Conférence donnée par M. l’abbé Castelain lors du colloque marial à Lyon les 27 et 28 novembre 2004.
Monsieur le Supérieur, chers confrères, mes révérends pères, mes très chers frères, chers fidèles et chers amis,
Dieu est maître de l’Histoire. L’Histoire, c’est ce par quoi Dieu atteint ses objectifs. Et pour cela, il a placé au cœur, au centre de l’Histoire son Fils Jésus-Christ : C’est lui qui est la clé de l’Histoire. Avant Lui, tout converge vers lui, après lui tout découle de Lui : tout s’explique par lui et sans lui tout est inexplicable. Sans Jésus-Christ l’histoire se transforme, ou plutôt se déforme en un historicisme matérialiste, c’est-à-dire en un système philosophique qui ne perçoit que des phénomènes et qui masque la dimension surnaturelle de l’Histoire. Témoin cette description de la messe par Sartre : un homme boit du vin devant des femmes agenouillées à la lumière des bougies allumées. C’est absurde : sans le surnaturel, l’histoire devient absurde ! Il faut donc pour accéder à la véritable Histoire, y découvrir et l’élément humain, et l’élément divin. Et aujourd’hui, toute la difficulté réside dans la mise en évidence de l’aspect surnaturel de l’Histoire. Et cette difficulté s’est transformée en mentalité. Un exemple. L’abbé Berto (+1968), dans sa correspondance, nous livre, au sujet de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, une réflexion de théologien de l’histoire : il s’étonne que ce saint soit moins connu que Louis XIV :
Figurez-vous que j’ai trouvé hier des enfants qui connaissaient mieux Louis XIV que le bienheureux Grignion de Montfort. Si c’est votre cas, mettez-vous vite au point juste. Les vraies vues sont les vues de Dieu. Or, au regard de Dieu, combien un saint qui ne fut qu’un pauvre missionnaire, mais aimant la Sainte Vierge, compte plus qu’un roi qui ne fut pas un saint ! Nous nous croyons chrétiens, et souvent nous ne sommes que des païens frottés de christianisme
Notre Dame de Joie, Correspondance de l’abbé V.-A. Berto, prêtre (1900–1968), NEL, Paris, 1974. Lettre du 12 mai 1936, p. 100. L’abbé Berto a été le théologien privé de Mgr Lefebvre au concile Vatican II, à partir de la 2° session, op. cit. p. 41–42.
Mais puisque Jésus et Marie sont inséparables et que « C’est par la Très Sainte Vierge Marie que Jésus-Christ est venu au monde, et [que] c’est aussi par elle qu’il doit régner dans le monde [1] » , nous pouvons appliquer à Marie, en matière d’Histoire, ce que nous venons de dire de Jésus : avec Lui, la Vierge Immaculée est bien au centre de l’Histoire : avant elle tout convergera vers elle, et, après elle, tout découlera d’elle également. L’Annonciation et l’Incarnation, réalisées dans la plénitude des temps sont des mystères situés au centre et au cœur de l’Histoire. Marie par son Fiat, va imprimer, à l’ordre providentiel divin, une modalité mariale. Et cela, non seulement parce qu’elle est la Porte du ciel par laquelle Jésus-Christ va entrer dans le monde, lui qui va modifier le cours des choses politiques des nations ; mais aussi parce que, Médiatrice de toutes grâces, elle va modifier le cours des choses dans la vie de chacun des prédestinés. Car :
Une même mère ne met pas au monde la tête ou le chef sans les membres, ni les membres, sans la tête ; autrement ce serait un monstre de la nature ; de même, dans l’ordre de la grâce, le chef et les membres naissent d’une même mère ; et si un membre du corps mystique de Jésus-Christ, c’est-à-dire un prédestiné, naissait d’une autre mère que Marie qui a produit le chef, ce ne serait pas un prédestiné, ni un membre de Jésus-Christ, mais un monstre dans l’ordre de la grâce
VD 32.
Ainsi donc, il y a une théologie mariale de l’Histoire. En effet, l’étude du cours de l’Histoire humaine reçoit son éclairage, non seulement de la christologie, mais aussi de la mariologie : Dieu a décidé qu’avec son divin Fils, la Très Sainte Vierge Marie aurait son mot à dire dans son gouvernement divin. Et si les hommes ne peuvent se positionner dans l’Histoire que par le Pour ou contre le Jésus-Christ, ils ne peuvent se positionner également dans le cours des choses que par la réponse au Pour ou contre l’Immaculée. Car : « C’est par Marie que le salut du monde a commencé, et c’est par Marie qu’il doit être consommé [2]» rappelle le père de Montfort. Cependant, pour bien nous placer dans l’esprit du père de Montfort : si nous établissons une théologie mariale de l’histoire, ce n’est que pour mieux établir la théologie de l’Histoire par Jésus-Christ [3] . Voyons donc immédiatement, le fondement scripturaire de la théologie mariale de l’Histoire.
