Editorial du numéro 28 de février-​mars 2012 – Aux Sources du Carmel

Bulletin du Tiers-​Ordre sécu­lier pour les pays de langue fran­çaise


Editorial de Monsieur l’abbé Louis-​Paul Dubroeucq,
aumônier des tertiaires de langue française 

Cher frère, Chère sœur,

Il est une ver­tu chère à Notre-​Seigneur, en laquelle toute âme chré­tienne doit s’efforcer de gran­dir dès le plus jeune âge : la ver­tu d’obéissance. L’Évangile en sou­ligne l’importance en rete­nant de l’enfance de Jésus prin­ci­pa­le­ment cette ver­tu : « Et il leur était sou­mis » [Lc 2,51]. L’Apôtre la met encore en évi­dence, comme étant la cause de Sa glo­ri­fi­ca­tion : « Le Christ s’est fait obéis­sant pour nous jusqu’à la mort, et à la mort de la Croix. C’est pour­quoi Dieu l’a exal­té, et lui a don­né un nom au-​dessus de tout nom. »[Phil. 2, 8–9].

Pourquoi une telle impor­tance est-​elle don­née à cette ver­tu ? Parce qu’elle « unit l’homme à Dieu en le sou­met­tant à la volon­té divine, mani­fes­tée par Dieu lui-​même ou ses repré­sen­tants. » [R.P. Marie-​Eugène de l’Enfant-Jésus, Je veux voir Dieu, Éd. du Carmel, 1998, p.620–621]. Aussi, est-​elle « la seule ver­tu qui donne entrée dans l’âme à toutes les autres, et qui puisse les conser­ver. » [saint Grégoire le Grand, Moralium in Job, lib.XXXV, c.12]. La ver­tu d’obéissance se rat­tache à la ver­tu car­di­nale de jus­tice, par laquelle nous ren­dons à Dieu ce qui lui est dû. Dépendant de Dieu, notre Maître sou­ve­rain, nous nous sou­met­tons à sa volon­té qui est soit signi­fiée par sa Loi et par la règle que nous avons pro­mis de suivre ain­si que par les direc­tives don­nées par l’autorité en place, soit de bon plai­sir, à savoir, mani­fes­tée par les évé­ne­ments et cir­cons­tances de la vie. Nous consi­dé­re­rons sur­tout ici l’obéissance comme sou­mis­sion à la volon­té de Dieu signi­fiée. En tant que ter­tiaires, nous pro­met­tons à la pro­fes­sion, de suivre la règle avec la plus grande per­fec­tion jusqu’à notre mort et nous fai­sons vœu d’obéissance aux supé­rieurs. Le vœu d’obéissance se dis­tingue de la ver­tu d’obéissance. Le vœu fixe le ter­tiaire dans un état de vie spé­cial ; seul il oblige sous peine de péché et la règle nous dit dans quelles cir­cons­tances (n°35). La ver­tu d’obéissance consiste dans le res­pect des obli­ga­tions prises en confor­mi­té avec l’état embras­sé. « Ces obli­ga­tions sont soit expri­mées par la règle, soit com­man­dées par le Supérieur qui inter­prète la règle ou rend expli­cite ce qui n’est pas expri­mé avec suf­fi­sam­ment de pré­ci­sion dans la règle, ou ordonne quelque chose en rap­port avec ce qui est conte­nu dans la règle » [Rev. Fr. Kevin, ocd, Way of Perfection for the Laity, Éd. Browne and Nolan, Dublin, 1945, p.63. Cet ouvrage est un com­men­taire de la Règle.] Celui qui fait une pro­messe à Dieu, doit s’efforcer de la tenir. La pro­messe d’observer la règle par­fai­te­ment sup­pose qu’on la connaît bien et qu’on la relit de temps à autre, qu’on en demande l’explication des pas­sages qui ne sont pas assez expli­cites. C’est pour­quoi le contact avec le direc­teur doit être main­te­nu, men­suel au moins pen­dant le novi­ciat, plus espa­cé après la pro­fes­sion (Règle n°24). Concrètement l’obéissance se mani­feste entre autres par l’assistance régu­lière aux réunions et à la retraite annuelle. Des empê­che­ments majeurs dont il faut infor­mer le Directeur peuvent seuls en dis­pen­ser. La Règle demande aus­si aux ter­tiaires « une humble sou­mis­sion à leur confes­seur dans les choses qui regardent leur avan­ce­ment spi­ri­tuel. » (Règle n°36). Puissent ces quelques pages de notre bul­le­tin vous aider à mieux vivre votre vie de ter­tiaire en appro­fon­dis­sant une ver­tu, l’obéissance, dont notre Mère sainte Thérèse affirme « qu’il n’y a pas de che­min qui conduise plus rapi­de­ment […] au som­met de la per­fec­tion. » [Fondations, ch.5, 10, in Thérèse d’Avila. Œuvres com­plètes, Éd. du Cerf, Paris, 1995, p. 465].

