Mgr Guido Pozzo secrétaire de la commission Ecclesia Dei
Mgr Guido Pozzo et la FSSPX - Rien de bien
nouveau, par l'abbé J-M Gleize - 25 avril 2016
1. Dans un récent entretien du 25 février dernier (publié
par l'Agence de presse Zénit), Mgr Guido Pozzo, secrétaire
de la Commission pontificale Ecclesia Dei revient encore
une fois sur la question des rapports entre la Fraternité Saint-Pie X et le Saint Siège. Y aurait-il quelque chose de fondamentalement
nouveau, depuis un an ?
2. En 2015, faisant déjà le point sur l'état de nos relations
avec le Vatican (1), Mgr Pozzo déclarait que le but de ces relations
serait que la Fraternité puisse « atteindre la pleine communion
avec le Siège apostolique ». Un an plus tard, en
2016, il affirme encore que « les membres de la FSSPX sont
catholiques dans le chemin vers la pleine communion avec
le Saint-Siège ». Sur ce point, le discours n'a donc pas
changé. Le but visé par le Vatican reste le même. But malheureusement
inacceptable. Comme nous l'écrivions en
effet il y a un an, la « pleine communion » souhaitée par le
secrétaire d'Ecclesia Dei est un leurre et une imposture, car
elle s'inscrit dans une ecclésiologie étrangère au dogme
catholique. Dans l'esprit de Mgr Pozzo, les relations, aussi
bien doctrinales et diplomatiques, telles qu'elles sont menées
par Rome, obéissent à un présupposé que nous ne saurions
admettre. Car c'est le présupposé de la nouvelle ecclésiologie.
Or, il n'est pas question pour nous d'une communion à
géométrie variable. Le but que nous visons à travers tous ces
échanges n'est pas de nous situer dans une quelconque
« pleine communion » avec le Saint Siège. Car on est ou on
n'est pas catholique - et donc en communion ou non avec le
Pape, et donc dans l'Église ou non - selon que l'on réalise ou
non la triple condition rappelée par Pie XII dans Mystici corporis et qui est d'avoir reçu un baptême valide, de professer
la foi catholique et de reconnaître l'autorité des pasteurs
légitimes. La Fraternité Saint-Pie X réalise cette triple condicondition.
Elle est donc catholique, elle est donc en communion
avec le Pape et elle fait donc partie de l'Église. Il ne saurait y
avoir de communion pleine ou partielle, parfaite ou imparfaite.
Si seulement l'une des trois conditions énumérées par
Pie XII manque, l'on n'est plus catholique, l'on n'est plus en
communion avec le Pape et l'on n'est plus dans l'Église.
« Nous n'avons jamais mis en cause notre pleine communion,
mais l'adjectif "pleine" nous le balayons, en disant
tout simplement : '"nous sommes en communion" selon le
terme classique utilisé dans l'Église ; nous sommes catholiques
; si nous sommes catholiques nous sommes en communion,
parce que la rupture de communion c'est le schisme
précisément » (2).
