Pourquoi Mgr Lefebvre en est-​il venu à sacrer 4 évêques malgré l’opposition romaine ?

La Fraternité et les sacres de 1988 : l’opération survie

En cette jour­née d’a­vril 1970, raconte Mgr B. Tissier de Mallerais,

« Monseigneur nous décou­vrit le fond de sa pen­sée (.) : “Je vais vous pla­cer au Salésianum – cette mai­son d’é­tu­diants située elle aus­si à Fribourg – vous y conti­nue­rez vos études à l’Université et je vous trou­ve­rai quelque évêque pour incar­di­ner ceux d’entre vous qui ne le sont pas” (.) Pour ma part, pour­suit Mgr Tissier, la pers­pec­tive décrite par Monseigneur me sem­blait impos­sible. J’avoue que je n’ai jamais dou­té que Monseigneur conti­nue­rait. Mais Paul Aulagnier réagis­sait déjà : “Comment, Monseigneur, vous allez nous aban­don­ner ? Et une fois ordon­nés prêtres, qu’allons-​nous deve­nir, dis­per­sés dans les dio­cèses, entou­rés de pro­gres­sistes ? Comment tiendrons-​nous le coup ?” ».

Fideliter n°59, septembre-​octobre 1987, p. 63.

A notre avis, toute l’his­toire de la Fraternité est conte­nue dans cette remarque si per­ti­nente de M. l’ab­bé Aulagnier :

  1. La volon­té ferme de res­ter fidèle à la Tradition.
  2. La réa­li­té d’un envi­ron­ne­ment conci­liaire hos­tile et corrosif.
  3. La néces­si­té de se pro­té­ger de cette pres­sion moder­niste par des moyens appropriés.

La volonté ferme de rester fidèle à la Tradition

Mgr Lefebvre le répé­tait sou­vent, s’il a fon­dé la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X, c’est avant tout pour sau­ver le sacer­doce catho­lique et avec lui don­ner aux fidèles le moyen de sau­ver leur âme en rece­vant un ensei­gne­ment véri­ta­ble­ment catho­lique et des sacre­ments authen­tiques, non fre­la­tés. C’est donc par une volon­té ferme de res­ter fidèle à la foi catho­lique pour sau­ver nos âmes que Mgr Lefebvre a œuvré [1] .

La réalité d’un environnement conciliaire décadent, hostile et corrosif

Hélas, la Fraternité a vu le jour dans une situa­tion de crise dans l’Eglise sans pré­cé­dent. Perte de la foi, perte de l’es­prit sur­na­tu­rel, des­truc­tion du sacer­doce avec des défec­tions sacer­do­tales par dizaines de mil­liers dans le monde entier, recy­clage des prêtres, réforme sys­té­ma­tique de tous les rouages de l’Eglise dans un sens moder­niste : chan­ge­ment de doc­trine sur des sujets aus­si fon­da­men­taux que le règne social du Christ, l’o­cu­mé­nisme, la liber­té reli­gieuse, la col­lé­gia­li­té, le salut des incroyants, la concep­tion de l’au­to­ri­té ; rema­nie­ment des congré­ga­tions romaines, réforme pro­tes­tan­ti­sée de tous les sacre­ments, du bré­viaire, de la litur­gie dans tout son ensemble, du droit cano­nique, chan­ge­ment du caté­chisme, de l’Ecriture sainte ren­due ocuménique.

Et le pire est que ces chan­ge­ments furent ava­li­sés, deman­dés, exi­gés par Rome. Qu’on pense à la demande inouïe faite par le Saint-​Siège à l’Espagne, au can­ton suisse du Valais, à l’Italie, à la Colombie, de sup­pri­mer la men­tion de la reli­gion catho­lique comme reli­gion d’Etat au nom de la liber­té religieuse.

