Entretien du cardinal Castrillon Hoyos à El Tiempo – 17 mars 2009


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17 mars 2009 – El Tiempo

Dans un entre­tien publié par le quo­ti­dien colom­bien El Tiempo, le car­di­nal Darío Castrillon Hoyos, pré­sident de la Commission Ecclesia Dei, répond fran­che­ment et sans crainte et s’en prend au porte-​parole du Saint-​Siège, le Père Lombardi…

El Tiempo : Quel fut votre rôle dans la média­tion avec les lefeb­vristes au sujet de la levée des excommunications ?

Cardinal Castrillon : J’ai eu à faire ces entre­tiens, mais cela ne signi­fie pas que j’é­tais seul à par­ler avec Mgr Fellay. J’ai tou­jours eu à mes côtés tout le groupe au sein du Saint-​Siège néces­saire pour cha­cun des pas. Quand nous avons trai­té des excom­mu­ni­ca­tions ce n’é­tait pas un dia­logue entre Castrillon et Fellay…, non, non, non. Personnellement je n’ai pas négo­cié avec qui que ce soit. Ce fut la Commission des car­di­naux, y com­pris Ratzinger (le pape Benoît XVI), parce que lorsque nous avons com­men­cé à trai­ter de la ques­tion il n’é­tait pas encore pape. Il n’y a pas eu un seul acte qui ne se soit fait collégialement.

Comment avez-​vous eu connais­sance des paroles de Mgr Williamson niant l’holocauste ? 

Nous l’a­vons su offi­ciel­le­ment au moment de la forte réac­tion de la part du monde juif et des évêques des pays les plus sen­sibles (Allemagne, Suisse et Autriche). Nous en avons eu com­mu­ni­ca­tion entre nos mains le 5 février. Mais les lefeb­vristes n’ont pas été excom­mu­niés pour des motifs de doc­trine, mais parce qu’ils avaient été ordon­nés sans autorisation.

Quand le porte-​parole du pape, le P. Federico Lombardi, dit que vous deviez savoir ce qu’a­vait dit Mgr Williamson, est-​ce que vous le pre­nez comme une manière de vous « tirer les oreilles » ?

Il n’a pas exac­te­ment dit cela, et s’il l’a dit, c’est une absur­di­té, une idio­tie, parce qu’il ne s’a­gis­sait pas d’é­tu­dier la vie de ces évêques. L’unique chose qu’il fal­lait savoir est qu’il a été ordon­né par Mgr Lefebvre sans autorisation.

Avant de lever les excom­mu­ni­ca­tions, n’aurait-​il pas été néces­saire que Williamson se rétracte ?

Personne ne lui a deman­dé de se rétrac­ter parce que ni le Saint Père, ni nous-​mêmes ne savions ce qu’il avait déclaré.

Si vous l’a­viez su [les pro­pos de Mgr Williamson], auriez vous deman­dé sa rétrac­ta­tion avant de lever l’excommunication ?

Je pense que non, parce que c’est un pro­blème his­to­rique et non moral. Par pru­dence, le Saint-​Père aurait pu dire d’at­tendre un moment. Je crois qu’il y a eu négli­gence de la part du porte-​parole du Saint-​Siège [NDLR : le père Lombardi] dans la décla­ra­tion qu’il a faite à La Croix, car il n’a pas à entrer dans des juge­ments sur les gens en disant que le car­di­nal doit savoir quelque chose qu’il n’a pas besoin de savoir. Si quel­qu’un devait savoir quelque chose, c’est le car­di­nal en charge de la vie des évêques, le car­di­nal Re. 

Êtes-​vous conscient de ce que le porte-​parole a déclaré ? 

Franchement, cela ne m’in­té­resse pas. Il m’a écrit une lettre pour me deman­der par­don. Nous avons été de très bons amis.

[NDLR : suivent des ques­tions sur Sadam Hussein et la Colombie]

Entretien recueilli par ANDRÉS GÓMEZ OSORIO in El Tiempo du 16 mars 2009