3. Au nom du présupposé de Vatican II, contenu dans la
constitution Lumen gentium, avec le principe du Subsistit énoncé au n° 8, Mgr Pozzo estime qu'il y aurait une communion
imparfaite et non pleine, à côté d'une communion
parfaite et pleine. Et la Fraternité serait, toujours selon lui,
dans une communion encore imparfaite avec le Pape. Autant
dire que le terme même de « communion », qui est censé
servir de point de repère au dialogue, est équivoque, puisque
Mg Pozzo l'entend dans un autre sens que nous, dans un
sens différent de celui rappelé par Pie XII, dans un sens
opposé à celui qu'ont enseigné tous les Papes, durant deux
mille ans de Tradition catholique. Ce sens opposé est celui
d'un latitudinarisme subtilement renouvelé, qui en vient à
nier, de manière très sournoise, le dogme « Hors de l'Église
point de salut ». La Congrégation pour la Doctrine de la Foi
en a donné l'expression dénuée de toute ambiguïté, avec les
Responsa de 2007, qui donnent l'interprétation authentique
du Subsistit. Pour ce faire, il lui suffit de revenir aux deux
passages clés du Concile. « Cette Église comme société
constituée et organisée en ce monde, c'est dans l'Église catholique qu'elle subsiste, gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui sont en communion avec lui, bien
que des éléments nombreux de sanctification et de vérité se
trouvent hors de sa sphère, éléments qui, appartenant proprement
par le don de Dieu à l'Église du Christ, portent par
eux-mêmes à l'unité catholique » (Lumen gentium, n° 8) ;
« De plus, parmi les éléments ou les biens par l'ensemble
desquels l'Église se construit et est vivifiée, plusieurs et
même beaucoup, et de grande valeur, peuvent exister en
dehors des limites visibles de l'Église catholique : la Parole
de Dieu écrite, la vie de grâce, la foi, l'espérance et la charité,
d'autres dons intérieurs du Saint-Esprit et d'autres éléments
visibles. Tout cela, qui provient du Christ et conduit à
lui, appartient de droit à l'unique Église du Christ » (Unitatis
redintegratio, n° 3). Le Concile va même jusqu'à reconnaître
une valeur salutaire aux communautés séparées prises
en tant que telles, comme si le Saint-Esprit n'agissait pas
seulement de manière directe sur les âmes égarées dans le
schisme ou l'hérésie, mais utilisait la médiation de ces
sociétés objectivement et juridiquement schismatiques et
hérétiques : « Ces Églises et communautés séparées, bien
que nous croyions qu'elles souffrent de déficiences, ne sont
nullement dépourvues de signification et de valeur dans le
mystère du salut. L'Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas
de se servir d'elles comme de moyens de salut, dont la vertu
dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à
l'Église catholique » (Unitatis redintegratio, n° 3). Cette
affirmation contient une erreur contraire à la doctrine catholique
de toujours. En effet, une communauté religieuse en
tant que séparée de l'Église (ou en tant que secte) ne peut
être utilisée par le Saint-Esprit comme moyen de salut,
puisque son état de séparation est un état de résistance au
Saint-Esprit. Celui-ci ne peut qu'agir directement sur les
âmes (non sur la communauté). Quant à la Fraternité, elle est
dans l'Église catholique, identique à l'Église du Christ, et
elle entend y rester. « Ce qui est important, c'est de rester
dans l'Église… dans l'Église, c'est-à-dire dans la foi catholique
de toujours et dans le vrai sacerdoce, et dans la véritable
messe, et dans les véritables sacrements, dans le catéchisme
de toujours, avec la Bible de toujours. C'est cela qui
nous intéresse. C'est cela qui est l'Église (3). »
4. Mgr Pozzo affirme aussi : « Souvent, dans les discussions
avec la FSSPX, l'opposition n'est pas au Concile, mais
à l'esprit du Concile, qui utilise certaines expressions ou formulations
des documents conciliaires pour ouvrir la voie à
des interprétations et des positions qui sont éloignées de la
vraie pensée conciliaire et qui parfois abusent d'elle. » Le
secrétaire d'Ecclesia Dei est en effet convaincu que le
Concile serait conforme en tous points à la doctrine catholique.
Il y aurait, selon lui, une distinction, qu'il regarde
comme « fondamentale et absolument décisive » entre « le
mens ou la docendi intentio de Vatican II », telle que « la
montrent les Actes officiels du Concile » et ce qu'il voudrait
désigner comme « le "para-concile", à savoir l'ensemble de
lignes directrices théologiques et attitudes pratiques, qui ont
accompagné le cours du Concile lui-même, avec la prétention
ensuite de se couvrir de son nom, et qui se confondent
souvent avec la vraie pensée du Concile dans l'esprit du
public, grâce à l'influence des mass médias ». Nous en revenons
toujours à la même explication, héritée par Mgr Pozzo
du Discours de 2005. Le Pape Benoît XVI y dénonce une « herméneutique de la rupture », qui aurait défiguré le vrai
visage du Concile et empêché sa réception. La solution
serait de revenir à une herméneutique « du renouveau dans
la continuité ». La fameuse distinction entre les deux herméneutiques,
la bonne et la mauvaise, n'est que l'aboutissement
d'une réflexion menée pendant près de vingt ans par le
cardinal Ratzinger : les Entretiens sur la foi de 1984, puis le
discours adressé à la Conférence épiscopale chilienne en
1988 développent déjà la même idée, d'après laquelle les
enseignements de Vatican II, étant conformes à la Tradition
de l'Église, ne seraient pas à réformer ; il faudrait seulement
en réviser l'application (ou la « réception ») en mettant un
terme à de simples abus. Car, pensait déjà le futur Benoît
XVI en 1984, « de nombreuses présentations donnent l'impression
qu'avec Vatican II tout ait changé et que ce qui l'a
précédé n'a plus de valeur ».
