il sau­ver la France ?

Il n’y a aucune pro­messe. L’empire romain, chré­tien, l’empire romain est tom­bé. Saint Jérôme a pleu­ré la dis­pa­ri­tion de l’empire romain. Allons-​nous, nous aus­si, pleu­rer la dis­pa­ri­tion d’un pays, de la France ?

Nous sommes venus ici, peut-​être pas dans l’Espérance, mais dans la confiance. Dans la confiance parce que la Sainte Vierge, qui est venue ici, eh bien, ne va pas nous abandonner.

Nous sommes venus ici aus­si, comme appuyés, appuyés sur la prière de nos aïeux. Nous ne sommes pas les pre­miers. Nous venons ici tous les ans, prier Notre-​Dame de Pontmain ; il y a des géné­ra­tions et des géné­ra­tions d’âmes chré­tiennes qui sont venues prier pour le salut de la France. Et appuyés sur cette prière qui se répète, qui per­sé­vère, oui, nous avons confiance que le bon Dieu va faire quelque chose pour notre pays, que le bon Dieu va sau­ver, sau­ver la France et la rendre de nou­veau fidèle à la grâce de son baptême.

Nous sommes venus prier pour l’Église. Le 9 avril der­nier, il n’y a pas encore un mois, le chef de l’État pro­non­çait un dis­cours devant les évêques de France et disait que son rôle était d’assurer que les fran­çais puissent croire ou ne pas croire, qu’ils aient le droit de mani­fes­ter leur athéisme. Et il deman­dait aux évêques de France, eh bien, un res­pect abso­lu, total, sans com­pro­mis, de toutes les lois de la répu­blique fran­çaise. Et les évêques, enten­dant ce dis­cours, ont applau­di, avec ferveur !

Cet applau­dis­se­ment nous glace le sang ! C’est un acte d’apostasie ! C’est le refus de faire régner Notre-​Seigneur Jésus-​Christ ! C’est le refus d’exercer cette auto­ri­té qui est la leur, l’autorité de paître le trou­peau, de conduire les âmes à Dieu. Pauvres prêtres, pauvres évêques qui ne croient plus dans la royau­té de Notre-​Seigneur Jésus-Christ !

Oui, ces âmes, ces âmes ont comme per­du la foi, per­du leur foi en Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, car véri­ta­ble­ment si l’on croit qu’il est Dieu, com­ment peut-​on ne pas dési­rer, ne pas tra­vailler à ce règne social, à ce règne de Notre-​Seigneur Jésus-Christ ?

Si ce n’était qu’un décou­ra­ge­ment – car ce fut cer­tai­ne­ment un décou­ra­ge­ment – pour­quoi est-​ce que l’Église en est arri­vée là ? Pourquoi est-​ce que ces hommes, pour­quoi est-​ce que ces prêtres, ces évêques, fina­le­ment ont pen­sé que la liber­té reli­gieuse était une chose mer­veilleuse ? Qu’il fal­lait effec­ti­ve­ment, au nom de la conscience, don­ner cela à tous les hommes ? De pou­voir effec­ti­ve­ment, publi­que­ment, à la face de tous, nier l’existence même de Dieu ? Au début cer­tai­ne­ment cela était un manque d’Espérance. Une espèce de perte de Foi dans le pou­voir qui leur est don­né, dans cette capa­ci­té qu’ils ont de prê­cher l’Évangile. Ils ont été bénis par Notre-​Seigneur pour cela ; c’est eux, les évêques, qui ont ce pou­voir de paître, et d’annoncer l’Évangile, ils ont été envoyés pour cela. Et voi­là qu’ils n’y croient plus. Ils ne sentent plus la force de prê­cher le nom de Notre-​Seigneur Jésus-Christ.

Il semble qu’ils aient, au nom de cette liber­té reli­gieuse, au nom de cet œcu­mé­nisme, fina­le­ment renon­cé à leur auto­ri­té. Quand le Saint Père réunit ceux qui s’appellent « chré­tiens », leur demande-​t-​il de croire en lui ? De se sou­mettre à son autorité ?

Lui qui est Pierre, lui qui est le suc­ces­seur de saint Pierre, le vicaire de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ ! Le repré­sen­tant de Dieu sur la terre ! Leur demande-​t-​il d’obéir, de se sou­mettre ? Non. Non, c’est fini. Il n’ose plus, ne dit plus rien. Lui qui est Pierre, au contraire, prêche la liber­té, la dis­per­sion des bre­bis du Seigneur. Lui qui est char­gé d’assurer l’unité de l’Église, par son auto­ri­té, il ne le demande pas. Que cha­cun croit ce qu’il veut, et tout le monde, ain­si, pour­rait aller au ciel.

A Pontmain, la Sainte Vierge a mani­fes­té ce res­pect qu’elle avait pour l’autorité de l’Église. Le curé, Monsieur l’abbé Guérin, était curé de Pontmain depuis trente-​cinq ans, quand la Sainte Vierge est appa­rue. La Sainte Vierge, tant que le curé n’était pas là, ne disait rien, n’annonçait rien, ne mani­fes­tait pas sa volon­té. Quand le curé est venu, et au fur et à mesure des prières que le curé fai­sait réci­ter ou chan­ter, alors la Sainte Vierge chan­geait d’expression. Suivant le can­tique que Monsieur le curé deman­dait, alors elle se réjouis­sait, elle sou­riait. Il sem­blait même qu’elle diri­geait du doigt cette musique, ce cantique.

