Historique de la Confrérie dans la Fraternité Saint-Pie X
Dans son Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, Saint Louis-Marie Grignion de Montfort avait émis l’idée d’une Confrérie Marie Reine des Cœurs : « …cette dévotion… n’est point érigée en confrérie, quoiqu’il le fût à souhaiter… » (VD 227).La première réalisation de ce souhait fut plutôt tardive, puisque la première érection eut lieu à Ottawa, au Canada, en 1899. Le 27 décembre 1908, Saint Pie X accepte de donner son nom à la Confrérie : « Oui, très volontiers je m’inscris au nombre des Prêtres de Marie » répondit-il au Père Hubert-Marie Gebhard, Procureur Général des Montfortains. C’est le saint pape lui-même qui, en 1913, a élevé la Confrérie de Rome au rang « d’Archiconfrérie, à laquelle devaient désormais être rattachées toutes les confréries existantes ou à venir » [1]. En 1956, Pie XII approuve les nouveaux statuts de la Confrérie, qui, avec Vatican II, subira son aggiornamento conciliaire, et sera transformée, en 1991, en Association Marie Reine des Cœurs.
En 1987, une fidèle angevine de la Tradition, cherche à se faire inscrire à la Confrérie. Elle reçoit, de la part des pères montfortains, un courrier posté le 25 mars 1987 qui contient des documents réformés. Ne voulant pas subir l’influence conciliaire, elle renonce à s’inscrire, et commence à prier pour qu’il y ait un jour une Confrérie Marie Reine des Cœurs de Tradition. Déjà, fin 1988, une tentative de Confrérie voit le jour autour du chanoine Decornet, dans la région lilloise, et, début 1989, un jeune séminariste de Flavigny, originaire du Nord, est sollicité pour y participer. A cette date, les prières sont déjà un peu exaucées, mais le projet reste sans suite.
Le 18 août 1996, votre aumônier, donne sa première conférence sur Saint Louis-Marie Grignion de Montfort au Congrès marial de Lourdes. La dame angevine y est présente et l’entretient quelques minutes sur le sujet. Mais il ne lui laisse que peu d’espoir… Qu’importe ! Elle priera de plus belle le Père Grignion afin qu’il fasse quelque chose ! Le 11 novembre 2000, votre serviteur prêche la première Récollection mariale avec le Père de Montfort pour le Tiers Ordre de Saint Pie X à l’école de Bitch… C’est le début d’une longue série de conférences qui aboutiront, le 22 mai 2002 (fête de Sainte Rita, Avocate des causes désespérées), à l’ouverture d’un Registre de suppléance de la Confrérie conformément aux pouvoirs accordés par Mgr Lefebvre à ses prêtres. L’angevine de Tradition a le privilège d’être la première inscrite.
Durant le mois de mai 2003, se déroule une neuvaine préparatoire à la fête de Marie Reine (31.V.2003) en vue de la préparation du dossier qui sera présenté à M. le Supérieur du District de France. Le 19 juin 2003, Fête Dieu, le dossier est prêt. M. l’abbé de Cacqueray donne un avis favorable. Par lettre du 27 juin 2003 (fête de Notre Dame du Perpétuel Secours), il adresse le dossier à M. le Supérieur général en vue d’obtenir son Placet. Plus de 100 personnes vont être sollicitées pour participer aux neuvaines préparatoires aux fêtes du Cœur Immaculé de Marie (22 août 2003) et de la Médaille miraculeuse (27 novembre 2003). Le 15 décembre 2003, fête de Marie Reine dans l’ordre franciscain, une nouvelle lettre est adressée à Mgr Fellay, et le 3 janvier, à Rome, votre aumônier l’entretient sur le sujet. Suit immédiatement une neuvaine au Cœur Immaculé de Marie, Refuge des pécheurs (16 janvier 2004). C’est à la veille de la dernière neuvaine préparatoire à la fête de l’Annonciation (25 mars 2004), que, le 16 mars 2004, Mgr Fellay donne son approbation. Mais, c’est seulement le 27 mars, après la neuvaine, que l’auteur de ces lignes reçoit, par fax, la réponse de M. le Supérieur général.
La Confrérie Marie Reine des Cœurs a désormais une existence officielle dans la Fraternité Saint Pie X.
