Conférence de Mgr Lefebvre à Barcelone : où conduit le libéralisme ? – 29 décembre 1975

C’est pour défendre la foi catho­lique que je crois néces­saire de répondre à l’appel des laïcs et des prêtres qui se rendent compte de la gra­vi­té de la situa­tion dans laquelle se trouve l’Église aujourd’hui, pour essayer, à ma mesure, de leur don­ner les rai­sons et les motifs de cette crise et d’en décou­vrir, par le fait même, les remèdes. Je ne viens pas ici pour défendre une thèse ou une orien­ta­tion quel­conque de ma part dans l’Église, je viens vrai­ment pour défendre la foi, comme je l’ai fait il y a un mois au Canada et quelque temps avant en Angleterre et en Belgique.

L’Église et le libéralisme

Il me semble impos­sible de com­prendre la situa­tion actuelle de l’Église sans nous réfé­rer à sa situa­tion depuis un siècle. Tout au long des XIXe et XXe siècles, les papes comme Pie VI, Pie VII, Grégoire XVI, Pie IX, saint Pie X et Pie XII ont eu à lut­ter avec le libé­ra­lisme et les erreurs du catho­li­cisme libé­ral. Ils ont été obli­gés d’affirmer constam­ment la véri­té de l’Église, seul moyen de salut, et la néces­si­té d’adhérer à elle seule, puisqu’elle seule pos­sède toute la véri­té que Notre Seigneur Jésus-​Christ lui a confiée.

Les principes du libéralisme

Sur ce point, les libé­raux avaient une autre idée, que les papes ont constam­ment réprou­vée mais qui, mal­gré cela, est tou­jours reve­nue à la sur­face et peut expli­quer la situa­tion actuelle de l’Église : ils ont tou­jours vou­lu unir les prin­cipes de la Révolution de 1789 avec ceux de l’Église[1].

Ces prin­cipes vous les connais­sez, ce sont ceux du pro­tes­tan­tisme. Or celui-​ci est essen­tiel­le­ment libé­ral et c’est de lui que sont issus les phi­lo­sophes du XVIIIe siècle : Voltaire, Rousseau, Diderot et tous ceux qui se sont faits les porte-​voix d’une phi­lo­so­phie libé­rale, au sens de la libé­ra­tion de toute contrainte et spé­cia­le­ment de la contrainte de la véri­té. La véri­té oblige nos intel­li­gences à connaître les choses telles qu’elles sont, dans leur réa­li­té qui s’impose à nous.

Mais le libé­ral ne veut pas qu’on lui impose une véri­té de l’extérieur par la foi, par la Révélation ou par l’Église, il veut faire sa véri­té à lui, il veut se libé­rer du dogme. Au nom de son intel­li­gence, de la rai­son humaine, de la science, le libé­ral refuse donc aus­si la foi.

Enfin, troi­sième élé­ment du libé­ra­lisme, le libé­ral veut se libé­rer de la loi. Il estime que c’est à sa conscience d’être sa règle et sa loi et il refuse, par consé­quent, toute loi morale. C’est cette liber­té qui est au fond du libé­ra­lisme. À cause d’elle, le libé­ral rejette toute auto­ri­té : celle de Dieu qui est la véri­té, celle de Jésus-​Christ qui est la Révélation, celle de la socié­té. Ainsi, à par­tir du pro­tes­tan­tisme, et à tra­vers ces phi­lo­sophes, ces libé­raux et tous ceux qui leur ont suc­cé­dé, nous en arri­vons à la des­truc­tion totale de la société.

L’infiltration du libéralisme dans l’Église

Jusqu’au Concile Vatican II, on peut dire que l’Église, par la voix de ses papes, avait tou­jours résis­té au libé­ra­lisme. Elle avait tou­jours condam­né ses erreurs et rap­pe­lé la néces­si­té d’accepter la véri­té, la foi, la loi. Ainsi on voit l’opposition pro­fonde : puisque le libé­ral est contre l’autorité, ils ne peuvent sub­sis­ter tous les deux ensemble.

Or le libé­ra­lisme s’est intro­duit len­te­ment à l’intérieur de l’Église, péné­trant d’abord la men­ta­li­té des sémi­naires et, ensuite, celle des évêques et des hommes d’Église. Ces der­niers ont ain­si vou­lu se ral­lier aux mêmes prin­cipes et pen­sèrent que l’Église pou­vait, elle aus­si, les adop­ter sans dan­ger. C’est ce qui s’est pas­sé au Concile qui n’a pas été autre chose qu’un essai d’assimilation des prin­cipes du libé­ra­lisme, un essai d’union entre l’Église et les libé­raux. Je l’ai déjà dit sou­vent dans mes confé­rences, la col­lé­gia­li­té, l’œcuménisme et la liber­té reli­gieuse sont les trois sujets prin­ci­paux qui ont été dis­cu­tés avec le plus de pas­sion au Concile. Or, remar­quez bien, ils cor­res­pondent pré­ci­sé­ment aux trois prin­cipes libé­raux de la liber­té, de l’égalité et de la fra­ter­ni­té. La liber­té, c’est la liber­té reli­gieuse. On a vou­lu l’introduire non pas telle que la conce­vait l’Église mais telle que la conçoivent les libé­raux et la Révolution. L’égalité c’est la col­lé­gia­li­té, c’est-à-dire la démo­cra­tie intro­duite dans l’Église. Et l’œcuménisme c’est la fra­ter­ni­té : on embrasse tout le monde, les musul­mans, les pro­tes­tants, les boud­dhistes, toutes les reli­gions, nous sommes tous frères.