Il faut avoir à l’es­prit tout ce bou­le­ver­se­ment pour com­prendre la réac­tion de sur­vie de ceux que l’on a appe­lé les tra­di­tio­na­listes. Devant cette marée moder­niste, nombre de per­sonnes, trop peu nom­breuses mal­heu­reu­se­ment, se sont dres­sées pour ten­ter de sau­ver ce qu’il était encore pos­sible de sauver.

Mgr Lefebvre, à la demande de sémi­na­ristes épou­van­tés du désastre de la for­ma­tion reçue dans les sémi­naires (que l’on songe au dra­peau rouge qui flot­tait en mai 1968 au sémi­naire fran­çais de Rome), fon­da – béni et encou­ra­gé en cela par l’é­vêque de Fribourg – ce qui allait deve­nir le fameux sémi­naire d’Ecône. Et là, les sanc­tions épis­co­pales et romaines ont com­men­cé à pleu­voir, drues, sévères. Accusé, dénon­cé à Rome, le sémi­naire – qui n’a eu et n’a d’autre tort que de for­mer les prêtres comme naguère – reçut, du 11 au 13 novembre 1974, la visite de deux pré­lats romains, Nosseigneurs Onclin et Deschamps. L’enquête tour­na au scan­dale quand ces envoyés romains, char­gés de véri­fier l’or­tho­doxie d’Ecône, osèrent dire aux sémi­na­ristes que le Christ n’é­tait pas phy­si­que­ment res­sus­ci­té et que l’or­di­na­tion de prêtres mariés était une chose comme allant de soi [2] . Mgr Lefebvre réagit alors dans une vigou­reuse décla­ra­tion appe­lée à une grande publi­ci­té, la fameuse décla­ra­tion du 21 novembre 1974.

L’engrenage est enclen­ché et les sanc­tions ne se font pas attendre. Le 6 mai 1975, la Fraternité est offi­ciel­le­ment dis­soute par Rome qui demande la fer­me­ture immé­diate du sémi­naire. La date des ordi­na­tions approche. Que faire ? Obéir et fer­mer ce qui est pour l’heure le seul sémi­naire à for­mer d’une manière tra­di­tion­nelle les prêtres ? Obéir et ces­ser la réac­tion de sur­vie face à la tem­pête qui secoue l’Eglise ? Abandonner ces prêtres résis­tants qui attendent la relève ? Abandonner ces fidèles atta­chés à la foi de tou­jours, à la messe de tou­jours ? Abandonner ces sémi­na­ristes qui n’ont qu’Ecône pour les for­mer comme ils sont en droit de l’être ? Il eût été plus facile de céder, d’o­béir, de faire des com­pro­mis. Monseigneur ne l’a pas fait. Et ce choix déter­mi­na toute l’at­ti­tude de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X, qui, depuis, n’a jamais chan­gé de cap.

La nécessité de se protéger de cette pression moderniste

Ainsi, devant une Rome déci­dée à sup­pri­mer dans l’œuf la réac­tion tra­di­tio­na­liste, il ne res­tait plus qu’à se pro­té­ger, en espé­rant des len­de­mains meilleurs.

En atten­dant, les sanc­tions conti­nuent de pleu­voir : après la sup­pres­sion de la Fraternité et l’ordre de fer­me­ture du sémi­naire en 1975, Mgr Lefebvre est décla­ré sus­pens a divi­nis le 1er juillet 1976 et l’on parle déjà d’ex­com­mu­ni­ca­tion. Mgr Lefebvre ne sup­prime pas pour autant les dis­cus­sions avec Rome qui conti­nue­ront d’ailleurs tou­jours jus­qu’aux sacres de juin 1988. Il est pour l’heure reçu par Paul VI qui le semonce ver­te­ment quand tant d’autres évêques bradent la foi impu­né­ment et ne lui pro­pose comme solu­tion d’ar­ran­ge­ment que de remettre entiè­re­ment ses sémi­naires et toute son ouvre entre les mains romaines ! En 1978, l’é­lec­tion de Jean-​Paul II lui laisse quelques espoirs vite déçus. Les années passent, et les manouvres et exi­gences romaines se mul­ti­plient. Comme l’a mon­tré M. l’ab­bé F. Knittel dans un article inti­tu­lé 32 ans de rela­tions entre le Vatican et la Fraternité Saint-​Pie X [3] , Rome n’a jamais ces­sé de cher­cher à réduire la résis­tance tra­di­tio­na­liste par de mul­tiples moyens en cédant tou­jours davan­tage mais en exi­geant au mini­mum, d’une part, l’adhé­sion au concile à la lumière de la Tradition et, d’autre part, l’ac­cep­ta­tion non seule­ment de la vali­di­té mais aus­si de la légi­ti­mi­té [4] , puis sim­ple­ment en 1988 de l’or­tho­doxie, de la réforme litur­gique [5].

