Changement de pontificat

Le pape Benoît XVI a donc renon­cé à la charge de Pasteur suprême de l’Église, et le pape François a été élu Souverain Pontife par le col­lège des car­di­naux. Décision éton­nante, voire trou­blante, de Joseph Ratzinger, même si elle est expli­ci­te­ment pré­vue par le Code de droit cano­nique et a connu quelques pré­cé­dents, mais seule­ment à des époques de grandes épreuves dans l’Église.

Est-​il pos­sible de faire un rapide bilan du pon­ti­fi­cat de Benoît XVI ? En ce qui concerne d’a­bord la Tradition catho­lique, en par­ti­cu­lier la Fraternité Saint-​Pie X, il a posé des actes non négli­geables, que nous n’a­vons garde d’ou­blier, notam­ment le Motu pro­prio Summorum pon­ti­fi­cum de 2007, l’an­nu­la­tion des sen­tences de la pré­ten­due excom­mu­ni­ca­tion en 2009, enfin les conver­sa­tions doc­tri­nales entre les repré­sen­tants du Siège apos­to­lique et ceux de la Fraternité Saint-​Pie X. Mais le « pro­ces­sus de récon­ci­lia­tion » n’a pas été pous­sé à son terme. Ceci s’ex­plique, non par une négli­gence du Pontife, ni par une mau­vaise volon­té de la Fraternité Saint-​Pie X, mais par les condi­tions objec­tives de la situa­tion actuelle de l’Église. La Fraternité Saint-​Pie X, en effet, n’est nul­le­ment le pro­blème dans l’Église, mais tout au plus le révé­la­teur d’une mala­die qui affecte sa part humaine. 

Si l’Église tra­verse une crise si grave, et sans que les efforts des uns et des autres aient réus­si à redres­ser la situa­tion, c’est d’a­bord et avant tout parce que la pro­fes­sion publique et entière de la foi n’est plus assu­rée, à la suite (et en grande par­tie à cause) du concile Vatican II, et des réformes qui l’ont sui­vi, au pre­mier chef la réforme litur­gique, car c’est elle qui a le plus de reten­tis­se­ment sur la vie des chrétiens. 

Or, le pape Benoît XVI ne s’est pas vrai­ment atta­qué à ce mal, ni par des textes doc­tri­naux clairs qui auraient « déter­mi­né » la foi catho­lique, ni par une poli­tique sys­té­ma­tique de nomi­na­tion de car­di­naux et d’é­vêques qui auraient été réel­le­ment atta­chés à la Tradition de l’Église. Et sa volon­té, louable, de don­ner le bon exemple, notam­ment en matière litur­gique, comme son désir d’une « her­mé­neu­tique de la conti­nui­té », ne pou­vaient pro­duire les fruits escomp­tés, car mal­heu­reu­se­ment ils se situaient encore à l’in­té­rieur même des erreurs conci­liaires et de la réforme liturgique. 

Ce que nous savons de Jorge Mario Bergoglio, pas plus que ses pre­miers actes comme Souverain Pontife, ne sont de nature à beau­coup nous ras­su­rer. Mais c’est de la Providence de Dieu, plus que des des­seins des hommes que nous atten­dons le salut et la res­tau­ra­tion de l’Église.

Abbé Régis de CACQUERAY, Supérieur du District de France

Source : Lettre à nos frères prêtres du du 01/​03/​13

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.