I. Le Protévangile
Dieu avait prophétisé cette place historique de l’Immaculée dans l’Histoire dès le paradis terrestre, dans ce que l’on appelle le Protévangile :
« Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : elle te brisera la tête, et toi, tu lui tendras des embûches au talon . »
Pie IX et Pie XII l’ont solennellement rappelé en ces derniers temps à l’occasion de la définition des dogmes de l’Immaculée Conception et de l’Assomption. Au terme de toute la grande Tradition mariale, depuis le IIe siècle, ces papes nous livrent le fondement scripturaire le plus ancien chronologiquement [4], le premier bibliquement, le plus élevé théologiquement, de cette théologie mariale de l’Histoire. Trois papes importants papes retiendrons notre attention : Pie IX, saint Pie X et Pie XII.
A. Pie IX, dans Ineffabilis Deus du 8 déc. 1854
Il y parle plusieurs fois du Protévangile. Il s’exprime en ces termes :
Il convenait qu’elle resplendît toujours de l’éclat de la sainteté la plus parfaite, qu’elle fût entièrement préservée, même de la tache du péché originel, et qu’elle remportât ainsi le plus complet triomphe sur l’ancien serpent.
Les Enseignements Pontificaux, Notre-Dame, [ND] Desclée, 1958. N° 32, p. 43.
Et de nouveau, de manière plus précise encore :
Les Pères et les écrivains ecclésiastiques, nourris des paroles célestes, n’ont rien eu plus à cœur, dans les livres qu’ils ont écrits pour expliquer l’Écriture, pour défendre les dogmes et instruire les fidèles, que de louer et d’exalter à l’envie, de mille manières et dans les termes les plus magnifiques, la parfaite sainteté de Marie, son excellente dignité, sa préservation de toute tache du péché et sa glorieuse victoire sur le cruel ennemi du genre humain. C’est ce qu’ils ont fait en expliquant les paroles par lesquelles Dieu, annonçant dès les premiers jours du monde les remèdes préparés par sa miséricorde pour la régénération et le salut des hommes, confondit l’audace du serpent trompeur, et releva d’une façon si consolante l’espérance de notre race. Ils ont enseigné que par ce divin oracle : Je mettrai l’inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et la sienne [Gen. III, 15], Dieu avait clairement et ouvertement montré à l’avance le miséricordieux Rédempteur du genre humain, son Fils unique, Jésus-Christ, désigné sa bienheureuse Mère, la Vierge Marie, et nettement exprimé l’inimitié de l’un et de l’autre contre le démon. En sorte que, comme le Christ […] détruisit […] l’arrêt de condamnation qui était contre nous et l’attacha triomphalement à la croix ; ainsi la Très Sainte Vierge, unie étroitement, unie inséparablement avec lui, fut, par lui et avec lui, l’éternelle ennemi du serpent venimeux, le vainquit, le terrassa sous son pied virginal et sans tache, et lui brisa la tête.
ND 46, p. 53–54.
Et, plus loin, il reprend le même thème :
Les Pères, ont en propres termes et d’une manière expresse, déclaré que, lorsqu’il s’agit de péché, il ne doit, en aucune façon, être question de la sainte Vierge Marie […]. Ils ont encore professé que la très glorieuse Vierge avait été la réparatrice de ses ancêtres et qu’elle avait vivifié sa postérité ; que le Très-Haut l’avait choisie et se l’était réservée dès le commencement des siècles ; que Dieu l’avait prédite et annoncée quand il dit au serpent : Je mettrai l’inimitié entre toi et la femme ; et que, sans aucun doute, elle a écrasé la tête venimeuse de ce même serpent ; et que pour cette raison, ils ont affirmé que la même Vierge bienheureuse avait été, par la grâce, exempte de toute tache du péché […].
ND 52, p. 58
Et enfin, il conclut :
Nous avons la plus ferme espérance et la confiance la plus assurée que la Vierge bienheureuse […], toute belle et tout immaculée, a écrasé la tête venimeuse du cruel serpent et apporté le salut au monde.