La question des sacres

Les années passent. Monseigneur prend de l’âge et ne voit tou­jours pas de chan­ge­ment à Rome, sinon en pire. De plus, mis à part Mgr De Castro Mayer tout aus­si âgé, aucun évêque ne se lève pour prendre la relève. De nou­veau, Monseigneur est dans l’al­ter­na­tive : attendre qu’un suc­ces­seur se pré­sente ou sacrer lui-même.

Deux évé­ne­ments vont lui don­ner la réponse. L’annonce de l’a­po­sta­sie d’Assise [6] le 25 jan­vier 1986 et la réponse aux Dubia [7] du 9 mars 1987 [8] . Le pre­mier est un blas­phème public com­mis par le vicaire du Christ et le second enté­rine de nou­veau toutes les erreurs conci­liaires. Tous deux mani­festent l’a­veu­gle­ment romain. Or, et cela décide Monseigneur à assu­rer sa suc­ces­sion, aucun évêque ne s’est déci­dé à s’op­po­ser publi­que­ment à l’a­po­sta­sie ensei­gnée au synode de 1985 et pra­ti­quée à Assise. Le rai­son­ne­ment de Monseigneur est alors lim­pide : si aucun évêque ne s’est levé pour s’op­po­ser à ces scan­dales sans pré­cé­dent, aucun évêque ne se lève­ra pour défendre le mou­ve­ment de la Tradition et assu­rer sa péren­ni­té. Sans être apo­dic­tique, la conclu­sion est la plus pro­bable, la plus pru­dente. En consé­quence « l’é­vêque de fer » se résout à sacrer, et l’an­nonce publi­que­ment le 29 juin 1987 lors du ser­mon des ordi­na­tions. Rome prend la mesure des choses et relance acti­ve­ment les dis­cus­sions. Celles-​ci se pro­longent à Rome et abou­tissent à l’ac­cep­ta­tion de prin­cipe du sacre d’un évêque, ain­si qu’une congré­ga­tion romaine dans laquelle les membres de la Fraternité seraient par­tie pre­nante, quoique d’une manière mino­ri­taire. Le 5 mai 1988 au soir, Mgr Lefebvre signe. Le len­de­main matin, au terme d’une nuit blanche, Monseigneur retire sa signa­ture. Que s’est-​il pas­sé ? Monseigneur revient sur la ques­tion de la date du sacre. Le 4 mai, l’ab­bé Laroche avait sug­gé­ré la date 15 août. La réponse est un monu­ment de mau­vaise foi : ce sont les vacances, les bureaux sont fer­més. Monseigneur pro­pose alors la Toussaint. Le car­di­nal Ratzinger élude la ques­tion. Deux jours plus tard, la conclu­sion qu’en tire Monseigneur est claire. Rome cherche à gagner du temps en atten­dant son décès. Rome est de mau­vaise foi. Mgr Lefebvre a com­pris. Rome ne veut pas sau­ver la Tradition mais la détruire. Dès lors, Monseigneur rompt l’ac­cord faus­sé par la mau­vaise foi romaine et se décide à sacrer. Quelques jours plus tard, un deuxième fait confirme les choses : on fait savoir à Monseigneur Lefebvre qu’une lettre d’ex­cuses au pape serait la bienvenue.

