Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il.
Mes bien chers pèlerins,
Nous fêtons aujourd’hui la Fête de la Pentecôte, pendant ce pèlerinage sous la « guide » de sainte Jeanne d’Arc.
Cette fête de la Pentecôte est une illustration extraordinaire de l’intervention du bon Dieu dans la Création, dans l’histoire des hommes. Envoyez votre Esprit et il se fera une création nouvelle et vous renouvellerez la face de la terre. Cette descente du Saint-Esprit sur la Sainte Vierge et les apôtres, le jour de la Pentecôte, est considérée comme la naissance de l’Eglise. L’Eglise, épouse du Christ, qui, comme l’épouse d’Adam, est née de son côté alors qu’il était dans le sommeil. Le sommeil de la mort, sommeil de la Croix. C’est là qu’on voit venir l’Eglise et cette Eglise apparaît au monde. C’est là qu’on parle de la naissance aujourd’hui dans cette intervention sensible, visible, du Saint-Esprit. Il faut y voir là une des vérités les plus consolantes, mais aussi peut-être les plus oubliées aujourd’hui, dans un monde complètement sécularisé, c’est que Dieu non seulement est le Créateur, Créateur de toutes choses, visibles et invisibles – c’est une Vérité de Foi, c’est la réalité. Nous tous, nous sommes créés, créés par Dieu, créés de rien. Mais ce rôle du bon Dieu sur la Création ne s’arrête pas là. Dieu est créateur mais en même temps Il gouverne, Il gouverne Ses créatures.
C’est ce qu’on appelle la Divine Providence. Et cette Divine Providence, mes bien chers Frères, nous savons qu’Elle est infaillible. Cela veut dire que le bon Dieu conduit les créatures sans léser leur liberté, et même en permettant que ces créatures obtiennent par leur action, le fruit de leur action. Les résultats de ces actions, la plupart du temps, le bon Dieu permet qu’ils se réalisent. Et néanmoins, à travers tout cela, Il est tellement puissant que ce qui se passe dans la réalité de l’histoire des hommes, c’est exactement ce que le bon Dieu veut, et rien d’autre. C’est une vérité formidable mais qui nous dépasse, mais qui nous montre bien cet adage combien il est vrai que Dieu sait écrire droit sur des lignes courbes, ces lignes courbes étant les actions des hommes, pleines de maladresses, de misères, de bonne volonté, un mélange invraisemblable. Eh bien, Dieu, de tout cela, fait concourir tout cela à un seul but : Sa Gloire.
Une illustration, une illustration de cette intervention de Dieu dans l’histoire des hommes, eh bien nous la trouvons, aussi d’une manière stupéfiante dans sainte Jeanne d’Arc.
Tout d’abord, cette vérité de ce que Dieu est vraiment le Seigneur, non seulement la Tête de l’Eglise – nous avons dit qu’aujourd’hui, c’est la naissance de l’Eglise, cette Eglise c’est le Corps Mystique de Notre-Seigneur ; l’Eglise, ce sont toutes ces âmes qui ne font qu’un seul corps avec Notre-Seigneur Jésus-Christ. Si l’on parle du Corps Mystique de Notre-Seigneur, cela veut bien dire que ce Corps a une tête et la tête, la tête de l’Eglise, c’est et ce sera toujours et ce ne peut-être que Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même. Il a certes sur la terre un vicaire, celui qui prend Sa place, un vicaire visible, le Vicaire du Christ qu’on appelle le pape. Mais Lui reste la Tête de l’Eglise. Eh bien, non seulement Il est la tête de l’Eglise mais en même temps Il est aussi le Chef, le Seigneur, le Roi de toutes les sociétés, de toutes les nations humaines. Quand on dit Notre-Seigneur Jésus-Christ, on dit beaucoup de choses, mais on exprime dans ce mot Seigneur, cette souveraineté de Notre-Seigneur. On parle de manière habituelle de royauté sociale, c’est-à-dire qu’Il est le Roi des sociétés. Pas seulement de la société de l’Eglise qui est une société surnaturelle, mais aussi de la société humaine, et ça eh bien, nous le trouvons exprimé d’une manière admirable chez sainte Jeanne d’Arc.