ND 64, p. 65.
Le grand théologien Scheeben souligna que le Protévangile est le premier et le plus important argument allégué par Pie IX en faveur du dogme de l’Immaculée Conception [5]. Disons également que le Protévangile, datant des début de l’Histoire humaine, se présente à nous, d’ores et déjà, comme le grand principe de la théologie mariale de l’Histoire.
B. Saint Pie X aborde le Protévangile implicitement et explicitement
Implicitement, dans son encyclique mariale de 1904, et directement dans une prière publiée en 1903.
1. Saint Pie X reprend donc, implicitement, à son compte la grande tradition du Protévangile à l’occasion de la rédaction de sa grande Lettre encyclique mariale [6] Ad diem illum, publiée le 2 février 1904 – il y a juste 100 ans -. Saint Pie X a révélé le 27 décembre 1908 qu’il avait tenu à relire le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge de saint Louis-Marie Grignion de Montfort qui repose tout entier sur le Protévangile [7] :
Admis en audience privée le 27 décembre […], le R.P. Gebhard, Procureur général de la Compagnie de Marie et des Filles de la Sagesse, a fait hommage à Sa Sainteté d’un exemplaire de la nouvelle traduction italienne du Traité de la Vraie Dévotion. Plein de confiance, le père Procureur présente alors un exemplaire italien de la Vraie Dévotion, relié en soie blanche. : – Le révérendissime père Lepidi en a entretenu Votre Sainteté qui, m’a-t-il dit, connaît depuis longtemps le traité du bienheureux de Montfort. – E vero – c’est vrai, dit le pape ; et, s’il vous a tout dit, il a dû vous apprendre que j’ai tenu à le relire avant de composer mon encyclique sur la sainte Vierge.
Revue montfortaine Le Règne de Jésus par Marie, 15 janvier 1909, volume VIII, N° 1, p. 3 à 7.
C’est pourquoi M. Rigault ose affirmer dans son livre sur le missionnaire marial :
Quand le pape Pie X composa en 1904, l’Encyclique pour le jubilé de l’Immaculée Conception, il relut le livre [8] du grand théologien de la Vierge, et on a pu dire qu’il s’en imprégna au point d’avoir conféré aux pensées et aux paroles de Montfort la souveraine autorité de son magistère [9].
Il ne faisait, en cela, que suivre l’avis d’un théologien célèbre :
Pie X surtout a mis, dans en relief saisissant, la doctrine de la médiation universelle de Marie et de sa maternité spirituelle dans sa belle encyclique Ad diem illum, qui n’est en substance qu’une transposition du livre de La vraie dévotion du bienheureux de Montfort : le saint pontife était d’ailleurs un admirateur fervent du célèbre petit traité. Aussi bien, trouve-t-on, dans cette encyclique mariale, non seulement les pensées les plus familières du grand serviteur de Marie, mais souvent même ses expressions [10].
Saint Pie X assume encore indirectement la grande Tradition du Protévangile en bénissant les lecteurs du Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, et en tranchant la controverse à son égard. A l’occasion de cette même audience privée du 27 décembre 1908, le Procureur général des Montfortains adressa une supplique au pape Pie X en ces termes :
Très Saint Père, Moi, Hubert-Marie Gebhard, Procureur général de la Compagnie de Marie. aux pieds de Votre Sainteté, lui présente très humblement la première version italienne intégrale, fidèlement traduite d’après le texte original, d’un petit ouvrage peu volumineux il est vrai, mais qu’on peut dire de la plus haute importance. Il s’agit de l’opuscule intitulé : Traité de la Vraie Dévotion à la Très Sainte Vierge, ayant pour auteur le bienheureux Louis-Marie Grignion de Montfort. en quelque sorte une Somme Mariale dont la solidité théologique et la suavité mystique firent l’admiration de tous ceux qui en ont une fois goûté. le susdit suppliant ose demander très instamment, que Votre Sainteté ne dédaigne pas de recommander la lecture du traité en question et de bénir ceux qui se dépensent pour sa plus grande explication et diffusion. Rome, le 27 décembre 1908.
Revue montfortaine Le Règne de Jésus par Marie, 15 mars 1909, volume VIII, N° 3, p. 69 à 71.