5. Or, cette explication ne résiste pas à un examen tant soit
peu sérieux des textes du Concile. La doctrine traditionnelle
de l'Église a en effet été gravement mise en cause depuis le
dernier Concile, en raison des enseignements même de Vatican
II. Ainsi que le démontre l'article de novembre 1988 du
Courrier de Rome - qui titrait : « Le cardinal Ratzinger
démontre l'état de nécessité dans l'Église » - « certains
textes du Concile sont réellement séparés de la Tradition et
ne peuvent en aucun cas être conciliés avec elle. Ce n'est pas
seulement que, comme le pense le cardinal Ratzinger, "de
nombreuses présentations donnent l'impression qu'avec
Vatican II tout ait changé et que ce qui l'a précédé n'a plus
de valeur". Non. Il existe des textes du Concile qui ont
constitué un changement par rapport à ce qui précédait et qui
nécessitent par conséquent un choix : ou Vatican II ou la
Tradition. Des textes comme Nostra ætate pour les religions
non chrétiennes, Unitatis redintegratio pour l'oecuménisme,
Dignitatis humanæ sur la liberté religieuse conduisent effectivement
et avec raison à se demander, comme le fait le cardinal
Ratzinger "si l'Église d'aujourd'hui est réellement
celle d'hier ou si on l'a remplacée par une autre sans même
se donner la peine d'en avertir les catholiques " » (page 4).
6. Le constat de Mgr Pozzo s'inscrit donc en faux, face à
la réalité historique de ce que furent les discussions doctrinales,
menées lors des années 2009-2011. Un seul exemple
suffit à le démontrer, et c'est justement celui qu'allègue le
secrétaire d'Ecclesia Dei : « Ainsi en ce qui concerne la critique
lefebvriste sur la liberté religieuse, au fond de la discussion
me semble que la position de la FSSPX se caractérise
par la défense de la doctrine catholique traditionnelle
contre la laïcité agnostique de l'État et contre la laïcité et le
relativisme idéologique et non pas contre le droit qu'a la personne
de ne pas être forcée ou empêchée, obstruée par l'État
dans l'exercice de sa profession de foi religieuse. » Toutes
les objections que la Fraternité a pu faire et fait encore valoir
auprès du Saint-Siège portent pourtant sur ce point très précis
: nous contestons ce fameux droit à la liberté religieuse,
droit prétendu « négatif » à ne pas être empêché par les pouvoirs
civils de professer la foi religieuse de son choix et nous
le contestons parce qu'il est condamné par Grégoire XVI dans Mirari vos et Pie IX dans Quanta cura. Le propos de
Mgr Pozzo semble donc ici ne tenir ici aucun compte de la
position de la Fraternité Saint Pie X (4), aucun compte de ce
qui a été pourtant dit et répété, tant par écrit que par oral, lors
des discussions doctrinales de 2009-2011.
Les archives de la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi devraient être là
pour en faire foi. Mgr Pozzo dit encore : « Les critiques
concernent plutôt les déclarations ou les indications concernant
le renouvellement de la pastorale dans les relations
oecuméniques avec les autres religions, et certaines questions
d'ordre prudenciel dans la relation de l'Église et de la
société, l'Église et de l'État. » Nous avons le regret, là encore,
de devoir rappeler au secrétaire d'Ecclesia Dei qu'il n'en
est absolument rien : à l'inverse de ce qu'il déclare, les critiques
de la Fraternité portent sur les principes mêmes de
l'oecuménisme, principes d'ordre doctrinal et pas seulement
pastoral, principes qui aboutissent à donner de l'Église une
nouvelle définition, contraire à l'ecclésiologie traditionnelle.