Et tout au début, on peut dire dans une des toutes premières manifestations de sa mission, lorsqu’elle va à Vaucouleurs, lorsqu’elle va voir le Seigneur de Baudricourt, elle lui dit qu’elle est envoyée parce qu’elle doit, au Nom de son Seigneur, conduire le Dauphin à Reims pour qu’il soit sacré. Parce que son Seigneur veut faire de Charles VII le roi de la France, qu’Il lui donne en commande, autrement dit le vrai roi, le vrai Seigneur… ce sera le Seigneur de Baudricourt qui va lui demander, mais qui est ton Seigneur ? C’est le Roi du Ciel. Notre-Seigneur EST le Roi de France, et pas seulement de France, mais de toutes les nations. Mais il Lui plaît, Il VEUT donner, comme à un lieutenant, à un roi de la terre, la charge de gouverner en Son Nom ce pays. Cette intervention du Roi des Rois est vraiment splendide. On peut en chercher dans l’Histoire de pareils événements. Ils sont bien rares ceux dans lesquels j’allais dire Notre-Seigneur se mêler de politique… Il est le Roi, Il fait ce qu’Il veut. Et ici, Il manifeste très clairement cette Royauté, cette Seigneurerie. Il en a décidé ainsi et c’est ainsi que les choses se passeront. Seulement, les moyens, les moyens nous laissent étonnés, pour ne pas dire plus. Les moyens du bon Dieu cette Sagesse du bon Dieu, combien de fois elle est folie pour les hommes !
Tout d’abord, notons que Notre-Seigneur attend pour agir, pour donner cette mission à sainte Jeanne d’Arc que les choses aillent au plus mal. La situation en France, à ce moment, est désastreuse. Tout va de travers. Il n’y a plus d’espoir. C’est sainte Jeanne d’Arc qui le dira : il n’y a aucun duc, il n’y a personne, aucune des dames de France qui pourra faire cela si ce n’est moi qui suis envoyée pour cela. Autrement dit, c’est vraiment le bon Dieu, et seulement le bon Dieu, qui va pouvoir sortir le pays d’un état de détresse inouï. Les disputes, les divisions, la moitié du pays occupé. Le Dauphin mis de côté.
Et qui choisit-Il ? Qui choisit-Il pour accomplir cette mission ? On n’y aurait jamais pensé. Une jeune fille, toute simple, une jeune fille bergère qui elle-même dira : « Mais je ne sais pas monter à cheval, je ne sais pas manier les armes ! », lorsque saint Michel lui dira lorsqu’elle reçoit cette mission. Elle n’est pas faite pour cette mission. C’est complètement disproportionné ! Qu’ils sont admirables ces chemins du bon Dieu, qu’ils sont étonnants ! Et là encore une fois, mes bien chers Frères, on voit comment le bon Dieu se joue, se joue des entreprises humaines. Il fait ce qu’Il veut. Dans un Psaume, le Psaume IIème, on dit qu’Il se moque des entreprises humaines. De tous ces rois qui veulent se liguer contre Lui. Il s’en moque, Il fait ce qu’Il veut. Mais quand Il a décidé quelque chose, c’est ce qu’Il veut qui se passe.
Seulement, notre étonnement ne s’arrête pas là. Il y a quelque chose, quelque chose de bouleversant dans la vie de sainte Jeanne d’Arc. D’une part, ces difficultés qui semblent insurmontables, et qui SONT insurmontables aux hommes. Et puis le bon Dieu conduit cette pauvre petite âme à travers les difficultés, mais Il la conduit et au départ, ça semble assez bien se passer. Jusqu’à Orléans, il y a des difficultés, des difficultés humainement déjà insurmontables mais enfin, ça va. Ça finit par une victoire, c’est beau, c’est un triomphe. Jusqu’à Reims, ça va encore. Et effectivement, cette petite demoiselle, sainte Jeanne d’Arc, va conduire jusqu’au sacre le Dauphin. Il va être sacré roi. On peut dire, c’est vraiment le début d’une restauration de la France. Et notre Jeanne d’Arc, qu’est-ce qui lui arrive alors ? Quelque chose de vraiment étonnant. Le roi, une fois sacré, ne suit plus sainte Jeanne d’Arc. Et c’est étonnant. S’il est arrivé jusque-là, c’est bien grâce à elle, grâce à ses Voix, grâce à ses directions surnaturelles, qui a tout guidé. Eh bien non, une fois roi, il se satisfait, il laisse tomber, il ne l’écoute plus. Il y a là une ingratitude, mais pas seulement envers sainte Jeanne d’Arc, mais envers le bon Dieu.