Dans la vie consa­crée par les vœux de reli­gion, cette ver­tu est déter­mi­nante pour atteindre la per­fec­tion. Car où se trouve la consom­ma­tion de la sain­te­té ? Dans la fusion de la volon­té de l’homme avec la volon­té de Dieu. Or cette fusion s’obtient par l’obéissance. Le bien­heu­reux Dom Marmion écri­vait : « J’avais tout ce qu’il fal­lait dans le sacer­doce pour ma sanc­ti­fi­ca­tion, à l’exception d’un seul bien : celui de l’obéissance. C’est la rai­son pour laquelle j’ai quit­té ma patrie, renon­cé à ma liber­té et à tout…Je me suis fait moine pour obéir…Parce que Dieu m’a révé­lé la beau­té et la gran­deur de l’obéissance… » [R. Thibaut, Un Maître de la vie spi­ri­tuelle, Dom C. Marmion, Abbaye de Maredsous, 1929, p. 40).

L’obéissance nous délivre de deux escla­vages : celui de la volon­té propre et celui du juge­ment propre. De la volon­té propre qui n’est pas en confor­mi­té avec la volon­té de Dieu, de la volon­té qui par orgueil, s’égare en ne sui­vant pas les ins­pi­ra­tions de la grâce. La volon­té propre est source de tout péché. Elle cor­rompt les meilleures actions. Aussi saint Bernard n’hésite-t-il pas à dire que sans la volon­té propre, l’enfer n’existerait plus. En se sou­met­tant à la volon­té d’un autre ou à une règle, par amour pour Dieu, l’âme se libère ain­si du pre­mier esclavage.

L’obéissance nous délivre aus­si de l’attachement à notre juge­ment propre, c’est-à-dire du juge­ment trop sub­jec­tif, non conforme au juge­ment de Dieu. Ce juge­ment propre est la source de la sin­gu­la­ri­té dans la conduite et de l’entêtement qui empêche la réa­li­sa­tion du bien. « Le juge­ment propre, dit le R.P. Garrigou Lagrange, porte sou­vent au juge­ment témé­raire qui est un manque à la jus­tice et à la cha­ri­té… » (in Les trois âges de la vie inté­rieure, t.2, Éd. du Cerf, 1948, p. 201). 

« L’obéissance, écrit Dom Romain Banquet, rem­plit toutes les condi­tions requises pour la gué­ri­son du péché, et pour l’achèvement de la confor­mi­té qui doit régner entre notre âme et les exi­gences divines… La grande mer­veille que pro­duit l’obéissance est que la volon­té, mue par la grâce de Dieu, reçoit tout d’abord la force de sor­tir du péché, et qu’ensuite, à mesure qu’elle se conforme à la conduite de la volon­té divine, elle cesse d’avoir la fai­blesse de l’humanité, elle emprunte l’éclat de la divi­ni­té. » [Entretiens sur la vie inté­rieure, Éd. de l’Abbaye d’En-Calcat, 1945, p. 90.] « L’obéissance est la pierre de touche à l’aide de laquelle on recon­naît la valeur de la vie inté­rieure chez une âme qui pré­tend la posséder…L’obéissance, c’est Dieu en nous, et nous en Dieu », dit encore Dom Romain Banquet [op. cit., p. 88–89. ].

