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Saint Maximin

Notre-​Seigneur ne bap­ti­sait point, mais ses dis­ciples (Jean IV). Il dési­gna, en sus des douze Apôtres, soixante-​douze dis­ciples (Luc X) qu’il envoya deux à deux dans toutes les villes où lui-​même devait venir. Les tra­di­tions rap­portent que saint Maximin était du nombre des dis­ciples. Une tra­di­tion pré­tend qu’il était cou­sin de Lazare ; une autre pré­tend que c’est Maximin qui bap­ti­sa Lazare, Marthe et Marie de Magdala. Le même cha­pitre X de saint Luc se ter­mine aus­si par la visite de Jésus-​Christ chez Marthe et Marie.

Après l’Ascension de Jésus-​Christ, les apôtres, les dis­ciples et les saintes femmes se reti­rèrent au Cénacle jusqu’à la Pentecôte. Saint Maximin reçut l’Esprit-Saint à la Pentecôte, en guise de sacre­ment de Confirmation, mais on ne sait quand il fut sacré évêque.

Vers l’an 35, les juifs se sai­sirent de Maximin, Lazare, Joseph d’Arimathie, Marthe, Marie Madeleine, Marie Jacobé et Marie Salomé, Sara, leur ser­vante, Sidoine (l’aveugle-né de l’Evangile), Marcelle, ser­vante de Marthe, Parménas, autre des 72 dis­ciples et diacre par­mi les sept premiers.
Les juifs jetèrent ces onze chré­tiens, ou plus, dans une barque ava­riée, et ils la lar­guèrent, sans rames ni voiles, au gré de la Mare Nostrum (Méditerranée). Nul doute que les Anges pro­té­gèrent l’embarcation qui arri­va au Grau d’Orgon, embou­chure du Petit Rhône (Saintes-​Maries-​de-​la-​Mer). En remer­cie­ment, ils édi­fièrent et dédièrent là un autel de for­tune à Notre-​Dame-​de-​la-​Mer qui ne sera détruit qu’à la Révolution. Dieu fit sourdre de l’eau douce qui per­mit à Marie Jacobé, Marie Salomé et Sara d’y demeurer.

La nou­velle de cette arri­vée cou­rut jusqu’à Marseille où les Phocéens virent dans la sur­vie de ces res­ca­pés un signe divin. Cette heu­reuse dis­po­si­tion enga­gea le res­tant de la troupe à évan­gé­li­ser incon­ti­nent le port pro­ven­çal. Ils y vécurent d’abord sous le péri­style d’un petit temple aban­don­né près de celui de Diane. Ste Marie-​Madeleine fit sa pre­mière pré­di­ca­tion auprès de païens venant hono­rer Diane. Dès le pre­mier jour, plu­sieurs demandent le bap­tême. Le gou­ver­neur de Massilia et sa femme entendent aus­si un prêche de notre sainte, mais sans y acquies­cer. La nuit sui­vante, Marie-​Madeleine appa­raît en songe à cha­cun d’eux se plai­gnant de leur incré­du­li­té ; le len­de­main, s’étant com­mu­ni­qué leur songe, ils vont accueillir la troupe apos­to­lique et se conver­tissent allant jusqu’à faire détruire les temples païens. Lazare devient le pre­mier évêque de Marseille.

Le res­tant de la troupe pour­sui­vit sa course à Aix où Maximin fit des miracles et Marie-​Madeleine prêcha.

Saint Parménas ira en Avignon rejoint par Sosthènes et Epaphras, avant de par­tir évan­gé­li­ser la Macédoine où il mou­rut mar­tyr à Philippes, sous Trajan. Sainte Marthe ayant secou­ru un noyé à Avignon, les Tarasconais l’appellent à la res­cousse devant le dan­ger de la Tarasque, monstre amphi­bie que la sainte, après avoir prié, ame­na en ville où les habi­tants purent lapi­der la bête. Marthe fonde ensuite un couvent fémi­nin à Tarascon. St Joseph d’Arimathie ira en Angleterre.

Saint Maximin demeure à Aix dont il est le pre­mier évêque, en com­pa­gnie de Sidoine qui lui suc­cé­de­ra. Maximin, Trophime, évêque d’Arles, et Eutrope, (évêque d’Orange) iront à Tarascon consa­crer une église pour sainte Marthe. Une tra­di­tion dit qu’ils furent rete­nus à déjeu­ner chez elle et que le vin venant à man­quer, un vin mira­cu­leux fut pour­vu. De là ils allèrent à Arles, rejoints par les saints évêques Paul de Narbonne, Martial, Saturnin et Front, pour la béné­dic­tion d’une nécro­pole et la consé­cra­tion d’une église, selon une autre tradition.

Ste Marie-​Madeleine vivait à la Ste-​Baume, une caverne éle­vée et reti­rée du monde où elle demeu­ra trente ans sous la juri­dic­tion de saint Maximin. Au terme de sa vie ter­restre, les Anges por­tèrent sainte Marie-​Madeleine de la Ste-​Baume à Aix, à l’oratoire édi­fié par saint Maximin, lequel vit la sainte en lévi­ta­tion et le visage trans­fi­gu­ré. Elle lui deman­da le St-​Viatique. Impressionné, Maximin n’osa appro­cher d’elle, mais elle lui rap­pe­la qu’ils arri­vèrent ensemble à Marseille, et qu’elle n’était qu’une péche­resse à qui Dieu avait accor­dé tout ce temps pour faire péni­tence. Célébrant la Messe, Maximin la com­mu­nie et la bénit, et elle ren­dit son âme à Dieu, en pré­sence de Sidoine et des pre­miers prêtres aixois. De son corps exha­lait une odeur suave ; il fut por­té par les prêtres en pro­ces­sion jusqu’à la cha­pelle de Villa Lata (aujourd’hui St-​Maximin) où il fut ense­ve­li dans un sépulcre d’albâtre.

Fin 1793, Lucien Bonaparte pro­té­gea l’église de St-​Maximin de la des­truc­tion en ins­cri­vant sur la porte : Fournitures mili­taires ! Le calme reve­nu, on retrou­va dans la sacris­tie deux osse­ments de S. Maximin, le chef de S. Sidoine et quelques autres.

Le Martyrologe Romain place saint Maximin en tête des saints men­tion­nés au 8 juin de la façon sui­vante : A Aix, en Gaule, saint Maximin, qui fut le pre­mier évêque de cette ville, et que l’on dit avoir été dis­ciple du Seigneur.

Abbé L. Serres-Ponthieu