Ce qu’il fait n’est pas sage du tout, ce que fait le roi. Pourquoi tout d’un coup n’écoute-t-il plus ? Pourquoi ne suit-il plus ? Et pourquoi le bon Dieu permet-il cela ? Car c’est bien le bon Dieu qui permet. Ce n’est pas encore une mise en disgrâce, mais c’est une mise de côté… Ce n’est pas fini. Ça va aller encore beaucoup, beaucoup plus loin. Ça va aller jusqu’à Rouen. Non seulement elle est arrêtée, non seulement elle est blessée, elle est prisonnière, elle est livrée, livrée aux Anglais, livrée au Tribunal de l’Eglise qui fait un jugement inique. Elle va être condamnée pour hérésie, et elle va mourir d’une mort ignoble, injuste, la pire des choses, la pire des humiliations pour une âme catholique, traitée injustement d’hérésie et brûlée. Posons-nous la question, mais pourquoi le bon Dieu permet-Il cela ? C’est bien le bon Dieu qui s’est choisi sainte Jeanne d’Arc ! C’est bien Lui qui l’a conduite. Ça semblait bien aller. Et puis une fois l’essentiel fait, non seulement elle est délaissée par le roi, mais on a comme l’impression – attention, COMME l’impression, je n’en dis pas plus -, que même le bon Dieu la laisse tomber. Il la laisse aux mains de l’ennemi, Il la laisse vraiment devenir le jouet des méchants, des iniques, et jusqu’à la mort.
Il y a quelque chose de révoltant là-dedans. Révoltant pour les hommes ! Et encore une fois, un mystère, un mystère extraordinaire, une leçon qu’il nous faut vraiment garder. Qu’est-ce qu’il faut voir dans cette mort ? Il faut voir un amour de prédilection du bon Dieu, et ça c’est pas facile à voir.
Oui, quand Dieu permet qu’une âme meurt dans des circon tances qui sont semblables à Sa propre Mort, c’est un signe de grande prédilection, d’un grand amour, mais que les hommes ne comprendront jamais. Ce sort que Dieu donne à tant et tant de ces âmes qu’Il aime le plus, la sagesse humaine ne compendra jamais. C’est ce grand, grand, grand mystère de l’association de la vie des âmes au Sacrifice de Notre-Seigneur, à Son immolation pour sauver les âmes. Il ne s’agit pas seulement de sauver un pays, il ne s’agit pas seulement de politique. Si Notre-Seigneur est Roi, ce n’est pas pour le plaisir d’avoir une couronne. S’il est Roi, dit la théologie, c’est pour exercer mieux, plus profondément, Son Sacerdoce, pour que ces Grâces du sacerdoce, et donc de la Rédemption, s’étendent encore davantage. Evidemment, si Notre-Seigneur intervient, s’Il se choisit une sainte Jeanne d’Arc, ce n’est pas d’abord et avant tout pour des destinées terrestres, c’est d’abord et avant tout pour les âmes, pour sauver les âmes. Et ce don total, on peut dire jusqu’à l’anéantissement, le plus vil, le plus ignoble, qu’on trouve chez sainte Jeanne d’Arc, il faut voir cette association dans une charité vraiment héroïque à la Croix de Notre-Seigneur. Et alors, on peut dire « oui, comme c’est beau ! » mais on le dit tout en tremblant.
Mais il faut demander cette grâce de pouvoir l’admirer, ce Dessein de Dieu !
Mes bien chers Frères, cet exemple de sainte Jeanne d’Arc, il y a certaines choses que nous pouvons appliquer à notre temps, à notre situation. Il y a des leçons pour nous, aujourd’hui.