Le développement de la Confrérie dans la Fraternité Saint-Pie X
Au début de l’année 2005, l’opération « 365 cœurs pour Marie Reine » a été organisée pour lancer la confrérie. Il s’agissait d’offrir un cœur, c’est-à-dire une inscription, par jour à la Sainte Vierge. Cette opération fut un succès. Fort de cette réussite, l’opération « 1000 cœurs pour Marie Reine le 8 décembre » a été lancée au début de l’année 2006 pour asseoir la Confrérie. En réalité, l’objectif était sensiblement le même, car, pour y arriver, il fallait de nouveau obtenir une inscription par jour, en moyenne, durant l’année.
Cependant, à la fin du mois de novembre 2006, la partie était loin d’être gagnée. En effet, il manquait encore une centaine d’inscriptions. Pour avoir une idée de la difficulté, il faut savoir que le mois de décembre 2005, mois qui avait jusque-là enregistré le plus grand nombre d’inscriptions, n’en avait apporté qu’une soixantaine, ce qui était, à l’époque, le double de la moyenne mensuelle.
Le 8 décembre, avant la messe de l’Immaculée Conception, le secrétariat de la confrérie avait en sa possession la 999e demande. Ce soir-là, une messe « en action de grâce pour le 1000e membre de la confrérie », prévue depuis un certain temps, était célébrée. A la fin de la messe, la 1000e demande était bien au rendez-vous ! Mais, parmi ces demandes, certaines n’étaient programmées que pour le 10 décembre, du fait de l’absence de messe le 8 dans certaines chapelles. Marie n’aura donc eu son millième cœur que le 10 décembre. Mais ce petit décalage dans le temps n’est pas sans signification.
A la date du 10 décembre, on peut lire dans le Martyrologe romain (1959) : « A Lorette, dans les Marches, la translation de la sainte maison de Marie, Mère de Dieu, maison dans laquelle le Verbe s’est fait chair ». Le 10 décembre n’est donc qu’un prolongement de la fête de l’Annonciation célébrée le 25 mars. Or, le Traité de la vraie dévotion affirme que « Le principal mystère qu’on célèbre et qu’on honore dans cette dévotion est le mystère de l’Incarnation » (VD 246). C’est pourquoi, les vrais dévots doivent avoir « une singulière dévotion pour le grand mystère de l’Incarnation du Verbe, le 25 mars, qui est le propre mystère de cette dévotion » (VD 243).
Mais ce n’est pas tout. Dans la biographie écrite par le Père Le Crom, on peut lire en note : « Qui avait inspiré à Montfort le vocable de Reine des Cœurs ? Sa dévotion particulière certes, mais aussi les souvenirs de Saint-Sulpice. En effet, Monsieur Tronson avait décidé Monsieur Bourbon, un fervent de Lorette, à bâtir au milieu du parc d’Issy, une chapelle sur le modèle de la Sainte Maison de la Vierge. On la dédia à Marie Reine des Cœurs… En 1695, les Indiens de Montréal y envoyèrent un grand nombre de cœurs ; d’autres cœurs en or étaient suspendus » (Clovis, 2003, p.194, note 1).
La Providence a montré, par ce petit contretemps, que tous ceux qui ont travaillé à gagner des cœurs à leur Reine se sont rendus agréables à Dieu… C’est bien grâce à leur zèle animé, joint à l’approbation, et à la bénédiction accordées le 16 mars 2004 par Mgr Fellay, que ce résultat aura été obtenu.
Et maintenant, un petit calcul. Si l’on compte le nombre de jours écoulés depuis le 16 mars 2004 jusqu’au 10 décembre 2006, on obtient un total de 1000 jours. Depuis cette date, la Confrérie aura donc offert un cœur par jour, en moyenne, à Marie Reine.
Enfin, une considération. Le Dictionnaire de spiritualité montfortaine (pp. 95–96) signale qu’en France « le nombre des inscriptions n’a cessé de croître jusque vers les années 1945–1950… A titre d’exemple, le centre de Saint Laurent sur Sèvre a enregistré, en 1943, 1200 nouveaux membres… Aujourd’hui [en 1994], le registre de Saint Laurent-sur-Sèvre fait état de 750 inscrits environ… » Il est vrai, qu’entre-temps, il y a eu la montée de la Nouvelle Théologie, dans les années 50, et la célébration du concile Vatican II…
Un demi-siècle plus tard, en 1000 jours, la Confrérie Marie Reine des Cœurs aura manifesté, à sa manière, la vitalité mariale de la Tradition !
- Dictionnaire de spiritualité montfortaine, Novalis, 1994, p.93[↩]