Nous n’accepterons jamais le nouveau rite réformé si proche de la « messe » de Luther


Le Pape Paul VI et les six pro­tes­tants qui ont contri­bué à l’é­la­bo­ra­tion de la nou­velle messe :
Dr. George ; Canon Jasper ; Dr. Shephard ; Dr. Konneth ; Dr. Eugene Brand et le Frère Max Thurian. [Photo du 10 avril 1970]

Pour ne pas oublier

Le seul motif qui puisse auto­ri­ser un Catholique à résis­ter à l’au­to­ri­té dans l’Église, c’est la Foi. Notamment en ce qui concerne la Liturgie, seule la Foi peut moti­ver le refus du nou­veau rite de la Messe. Le motif fon­da­men­tal pour lequel tout prêtre et tout fidèle ne peut accep­ter le Novus ordo consiste jus­te­ment dans le fait que ce der­nier « repré­sente, tant dans son ensemble que dans ses détails, un éloi­gne­ment impres­sion­nant de la Théologie catho­lique »((A. Ottaviani – A. Bacci, op. cit.,Vaduz (Liechtenstein) 1970, p. 23.)).

Cet éloi­gne­ment à l’é­gard de la Théologie catho­lique est le résul­tat d’un rap­pro­che­ment qui a été vou­lu et consen­ti, à l’é­gard de la doc­trine et de la litur­gie pro­tes­tante, comme l’a décla­ré Paul VI lui-​même, lui qui a intro­duit le nou­veau rite : « Il faut qu’à l’ef­fort que l’on demande à nos frères sépa­rés pour qu’ils se réunissent, nous aus­si nous joi­gnions un effort, tout aus­si mor­ti­fiant pour nous, qui est de puri­fier l’Église dans ses rites, afin qu’elle devienne dési­rable et habi­table »1.

Et de fait, comme on le sait, Paul VI a deman­dé à six pas­teurs pro­tes­tants de prendre part à la com­mis­sion char­gée de réa­li­ser la « Nouvelle Messe ». L’un d’entre eux, Max Thurian, membre de la com­mu­nau­té de Taizé, décla­re­ra du reste, à l’oc­ca­sion de la publi­ca­tion du nou­veau mis­sel : « Dans cette messe renou­ve­lée, il n’y a rien qui puisse vrai­ment déran­ger les pro­tes­tants évan­gé­liques »((M. Thurian, dans La Croix du 30 mai 1969.)).

Le Père Bugnini n’a jamais caché ses inten­tions œcu­mé­niques. Il décla­ra notam­ment sur les pages de l’Osservatore Romano que la réforme litur­gique a été sus­ci­tée en réponse au « désir d’é­car­ter toute pierre qui pour­rait consti­tuer ne serait-​ce que l’ombre d’un risque d’obs­tacle ou de peine pour les frères sépa­rés »((Cf. La Documentation Catholique, n° 1445 (1965), col. 604. Dans ce cadre, il appa­raît tout à fait vrai­sem­blable, même si elle n’est pas véri­fiable avec une cer­ti­tude abso­lue, l’in­for­ma­tion selon laquelle Mgr Bugnini (deve­nu évêque en 1972) appar­te­nait à la franc-​maçonnerie : en effet, la franc-​maçonnerie a tou­jours prê­ché l’é­ga­li­té de toutes les reli­gions ; par consé­quent, pour un franc-​maçon le nou­veau rite de la Messe appa­raît sous cet aspect beau­coup moins désa­gréable que le rite tra­di­tion­nel. Les faits seraient les sui­vants : en 1975 Mgr Bugnini fut dénon­cé comme franc-​maçon à Paul VI ; l’ecclésiastique qui l’ac­cu­sait four­nis­sait des preuves et mena­çait de rendre la chose publique. Paul VI prit l’af­faire très au sérieux : afin d’é­vi­ter le scan­dale, il rele­va immé­dia­te­ment Mgr Bugnini de ses fonc­tions de secré­taire de la Congrégation pour le Culte Divin et, en jan­vier 1976, il le nom­ma pro-​nonce à Téhéran. Par la suite le nom d’Annibale Bugnini a dis­pa­ru des listes de pré­lats francs-​maçons publiées par la presse (listes publiées par l’heb­do­ma­daire Panorama, n°538 du 10 août 1976, puis dans l’Osservatore Politico de Mino Pecorelli le 12 sep­tembre 1978). On peut consul­ter sur ce dos­sier l’en­quête du Dr. C. A. Agnoli, La mas­so­ne­ria alla conquis­ta del­la Chiesa, ed. Eiles, Roma 1996 (La Maçonnerie à la Conquête de l’Église).)). C’est pour­quoi il a admis que concer­nant la « nou­velle messe », il s’a­git « par endroits d’une vraie créa­tion nou­velle, puisque l’i­mage de la Liturgie don­née par le Concile Vatican II est com­plè­te­ment dif­fé­rente de celle que l’Église Catholique a eue jus­qu’i­ci »((A. Bugnini, Dichiarazione alla stam­pa (Déclaration à la Presse) (4 jan­vier 1967), dans La Documentation Catholique, n° 1491 (1967), col. 824.)).

De nom­breux repré­sen­tants émi­nents du monde pro­tes­tant – qui évi­dem­ment avaient tou­jours refu­sé la Messe tra­di­tion­nelle – ont affir­mé qu’employer le nou­veau rite pour célé­brer la cène pro­tes­tante ne pré­sente plus la moindre difficulté.

Dans cette lignée, on peut éga­le­ment citer entre autres et outre Max Thurian cité plus haut :

  • G. Siegwalt (Le Monde du 22 novembre 1970) ;
  • O. Jordahn (confé­rence du 15 juin 1975 dans l’ab­baye de Sainte Marie Laach) ;
  • et enfin : la Déclaration offi­cielle du « Consistoire supé­rieur de l’Église de la confes­sion d’Augsburg, d’Alsace et de Lorraine » du 8 décembre 1973((Catéchisme catho­lique de la crise dans l’Église, Mathias Gaudron, Le Sel 2007 p. 178)).

À litur­gie nou­velle cor­res­pond une foi nou­velle, de par le rap­port intime qui relie la lex oran­di et la lex cre­den­di((La loi de la prière est celle de la Foi.)). La nou­velle archi­tec­ture des églises post-​conciliaires le mani­festent de manière écla­tante. Voilà pour­quoi la nou­velle messe est dan­ge­reuse pour la Foi et induit les fidèles qui y assistent à une pro­fes­sion exté­rieure qui est contraire à la Foi.

Notre fidé­li­té au rite tra­di­tion­nel n’est donc pas moti­vée par un atta­che­ment nos­tal­gique au latin, à l’en­cens, aux den­telles et aux bro­de­ries, ni à un cer­tain rituel. Cette fidé­li­té est moti­vée essen­tiel­le­ment par le devoir de conser­ver la Foi et d’ai­der les fidèles à en faire autant.

Voilà pour­quoi nous n’ac­cep­te­rons jamais le nou­veau rite réfor­mé, qui est si proche de la « messe » de Luther.

Voilà pour­quoi nous encou­ra­geons les fidèles à faire tous les sacri­fices pour assis­ter à la Messe de tou­jours et fuir les nou­velles célé­bra­tions, en encou­ra­geant les prêtres à célé­brer uni­que­ment selon le rite traditionnel.

Abbé Pierpaolo Petrucci, Supérieur du District d’Italie

Sources : District d’Italie/​Traduction LPL par O.C.

  1. Cité dans J. Guitton, Paolo VI segre­to, San Paolo, Milano 1985 (4ème édi­tion, 2002), p. 59. []