Saint Pie X répondit à la supplique, par écrit, durant l’audience même :
« Avant même que le Père ait le temps de dire un mot, Pie X, achevant de la lire, a déjà posé la supplique sur son bureau et saisi sa plume. Lentement, de sa main si ferme il écrit : Accédant à vos prières, nous recommandons fortement le Traité de la Vraie Dévotion à la Sainte Vierge si admirablement composé par le bienheureux de Montfort et nous accordons avec amour à ses lecteurs la bénédiction apostolique. »
Revue montfortaine Le Règne de Jésus par Marie, 15 janvier 1909, volume VIII, N° 1, p. 6.
Au témoignage des Montfortains [11], cette bénédiction de saint Pie X est une approbation définitive qui met fin à toute controverse :
« Il n’est plus le temps où il fallait, à grands renforts d’érudition, défendre une pratique qui déplaisait parce qu’elle était méconnue. Aujourd’hui, elle se montre au monde revêtue d’une suprême approbation, et elle peut continuer sa trouée la tête haute et fière. Le pape a parlé si clair que tout catholique comprendra. »
Texte de présentation de la réponse de Pie X à la Supplique du 27.XII.1908. Contient une reproduction de l’autographe de Pie X. Revue montfortaine Le Règne de Jésus par Marie, 15 mars 1909, volume VIII, N° 3, p. 69. Pour mémoire : « On a pu dire [que Pie X a] conféré aux pensées et aux paroles de Montfort la souveraine autorité de son magistère » affirme M. Rigault. Op. cit.
Notons tout de suite pour conclure, avant même de parler de Pie XII, que ce dernier, à l’occasion de la canonisation de l’Apôtre marial, affirmera que la dévotion du Traité n’est autre que la dévotion de l’Église catholique romaine :
« La vraie dévotion, celle de la Tradition, celle de l’Église, celle, dirons-Nous, du bon sens chrétien et catholique, tend essentiellement vers l’union à Jésus, sous la conduite de Marie. Formes et pratiques de cette dévotion peuvent varier suivant les temps, les lieux, les inclinations personnelles. Dans les limites de la doctrine saine et sûre, de l’orthodoxie et de la dignité du culte, l’Église laisse à ses enfants une juste marge de liberté. Elle a d’ailleurs conscience que la vraie et parfaite dévotion envers la sainte Vierge n’est point tellement liée à ces modalités qu’aucune d’elles puisse en revendiquer le monopole. »
Allocution à la canonisation du bienheureux Père de Montfort, Rome, le 21 juillet 1947, ND, N° 434–435.
Or, que trouvons-nous dans le Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge de saint Louis-Marie Grignion de Montfort au sujet du Protévangile ? Nous trouvons un grand commentaire traditionnel du verset 15 du chapitre 3 de la Genèse, dans lequel il fait l’application historique de cette donnée scripturaire et dogmatique mariale. C’est un peu long, mais c’est splendide :
« C’est principalement de ces dernières et cruelles persécutions du diable qui augmenteront tous les jours jusqu’au règne de l’Antéchrist, qu’on doit entendre cette première et célèbre prédiction et malédiction de Dieu, portée dans le paradis terrestre contre le serpent. Il est à propos de l’expliquer ici pour la gloire de la très sainte Vierge, le salut de ses enfants et la confusion du diable. Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme, et ta race et la sienne ; elle-même t’écrasera la tête, et tu mettras des embûches à son talon. Jamais Dieu n’a fait et formé qu’une inimitié, mais irréconciliable, qui durera et augmentera même jusques à la fin : c’est entre Marie, sa digne Mère, et le diable, entre les enfants et serviteurs de la sainte Vierge, et les enfants et suppôts de Lucifer ; en sorte que la plus terrible des ennemies que Dieu ait faite contre le diable est Marie, sa sainte Mère. Il lui a même donné, dès le paradis terrestre, quoiqu’elle ne fût encore que dans son idée, tant de haine contre ce maudit ennemi de Dieu, tant d’industrie pour découvrir la malice de cet ancien serpent, tant de force pour vaincre, terrasser et écraser cet orgueilleux impie, qu’il l’appréhende plus, non seulement que tous les anges et les hommes, mais, en un sens, que Dieu même. Ce n’est pas que l’ire, la haine et la puissance de Dieu ne soient infiniment plus grandes que celles de la sainte Vierge, puisque les perfections de Marie sont