Institut du Bon Pasteur : la visite canonique, un avertissement

Ces der­niers jours est appa­ru sur inter­net le compte-​rendu de la visite cano­nique de la Commission Ecclesia Dei (1) à l’Institut du Bon Pasteur. Cette com­mu­nau­té com­po­sée ini­tia­le­ment d’ex-membres de la FSSPX fut recon­nue par Rome avec le pri­vi­lège de célé­brer exclu­si­ve­ment la Messe tra­di­tion­nelle et celui de pou­voir effec­tuer « une cri­tique sérieuse et construc­tive » au Concile Vatican II.

Les notes (2) qui font suite à la visite cano­nique montrent clai­re­ment que la volon­té de la Commission Ecclesia Dei (3) est d’amener le Bon pas­teur à l’acceptation, au moins dans le prin­cipe, de la litur­gie moderne dans l’esprit du Motu pro­prio Summorum Pontificum.

De la même manière elle le pousse à recon­naître la vali­di­té de l’enseignement du Catéchisme de l’Église catho­lique qui syn­thé­tise, avec la doc­trine tra­di­tion­nelle, les nou­veau­tés du Concile Vatican II, en oppo­si­tion au magis­tère éter­nel de l’Eglise. Aucune volon­té donc à un retour à la Tradition mais pres­sions pro­gres­sives pour assi­mi­ler les « dis­si­dents » et les rame­ner dans le giron de « l’église conci­liaire » et de ses doc­trines qui doivent être ensei­gnées dans le sémi­naire de l’Institut.

Le pro­blème de conscience qui se pose aujourd’hui pour chaque catho­lique, d’autant plus pour un prêtre et pour une com­mu­nau­té reli­gieuse, est la renon­cia­tion à s’opposer au nou­veau rite, oppo­si­tion qui n’est pas due à un atta­che­ment nos­tal­gique à la litur­gie tra­di­tion­nelle, mais parce que, comme le rap­pe­laient les Cardinaux Bacci et Ottaviani, « il [le nou­veau rite] s’éloigne de manière impres­sion­nante de la théo­lo­gie catho­lique de la Messe telle qu’elle a été défi­nie au Concile de Trente. »

Inacceptables du point de la vue de la Foi sont aus­si les nou­velles doc­trines comme celle sur la valeur salu­taire de toutes les reli­gions ; sur l’œcuménisme et la non-​parfaite iden­ti­té entre l’Église du Christ et l’Église Catholique ; sur la liber­té reli­gieuse ; sur la col­lé­gia­li­té épis­co­pale ; etc.

Une publique et cou­ra­geuse oppo­si­tion à ces erreurs, sans ambi­guï­té, et quelles que soient les per­sé­cu­tions, en outre d’être un devoir, est éga­le­ment indis­pen­sable pour le bien de l’Église puisque c’est ain­si que l’on pour­ra contri­buer à la faire sor­tir de la ter­rible crise qu’elle subit aujourd’hui.

Abbé Pierpaolo Petrucci, Supérieur du District d’Italie

Notes

(1) Lettre de Mgr Pozzo à l’abbé Philippe Laguérie (Source : Pontificia Commissio « Ecclesia Dei »)
Du Vatican, le 23 mars 2012,
Cher Monsieur le Supérieur général,
Heureux de vous avoir revu mer­cre­di der­nier à l’occasion de la réunion pré­si­dée par Son Éminence le Cardinal William Levada, je suis à même de vous trans­mettre les recom­man­da­tions offi­cielles de la Commission pon­ti­fi­cale Ecclesia Dei à la suite de la visite cano­nique de l’Institut du Bon Pasteur.
Comme vous le ver­rez, il a été tenu compte de l’échange que nous avons eu au cours de cette réunion. Vous aviez sou­hai­té connaître le nom d’un ouvrage qui nour­risse votre réflexion sur le pas­to­rat du Christ : l’exhortation apos­to­lique post-​synodale Pastores dabo vobis répond à votre désir. En effet, voi­ci exac­te­ment vingt ans, elle a fait le point sur les thèmes fon­da­men­taux qui sont la voca­tion sacer­do­tale, la nature et la mis­sion du sacer­doce minis­té­riel, la for­ma­tion des can­di­dats au sacer­doce, la vie spi­ri­tuelle du prêtre, et la for­ma­tion per­ma­nente des prêtres. Vous pou­vez donc vous lais­ser conduire par elle comme par un guide très sûr.
Formant les meilleurs vœux pour la tenue pro­chaine du Chapitre géné­ral de l’Institut, je vous prie de trou­ver ici, cher Monsieur le Supérieur géné­ral, l’assurance de mes sen­ti­ments cor­diaux et dévoués.
Monseigneur Guido POZZO
Secrétaire
(avec annexe)