Le 30 juin, Monseigneur l’ex­plique dans son ser­mon : s’il n’a­vait pas sacré, c’eût été « l’o­pé­ra­tion sui­cide ». Il a opté pour « l’o­pé­ra­tion survie ».

Travailler malgré tout de l’intérieur ?

Si Rome est contre la Tradition ne peut-​on pas tra­vailler de l’in­té­rieur ? La solu­tion est ten­tante. Précisons d’emblée qu’il ne s’a­git pas de tra­vailler à l’in­té­rieur ou en dehors de l’Eglise mais de ses struc­tures ordi­naires. Ce n’est pas la même chose. De plus, Monseigneur répon­dait à cette hypo­thèse en mon­trant aux sémi­na­ristes (durant la retraite de ren­trée de 1988) l’ir­réa­lisme de cette solu­tion. Si l’on se sou­met à Rome, on se place néces­sai­re­ment sous l’au­to­ri­té d’une Rome qui détruit la Tradition. Comment alors pou­voir conti­nuer à défendre le com­bat de la Tradition tout en obéis­sant à une auto­ri­té qui détruit la Tradition ? Du reste, en 1984 lors de l’in­dult auto­ri­sant la célé­bra­tion de la messe de tou­jours sui­vant cer­taines condi­tions, et quand cer­tains étaient ten­tés de « tra­vailler de l’in­té­rieur », Monseigneur réagis­sait vivement :

« c’est un rai­son­ne­ment abso­lu­ment faux. On ne rentre pas dans un cadre sous des supé­rieurs, alors que ceux-​ci ont tout en main pour nous jugu­ler. “Une fois recon­nus, dites-​vous, nous pour­rons agir à l’in­té­rieur de l’Eglise”. C’est une pro­fonde erreur et une mécon­nais­sance totale de l’es­prit de ceux qui com­posent la hié­rar­chie actuelle ».

Cité par par Mgr Tissier, Marcel Lefebvre, une vie, Clovis, 2002, p. 561.

Il faut en effet bien com­prendre cette véri­té psy­cho­lo­gique que l’on est influen­cé par le milieu dans lequel on se trouve et diri­gé par l’au­to­ri­té à laquelle on se sou­met. Le cas des prêtres ouvriers est à ce titre bien éclai­rant. Persuadés qu’ils allaient influen­cer la masse, ce sont eux qui se sont fait recy­cler. L’expérience fut désas­treuse. Le bon sens le disait au bon vieux temps, si l’on met une pomme saine dans un cageot de pommes pour­ries, c’est la pomme saine qui pour­rit et non l’in­verse ! C’était la réac­tion rem­plie de bon sens de M. l’ab­bé Aulagnier en 1970 qu’il renou­ve­lait en 1988 devant la pers­pec­tive d’un accord :

« A Rome, on a une pen­sée théo­lo­gique et phi­lo­so­phique contraire à la pen­sée de l’Eglise. J’ai peur de cet accord ; je crains la ruse du démon, de l’en­ne­mi ; je ne me vois pas dis­cu­ter avec Lustiger, Decourtray, le pape d’Assise (.) je refuse la Rome moder­niste qui risque d’être le Léviathan qui nous dévore ».

Cité par par Mgr Tissier, op.cit. p. 588

Il faut juger de ces choses très pro­saï­que­ment. Si les prêtres doivent ren­trer dans le giron des dio­cèses, alors ils sont appe­lés à aller aux concé­lé­bra­tions du Jeudi Saint dans la nou­velle messe, aux réunions sacer­do­tales où les erreurs doc­tri­nales abondent. S’ils veulent aller dire la messe dans une église dif­fé­rente et que le curé leur pro­pose de se ser­vir dans le taber­nacle, com­ment refu­ser puisque la valeur de la nou­velle messe est une chose admise [9] . A moins de refu­ser en per­ma­nence, on cède sur un point puis un autre. C’est dans la logique des choses. Peu d’hommes ont suf­fi­sam­ment de résis­tance psy­cho­lo­gique pour tenir à une pres­sion perpétuelle !