limitées ; mais c’est premièrement parce que Satan, étant orgueilleux, souffre infiniment plus d’être vaincu et puni par une petite et humble servante de Dieu, et son humilité l’humilie plus que le pouvoir divin ; secondement parce que Dieu a donné à Marie un si grand pouvoir contre les diables, qu’ils craignent plus, comme ils ont été souvent obligés d’avouer, malgré eux, par la bouche des possédés, un seul de ses soupirs pour quelque âme, que les prières de tous les saints, et une seule de ses menaces contre eux que tous leurs autres tourments. Ce que Lucifer a perdu par orgueil, Marie l’a gagné par humilité ; ce qu’Eve a damné et perdu par désobéissance, Marie l’a sauvé par obéissance. Eve, en obéissant au serpent, a perdu tous ses enfants avec elle, et les lui a livrés ; Marie, s’étant rendue parfaitement fidèle à Dieu, a sauvé tous ses enfants et serviteurs avec elle, et les a consacrés à sa Majesté. »
Ici, au terme du commentaire sur l’inimitié divine entre l’Immaculée et le démon, je me permets un commentaire : le démon trouve normal d’être humilié par la toute-puissance divine ; c’est désagréable, mais il se fait une raison ! Mais être humilié par une femme dont la nature est inférieur à la sienne, c’est insupportable ! Voilà pourquoi, le père de Montfort dit : « Satan, étant orgueilleux, souffre infiniment plus d’être vaincu et puni par une petite et humble servante de Dieu, et son humilité l’humilie plus que le pouvoir divin ». Reprenons la deuxième partie du commentaire qui traite maintenant des inimitiés entre les enfants de Marie et les suppôts de Satan :
« Non seulement Dieu a mis une inimitié, mais des inimitiés, non seulement entre Marie et le démon, mais entre la race de la sainte Vierge et la race du démon ; c’est-à-dire que Dieu a mis des inimitiés, des antipathies et haines secrètes entres les vrais enfants et serviteurs de la sainte Vierge et les enfants et esclaves du diable ; ils ne s’aiment point mutuellement, ils n’ont point de correspondance intérieure les uns avec les autres. Les enfants de Bélial, les esclaves de Satan, les amis du monde – car c’est la même chose – ont toujours persécuté jusqu’ici et persécuteront plus que jamais ceux et celles qui appartiennent à la très sainte Vierge, comme autrefois Caïn persécuta son frère Abel, et Esaü son frère Jacob, qui sont les figures des réprouvés et des prédestinés. »
Une parenthèse importante : notez bien que le Père Grignion dit – ce n’est pas un commentaire de ma part – : « les esclaves de Satan, les amis du monde […] c’est la même chose ». Cette phrase est très importante pour notre sujet, car l’essence du modernisme, c’est de vouloir marier l’Église catholique et le monde, ce que l’on appelle l’aggiornamento. Je continue le commentaire du père de Montfort :
« Mais l’humble Marie aura toujours la victoire sur cet orgueilleux, et si grande qu’elle ira jusqu’à lui écraser la tête où réside son orgueil ; elle découvrira toujours ses mines infernales, elle dissipera ses conseils diaboliques, et garantira jusqu’à la fin des temps ses fidèles serviteurs de sa patte cruelle. Mais le pouvoir de Marie sur tous les diables éclatera particulièrement dans les derniers temps, où Satan mettra des embûches à son talon, c’est-à-dire à ses humbles esclaves et à ses pauvres enfants qu’elle suscitera pour lui faire la guerre. Ils seront petits et pauvres selon le monde, et abaissés devant tous comme le talon, foulés et persécutés comme le talon l’est à l’égard des autres membres du corps ; mais, en échange, ils seront riches en grâce de Dieu, que Marie leur distribuera abondamment ; grands et relevés en sainteté devant Dieu, supérieurs à toute créature par leur zèle animé, et si fortement appuyés du secours divin, qu’avec l’humilité de leur talon, en union de Marie, ils écraseront la tête du diable et feront triompher Jésus-Christ. »
VD 51 à 54.
Il ressort clairement de cette exégèse montfortaine traditionnelle et mariale de Genèse III, 15 que Dieu a creusé un fossé entre Marie et le Diable, entre l’Église et le monde. C’est pourquoi nous ne comprenons pas comment le dernier Concile ait pu croire que la réconciliation de l’Église avec le monde – c’est-à-dire l’Aggiornamento conciliaire – était possible.