Eh bien, ce sont les prin­cipes de la Révolution qui se sont intro­duits dans le Concile par l’intermédiaire de ces trois idées, car jamais on n’avait conçu l’œcuménisme de la façon dont le Concile l’a conçu. On connais­sait les conciles œcu­mé­niques, c’est-à-dire les conciles géné­raux où se réunissent tous les évêques. On connais­sait aus­si l’Union œcu­mé­nique des Églises, qui est l’union pro­tes­tante. On avait aus­si com­men­cé à faire de l’œcuménisme un peu avant le Concile mais avec beau­coup de pru­dence : seule­ment un cer­tain dia­logue entre pro­tes­tants et catho­liques. Mais l’œcuménisme tel qu’on l’entend main­te­nant – et dont on voit les consé­quences dans les inter­com­mu­nions entre pro­tes­tants et catho­liques ou dans cette espèce de fusion du culte et de la prière avec toutes les reli­gions – cet oecu­mé­nisme est un faux œcu­mé­nisme et c’est par lui que nous arri­vons vrai­ment à la des­truc­tion de la reli­gion catholique.

La liberté religieuse

De même la liber­té reli­gieuse dans la bouche des papes, car ils en ont tou­jours par­lé, c’était la liber­té de la reli­gion et non la liber­té des reli­gions, ce qui n’est pas du tout la même chose. Les papes ont tou­jours pro­cla­mé la liber­té de la véri­té, de la vraie reli­gion, la reli­gion catho­lique, mais non de toutes les reli­gions ni de l’erreur. Celles-​ci peuvent jouir de la tolé­rance, mais sans avoir les mêmes droits. C’est ce qu’a dit d’une manière très expli­cite le pape Pie VII lorsqu’il se plai­gnit à Louis XVIII de la liber­té des cultes qui n’existait pas aupa­ra­vant en France : « Par cela même qu’on éta­blit la liber­té de tous les cultes sans dis­tinc­tion, on confond la véri­té et l’erreur et l’on met au rang des sectes et de la per­fi­die judaïque l’Épouse sainte et imma­cu­lée du Christ, l’Église, hors de laquelle il ne peut y avoir de salut ». Tous les papes ont dit la même chose. Or, lisez l’acte du Concile De la liber­té reli­gieuse et vous ver­rez que pra­ti­que­ment on demande à tous les États de mettre toutes les reli­gions sur le même pied et de leur don­ner les mêmes droits, afin qu’elles puissent toutes avoir leur propre orga­ni­sa­tion, leurs écoles, leur presse, qu’elles puissent toutes répandre leurs idées. Ceci est d’une gra­vi­té excep­tion­nelle. Par le fait même il fau­dra révi­ser tous les concor­dats avec les États catho­liques, et ce sera au nom de la liber­té reli­gieuse qu’on leur deman­de­ra de chan­ger non seule­ment leurs concor­dats mais aus­si leurs constitutions.

Je puis vous don­ner l’exemple concret de la Colombie qu’on peut d’ailleurs très bien appli­quer à l’Espagne. J’étais jus­te­ment en Colombie lorsque le Président de la République a annon­cé à la popu­la­tion qu’à la demande du Saint-​Siège on avait enle­vé le pre­mier article de la consti­tu­tion qui sti­pu­lait : « La reli­gion catho­lique est la seule reli­gion recon­nue par la République colom­bienne ». Il a expri­mé son regret, com­pre­nant que beau­coup de catho­liques seraient sur­pris de pen­ser qu’on ait sup­pri­mé le règne social de Notre Seigneur Jésus-​Christ sur leur pays. Il a ajou­té qu’étant catho­lique lui-​même il s’efforcerait d’avoir tou­jours un immense res­pect pour la reli­gion catho­lique et qu’il ferait tou­jours son pos­sible pour l’Église, mais que désor­mais elle ne serait plus la seule reli­gion recon­nue offi­ciel­le­ment par la Colombie. Le Nonce a fait sur le pro­grès, le déve­lop­pe­ment, la digni­té humaine, un dis­cours qui aurait pu être tenu par un franc-​maçon. Et le pré­sident de la confé­rence épis­co­pale a pro­non­cé un troi­sième dis­cours en se réfé­rant tout sim­ple­ment au docu­ment conci­liaire De la liber­té reli­gieuse, pour jus­ti­fier que la reli­gion catho­lique ne soit plus la seule recon­nue dans la République colom­bienne bien que, et le Président de la République l’avait dit, 98 % des Colombiens fussent catho­liques et 2 % seule­ment non catho­liques. Ensuite j’ai su par le secré­taire de l’Assemblée des évêques qu’ils avaient pen­dant deux ans fait le siège de la Présidence de la République au nom de la Secrétairerie d’État de Rome pour en arri­ver là. Cet exemple est très grave et concerne au pre­mier chef l’Espagne car on peut être cer­tain qu’actuellement les mêmes, au Saint-​Siège, veulent éga­le­ment pour elle non seule­ment la sup­pres­sion du concor­dat mais aus­si le chan­ge­ment de la consti­tu­tion[2].