Au contraire, quand c’était un can­tique de repen­tance, alors on voyait la Sainte Vierge triste. Il sem­blait que la Sainte Vierge était comme obéis­sante à ce curé, à ce prêtre qui effec­ti­ve­ment, avec beau­coup de zèle, avait conver­ti, avait main­te­nu dans une grande fer­veur toute sa paroisse.

Elle était habillée de bleu parce que Monsieur le curé avait déco­ré de bleu son église. Elle était entou­rée de bou­gies parce qu’effectivement Monsieur le curé, dans son église, avait mis des bou­gies, quatre bou­gies autour de la sta­tue de la Sainte Vierge. Quel res­pect de l’autorité !

Quel exemple pour nous ! Oui, voi­là un curé ! Voilà quelqu’un qui est char­gé du salut des âmes, de son trou­peau ! Que font les prêtres aujourd’hui ? Que font les curés ? Que font les évêques ? Que fait le Pape ?

Nous allons prier, oui, ici à Pontmain, pour que l’Église retrouve sa fier­té, que les hommes d’Église retrouvent leur fier­té. Que le Pape com­prenne qu’il est le pre­mier, l’autorité suprême sur la terre. Et que tous doivent recon­naître son auto­ri­té pour aller au ciel. C’est pré­ci­sé­ment pour lui que nous prions et que nous souf­frons dans cette crise de l’Église. Par lui, très cer­tai­ne­ment, mal­heu­reu­se­ment, mais sur­tout pour lui. Nous vou­lons offrir nos prières et nos sacri­fices pour qu’il rede­vienne effec­ti­ve­ment Pape, en véri­té, dans ses actes ! Et qu’il gou­verne l’Église ! Et qu’il annonce l’Évangile aux âmes ! Et qu’il leur annonce les consé­quences de la déso­béis­sance à Dieu, qu’il y a un ciel, et qu’il y a un enfer ! Qu’il le dise ! Il a auto­ri­té pour cela.

Oui, nous prions Notre-​Dame de Pontmain pour qu’elle redonne l’Espérance, la fier­té aux hommes d’Église.

Et puis nous venons ici bien-​sur pour prier pour notre salut, notre salut éter­nel. Ah voi­là l’objet, l’objet de la ver­tu d’Espérance. Oui, j’espère, j’espère un jour, eh bien, vous voir au ciel.

Le bon Dieu, nous donne toutes ces grâces, à nous qui prions. Celui qui prie, se sauve, certainement.

On a remar­qué bien sûr qu’à Pontmain, c’était aux petits enfants, que la Sainte Vierge appa­rais­sait. Parce que dans l’enfance, eh bien, il y a une inno­cence. Mais c’est une inno­cence qui est de fait. Ce n’est pas dire que les enfants n’ont pas été mar­qués par le péché ori­gi­nel. Il suf­fit de regar­der les enfants dans n’importe quelle cour de récréa­tion, pour se rendre compte que cette inno­cence n’est pas par­faite. C’est une inno­cence de fait. Trop jeunes encore pour être vrai­ment méchants, trop jeunes pour pou­voir vrai­ment faire du mal.

Nous vou­lons rede­ve­nir de vrais enfants par la ver­tu, nous vou­lons cette inno­cence du cœur. Il n’y a que les enfants qui entrent au ciel. Voyez quelle Espérance, quelle Espérance admi­rable ! Oui, moi, pauvre pécheur, pauvre vieux bon­homme, j’espère, j’espère avoir un jour cette inno­cence de l’enfance. Et arri­ver au ciel pur, car il n’y a que les cœurs purs qui peuvent voir le bon Dieu.

L’Espérance est une ver­tu qui est divine, qui est théo­lo­gale. Ce que nous espé­rons n’est pas pure­ment humain. Notre Espérance n’est pas dans les choses tem­po­relles. Notre Espérance, c’est la Charité du bon Dieu. Ce que nous vou­lons, c’est cette inno­cence par­faite, qui nous per­met­tra de res­sem­bler à Dieu lui-​même. Que vous soyez par­faits comme votre Père céleste est par­fait ! (Mt 5, 48). Voilà ce que nous espé­rons, oui, être par­faits comme Dieu lui-​même. Voilà ce que le bon Dieu nous demande, et voi­là ce qu’il nous com­mande d’espérer

Que la Très Sainte Vierge Marie, notre bonne Mère du ciel, nous bénisse ! Qu’elle bénisse notre pays ! Qu’elle redonne à l’Église sa fier­té, aux hommes d’Église leur fier­té, et qu’elle nous pro­cure bien­tôt le salut éternel !

Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-​Esprit, ain­si soit-il !

Abbé Thierry Gaudray

Pour conser­ver à ce ser­mon son carac­tère propre, le style oral a été maintenu