Et ce pro­blème qui se pose d’une manière très pra­tique au niveau pas­to­ral des prêtres se pose à l’é­che­lon des auto­ri­tés. Si l’on obtient de Rome la recon­nais­sance offi­cielle, com­ment dénon­cer publi­que­ment les erreurs de Rome [10] ? Comment s’op­po­ser aux erre­ments d’une Rome de qui l’on dépend pour avoir des évêques pour ordon­ner les sujets des­dites socié­tés reli­gieuses ? Comment conti­nuer à réfu­ter la valeur et la légi­ti­mi­té de la nou­velle messe quand on prête allé­geance à des auto­ri­tés qui en font l’a­po­lo­gie ? Comment refu­ser les nou­veaux sacre­ments, le nou­veau droit canon, la nou­velle doc­trine ? Comment sinon en invo­quant un droit exclu­sif, un droit propre pour son ins­ti­tut ? N’est-​ce pas là faire de la Tradition une réserve d’Indiens qui recon­naît par son silence la légi­ti­mi­té de toute la réforme opé­rée par une Rome moder­niste ? N’est-​ce pas là men­dier de Rome ce qu’elle est en devoir de nous accor­der en gar­dant le silence sur des erreurs que l’on se doit de condamner ?

Le fond de la ques­tion de ce que l’on appelle les ral­liés est toute entière conte­nue dans ce prin­cipe de simple psy­cho­lo­gie [11] . A la limite, Rome peut se per­mettre ne pas exi­ger de condi­tions doc­tri­nales comme – appa­rem­ment – elle l’a fait pour le tout récent Institut du Bon Pasteur [12] . Ce n’est pas néces­saire comme le montrent 40 ans de stra­té­gie conci­liaire. Il suf­fit de se mettre sur le ter­rain pra­tique et d’at­tendre que le temps fasse son ouvre. La pres­sion des évêques, des struc­tures est telle que le front baisse petit à petit. Il suf­fit d’at­tendre que le fruit soit mûr. Et l’ex­pé­rience prouve que toutes les socié­tés reli­gieuses rat­ta­chées à la com­mis­sion Ecclesia Dei ont cédé sur la doc­trine [13] .

Comme le disait Mgr Fellay dans la der­nière Lettre aux amis et bien­fai­teurs du 14 avril 2008 :

« Dans les cir­cons­tances actuelles, un accord avec les auto­ri­tés conci­liaires serait un suicide ».

Le mouvement ecclésiadéiste

Ce rai­son­ne­ment, de nom­breux prêtres et fidèles ne l’ont pas admis en 1988. Pour eux, Mgr Lefebvre venait d’en­ta­cher sa répu­ta­tion et son com­bat d’un acte gra­ve­ment pec­ca­mi­neux, un acte schismatique.

L’heure était venue de s’en sépa­rer et de faire confiance à Rome qui ouvrait larges ses portes aux trans­fuges d’Ecône. Convaincu de la bonne volon­té romaine, Dom Gérard signa un accord avec Rome tan­dis qu’il se ren­dait mal­gré tout à Ecône pour féli­ci­ter Mgr Lefebvre de son geste. Après lui, plu­sieurs prêtres issus de la Fraternité Saint-​Pie X furent priés par Rome de fon­der une fra­ter­ni­té sacer­do­tale dans l’es­prit de l’ac­cord du 5 mai 1988. La Fraternité Saint-​Pierre était née.

Avant de voir si cette déci­sion était jus­ti­fiée, pas­sons à la ques­tion du silence respectueux.

