Sauf avis contraire, les articles, coupures de presse, communiqués ou conférences
qui n’émanent pas des membres de la FSSPX ne peuvent être considérés comme reflétant la position officielle de la Fraternité Saint-Pie X |
Le Nouvelliste du 26 octobre 2009
Cité du Vatican (ats/afp). Le Vatican entame ce lundi un dialogue doctrinal avec les traditionalistes de la mouvance d’Ecône. L’objectif de ces discussions de longue haleine est de résorber le plus récent schisme survenu au sein de l’Eglise catholique. Une première rencontre a lieu ce matin au Vatican pour fixer les points essentiels à débattre et le calendrier des discussions. Les deux parties ont précisé que le contenu des discussions ne serait pas rendu public. Un communiqué devrait être cependant publié à l’issue de cette rencontre.
Les discussions risquent d’être longues, tant les différends sont profonds.
La Fraternité Saint-Pie X (FSSPX), fondée par l’archevêque français Marcel Lefebvre, se réclame de la « Tradition » millénaire de l’Eglise catholique et s’oppose en fait aux évolutions inscrites dans le concile Vatican II, notamment sur la liberté religieuse, l’oecuménisme….
« Nous savons qu’il s’agit de questions difficiles. Il est donc probable qu’elles nécessitent des travaux assez longs », a déclaré à l’AFP l’abbé Régis de Cacqueray, supérieur du district de France de la FSSPX. De fait, les lefebvristes n’entendent pas céder face au Vatican. « La véritable réconciliation qui doit se faire est en réalité celle de Rome avec la Tradition de l’Eglise », estime ainsi l’abbé de Cacqueray, opposé à « la recherche de ’compromis doctrinaux’ qui n’auraient aucun sens ».
La délégation de la FSSPX sera d’ailleurs composée de membres de « l’aile dure » de la Fraternité, dont les directeurs des séminaires d’Ecône et de La Reja (Argentine), Benoît de Jorna et Alfonso de Galaretta.
Rome sera pour sa part représentée par Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la commission Ecclesia Dei, créée spécialement pour remédier au schisme intégriste, le secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Mgr Luis Ladaria Ferrer, et trois conseillers de cette congrégation : le dominicain suisse Charles Morerod, le jésuite allemand Karl Josef Becker et le vicaire général de l’Opus Dei, Fernando Ocariz.
Alors qu’il était préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Joseph Ratzinger (futur Benoît XVI) avait négocié jusqu’au dernier moment en 1988 pour éviter l’ordination de quatre évêques par Mgr Lefebvre, qui créait de fait la rupture.Depuis qu’il est pape, il a déjà fait plusieurs gestes en direction des traditionalistes, qui ont occasionné des tensions au sein même de l’Eglise.
Il a ainsi publié en 2007 un motu proprio (décret) facilitant la célébration de la messe en latin, une des revendications des lefebvristes. Il a surtout levé fin janvier l’excommunication des quatre évêques ordonnés par Mgr Lefebvre en 1988, dont le négationniste Richard Williamson, ce qui a soulevé une énorme polémique jusqu’au sein de l’Eglise.
Dernier geste en date, de façon plus indirecte : le pape a ouvert la porte de l’Eglise catholique à des anglicans traditionalistes en créant un cadre susceptible de les accueillir en groupes et dans le respect de leurs traditions. Ce nouveau cadre permettrait aussi de réintégrer des traditionalistes qui ne partagent pas les positions très arrêtées de la hiérarchie lefebvriste. « Une grande partie d’entre eux est prête au retour aux conditions proposées par Rome », estime Sandro Magister, vaticaniste. Depuis la rupture de 1988, le Vatican a d’ailleurs déjà réintégré, mais à titre individuel, quelques schismatiques. Benoît XVI est poussé « par la nécessité de reconstruire l’unité au sein même de l’Eglise catholique », a récemment affirmé son numéro deux, Mgr Tarcisio Bertone. Le pape veut également « ne pas rompre avec la tradition de l’Eglise, avec un patrimoine qu’il faut connaître, valoriser », a‑t-il ajouté.
Vincent Pelligrini In Le Nouvelliste du 26 octobre 2009