En 1947, il fait voter une loi de suc­ces­sion réins­tau­rant la monar­chie en Espagne « État catho­lique et social ».

En août 1953, comme l’avait fait Alphonse XIII, il conclut un nou­veau concor­dat avec le Saint-Siège.

Après la clô­ture de Vatican II (le 8 décembre 1965) dont les conclu­sions et les appli­ca­tions ont for­te­ment trou­blé le cler­gé espa­gnol, sous la pres­sion du Saint-​Siège le géné­ral Franco fait adop­ter, en novembre 1966, une réforme consti­tu­tion­nelle qui recon­naît le prin­cipe de la liber­té reli­gieuse, le catho­li­cisme demeu­rant reli­gion d’État.

Le 22 juillet 1969, les Cortès rati­fient le choix du petit-​fils d’Alphonse XIII, don Juan-​Carlos, comme suc­ces­seur du Caudillo avec le titre de roi.

Alors que l’état de san­té du géné­ral est deve­nu très pré­oc­cu­pant (il mour­ra le 20 novembre 1975), don Juan-​Carlos est inves­ti par les Cortes des pou­voirs de chef de l’État, le 30 octobre 1975, les­quels, le len­de­main, modi­fient la Constitution, réaf­fir­mant « la liber­té de conscience », le catho­li­cisme n’ayant plus le sta­tut de reli­gion d’État.

Dans le cadre des réformes post-​conciliaires, le Vatican ne vou­lant plus entendre par­ler de concor­dats entre le Saint-​Siège et les États, un simple accord por­tant notam­ment sur l’échange de repré­sen­ta­tions diplo­ma­tiques, est conclu, en 1979 entre Rome et Madrid.

Vous vous deman­dez sans doute com­ment les Pères conci­liaires ont pu accep­ter une chose pareille. Et pour­tant je vous assure que nous étions deux cent cin­quante évêques qui avions com­pris le dan­ger très grave que cour­raient tous les États catho­liques avec une telle décla­ra­tion sur la liber­té reli­gieuse et que nous avons donc tout fait pour l’empêcher de pas­ser. Car, en défi­ni­tive, elle se résume en ce que l’État ne peut adhé­rer à la vraie reli­gion, mais doit au contraire les lais­ser toutes se déve­lop­per chez lui en pleine liber­té sans s’en occu­per. Or ceci est abso­lu­ment contraire au règne de Notre Seigneur Jésus-​Christ et à la fin même de l’Église.

Pourquoi l’Église existe-​t-​elle sur terre sinon pour pro­pa­ger le règne de Notre Seigneur Jésus-​Christ et, par Lui, impor­ter la civi­li­sa­tion chré­tienne, la seule civi­li­sa­tion valable ? Car il n’y a rien en dehors de Notre Seigneur Jésus-​Christ, saint Pierre le dit : Non est in alio ali­quo salus, il ne nous a pas été don­né d’autre nom sur la terre pour nous sau­ver que celui de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Par consé­quent, si un État est catho­lique, avec son chef et 98 % de sa popu­la­tion, c’est le devoir du chef d’État de gar­der la foi, seule source de salut, et par consé­quent de contri­buer à l’œuvre de l’Église pour gar­der les âmes unies à Notre Seigneur et les sau­ver pour l’éternité. Il doit donc refu­ser les autres reli­gions, ou ne leur don­ner qu’une cer­taine tolé­rance s’il ne peut pas faire autre­ment. Voilà ce que l’Église a tou­jours ensei­gné sur le rôle de tout chef catho­lique d’un État catholique.

Au Concile, pour chan­ger tout cela, on pré­ten­dait que lorsqu’il n’y aurait plus d’État catho­lique, la Russie accep­te­rait à son tour la liber­té reli­gieuse, don­nant don­nant. Mais c’était un pré­texte pour nous ber­ner car, en défi­ni­tive, même ceux qui nous le disaient, savaient très bien que jamais la Russie n’accepterait une chose pareille.

Par consé­quent l’unique rai­son de cette Déclaration sur la liber­té reli­gieuse vient de la maçon­ne­rie dont le but est de sup­pri­mer le règne de Notre Seigneur sur la terre et d’établir une espèce de reli­gion uni­ver­selle. Or, tout ce qui n’est pas issu de Notre Seigneur Jésus-​Christ est issu du diable, nécessairement.

