Bien chers Frères,
La fraternité chrétienne est plus forte que la chair et que le sang parce qu’elle nous offre, grâce à la divine Eucharistie, un avant-goût du paradis.
Le Christ nous a invités à faire l’expérience de la communion, c’est en cela que consiste notre « je ». La communion, c’est estimer a priori son prochain, parce que nous avons en commun avec lui l’unique Sauveur. De ce fait, la communion est prête à tout sacrifice au nom de l’unité ; et cette unité doit être visible, comme nous l’enseigne l’ultime invocation de la prière adressée par Notre Seigneur à son Père – « ut unum sint, ut credat mundus » –, parce qu’elle est le témoignage décisif des amis du Christ.
Il est indéniable que de nombreux faits du concile Vatican II et de la période qui l’a suivi, liés à la dimension humaine de cet événement, ont représenté de vraies calamités et causé de vives douleurs à de grands hommes d’Église. Mais Dieu ne permet pas que Sa Sainte Église puisse en arriver à l’autodestruction.
Nous ne pouvons pas considérer la dureté du facteur humain sans avoir confiance dans le facteur divin, c’est-à-dire dans la Providence qui, tout en respectant la liberté humaine, guide l’histoire, et en particulier l’histoire de l’Église.
L’Église est à la fois institution divine, divinement garantie, et produit des hommes. L’aspect divin ne nuit pas à celui humain – personnalité et liberté – et ne l’inhibe pas nécessairement ; l’aspect humain, demeurant entier, et même compromettant, ne nuit jamais à celui divin.
Pour des raisons de Foi, mais aussi en raison des confirmations, même lentes, que nous observons au plan historique, nous croyons que Dieu a préparé et continue de préparer au fil de ces années des hommes dignes de remédier aux erreurs et aux abandons que nous déplorons tous. Déjà apparaissent, et apparaîtront toujours plus, de saintes œuvres isolées les unes des autres mais qu’une stratégie divine relie à distance et dont l’action constitue un dessein ordonné, comme cela survint miraculeusement à l’époque de la douloureuse révolte de Luther.
Ces interventions divines semblent se multiplier à mesure que les faits se compliquent. L’avenir le démontrera, comme nous en sommes convaincus, et déjà semble poindre l’aurore.
Pendant quelques instants, l’aurore, incertaine, lutte avec les ténèbres, lentes à se retirer, mais quand elle pointe on sait que le soleil est là et qu’il poursuit immanquablement sa course dans les cieux.
Avec sainte Catherine de Sienne, nous voulons vous dire : « Venez à Rome en toute sécurité », auprès de la maison du Père commun qui nous a été donné comme principe et fondement visibles et perpétuels de l’unité catholique.
Venez prendre part à cet avenir béni dont on entrevoit déjà, en dépit des ténèbres persistantes, l’aurore.
Votre refus augmenterait les ténèbres et non la lumière. Or nombreux sont les éclairs de lumière que nous admirons déjà, à commencer par ceux de la grande restauration liturgique opérée par le motu proprio Summorum Pontificum. Celle-ci suscite dans le monde entier un large mouvement d’adhésion de la part de tous ceux, et notamment les jeunes, qui entendent magnifier le culte du Seigneur.
Comment ne pas considérer en outre les autres gestes concrets et chargés de signification du Saint Père, comme la levée des excommunications aux évêques ordonnés par Mgr Lefebvre, l’ouverture d’un débat public sur l’interprétation du concile Vatican II à la lumière de la Tradition et, à cet effet, le renouvellement de la Commission Ecclesia Dei ?
Il demeure certainement des perplexités, des points à approfondir ou à préciser, comme celui de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux (qui a d’ailleurs déjà fait l’objet d’une importante clarification apportée par la déclaration Dominus Jesus de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 6 août 2000) ou celui de la manière dont est comprise la liberté religieuse.
Sur ces thèmes aussi, votre présence canoniquement garantie dans l’Église aidera à plus de lumière.
Comment ne pas songer à la contribution que vous pourrez apporter, grâce à vos ressources pastorales et doctrinales, à votre capacité et votre sensibilité, au bien de toute l’Église ?
Voici le moment opportun, l’heure favorable pour revenir. Timete Dominum transeuntem : ne laissez pas passer l’occasion de grâce que le Seigneur vous offre, ne la laissez pas passer à côté de vous sans la reconnaître.
Le Seigneur en concèdera-t-il une autre ?
Ne devrons-nous pas comparaître tous un jour devant Son Tribunal et répondre non seulement du mal commis mais surtout de tout le bien que nous aurions pu faire et que nous n’avons pas accompli ?
Le cœur du Saint Père frémit : il vous attend avec anxiété parce qu’il vous aime, parce que l’Église a besoin de vous pour une profession de foi commune face à un monde toujours plus sécularisé et qui semble tourner irrémédiablement le dos à son Créateur et Sauveur.
Dans la pleine communion ecclésiale avec la grande famille que constitue l’Église catholique, votre voix ne sera pas étouffée, votre engagement ne sera ni négligeable ni négligé mais pourra donner, avec celui de tant d’autres, des fruits abondants qui demeureraient autrement gâchés.
L’Immaculée nous enseigne que trop de grâces viennent perdues parce qu’elles ne sont pas demandées : nous sommes convaincus qu’en répondant favorablement à l’offre du Saint Père, la Fraternité sacerdotale saint Pie X deviendra un instrument pour allumer de nouveaux rayons aux doigts de notre Mère céleste.
En ce jour qui lui est dédié, que saint Joseph, époux de la Bienheureuse Vierge Marie, Patron de l’Église universelle, veuille inspirer et soutenir vos résolutions : « Venez à Rome en toute sécurité ».
Mgr Nicolas Bux