Deux petites histoires authentiques pour prouver, a posteriori, que l’ouverture au monde est une illusion, et que cela ne marche pas. C’est un professeur de dogme d’un grand séminaire qui en a été le témoin [12]. La première se passe au moment du concile : il fait un cours sur le mot monde dans l’Écriture sainte à ses séminaristes. La liste des références bibliques pour le mot pris en bonne part – le monde en tant que créature de Dieu – est très courte ! Mais la liste des références bibliques pour le mot pris en mauvaise part – le monde en tant que royaume de Satan et foyer de péché – est interminable… Que s’est-il passé ? Les élèves ont changé de visage… et le professeur de conclure : « Ce jour-là, j’ai senti, qu’entre eux et moi, se creusait un fossé infranchissable ! ». Ces pauvres séminaristes étaient déjà imbibés de l’esprit de l’Aggiornamento et ne pouvait plus supporter la Parole divine révélée !
La deuxième histoire – également vraie – est aussi éloquente sur l’illusion de cette ouverture au monde conciliaire. Cela se passait en été 1962, à la veille du Concile. A la fin de la première retraite sacerdotale – 220 prêtres du diocèse étaient présents !- Monseigneur l’évêque transmet timidement une consigne qu’il n’avait pas envie de transmettre : « si vraiment vous aviez une raison grave… si… si… si… vous pourriez peut-être vous mettre en clergyman ou en civil… ». Éclats de rire de tous les curés ! Le lendemain, au petit déjeuner, en arrivant au réfectoire, le pauvre professeur se trouve devant un spectacle étonnant : tous les curés sont en civil ! « Mais qu’est-ce qui vous arrive ? » leur dit-il. « Mon Père, on va convertir le monde ! » répond l’un d’eux. En juin 1963, à la fin de la nouvelle année scolaire, on fermait le séminaire : plus de vocations ! Voilà qui en dit long sur la véritable valeur de l’Aggiornamento conciliaire.
Si seulement les Pères conciliaires avaient relu le Protévangile… ils auraient pu éviter ce genre de catastrophe. Mais grâce au père Grignion nous voyons mieux comment l’Immaculée Conception brise de son pied virginal cet Aggiornamento conciliaire illusoire qui n’a pas de place dans le plan divin. Et de même que l’apôtre Saint Jacques a écrit « Quiconque donc veut être ami de ce monde se fait ennemi de Dieu » [13], nous pouvons dire en toute vérité : Quiconque donc veut être ami de ce monde se fait l’ennemi de l’Immaculée.
Nous espérons donc, que le Saint-Père, qui aime tant le père de Montfort – puisqu’il a tiré sa devise [14] du Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge ; puisqu’il est allé en pèlerinage au tombeau du père de Montfort [15]; puisqu’il a célébré par une lettre spéciale [16], le 8 décembre 2003, le 160ème anniversaire de la publication du même Traité – nous espérons que le pape saura découvrir, grâce à l’Immaculée, les pièges de l’antique serpent et la solution à la crise de l’Église qui fait rage aujourd’hui dans l’Église, notre Mère bien-aimée.
2. Saint Pie X, reprend beaucoup plus explicitement le Protévangile
En publiant dès le début de son pontificat une magnifique prière qui traduit dans un acte de piété le verset 15 du chapitre 3 de la Genèse :
« Vierge très sainte, qui avez plu au Seigneur et êtes devenue sa Mère, Vierge Immaculée dans votre corps, dans votre âme, dans votre foi, et dans votre amour, de grâce, regardez avec bienveillance les malheureux qui implorent votre puissante protection. Le serpent infernal, contre lequel fut jetée la première malédiction, continue, hélas ! à combattre et à tenter les pauvres fils d’Eve. Ô Vous, notre Mère bénie, notre Reine et notre avocate, vous qui avez écrasé la tête de l’ennemi dès le premier instant de votre Conception, accueillez nos prières, et, nous vous en conjurons, unis en un seul cœur, présentez-les devant le Trône de Dieu, afin que nous ne nous laissions jamais prendre aux embûches qui nous sont tendues, mais que nous arrivions tous au port du salut, et qu’au milieu de tant de périls, l’Église et la société chrétienne chantent encore une fois l’hymne de la délivrance, de la victoire et de la paix. »
Prière publiée dans une lettre du 8 septembre 1903, au début de son pontificat. Livre bleu, Notre-Dame du Pointet, 1992. p. 217.