(2) Annexe – Note sur les conclu­sions de la visite cano­nique de l’Institut du Bon Pasteur
D’une manière géné­rale, il est néces­saire d’approfondir le cha­risme fon­da­teur de l’Institut, en pen­sant davan­tage à l’avenir qu’au pas­sé. Pour pré­pa­rer le pro­chain cha­pitre géné­ral, il sera utile de réflé­chir sur le pas­to­rat du Christ.
Chacun aura à cœur d’approfondir les carac­té­ris­tiques d’une socié­té de vie apos­to­lique, qui évite toute forme d’individualisme. Pour cela, il sera bon de contac­ter d’autres socié­tés de vie apos­to­lique aptes à aider cette réflexion sur la vie communautaire.
La ques­tion de la pra­tique de la forme extra­or­di­naire, telle qu’elle est for­mu­lée dans les Statuts, est à pré­ci­ser dans l’esprit de Summorum Pontificum. Il convien­drait sim­ple­ment de défi­nir cette forme comme le « rite propre » de l’Institut, sans par­ler d’« exclusivité ».
En ce qui concerne le sémi­naire de Courtalain, l’évaluation est posi­tive, mais il convien­drait d’intégrer l’étude du Magistère actuel des Papes et de Vatican II. La for­ma­tion pas­to­rale devrait être faite à la lumière de Pastores dabo vobis et la for­ma­tion doc­tri­nale insé­rer une étude atten­tive du Catéchisme de l’Église catho­lique.
Pour résoudre la ques­tion de l’implantation du sémi­naire, à moins d’une exten­sion à Courtalain même, il serait pos­sible d’interroger la Conférence épis­co­pale de France, afin qu’elle sug­gère elle-​même des noms de dio­cèses où l’installer.
Plus que sur une cri­tique, même « sérieuse et construc­tive », du Concile Vatican II, les efforts des for­ma­teurs devront por­ter sur la trans­mis­sion de l’intégralité du patri­moine de l’Église, en insis­tant sur l’herméneutique du renou­vel­le­ment dans la conti­nui­té et en pre­nant pour sup­port l’intégrité de la doc­trine catho­lique expo­sée par le Catéchisme de l’Église catho­lique.
Pour amé­lio­rer le fonc­tion­ne­ment du Conseil et pré­pa­rer le Chapitre géné­ral, il convien­drait de deman­der l’avis d’un cano­niste. On sug­gère les noms des RR.PP. Pocquet du Haut-​Jussé, s.j.m. et Le Bot, o.p.. Une réunion men­suelle du Conseil semble opportune.
Il faut sou­hai­ter qu’un bon dis­cer­ne­ment soit fait pour les voca­tions en pro­ve­nance du Brésil, ain­si qu’une réflexion sur l’accueil des prêtres de l’Institut dans les dif­fé­rents dio­cèses. Il est impor­tant que l’Évêque accueille et valo­rise le cha­risme spé­ci­fique de l’Institut pour le bien de tout le dio­cèse et, en même temps, que les prêtres de l’Institut s’insèrent réel­le­ment avec un esprit de com­mu­nion dans l’ensemble de la vie ecclé­siale du diocèse.
La mise en place d’un Conseil éco­no­mique aide­ra la paroisse Saint-​Éloi à deve­nir juri­di­que­ment plus conforme aux autres paroisses de l’archidiocèse de Bordeaux.
L’école de l’Angélus, dans l’archidiocèse de Bourges, doit être sui­vie davan­tage par le Supérieur géné­ral. On encou­rage la recherche d’une recon­nais­sance dio­cé­saine et la cla­ri­fi­ca­tion de la situa­tion financière […]

(3) Photocopie de la lettre du Secrétaire de Pontificia Commissio « Ecclesia Dei »