Ainsi la ver­tu d’obéissance nous guérit-​elle du péché et nous unit-​elle à Dieu. Dans son ouvrage Je veux voir Dieu, le R. P. Marie-​Eugène consacre à cette ver­tu tout un cha­pitre [op. cit., Quatrième par­tie, cha­pitre hui­tième, p. 620–636], dont je vous recom­mande la lec­ture. Il y com­mente le pas­sage de l’Ecclésiatique, 1, 5 : « La source de la Sagesse, c’est le Verbe dans les pro­fon­deurs des Cieux ; elle entre dans le monde par les lois éter­nelles. » « La loi, dit-​il, est plus qu’une mani­fes­ta­tion du Verbe, elle est sa demeure ici-​bas. Incomparable digni­té de la loi, temple maté­riel qui abrite la Sagesse, qui la mani­feste et la donne. C’est cette digni­té et cette richesse divine de la loi qui font la valeur et la richesse de l’obéissance. […] A tra­vers l’écorce ou plu­tôt le voile de l’ordre reçu ou de la loi, l’obéissance cherche Dieu et com­mu­nie véri­ta­ble­ment à Lui. » [op. cit.,p 624]. La loi, c’est sans doute la loi divine, c’est aus­si la Règle que nous avons pro­mis de suivre. « C’est dans la loi et dans les ordres des supé­rieurs que la Sagesse a pla­cé la lumière pra­tique qui nous indique la volon­té de Dieu. […] Tous vos com­man­de­ments nous apportent la véri­té ; votre parole est le flam­beau qui éclaire mes pas, la lumière qui brille sur ma route, [chante le psal­miste.] » [R.P. Marie-​Eugène, op. cit., p. 626, réfé­rence au Ps. 118, v. 86, 105].La Sagesse divine com­mu­nique aus­si la force pour agir confor­mé­ment aux lumières don­nées. « L’homme obéis­sant, est-​il écrit, rem­por­te­ra des vic­toires. » [Prov. 21,28].

Outre la com­mu­nion eucha­ris­tique et la com­mu­nion à Dieu dans l’oraison, une autre com­mu­nion de tous les ins­tants nous est ain­si offerte, celle que réa­lise l’obéissance sur­na­tu­relle à tra­vers le voile que sont la loi et le supé­rieur. Cette com­mu­nion à Dieu, à sa volon­té, est le che­min rapide pour par­ve­nir à la per­fec­tion dont nous par­lait sainte Thérèse d’Avila.

Que la Reine du Carmel, la Vierge fidèle, qui ne ces­sa de confor­mer sa volon­té à celle de Dieu nous obtienne de son divin Fils cette même grâce. Qu’à tout ins­tant nous puis­sions dire comme Elle : Fiat mihi secun­dum ver­bum tuum !

† Je vous bénis.

Abbé L.-P. Dubrœucq †

Retraites car­mé­li­taines :

Retraite du Lundi 9.01 12h au Samedi 14.01 13h au Prieuré de Gastines, 49380 Faye d’Anjou
Retraite du Lundi 16.07 16h au Samedi 21.07 16h à l’Etoile du Matin 57230 Eguelshardt

Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du car­mel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du carmel

Inscriptions auprès de Mr l’ab­bé Dubroeucq au prieu­ré de Gastines tél : 02 41 74 12 78

Comme l’in­dique l’or­do de 2012,des messes sont célé­brées au Mans
tous les­di­manches et fêtes d’o­bli­ga­tion à l’a­dresse sui­vante :
Chapelle Notre-​Dame de l’Annonciation
1, rue des Edelweiss, 72000 Le Mans (Quartier des Maillets)
Tél : au prieu­ré Saint Louis-​Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17