Le Père Congar, quand on lui expo­sait que, pour sau­ver les âmes, l’Église devait néces­sai­re­ment pro­cla­mer la véri­té et la révé­la­tion de Notre Seigneur Jésus-​Christ, répon­dait que main­te­nant on ne consi­dé­rait plus ces choses sous l’aspect de véri­té mais sous celui de la digni­té humaine. Mais qu’est-ce que la digni­té humaine sinon d’aimer la véri­té et le bien ? Or comme la véri­té et le bien c’est Notre Seigneur Jésus-​Christ nous voi­ci de nou­veau rame­nés à Lui ! Mais si, sous pré­texte de digni­té humaine, il faut lais­ser cha­cun choi­sir libre­ment sa reli­gion, si celles-​ci se valent toutes, l’Église ne peut plus être mis­sion­naire et elle ne peut plus prê­cher l’Évangile.

Cette Déclaration sur la liber­té reli­gieuse est donc un texte qui ruine l’Église dans ses fon­de­ments les plus solides et son esprit mis­sion­naire, qui ruine tous les États et toutes les socié­tés catholiques.

La collégialité

« Venons-​en main­te­nant à la deuxième réa­li­té, celle qui a intro­duit la démo­cra­tie dans l’Église : la col­lé­gia­li­té. Pourquoi la col­lé­gia­li­té ? » Pour intro­duire ce prin­cipe contraire à toute auto­ri­té, que ce soit celle du Pape, des évêques ou d’un curé, qu’il faut tou­jours consul­ter les infé­rieurs parce qu’il faut faire par­ti­ci­per la base à l’exercice de l’autorité. Or ceci est très grave, sur­tout dans la sainte Église où l’autorité est per­son­nelle. Par exemple l’autorité du Pape des­cend direc­te­ment de Dieu à sa per­sonne, car les car­di­naux ne font que le dési­gner, ils ne lui donnent pas l’autorité. De même l’autorité de l’évêque sur son dio­cèse lui vient du sacre. Le curé éga­le­ment est nom­mé à la tête de sa paroisse, il reçoit l’autorité d’en haut et non pas de ses parois­siens. Il reçoit son auto­ri­té de la part de Dieu car il par­ti­cipe à l’autorité de Dieu.

D’ailleurs, toute auto­ri­té vient de Dieu, saint Paul le dit : Omnis potes­tas a Deo. Même le père de famille, même le moindre de ceux qui exercent une auto­ri­té sur d’autres, par­ti­cipe tou­jours d’une cer­taine manière à l’autorité de Dieu. Or, ce prin­cipe de la col­lé­gia­li­té vient pré­ci­sé­ment à l’encontre de cette auto­ri­té, en créant des synodes, des conseils pres­by­té­raux, des conseils épis­co­paux, sans les­quels l’autorité ne peut mora­le­ment plus agir seule en pra­tique, même si elle le peut encore phy­si­que­ment, sous peine de ris­quer d’être confron­tée à des dif­fi­cul­tés consi­dé­rables. Ainsi l’évêque ne peut plus rien faire sans son conseil pres­by­té­ral, le curé sans son conseil parois­sial, le Pape sans le synode ou les confé­rences épiscopales.

Combien de fois, main­te­nant, lorsqu’on fait une ins­tance auprès du Saint-​Père, on entend les congré­ga­tions romaines nous ren­voyer à la confé­rence épis­co­pale. Elle devient ain­si un écran entre les évêques, les prêtres, les fidèles et le Pape, alors qu’autrefois le Pape était le père de tous et que le plus petit des laïcs pou­vait lui écrire et en rece­voir une réponse, sachant que sa cause serait enten­due et étu­diée. Mais aujourd’hui, même les évêques ne peuvent s’adresser direc­te­ment au Pape, on leur répond de s’adresser à la confé­rence épiscopale.

Or la confé­rence épis­co­pale n’est pas une ins­ti­tu­tion divine et, en intro­dui­sant de tels organes démo­cra­tiques on a vrai­ment détruit l’exercice de l’autorité divine à l’intérieur de l’Église. Tous les évêques ont peur les uns des autres et, par exemple, si on leur demande de prendre une déci­sion au sujet d’un sémi­naire ou du caté­chisme ou de leurs écoles, ils répondent qu’ils ne sont pas libres, et qu’ils ne peuvent rien faire sans consul­ter leurs confrères de la confé­rence épis­co­pale ou telle ou telle com­mis­sion. C’est très grave, car un évêque qui n’a plus la liber­té de com­man­der dans son dio­cèse n’en est plus le père. Sans doute il est très utile que les évêques prennent conseil mais cela était déjà pré­vu par le droit canon d’autrefois. L’évêque avait un conseil mais seule­ment avec pou­voir consul­ta­tif et non déli­bé­ra­tif. Il le réunis­sait libre­ment et en nom­mait les membres lui-​même, tan­dis que main­te­nant tous ces conseils sont élus, c’est-à-dire que les membres en sont impo­sés à l’évêque. De même les confé­rences épis­co­pales ne sont pas une mau­vaise chose si leur pou­voir est limi­té à une meilleure entente, par exemple en vue de réa­li­ser un sémi­naire, une uni­ver­si­té ou de réa­li­ser un jour­nal catho­lique. Il est bon que les évêques se consultent mutuel­le­ment, mais que cela devienne un orga­nisme tel qu’ils ne puissent plus rien faire dans leur dio­cèse sans consul­ter les diverses com­mis­sions qui dépendent de la confé­rence épis­co­pale, cela est abso­lu­ment inad­mis­sible. Il est contraire aux lois de l’Église que, pour les sémi­naires, la presse, les écoles ou le caté­chisme, l’évêque dépende de telles commissions.