Le minis­tère cri­tique de la Fraternité

Source : Le Chardonnet n° 239 de juin 2008 

Notes de bas de page
  1. « Le prin­cipe fon­da­men­tal qui dicte notre action est la conser­va­tion de la foi, sans laquelle nul ne peut être sau­vé, nul ne peut rece­voir la grâce, nul ne peut être agréable à Dieu, comme le dit le Concile Vatican I ». Mgr B. Fellay, Lettre aux amis et bien­fai­teurs n°72, du 14 avril 2008.[]
  2. Cf. Bernard Tissier de Mallerais, Marcel Lefebvre, une vie, Clovis, 2002, p. 505.[]
  3. Cf. Nouvelles de chré­tien­té, n°76, juillet-​août 2002, p. 3–11[]
  4. Seconde lettre du card. Seper à Mgr Lefebvre du 19/​02/​1981 citée par M. l’abbé Knittel, op.cit. p. 7, col.2. Cf. aus­si le conte­nu de l’indult du 03/​10/​1984[]
  5. Cf. le n°4 du pro­to­cole d’accord du 05/​05/​1988.[]
  6. « Mgr Lefebvre, par l’apostasie d’Assise, estime rece­voir de la Providence le pre­mier signe qu’il atten­dait » Bernard Tissier de Malerais, Marcel Lefebvre, une vie, Clovis, 2002, p. 571.[]
  7. Il s’agit de la réponse aux objec­tions (Dubia) que Mgr Lefebvre fai­sait à la liber­té reli­gieuse.[]
  8. « Pour pas­ser à l’acte, la pré­lat reçoit un ‘second signe’ pro­vi­den­tiel dans la réponse que Rome fait le 9 mars 1987 aux Dubia » Bernard Tissier de Mallerais, Marcel Lefebvre, une vie, Clovis, 2002, p. 574[]
  9. Lors des dis­cus­sions romaines de 1988, la car­di­nal Ratzinger émit cette idée : « Je trou­ve­rais bon qu’à Saint-​Nicolas-​du-​Chardonnet, à côté des messes de la Fraternité, il y ait une messe de la paroisse ; l’Eglise est une ». Cité par Mgr Tissier, Marcel Lefebvre, une vie, Clovis, 2002, p.583[]
  10. Le cas se véri­fie actuel­le­ment avec l’Institut du Bon Pasteur dont les publi­ca­tions sur Internet ou sur papier ne tarissent pas d’éloges sur les agis­se­ments et textes du Saint-​Père même quand il s’agit de textes scan­da­leux pour la foi comme celui du 7 juillet 2008 rela­tif au sub­sis­tit in ou des fins der­nières expli­quées par l’encyclique Spe Salvi (« la doc­trine la plus sûre des fins der­nières » écrit l’abbé C. Héry, Le mas­ca­ret 292 p. 7). Et l’abbé de Tanoüarn appelle à sou­te­nir le pape Benoît XVI « dont cer­tains textes sur l’œ­cu­mé­nisme aux Etats Unis sont sim­ple­ment magni­fiques, dont cer­tains textes sur la liber­té reli­gieuse sont très éclai­rants » (Déclaration publiée sur Internet, le 25 avril 2008).[]
  11. Pour les phi­lo­sophes, c’est même une ques­tion de phy­sique : l’autorité est active et moteur rela­ti­ve­ment au sujet qui est pas­sif et mobile. Le sujet est la matière dans laquelle l’autorité met la forme, en l’occurrence ici l’esprit conci­liaire. La matière peut être plus ou moins mal dis­po­sée, c’est une simple ques­tion de temps.[]
  12. Pourquoi alors ne l’a‑t-elle pas fait jusqu’à pré­sent ? A notre avis, Rome pen­sait pou­voir régler plus rapi­de­ment la ques­tion en exi­geant direc­te­ment une sou­mis­sion doc­tri­nale. Devant la force de résis­tance insoup­çon­née de la Tradition et les coups de butoir assé­nés par elle, Rome a assou­pli peu à peu ses exi­gences, quitte à ce que le ral­lie­ment soit plus long.[]
  13. Cf. l’article inti­tu­lé « Les ral­liés 20 ans après, l’épreuve des faits ».[]

FSSPX

M. l’ab­bé François-​Marie Chautard est l’ac­tuel rec­teur de l’Institut Saint Pie X, 22 rue du cherche-​midi à Paris.