Les critiques de la Fraternité portent sur le principe même de
la liberté religieuse formulé dans le n° 2 de la déclaration
Dignitatis humanæ et sur le principe même de l'autonomie
du temporel, formulé dans le n° 36 de la constitution Gaudium
et spes. De tels principes faux sont d'ordre doctrinal et
pas seulement prudentiel (5). Ils aboutissent à donner une
nouvelle définition de l'ordre social chrétien, contraire à la
doctrine traditionnelle. Il suffit pour s'en convaincre de relire
les différentes interventions faites par Mgr Lefebvre lors
du concile Vatican II et réunies dans le livre J'accuse le
Concile.
7. On peut voir, à travers ces exemples, que l'opposition
de la Fraternité ne porte pas seulement à une herméneutique
de la rupture et à un esprit du Concile, distinct de sa lettre.
La Fraternité ne conteste pas seulement « des interprétations
et des positions qui sont éloignées de la vraie pensée conciliaire
et qui parfois abusent d'elle ». Nous avons dit et
répété, durant ces deux années de discussions, que nos
objections portaient d'abord très précisément sur les textes
mêmes du Concile, indépendamment des diverses interprétations
subséquentes non autorisées, et indépendamment aussi
de tous les abus auxquels la lettre de Vatican II a pu servir de
prétexte. À la suite de Mgr Lefebvre, la Fraternité accuse
donc toujours le Concile. « J'accuse le Concile » disait en
effet l'ancien archevêque de Dakar, « me semble la réponse
nécessaire au J'excuse le Concile du cardinal Ratzinger. Je
m'explique : je soutiens et je vais le prouver que la crise de
l'Église se ramène essentiellement aux réformes post-conciliaires
émanant des autorités les plus officielles de l'Église et
en application de la doctrine et des directives de Vatican II.
Rien donc de marginal ni de souterrain dans les causes
essentielles du désastre post-conciliaire » (6). Car de fait,
« c'est dès le Concile que l'Église ou du moins les hommes
d'Église occupant les postes clés ont pris une orientation
nettement opposée à la Tradition, soit au magistère officiel
de l'Église » (7). Il se peut que Mgr Pozzo nourrisse l'espoir
que notre opposition se limite au fameux « para-concile »
des médias et des théologiens. Mais cet espoir est vain car
l'analyse sur laquelle il voudrait s'appuyer ne correspond nullement à la réalité. Même si nous le regrettons pour lui,
nous ne pouvons travestir ni les faits ni notre propre pensée.
Nous ne pouvons pas excuser le Concile avec lui. Nous l'accusons,
parce qu'il le faut, pour le bien de toute l'Église. Et
la sérénité des échanges que nous entendons continuer à
mener avec Rome est d'ailleurs à ce prix.
8. En effet, et c'est là le troisième aspect de sa réflexion,
Mgr Pozzo souligne l'importance que revêt aussi à ses yeux
« le développement d'un climat de confiance et de respect
mutuel, qui doit être la base d'un processus de rapprochement
». Sans doute : à la suite de son fondateur, la Fraternité
Saint Pie X a toujours voulu faire porter son appréciation
critique sur les différents points du Concile qui posent de
graves problèmes à la conscience des catholiques. Nous
accusons le Concile, non des personnes. Cependant, la suite
du propos de Mgr Pozzo laisse de côté une distinction
importante. « Il faut surmonter », ajoute-t-il, « la méfiance et
les raideurs qui sont compréhensibles après tant d'années de
fracture, mais qui peuvent être progressivement dissipées si
les changements d'attitude mutuelle et si les différences ne
sont pas considérées comme des murs insurmontables, mais
comme des points de discussion qui méritent d'être approfondis
et réglés, dans une clarification utile à toute l'Église.