L’œcuménisme et ses conséquences

- La réforme liturgique

Il faut aus­si noter les consé­quences de l’œcuménisme, et tout d’abord la réforme litur­gique qui dérive, à mon avis, d’un faux œcu­mé­nisme qui veut ni plus ni moins nous assi­mi­ler au pro­tes­tan­tisme. Car on a vou­lu nous rap­pro­cher des pro­tes­tants non en les atti­rant vers le catho­li­cisme, mais en rap­pro­chant au contraire celui-​ci du protestantisme.

C’est pour cela qu’on a chan­gé les for­mules du Saint Sacrifice de la messe, toutes celles aus­si des sacre­ments, on a modi­fié le bré­viaire des prêtres, le calen­drier. Tout cela a été fait pour évi­ter tout ce qui peut gêner les pro­tes­tants. Mais à force de se deman­der avant chaque réforme ce que pensent les pro­tes­tants, on finit évi­dem­ment par éli­mi­ner tout ce qui est pro­pre­ment catho­lique, tout ce qui rap­pelle vrai­ment notre foi à l’encontre des erreurs protestantes.

Par exemple si vous pre­nez les nou­veaux textes pour les enter­re­ments, vous ver­rez qu’on n’y exprime plus la dis­tinc­tion entre le corps et l’âme, même si on parle du « prin­cipe vital » ; c’est très grave. Du bré­viaire des prêtres on a enle­vé tous les psaumes impré­ca­toires, qui demandent à Dieu de réduire à néant les enne­mis de la reli­gion et de l’Église. Pourquoi ? Devons-​nous main­te­nant cen­su­rer l’Esprit-Saint ? Or c’est bien ce que nous fai­sons en choi­sis­sant seule­ment les psaumes qui conviennent aux protestants.

C’est ain­si que dans la messe aus­si, pour plaire aux juifs, le nou­vel offer­toire est tout sim­ple­ment une béné­dic­tion juive du qua­trième siècle, d’un rab­bin qui bénit le repas de famille.

Quant à la trans­for­ma­tion du Canon, en par­ti­cu­lier celle de la consé­cra­tion, vous la retrou­ve­rez chez Luther. Car lui aus­si a ajou­té « Quod pro vobis tra­de­tur » après « Hoc est cor­pus » : « Ceci est mon corps livré pour vous ». Or Luther l’a ajou­té pour repro­duire plus exac­te­ment la Cène qui, pour les pro­tes­tants, n’est qu’un repas et non un sacrifice.

Or le Concile de Trente enseigne bien : « Celui qui dit qu’à la Cène il n’y a eu qu’un repas et non un sacri­fice, qu’il soit ana­thème ». Car il y a eu un réel sacri­fice au moment de la Cène : Notre Seigneur sépa­rant son corps et son sang et pré­fi­gu­rant ain­si le Sacrifice qu’il devait offrir sur la Croix. Or les pro­tes­tants le nient et ne veulent pré­ci­sé­ment repro­duire le récit de la Cène que comme un repas com­mé­mo­ra­tif. C’est aus­si pour­quoi on pro­nonce les paroles de la consé­cra­tion sans dif­fé­rence de ton et sans s’y arrê­ter par­ti­cu­liè­re­ment, tan­dis que selon le mis­sel romain on se rend compte tout de suite que se réa­lise un mys­tère extra­or­di­naire, celui de l’action sacri­fi­cielle de la pré­sence de Notre Seigneur Jésus-​Christ qui conti­nue à la messe son sacri­fice de la Croix.

La concep­tion pro­tes­tante est morte parce qu’elle est seule­ment his­to­rique : on répète les choses qui se sont faites dans le temps. Dans la concep­tion catho­lique, au contraire, la messe est un véri­table sacri­fice, celui même qui s’est pas­sé au Calvaire. Il n’y a pas de dif­fé­rence entre le Calvaire et la Sainte messe si ce n’est que le sacri­fice au Calvaire était san­glant, et à la messe non san­glant ; mais à l’un et l’autre Notre Seigneur Jésus-​Christ est vic­time et prêtre. Nous ne sommes que ses ministres, nous agis­sons en la per­sonne du Christ, mais le vrai ministre c’est Lui.