Et la première, c’est que le bon Dieu continue de s’occuper de nous. Que Sa Divine Providence est bel et bien réelle aujourd’hui comme hier. Que ces Paroles de Notre-Seigneur « que tous nos cheveux sont comptés ». Il n’y en a pas un seul qui tombe sans la permission de Dieu. Il faut le prendre littéralement. Cette Bonté de la Divine Providence, Elle s’exerce aujourd’hui. Les Desseins de Dieu ne s’arrêtent pas. A aucun moment, Dieu ne devient que spectateur pour compter les points de ceux qui se disputent sur la terre. Même si c’est pour Sa cause. Il est toujours et Il S’implique toujours et Il guide toujours l’histoire des hommes. Même si dans notre pauvre petitesse humaine nous n’en voyons pas les tenants et aboutissants. Ça reste vrai, et ça reste vrai pour nous, pour notre histoire, pour l’histoire de l’Eglise, pour l’histoire de la Tradition.
Une autre chose aussi drôlement semblable, c’est l’état pitoyable, presque désespéré, cette fois-ci non pas seulement d’un pays mais de l’Eglise. L’Eglise, l’Epouse du Christ, dans un état pareil ! Qui l’eût jamais imaginé ? Les démolitions, les coups portés par et avec et après le Concile, sont là devant nous, tristes, lamentables ; on se demande vraiment comment l’Eglise pourra se relever. Et même, on ose le dire, humainement, humainement, c’est fini. Mais on n’a pas le droit de dire humainement quand on parle de l’Eglise. Parce que l’Eglise reste, reste. L’Eglise de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Et même si nous la voyons dans cet état lamentable, nous n’avons pas le droit d’associer cet état lamentable à l’Eglise pour dire « il n’y a plus d’Eglise ». Non, l’Eglise reste, mais comme défigurée, comme prise dans une sorte de cancer généralisé. Et nous avons cette certitude qu’Elle se relèvera. Humainement, encore une fois, nous ne savons pas trop comment. Mais nous avons cette certitude, nous n’avons pas le droit de l’abandonner cette certitude. Jusqu’où cela ira-t-il ? Jusqu’où ira cette débandade ? On n’en voit pas les freins. Ici ou là, on voit quelque chose, oui. On voit des essais, des tentatives, mais on se demande si cela pourra suffire. Evidemment, dans un tel contexte, lorsqu’on parle que Rome voudrait nous donner une reconnaissance canonique, on est plein de méfiance, à voir la manière dont les autorités ont traité la Tradition et tout ce qui a un petit peu de sentiment traditionnel ou de tendance traditionnelle, quand on voit comment cela est traité, on est plein de méfiance. Et même de peur. De peur sur un futur en disant : « comment cela pourra-t-il se faire ? »
Mais est-ce que nous avons le droit d’en rester là ? Est-ce que ce ne sont pas des sentiments bien réels, vrais, VRAIS, MAIS TROP HUMAINS ?
Est-ce qu’au moment de sainte Jeanne d’Arc, lorsqu’elle arrive, si on n’avait pointé que les difficultés, ces impossibilités de s’en sortir, est-ce qu’on serait jamais allé juqu’à Orléans ? Un certain moment – pas seulement un certain moment mais toujours -, l’Eglise nous donne une solution en nous disant : « Adjutorium nostrum in Nomine Domini ». Notre secours, il n’est pas dans les hommes, il n’est pas dans les efforts des hommes, il est dans le Nom du Seigneur. Et surtout quand on regarde l’Eglise, on est obligé à cela. Et c’est pour cela que nous prions. C’est pour cela que nous faisons ces Croisades du Rosaire. Nous appelons le Ciel au secours.
Bien sûr, il faut faire, avec toute la prudence, avec toute la prudence certes, en analysant les dangers, en voyant si c’est possible ou pas, mais jusqu’ici, mes bien chers Frères, on peut dire bien qu’une certaine direction semble s’indiquer, qui pourrait dire « c’est peut-être possible qu’on soit reconnu, qu’on arrive à continuer », mais jusqu’ici je n’ai pas encore moi-même tous les éléments, les derniers éléments qui nous permettent de dire oui ou non. Eh bien, jusqu’à aujourd’hui, nous en sommes là. Ça ne sert à rien de s’émouvoir, de dire ceci ou de dire cela, nous en sommes là. Un point c’est tout. Si nous avons les éléments suffisants pour pouvoir juger que oui, c’est possible, alors, il faudra tirer les conclusions. Et si nous arrivons à la conclusion que non, c’est pas possible, c’est beaucoup trop dangereux ou seulement c’est impossible ce qu’on nous demande, nous dirons non tout simplement, et c’est tout. Ce n’est pas à nous de vouloir essayer d’imposer au bon Dieu notre décision, notre vouloir. Au contraire, nous essayons de chercher à travers les événements, les choses qui se passent, quelle est cette Volonté.
