L’Église béninoise refuse des obsèques religieuses à un franc-maçon

Photo de Jim Robinson pour Unsplash

Le 6 octobre, José Dominique Loko, consul hono­raire de la Côte d’Ivoire au Bénin et digni­taire d’une loge maçon­nique décé­dait à Paris, à 90 ans. Fin octobre, la messe de requiem ins­crite au pro­gramme de ses obsèques lui a été refu­sée par l’Église béninoise.

Au pro­gramme des obsèques de José Dominique Loko, consul hono­raire de la Côte d’Ivoire au Bénin, figu­raient plu­sieurs céré­mo­nies dont une reli­gieuse : « same­di 28 octobre, de 09 h 00 à 11 h 00 : messe corps pré­sent en l’Église Saint-​Michel de Cotonou », pouvait-​on notam­ment lire sur le faire-​part officiel.

Mais cette messe n’aura jamais lieu. « La paroisse saint-​Michel de Cotonou a déci­dé de ne pas célé­brer d’obsèques reli­gieuses pour José Dominique Loko à cause de son appar­te­nance avé­rée à une loge maçon­nique », a confir­mé, lun­di 20 novembre, sous cou­vert d’anonymat, une source du dio­cèse de Cotonou.

Fondateur des Cours Loko

Consul hono­raire de la Côte d’Ivoire au Bénin et pion­nier de l’enseignement pri­vé ivoi­rien, José Dominique Loko a per­du la vie à 90 ans, dans la nuit du 6 au 7 octobre. Originaire du Bénin, Loko a pris la natio­na­li­té ivoi­rienne depuis de longues années. Dès l’annonce de sa mort, plu­sieurs per­son­na­li­tés ivoi­riennes ont ren­du témoi­gnage à celui que d’aucuns appe­laient le « père de l’enseignement pri­vé en Côte d’Ivoire », fon­da­teur du groupe d’enseignement « cours Loko », com­po­sé de 17 éta­blis­se­ments pri­vés. José Dominique Loko, digni­taire franc-​maçon, était deve­nu grand maître par inté­rim de la Grande loge maçon­nique du Bénin en 2016, après la démis­sion de Vincent Nicoué.

Une situa­tion ana­logue en Côte d’Ivoire

Une situa­tion ana­logue s’était pro­duite en février 2017 en Côte d’Ivoire lorsque le car­di­nal Jean-​Pierre Kutwa, arche­vêque d’Abidjan, avait refu­sé les obsèques reli­gieuses à Clotaire Magloire Coffie, ancien grand maître des francs-​maçons ivoi­riens, déclen­chant la colère de la Grande loge ivoi­rienne. L’Église ivoi­rienne avait per­sis­té dans sa déci­sion publiant même, en marge de son Assemblée plé­nière de mai 2017, un mes­sage sur l’incompatibilité entre franc-​maçonnerie et catho­li­cisme.

Cette décla­ra­tion avait sus­ci­té une que­relle entre maçons et prêtres catho­liques par médias inter­po­sés. Un « maître maçon » ano­nyme avait ain­si dure­ment cri­ti­qué l’Église ivoi­rienne dénon­çant la « mora­li­té dou­teuse » des prêtres, la pédo­phi­lie dans l’Église, les scan­dales finan­ciers au Vatican, se plai­gnant de l’« achar­ne­ment » de l’Église catho­lique qui, selon lui, accuse les maçons de tous les maux. La réplique de l’Église catho­lique n’avait pas tar­dé. Le père Marius Djadji N’Guessan, prêtre du dio­cèse de Yopougon, avait ain­si dénon­cé le manque de rigueur scien­ti­fique et l’incohérence des accu­sa­tions du maçon.

Rumeurs et menaces

En Côte d’Ivoire, pays dont Loko a pris la natio­na­li­té, un hom­mage offi­ciel a été ren­du, sans céré­mo­nie reli­gieuse catho­lique. Vendredi 17 novembre, une rumeur avait enflé sur les réseaux sociaux et qui a fini par atti­rer l’attention sur les obsèques du fon­da­teur des Cours Loko. Selon plu­sieurs jour­naux en ligne, les francs-​maçons ivoi­riens, indi­gnés du refus d’obsèques reli­gieuses à leurs pairs, auraient mena­cé l’Église de « rendre publiques des his­toires de mœurs impli­quant des prêtres » si elle pour­sui­vait les hos­ti­li­tés contre les loges maçonniques.

Sources : afri​ca​.la​-croix​.com