Par consé­quent on com­prend toutes les atti­tudes du prêtre dans le Canon romain : il s’arrête avant de pro­non­cer les paroles mer­veilleuses qui vont pro­duire le miracle le plus extra­or­di­naire de Notre Seigneur, le mys­tère qui est à la source de toute la civi­li­sa­tion chré­tienne. N’oubliez pas cela : la civi­li­sa­tion chré­tienne se trouve tout entière dans les paroles de la consé­cra­tion du prêtre parce que l’oblation sacri­fi­cielle est la concep­tion chré­tienne de la vie. Le chré­tien doit s’offrir en sacri­fice avec Notre Seigneur, le reli­gieux et la reli­gieuse ne sont rien d’autre que des vic­times offertes publi­que­ment par l’Église, le prêtre s’unit à la vic­time sur l’autel. Tout cela a une réper­cus­sion dans la civi­li­sa­tion chré­tienne dont le cœur se trouve sur l’autel du Sacrifice de la messe par les paroles de la consé­cra­tion. Voilà pour­quoi nos belles églises, nos cathé­drales, nos sanc­tuaires magni­fiques, furent éle­vés au-​dessus de l’autel. Mais pour le pro­tes­tant tout cela est mort puisqu’il a une reli­gion seule­ment historique.

Alors, pour­quoi nous faire copier les pro­tes­tants ? Pourquoi vou­loir que le prêtre récite les paroles de la consé­cra­tion sur le même ton que le reste ; sans plus s’incliner, avec une seule génu­flexion après l’élévation ? Tout cela est extrê­me­ment dan­ge­reux, à force de vou­loir nous assi­mi­ler aux pro­tes­tants nous le devien­drons nous-​mêmes. Les enfants sur­tout, qui n’auront pas connu la manière de faire d’autrefois, auront une men­ta­li­té pro­tes­tante. Quand on leur deman­de­ra ce qui se passe à l’autel ils répon­dront que c’est un repas, une eucha­ris­tie, une com­mu­nion, mais ils ne diront pas que c’est le sacri­fice de Notre Seigneur Jésus-​Christ comme au Calvaire. Ils ne le savent plus car on ne le leur dit plus, on n’y croit plus. Même des prêtres com­mencent à dou­ter de la pré­sence réelle. On met le Saint Sacrement loin de l’autel, n’importe qui le dis­tri­bue n’importe com­ment et sans res­pect, parce qu’on ne croit plus à cette réa­li­té du Saint Sacrifice de la messe.

- La réforme du catéchisme

Comme autre très grave consé­quence de l’œcuménisme il faut aus­si citer la réforme du caté­chisme, la caté­chèse. On ne nie pas, mais on laisse de côté cer­taines véri­tés dont on ne parle plus. On ne par­le­ra plus des anges, de l’enfer, ni du pur­ga­toire, et à plus forte rai­son des limbes. On par­le­ra de la Vierge Marie mais on ne dira plus qu’elle a été tou­jours vierge, non plus sem­per vir­go mais vir­go seule­ment. On omet­tra éga­le­ment de par­ler du péché ori­gi­nel, et pour­tant toutes ces choses sont essen­tielles pour notre sainte reli­gion et nous ne pou­vons pas les taire.

On nous dira que par­ler de l’enfer, du pur­ga­toire ou du péché ori­gi­nel à des enfants leur donne des com­plexes, et qu’il ne faut donc pas trop y insis­ter. On nous dira que notre reli­gion doit quand même évo­luer et que l’expression de la foi doit s’adapter. Mais en trans­for­mant ain­si la caté­chèse, et ceci dans tous les pays, on finit par trans­for­mer la foi et par chan­ger son concept même.

Car notre foi, la foi catho­lique, est l’adhésion de notre intel­li­gence à la révé­la­tion faite par Notre Seigneur Jésus-​Christ, à cause de l’autorité de Dieu qui révèle ; la foi pro­tes­tante est tout autre chose. Elle est, tan­dis qu’un sen­ti­ment inté­rieur nous pousse vers Dieu, une pro­tes­ta­tion inté­rieure de confiance en Dieu. Or, vous remar­que­rez que les for­mules actuelles des sacre­ments sont pré­ci­sé­ment beau­coup plus une pro­tes­ta­tion de notre foi qu’une expres­sion de celle-​ci, c’est donc très dan­ge­reux aussi.

Le bap­tême, selon les nou­velles for­mules, est davan­tage une ini­tia­tion, une entrée dans la com­mu­nau­té chré­tienne, que le rachat et la sup­pres­sion du péché ori­gi­nel. Ensuite, cette espèce de col­lec­ti­visme se retrouve dans le sacre­ment de péni­tence avec les abso­lu­tions collectives.

Remarquez aus­si que les péchés qu’on demande d’accuser ne sont plus les péchés per­son­nels com­mis envers Dieu comme le blas­phème, mais les péchés contre la com­mu­nau­té com­mis envers le pro­chain, comme les man­que­ments à la charité.

Ensuite, la com­mu­nion, l’eucharistie, devient aus­si l’expression de la com­mu­nau­té : nous sommes tous unis dans le par­tage du même pain. Ainsi la messe est réduite à une espèce d’expression de la com­mu­nau­té chrétienne.

Et l’Ordre ? Le prêtre devien­dra le pré­sident de la com­mu­nau­té, on ne par­le­ra plus du carac­tère sacer­do­tal qu’il a reçu pour offrir le Saint Sacrifice de la messe et qui le fait par­ti­ci­per, pour ain­si dire, à l’union hypo­sta­tique de Notre Seigneur avec Dieu, et qui le fait par­ti­ci­per, par consé­quent, au pou­voir de Notre Seigneur de pro­non­cer les paroles de la consé­cra­tion et d’offrir le sacri­fice. Non, le prêtre n’est plus cela, il devient celui qui pré­side la communauté.