Cette prière est, en quelque sorte, un résumé de piété du commentaire du père de Montfort. Dans cette prière, Saint Pie X nous fait demander à l’Immaculée conception d’accomplir sa mission – prophétisée en Genèse III, 15 – dans notre vie, dans notre famille et dans notre cité… Il est bon de la connaître par cœur et de la réciter souvent pour nous assurer la victoire au cour de nos combats contre le démon… Il est surtout bon de la réciter pour demander à l’Immaculée de voir clair dans la crise de l’Église… Car toute vraie dévotion, authentique, à l’Immaculée peut donner aux âmes la lumière et leur faire comprendre la nécessité du retour à la Tradition catholique pour le bien de l’Église entière. Car, selon l’enseignement marial du Père de Montfort :
« Jamais un fidèle dévot de Marie ne tombera dans l’hérésie ou illusion du moins formelle ; il pourra bien errer matériellement, prendre le mensonge pour la vérité, et le malin esprit pur le bon, quoique plus difficilement qu’un autre ; mais il connaîtra tôt ou tard sa faute et son erreur matérielle ; et quand il la connaîtra, il ne s’opiniâtrera en aucune manière à croire et à soutenir ce qu’il avait cru véritable. »
C. Pie XII dans la Constitution apostolique Munificentissimus Deus.
Définissant l’Assomption – le 1er novembre 1950 – il reprend cette tradition mariale du Protévangile. Commençons par préciser que Pie XII souligne la connexion du dogme de l’assomption avec le dogme de l’Immaculée Conception :
« Ce privilège resplendit jadis d’un nouvel éclat, lorsque notre prédécesseur d’immortelle mémoire, Pie IX, définit solennellement le dogme de l’Immaculée Conception de la Mère de Dieu. Ces deux privilèges sont, en effet, très étroitement liés. Par sa propre mort, le Christ a vaincu le péché et la mort, et celui qui est surnaturellement régénéré par le baptême triomphe, par le même Christ, du péché et de la mort. Toutefois, en vertu d’une loi générale, Dieu ne veut pas accorder aux justes le plein effet de la victoire sur la mort, sinon quand viendra la fin des temps. C’est pourquoi les corps mêmes des justes sont dissous après la mort, et ne seront réunis, chacun à sa propre âme glorieuse, qu’à la fin du monde. Cependant, Dieu a voulu exempter de cette loi universelle la bienheureuse Vierge Marie. Grâce à un privilège spécial, la Vierge Marie a vaincu le péché par son Immaculée Conception, et de ce fait, elle n’a pas été sujette à la loi de demeurer dans la corruption du tombeau, et elle ne dut pas, non plus attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps. C’est pourquoi, lorsqu’il fut solennellement défini que la Vierge Marie, Mère de Dieu, a été préservée, dès sa conception, de la tache originelle, les fidèles furent remplis d’un plus grand espoir de voir définir le plus tôt possible, par le suprême magistère de l’Église, le dogme de l’Assomption corporelle de la Vierge Marie. »
ND 484 à 486, p. 298–299.
Remarquez bien ce qui est la plus important : comment la Vierge Marie écrase la tête du serpent ? Par son Immaculée Conception et par son Assomption, c’est-à-dire par sa victoire totale sur le péché et par sa victoire totale sue la mort, exactement comme son divin Fils. C’est donc aussi, comme pour Jésus, une victoire personnelle. Ceci est très important pour la suite. Continuons avec Pie XII qui, plus loin, après de nombreux arguments de tradition, fait allusion au Protévangile :
« Tous ces arguments et considérations des saints Pères et des théologiens s’appuient sur les Saintes Lettres comme sur leur premier fondement. Celles-ci nous proposent, comme sous nos yeux, l’auguste Mère de Dieu dans l’union la plus étroite avec son divin Fils et partageant toujours son sort. […] Il faut surtout se souvenir que, depuis le IIe siècle, les saints Pères proposent la Vierge Marie comme une Eve nouvelle en face du nouvel Adam et, si elle lui est soumise, elle lui est étroitement unie dans cette lutte contre l’ennemi infernal, lutte qui devait, ainsi que l’annonçait le Protévangile, aboutir à une complète victoire sur le péché et la mort qui sont toujours liés l’un à l’autre dans les écrits de l’Apôtre des nations. C’est pourquoi, de même que la glorieuse Résurrection du Christ fut la partie essentielle de cette victoire et comme son suprême trophée, ainsi le combat commun de la bienheureuse Vierge et de son fils devait se terminer par la glorification de son corps virginal ; […]. C’est pourquoi l’auguste Mère de Dieu, unie de toute éternité à Jésus-Christ, d’une manière mystérieuse, par un même et unique décret de prédestination, immaculée dans sa conception, Vierge très pure dans sa divine Maternité, généreuse Associée du divin Rédempteur qui remporta un complet triomphe du péché et de ses suites, a enfin obtenu comme suprême couronnement de ses privilèges d’être regardée intacte de la corruption du sépulcre, en sorte que, comme son Fils l’avait été après sa victoire sur la mort, elle aussi fut élevée, dans son corps et dans son âme, à la gloire suprême du ciel ou, Reine, elle resplendirait à la droite de son fils, le Roi immortel des siècles. »
ND 518 à 520, p. 314 à 316.
