Du baptême dans le Jourdain, et des jours qui vont suivre, saint Jean nous donne trois évènements. Trois faits qu’à chaque fois il introduit par une expression, altera die… le jour suivant.
Trois répétitions qui dévoilent à saint Jean la personne du Christ et comment le Christ cherche nos âmes. Trois évènements qui l’ont marqué et qui sont, pour celui qui a déposé sa tête dans le creux du côté du Christ, l’introduction aussi bien de la vie intérieure que des mystères cachés du Sacré Cœur,
« Voici l’agneau de Dieu, voici celui qui ôte le péché du monde ». C’est le regard de saint Jean-baptiste sur Jésus. « Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connaissez pas, avait-il dit au Pharisien, quelqu’un qui était avant moi et qui vient après moi. » Le baptiste est le dernier prophète. Les âmes qui l’ont suivi dans le désert se préparaient par un baptême de pénitence à l’approche du temps de Dieu que les écritures avaient annoncé. Il était la voix qui crie dans le désert et qui montrait au peuple de l’ancienne alliance la promesse de Dieu, la descendance d’Abraham.
« Je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, m’a dit : Celui sur qui vous verrez l’Esprit descendre et reposer, c’est lui qui baptise dans l’Esprit Saint. » Je ne le connaissais pas… Saint Jean-Baptiste n’était-il pas pourtant le fils d’Élisabeth, cette cousine que la sainte Vierge s’empressa d’aller aider, parce qu’elle était au sixième mois de sa grossesse, celle que l’on croyait stérile, parce qu’elle était fort avancée en âge pour mettre au monde ce fils annoncé par l’ange. Et saint Jean Baptiste avant même que la Très Sainte Vierge n’ait salué sa cousine avait tressailli dans le sein de sa maman, parce qu’il avait été touché par la grâce de la présence réelle de Celui que portait la saint Vierge, comme le premier ciboire de l’histoire de notre rédemption.
« Je ne le connaissais pas ». Connaître Dieu tel qu’Il se connait, est un acte divin. Même si Jean-Baptiste connaissait la prophétie d’Isaïe sur le serviteur souffrant, « semblable à l’agneau qu’on emmène pour être tué, semblable à la brebis muette devant ceux qui la tondent », lorsqu’il dit « voici l’Agneau de Dieu », prononcer dans la Vérité ces mots en désignant Jésus n’était plus de l’ordre de l’intelligence humaine, mais de l’intelligence divine.
Pour avoir l’intelligence de Dieu, pour intelliger, – intus legere – c’est à dire lire de l’intérieur Dieu, il faut un acte de Dieu en nous. Seul Dieu se connaît lui-même et c’est toujours Lui qui se dévoile, c’est toujours Lui qui vient à nous. Il a fallu à saint Jean Baptiste, l’illumination de l’Esprit pour qu’il découvre en Vérité Jésus, l’Agneau de Dieu, celui qui s’offre à l’Éternel son Père pour tous les crimes des hommes… « et moi, je ne suis pas digne de délier la courroie de ses chaussures ».
La vie de saint Jean-baptiste était d’être le héraut de Dieu, celui qui annonce et qui prépare la voie, mais qui n’est pas la voie. « Il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connaissez pas. » En montrant l’Agneau de Dieu à son disciple, Il lui montrait comment il fallait regarder le Christ, enfin… comment il fallait se laisser regarder par le Christ.
En lui montrant le Christ, il lui montrait la Vie. Car la connaissance de Dieu en Dieu est Vie, et voici qu’elle vient à nous. Pour saint Jean, comme pour nous, Vivre, c’est trouver et entendre Celui qui vient. C’est n’avoir d’autre assurance que cette voix, ce signe inspiré par l’Esprit dans l’évangile qui nous montre le Fils de Dieu. La Vie chrétienne est une vie intérieure, de silence et d’attente, et concrètement une vie non pas avec nous-même, fascinée par le moi, mais une vie d’intimité avec Jésus, l’autre de notre âme. « Qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera », c’est une aventure que de suivre le Christ et de lui dire qu’on l’aime plus que nous même… A chaque fois, Il nous prend au mot. À suivre.