Et il en est ain­si de tous nos sacre­ments. Le mariage ne sera plus que la mul­ti­pli­ca­tion maté­rielle des membres de la com­mu­nau­té chré­tienne. Et voi­là, de cette façon on donne une idée col­lec­ti­viste de nos sacre­ments sans plus s’occuper de cette mer­veilleuse réa­li­té qu’est la grâce sur­na­tu­relle, par laquelle nous renais­sons à la vie sur­na­tu­relle, nous sommes incor­po­rés à Notre Seigneur Jésus-​Christ lui-​même. Ce sont deux mondes dif­fé­rents : d’un côté nous demeu­rons dans un plan pure­ment humain, reli­gieux mais humain, et de l’autre nous sommes éle­vés à l’état sur­na­tu­rel, à la vie divine, celle de la Très Sainte Trinité, que nous devons à Notre Seigneur venu sur terre pour cela. C’est dire la différence !

Voilà ce qui fait toute la gran­deur et la beau­té du prêtre, et on com­prend très bien que si l’eucharistie n’est plus qu’un signe de la com­mu­nion, que si le prêtre n’est plus que le pré­sident de la com­mu­nau­té, alors il se tourne vers les fidèles. Si c’est un repas, on ne détourne pas son visage des convives, on se met évi­dem­ment vis-​à-​vis d’eux. De même on ne don­ne­ra pas la nour­ri­ture dans la bouche comme à des enfants, et c’est ce qui explique la com­mu­nion dans la main. Ainsi toutes ces nou­veau­tés litur­giques se com­prennent très bien.

Mais si l’on revient à la notion de sacri­fice, c’est tout dif­fé­rent. Si la vic­time, la cause du sacri­fice, est vrai­ment pré­sente sur l’autel et que la com­mu­nion n’est que le fruit du sacri­fice, alors, en la man­geant, nous par­ti­ci­pons à la vic­time. De même on com­prend très bien que le prêtre qui offre le sacri­fice de la messe, et qui est en quelque sorte déta­ché de la terre par ces paroles mys­té­rieuses et divines, s’éloigne des fidèles et soit seul à seul avec Dieu, comme le Grand Prêtre dans le Temple se reti­rait une fois par an der­rière le rideau seul avec Dieu et reve­nait ensuite por­ter les béné­dic­tions aux fidèles. On com­prend que le prêtre se tourne vers le Crucifix et vers Dieu pour réa­li­ser ce mys­tère, et qu’ensuite il se tourne vers les fidèles pour leur don­ner Notre Seigneur Jésus-​Christ. Et par consé­quent, avec quel res­pect puisque c’est vrai­ment Dieu qui est pré­sent, nous devons nous age­nouiller devant Notre Seigneur Jésus-​Christ pour le rece­voir ; avec un tel res­pect que nous n’osons pas le tou­cher de nos mains non consa­crées, non sanc­ti­fiées mais que nous le rece­vons sur nos lèvres ! Je ne dis pas qu’elle soit héré­tique ou inva­lide mais, en chan­geant cette concep­tion catho­lique, la réforme litur­gique pré­sente le très grand dan­ger de nous faire dou­ce­ment prendre une men­ta­li­té pure­ment protestante.

Conclusion

Par consé­quent nous devons être très pru­dents et lut­ter, jusqu’à la mort s’il le faut, pour déli­vrer l’Église de ses enne­mis inté­rieurs. Nous devons nous orga­ni­ser, gar­der sur­tout la Tradition, et j’encourage les prêtres ici pré­sents à gar­der les tra­di­tions, la litur­gie de tou­jours, parce qu’alors nous sommes sûrs d’avoir des sacre­ments valides et de demeu­rer dans la véri­té. Avec ces réformes récentes on voit tout s’effriter, les gens perdent la foi, il n’y a plus de voca­tions reli­gieuses alors que, dès qu’on réta­blit la Tradition, les voca­tions viennent, et de bonnes vocations !

Je peux le dire en toute connais­sance de cause avec mon sémi­naire où les jeunes gens me donnent vrai­ment toute satis­fac­tion. Ils viennent d’Amérique, d’Angleterre, d’Australie, de Suisse, d’Allemagne, d’Espagne, de France, de par­tout, et je crois pou­voir dire que ces sémi­na­ristes feront de bons et saints prêtres, parce qu’ils savent ce qu’est le Saint Sacrifice de la messe, ils savent qu’ils sont faits pour don­ner Notre Seigneur Jésus-​Christ aux âmes, et non pas n’importe quel pain, qu’ils sont faits pour prê­cher l’Évangile et qu’on ne peut pas se sau­ver en dehors de la grâce de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Oui, ils en sont convain­cus, par consé­quent ils seront des mis­sion­naires, de véri­tables prêtres, voi­là ce que je pense for­mer à Écône.