Qu’est-ce qu’Il veut le bon Dieu ? C’est tellement surprenant ce qui nous arrive là ! Ce n’est pas nous qui l’avons cherché. Et aujourd’hui, au moins je suis arrivé à cette certitude que celui qui veut reconnaître la Fraternité, c’est bel et bien le Pape.
Je constate qu’à Rome, tous ne sont pas du même avis. A Rome et ailleurs. Mais le Pape, oui. Alors aura-t-il la force d’aller jusqu’au bout ? Cèdera-t-il devant des pressions, des oppositions ? Je n’en sais rien. Ne précédons pas la Providence. Mais prions, continuons à prier. Demandons cette lumière pour tous, pour que nous restions bien unis parce que c’est vrai qu’une telle décision, et c’est aussi une des raisons de cette crainte, implique un tel changement de perspectives, et on ne s’y attend tellement pas, et on voit tellement de maux dans l’Eglise, que quelque part on se dit bien « est-ce possible ? » A voir les éléments que j’ai dans les mains, je dis, « oui, il me semble que c’est possible ». Encore une fois, à condition qu’on nous laisse libres d’agir. Il semble bien que si on nous veut c’est pour réintroduire la Tradition dans l’Eglise si on peut parler ainsi. Non pas pour nous, mais on peut dire aussi pour faire vraiment profiter à toute l’Eglise de cette chose magnifique qui est tout simplement la vie chrétienne.
Il y a bien sûr beaucoup de questions qui restent ouvertes, ces questions de la non entente sur un certain nombre de points du concile. Nous ne sommes pas d’accords. C’est même cela qui est surprenant. Pourquoi alors, pourquoi nous offrir ce chemin ? Il doit bien y avoir une raison. Et là aussi, il semble bien que la raison, c’est cette situation de l’Eglise. Et humainement, si on ne comptait que sur nous-mêmes, je crois qu’on n’oserait pas commencer. Mais voilà, quand il s’agit de l’Eglise, on n’a pas le droit de compter que sur soi-même, sans, bien sûr, sans faire des témérités, sans faire d’imprudences, sans prétendre avoir des voix. Je ne prétends absolument pas avoir des voix. Je n’en ai pas. Le bon Dieu veut nous faire aller par le chemin, disons commun, mais avec Sa Grâce, en Son Nom, Il a dit « demandez et vous recevrez ». « Vous n’avez pas encore demandé », dit-Il. « Tout ce que vous demanderez en Mon Nom au Père, Il vous l’accordera. » Est-ce que nous le croyons ou pas ? Il dit : « si vous avez la foi comme un grain de sénevé, vous commandez à cette colline de se jeter dans la mer, elle y va ». Nous croyons à ces choses, ou pas ? Jusqu’à quel point acceptons-nous vraiment, dans la réalité, que Dieu peut intervenir dans l’histoire des hommes, ou bien ne regardons-nous tout que comme une histoire d’hommes, comme des relations d’interférents entre hommes ?
Certes, et encore une fois, et je vais terminer là-dessus, mes bien chers Frères, IL FAUT PRIER, mais prier beaucoup. Il faut continuer. Le bon Dieu nous montrera, c’est tout, mais Il ne nous montre pas à l’avance. De la même manière qu’à sainte Jeanne d’Arc, se posant des questions sur le futur, eh bien, ses Voix, sainte Catherine, sainte Marguerite, lui disaient : « c’est Notre-Seigneur qui s’occupe de toi, tu le sauras au bon moment. Ce n’est pas encore maintenant ».
Nous non plus, nous ne savons pas encore. Il ne faut pas s’impatienter. Il faut donner cette confiance au bon Dieu.
Comme nous disons à la fin du Te Deum : « In Te speravi ». C’est en Vous que j’ai mis mon espérance, c’est en Vous que j’ai mis ma confiance. Non confundar in aeternum, et pour l’éternité. Je ne serai pas déçu.
Ainsi soit-il.
Mgr Bernard Fellay