» La méfiance que nous nourrissons porte précisément
sur les textes du Concile, et elle est parfaitement justifiée, là
où se trouvent les équivoques et les ambiguïtés, qui sont au
principe de la crise dont pâtit la sainte Église depuis maintenant
un demi-siècle. Cette méfiance-là ne pourra être dissipée
que par un retour entier à l'expression claire et nette de
la doctrine catholique. Si les différences auxquelles
Mgr Pozzo fait allusion sont celles qui existent entre la Tradition
catholique et les nouveautés contraires introduites par
Vatican II, elles représentent bel et bien des « murs insurmontables
», et la « clarification utile à toute l'Église » devra
consister à abandonner ces nouveautés mortifères pour revenir
à la Tradition constante de l'Église. Il n'y a pas seulement
des « points de discussion », il y a surtout, comme
Mgr Pozzo le reconnaît lui-même, des « points de divergence
». L'approfondissement de ces points ne peut pas consister
pour nous à mettre en évidence leur impossible continuité
avec la doctrine enseignée depuis toujours par le magistère
de l'Église. Il ne peut consister qu'à mettre en évidence la
rupture introduite par le Concile, dans les textes mêmes de
Vatican II, et que Mgr Pozzo, à la suite de Benoît XVI et du
Discours de 2005, voudrait imputer au fameux « para-concile
». De l'aveu même du cardinal Ratzinger, la constitution
pastorale Gaudium et spes, véritable testament du Concile,
doit être comprise comme un « contre-Syllabus » (8): qu'est-ce
alors, sinon une rupture ?
9. C'est pourquoi, lorsque Mgr Pozzo préconise de « passer
d'une position de confrontation polémique et antagoniste,
à une position d'écoute et de respect mutuel, d'estime et
de confiance », il nous paraît nécessaire d'élucider une
importante distinction. S'il s'agit des personnes, il est clair
que la Fraternité ne nourrit aucune animosité vis-à-vis de
quiconque. Mais ce sont les idées qui mènent le monde, et
qui déterminent les choix faits par les personnes. Et s'agissant
des idées, il est indéniable que nous ne pouvons ni respecter,
ni estimer celles de Vatican II, ni leur témoigner
aucune confiance, là où elles révèlent un profond et réel « antagonisme » vis-à-vis de la doctrine catholique de toujours.
Et si la « polémique », au sens noble du terme utilisé
par les anciens apologètes, consiste à dévoiler et à combattre
l'erreur pour faire triompher la vérité, alors oui, les nouveautés
introduites par le Concile appellent de notre part
« une confrontation polémique et antagoniste ». Mais cela
découle du fait, trop évident, que Vatican II fut « le déchaînement
des forces du mal pour la ruine de l'Église » (9).
Si la
première qualité d'une « position d'écoute » est la franchise
et la clarté, c'est bien celle-là que nous voulons. C'est pourquoi,
disons-nous à Rome, « si vous nous voulez, nous
sommes ainsi, il faut que vous nous connaissiez, que vous ne
nous disiez pas ensuite que nous vous avons caché quelque
chose. Nous sommes ainsi et c'est comme cela que nous resterons.
Nous resterons comme nous sommes, pourquoi ? Ce
n'est pas une volonté propre, ce n'est pas que nous pensions
que nous sommes les meilleurs, c'est l'Église qui a enseigné
ces choses, qui a exigé ces choses, il n'y a pas seulement la
foi, il y a aussi toute une discipline qui est en parfait accord
avec cette foi, et c'est cela qui a fait le trésor de l'Église, qui
a fait les saints dans le passé, et cela, nous ne sommes pas
prêts à le lâcher » (10). Et cela n'est pas nouveau, car cela fut
notre attitude constante : « Ce qui nous intéresse d'abord,
c'est de maintenir la foi catholique. C'est cela notre combat.
Alors la question canonique, purement extérieure, publique
dans l'Église, est secondaire. […] D'être reconnus publiquement,
cela est secondaire. Alors il ne faut pas rechercher le
secondaire en perdant ce qui est primaire, ce qui est le premier
objet de notre combat (11).»