De votre côté vous devez vous regrou­per pour défendre la foi et ensei­gner le vrai caté­chisme à vos enfants. Choisissez des prêtres authen­tiques qui ont encore la foi, entourez-​les, défendez-​les, afin d’avoir la cer­ti­tude que vos enfants apprennent bien la foi catho­lique. Il faut aus­si des écoles catho­liques… nous devons recréer la chré­tien­té. Il ne faut pas res­ter indif­fé­rents et voir l’Église tom­ber en ruines, chaque jour un peu plus, sans nous reprendre, en nous disant avec cou­rage que le Bon Dieu est tout puis­sant et que nous pou­vons encore faire quelque chose. Ce qu’ont fait les catho­liques pen­dant deux mille ans, pour­quoi ne le ferions-​nous pas aujourd’hui ?

Bien sûr je passe pour un réac­tion­naire, un ultra-​traditionaliste, parce que je refuse la réforme. Mais puis-​je l’accepter alors qu’elle détruit l’Église ? C’est pour cela que je suis atta­qué par le pou­voir de sub­ver­sion qui se trouve à Rome : on me demande de fer­mer mon sémi­naire et de ren­voyer tous mes sémi­na­ristes. Eh bien, en conscience, je pense devoir dire que je ne peux pas col­la­bo­rer à la des­truc­tion de l’Église.

Je ter­mine en vous deman­dant de prier et en vous assu­rant que je prie aus­si de tout cœur pour vous et pour que le Bon Dieu sus­cite par­mi vous les défen­seurs de la foi. Certes vous la défen­dez déjà, mais je prie Dieu de sus­ci­ter une orga­ni­sa­tion qui ban­nisse la divi­sion par­mi vous et vous unisse dans la défense de la foi, de la litur­gie et du caté­chisme, afin qu’il y ait encore un espoir en Espagne comme ailleurs. En Suisse, en Allemagne, en France, aux États-​Unis, au Canada, par­tout les groupes de ceux qui ne veulent pas voir leur foi dis­pa­raître deviennent de plus en plus nom­breux. Un jour ils s’imposeront aux évêques qui seront obli­gés de recon­naître en eux les vrais catho­liques, leurs fidèles les plus sûrs, sur les­quels ils pour­ront s’appuyer pour recons­truire l’Église.

Pour le moment nous sommes dans une révo­lu­tion géné­ra­li­sée, alors tra­vaillons pour que Notre Seigneur règne en nous-​mêmes et dans la socié­té et confions-​nous sur­tout à la Très Sainte Vierge pour laquelle les Espagnols ont tou­jours eu une si grande dévo­tion et dont ils ont par­tout déve­lop­pé le culte. Dans toute l’Amérique du Sud, spé­cia­le­ment en Argentine, en Colombie, ils lui ont édi­fié des temples. Au Pérou, en Bolivie, on voit que les Espagnols ont conver­ti les peuples par le culte de la Croix et sur­tout par la Santa Fe. On le voit encore dans le nom de ces villes et vil­lages qui s’appellent Santa Fe ou Vera Cruz ou qui font de tant de manières réfé­rence à Notre Seigneur et à Notre Dame. Tout cela est très beau ; il fau­dra reprendre cette foi vigou­reuse de nos ancêtres qui furent mis­sion­naires à tra­vers le monde et ont conver­ti l’Amérique du Sud.

Lors d’une réunion épis­co­pale en Espagne, des évêques que je connais bien, Mgr Castan, Mgr Guerra Campos, Mgr Morcillo qui était un ami, m’ont expri­mé leurs sou­cis. Je leur ai répon­du de prendre garde à ne jamais se fier au texte De la liber­té reli­gieuse sinon la révo­lu­tion de 1936 recommencera.

Que le Bon Dieu vous pré­serve de revoir les abo­mi­na­tions aus­si tra­giques que celles que vous avez vécues ! Si tant de mar­tyrs ont ver­sé leur sang pour que l’Espagne demeure catho­lique, n’allons pas main­te­nant les bra­der pour retom­ber dans un état pire

Que les Espagnols montrent l’exemple d’une résis­tance farouche, forte et ferme, appuyée sur la foi, sur l’amour de la Croix et de la Très Sainte Vierge.

† Marcel LEFEBVRE

Notes de bas de page
  1. Par exemple le car­di­nal Ratzinger a décla­ré au Monde du 17 novembre 1992 : « Nous ne sou­hai­tons pas impo­ser le catho­li­cisme à l’Occident, mais nous vou­lons que les valeurs fon­da­men­tales du chris­tia­nisme et les valeurs libé­rales domi­nantes dans le monde d’aujourd’hui puissent se ren­con­trer et se fécon­der mutuel­le­ment ».[]
  2. Après l’atroce guerre civile au cours de laquelle les « répu­bli­cains » espa­gnols, sou­te­nus par l’URSS, ont accu­mu­lé les assas­si­nats de prêtres, de reli­gieux, vio­lé des reli­gieuses avant de les tuer, incen­dié des églises et des éta­blis­se­ments reli­gieux, avec la prise de Madrid met­tant un terme à la libé­ra­tion du ter­ri­toire de l’emprise soviéto-​communiste, le géné­ral Franco réta­blit la paix le 30 mars 1939.[]