Editorial du n° 42 d’avril 2016 – Aux Sources du Carmel – En quoi consiste la sainteté ?

Bulletin du Tiers-​Ordre sécu­lier pour les pays de langue fran­çaise

Editorial du n° 42 d’avril 2016, abbé Dubroeucq

Cher frère, Chère sœur,

Multiples sont les appels à la sain­te­té dans la sainte Écriture. Déjà, dans l’Ancien Testament, Dieu invite son peuple à L’imiter dans cette per­fec­tion : « Soyez saints parce que je suis saint. » [Lév. 19, 2.] Et Notre-​Seigneur nous demande de prendre son Père pour modèle : « Soyez par­faits comme votre Père céleste est par­fait. » [Mt, V, 48.] « Soyez par­faits COMME votre Père céleste », c’est-​à-​dire sans mesure, sans limite… Jésus ne fait aucune réserve. Et quand Dieu nous com­mande quelque chose, Il nous donne la pos­si­bi­li­té de sa réa­li­sa­tion. « La loi divine, dit saint Thomas, ne nous convie pas à l’impossible. Or elle nous invite à la per­fec­tion… Il semble donc qu’il soit pos­sible d’être par­fait en cette vie. » [2a2ae, q.184, a.2.] À mesure que Dieu demande, Il donne ; à mesure qu’Il charge, Il sou­tient ; à mesure qu’Il ordonne, Il aide. Donc non seule­ment nous pou­vons arri­ver à la sain­te­té, mais nous devons y arriver.

« La per­fec­tion dans la cha­ri­té est incluse dans le pré­cepte, comme la fin à laquelle nous devons tendre, cha­cun sui­vant sa condi­tion. » [Pie XI, Encyclique Studiorum ducem, 29 juin 1923.] Ainsi parle le Pasteur Suprême, fai­sant sienne la doc­trine de saint Thomas. Ailleurs il enseigne encore : « Le Christ n’a‑t-il pas consti­tué l’Église sainte et sanc­ti­fi­ca­trice ? Et à tous ceux qui l’ont pour guide et maî­tresse, la volon­té de Dieu ne fait-​elle pas un devoir de tendre à la sain­te­té ? « La volon­té de Dieu, dit saint Paul, est que vous vous sanc­ti­fiiez » [1 Thess., IV, 3] ; et le Seigneur lui-​même explique en ces termes quelle doit être cette sanc­ti­fi­ca­tion : « Soyez donc vous-​mêmes par­faits, comme votre Père céleste est par­fait. » [Mt , V, 48.] Nul ne doit s’imaginer que ce pré­cepte s’adresse à un petit nombre d’âmes d’élite, et qu’il soit loi­sible aux autres de s’en tenir à un degré de ver­tu infé­rieur. Cette loi, de toute évi­dence, astreint abso­lu­ment tous les hommes, sans excep­tion aucune. » [Pie XI, Encyclique Rerum omnium, pour le 3ème cen­te­naire du rap­pel à Dieu de saint François de Sales, 26 jan­vier 1923.]

Comment pourrait-​il en être autre­ment ? La sain­te­té, n’est-elle pas la fin de l’homme ? Dieu a créé les êtres en per­fec­tion, et sa volon­té, devant un être libre, est qu’il réa­lise libre­ment la per­fec­tion de sa nature. L’homme est issu de l’amour de Dieu : sa fin, sa per­fec­tion, c’est de rejoindre Dieu et de s’abîmer en Lui, son prin­cipe et son terme, par un par­fait amour.

Le reli­gieux a choi­si de cher­cher la per­fec­tion par les trois vœux et sous la forme déter­mi­née par sa Règle. Il assume en outre une nou­velle obli­ga­tion d’y tendre par la ver­tu de reli­gion. Mais cela ne signi­fie nul­le­ment que les autres n’aient pas l’obligation de pour­suivre par quelque moyen que ce soit, la per­fec­tion de la vie chré­tienne. La seule dif­fé­rence, c’est qu’ils res­tent libres de choi­sir ce moyen. Le reli­gieux a embras­sé une forme de vie orga­ni­sée en vue de la per­fec­tion, l’homme du monde doit orga­ni­ser lui-​même sa vie dans le même but. Quant à vous, chers ter­tiaires, la sain­te­té vous l’obtiendrez par la fidé­li­té, par amour de Dieu, aux pro­messes que vous avez faites, à suivre la Règle dans toute la per­fec­tion pos­sible, jusqu’à votre mort. Et c’est en sui­vant Jésus-​Christ, le divin Maître, que nous y par­vien­drons : le Pape Pie XI nous le rap­pelle avec insis­tance dans l’encyclique sur le mariage : « Dieu, nous dit-​il, ayant pro­po­sé aux hommes un modèle abso­lu de toute sain­te­té dans la per­sonne du Christ, Notre-​Seigneur, tous, quels que soient leur condi­tion et le genre de vie qu’ils ont embras­sé, peuvent et doivent L’imiter, et, avec l’aide de Dieu, par­ve­nir jusqu’au plus haut som­met de la per­fec­tion chré­tienne. » [Pie XI, Casti connu­bii, 31 décembre 1930.]

Mais en quoi consiste la sain­te­té ? Et que faire pour y parvenir ?

La sain­te­té, c’est la per­fec­tion de la cha­ri­té. Et aimer Dieu, c’est vou­loir ce que Dieu veut. « Celui-​là m’aime, dit Jésus, qui garde mes com­man­de­ments. » [Jn, 14, 21.] C’est mou­ler sa volon­té sur celle de Dieu, en sorte que le bien de Dieu soit notre propre bien, et que le mal de Dieu c’est-à-dire le péché, soit notre propre mal. Et cette confor­mi­té devien­dra par­faite, devien­dra sain­te­té, quand elle sera pous­sée jusqu’à l’identification. Le saint est l’homme chez qui on ne dis­tingue plus le vou­loir de Dieu de son vou­loir propre : son unique sou­ci est de vou­loir ce que Dieu veut. Aussi la sain­te­té implique-​t-​elle le don total de soi à Dieu, un dévoue­ment sans réserve, le total oubli de soi, l’abandon au bon plai­sir divin, la pure­té d’intention en toute chose, le désir de la gloire de Dieu com­man­dant toutes nos actions.

Pour y par­ve­nir, sui­vons Jésus, gui­dés par sa très sainte Mère : que nous dit-​Il ? « Je suis la porte. Qui entre­ra par moi sera sau­vé. »[Jn, 10, 9.] « Je suis le Bon Pasteur. » [Jn, 10, 11]. « Je suis la vigne, vous êtes les sar­ments. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beau­coup de fruits. » [Jn, 15, 5]. « Je suis la lumière du monde… » [Jn, 8, 12]. « Je suis le pain de vie… » [Jn, 6, 35]. « Je suis la voie, la véri­té et la vie. » [Jn, 14, 6]. « Je suis la résur­rec­tion et la vie. » [Jn, 11, 25]. Puissions-​nous dire comme saint Paul, « ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi. » Alors le Père voyant son Fils en nous, nous dira lorsqu’Il nous accueille­ra dans Sa gloire : « Bon et fidèle ser­vi­teur, entre dans la joie de ton Maître. »

En vous sou­hai­tant une joyeuse fête de la Résurrection de Notre-Seigneur, 

Je vous bénis.

Abbé L.-P. Dubrœucq

Retraites carmélitaines

Retraites car­mé­li­taines

Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du car­mel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du carmel.

Inscriptions auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq au prieu­ré de Gastines tél : 02 41 74 12 78 

Tél : au prieu­ré Saint Louis-​Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17