10. Pour finir, Mgr Pozzo rappelle les distinctions que
nous connaissons déjà, pour les avoir rencontrées sous sa
plume. Distinctions qui n'éclairent malheureusement pas
grand-chose. Bien sûr, « dans le Concile Vatican II il y a des
documents doctrinaux, qui ont l'intention de faire reproposer
la vérité déjà définie de la foi ou de la vérité de la doctrine
catholique (par exemple, la Constitution dogmatique Dei Verbum, la Constitution dogmatique Lumen gentium), et il y
a des documents qui ont l'intention de proposer des orientations
ou des lignes directrices pour l'action pratique, qui est,
pour la vie pastorale comme une application de la doctrine
(la déclaration Nostra ætate, le décret Unitatis redintegratio,
la déclaration Dignitatis humanæ) ». Bien sûr aussi,
« l'adhésion aux enseignements du Magistère varie selon le
degré d'autorité et de la vérité de leur propre catégorie de
documents du Magistère ». Bien sûr. Mais Mgr Pozzo ne dit
pas pour autant que l'adhésion globale aux enseignements
du Concile sera épargnée à la Fraternité Saint Pie X. Et justement,
la question que nous posons est de savoir si, pour
être échelonnée, selon la nature doctrinale ou disciplinaire
des enseignements, et pour être graduée, selon le degré d'autorité
avec lequel le Magistère les engage, l'adhésion à tous
ces textes du Concile s'avérera nécessaire et inévitable. Si
oui, nous ne pouvons nous y résoudre. Car, pour nous en
tenir à ces deux documents réputés d'ordre doctrinal, Lumen
gentium contient le principe empoisonné de la nouvelle
ecclésiologie oecuméniste, avec le « Subsistit », et Dei Verbum renferme la nouvelle théologie de la Tradition vivante.
Et si l'adhésion à ces textes ne s'avère pas nécessaire, il
conviendrait d'expliquer pourquoi : cela devrait conduire le
Saint-Siège à reconnaître tôt ou tard que la rupture tant
déplorée par le pape Benoît XVI ne se situe pas seulement
au niveau d'un hypothétique « para-concile ».
La Miséricorde que les fidèles catholiques sont en droit d'attendre du
pape François n'est autre que celle de la vérité, entière et
inamissible [Note de LPL : en théologie inamissible se dit de ce qui ne peut pas se perdre, ne peut pas être retiré] : vérité incompatible avec les erreurs et les équivoques
disséminées dans les textes du Concile et dans les
réformes qui s'en sont ensuivies.
À un pape si friant d'écologie,
oserions-nous rappeler, à l'occasion de ce qu'il considère
comme le Jubilé des cinquante ans de Vatican II, quelles
sont les attributions d'un bon jardinier ? Ce sont celles d'un
homme qui commence par arracher les mauvaises herbes,
avant de replanter la future moisson. « Ecce dedi verba mea
in ore tuo ; ecce constitui te hodie super gentes et super
regna, ut evellas et destruas, ut aedifices et plantes 77.»
(1) Propos parus dans l'Agence de presse I. Media et relatés par le journal La Croix, le 20 mars 2015. Pour une analyse de ces propos, le lecteur pourra se reporter au Courrier de Rome d'avril 2015, à l'article intitulé « Entrer dans l'Église », p. 4-8 (consultable sur le site www.courrierderome.org).
(2)
MGR FELLAY, « Entretien du 4 mars 2016 ».
(3) Mgr Lefebvre, Conférence spirituelle à Écône, le 21 décembre 1984 (Cospec 112).
(4) Le lecteur pourra se reporter aux études de MGR LEFEBVRE, Ils L'ont découronné ; Dubia sur la liberté religieuse, ainsi qu'aux numéros de : février 2008 ; juillet-août 2008 ; juin 2011 ; septembre 2012 ; décembre 2012 ; juin 2013 ; décembre 2013 ; mars 2014 ; octobre 2014 du Courrier de Rome (consultables sur le site www.courrierderome.org.)
(5) Le n° 9 de Dignitatis humanæ affirme que « la doctrine de la liberté a ses racines dans la Révélation divine ».
(6) MGR LEFEBVRE, Ils L'ont découronné, chapitre XXXII, Fideliter, 1987, p. 233.
(7) MGR LEFEBVRE, J'accuse le Concile, « Notes à propos du titre », p 9.
(8) Les Principes de la théologie catholique. Esquisse et matériaux, Téqui, 1982, p. 424-425.
(9) MGR LEFEBVRE, « Le Concile ou le triomphe du libéralisme » dans Fideliter n° 59 (septembre-octobre 1987), p. 33.
(10) MGR FELLAY, « Entretien du 4 mars 2016 ».
(11) MGR LEFEBVRE, Conférence spirituelle à Écône, le 21 décembre 1984 (Cospec 112).
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