A la suite de ces deux proclamations, un théologien anti-moderniste dont on ne peut plus taire le nom dans une histoire de l’exégèse dans la crise de l’Église, conclut ainsi :
« Personne ne peut douter que le Protévangile, interprété à la lumière de la Tradition catholique et de l’enseignement des souverains pontifes, ne parle de Marie quand il parle de semen Mulieris … [sa descendance] et cela non seulement par une quelconque accommodation oratoire et poétique, mais dans un sens authentique et propre, entendu et exprimé par Dieu Lui-même. »
Mgr Spadafora, in Marianum 13, 1953, pp. 1–21. Cité dans Sisinono de juillet août 1996, p. 3.
C’est pourquoi, nous sommes peinés de savoir que le Saint-Père, ait dit, dans sa catéchèse mariale du mercredi du 29 mai 1996 :
« La Tradition et le Magistère ont indiqué dans ce que l’on appelle le Protévangile, une source scripturaire de la vérité de l’Immaculée Conception de Marie. Ce texte a inspiré, à partir de son ancienne version latine : Elle t’écrasera la tête, de nombreuses représentations de l’Immaculée écrasant le serpent sous ses pieds ; Nous avons déjà eu l’occasion de rappeler précédemment que cette version ne correspond pas au texte hébreu, dans lequel ce n’est pas la femme, mais plutôt sa descendance, son descendant, qui doit écraser la tête du serpent. Ce texte attribue donc, non pas à Marie, mais à son Fils la victoire sur Satan. Cependant, comme la conception biblique suppose une solidarité profonde entre parents et descendance, la représentation de l’Immaculée écrasant le serpent est cohérente avec le sens original du passage, non par son propre pouvoir, mais par la grâce du Fils. »
Osservatore Romano du 30 mai 1996, p. 4.
Il y a là une rupture avec la grande Tradition mariale. En fait, la solution de ce problème exégétique consiste en ceci : l’hébreu parle de la descendance qui écrasera la tête du démon. Cette descendance du texte hébreu inclut Jésus et Marie. Les traductions, par l’usage du masculin ou du féminin, feront ressortir l’aspect soit christologique, soit mariologique du mystère. La traduction grecque utilise le masculin pour faire ressortir l’aspect christologique du Protévangile. La traduction latine emploie le féminin pour faire ressortir l’aspect mariologique du Protévangile. Ce choix du traducteur est délibéré, car les deux grammaires prescrivent, dans le cas de cette traduction à partir de l’Hébreu, le neutre. Chaque traduction décrit le même mystère sous un aspect différent, aspects qui ne s’excluent pas, mais sont complémentaires. Il y a simplement que, pour arriver à ce résultat, il est nécessaire de faire une entorse aux règles de la grammaire. Il en est de même pour l’expression Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit : le mot Nom est au singulier, pourtant, grammaticalement, ce mot devrait être au pluriel puisqu’il y a trois personnes qui sont concernées. Forcer la grammaire dans ce cas ferait tomber dans une formule polythéiste. De même pour le Protévangile : forcer la grammaire c’est supprimer la dimension mariale du mystère. Il faut donc se rappeler que les études sacrées ne peuvent pas être abordée de manière profane, comme le rappelle saint Pie X dans sa Lettre encyclique Pascendi expliquant le modernisme. Il faut aborder les questions sacrées avec les yeux de la Foi et à la lumière de la Tradition. La théologie est tout à fait « scientifique » : elle a ses lois et sa discipline propres, mais il ne faut pas que le scientifique profane gouverne la théologie. La philologie seule ne suffit pas pour une exégèse catholique de Genèse, III, 15.
II. L’Immaculée intervient dans l’Histoire.
Nous allons voir maintenant comment l’Immaculée va venir discrètement encourager et soutenir l’Église dans l’Histoire moderne. Nous allons faire allusion, à quelques apparitions de la Vierge Marie : toutes, sans exception, ont été reconnues par l’Église catholique. Nous allons contempler cinq tableaux. Nous y verrons l’Immaculée intervenir spécialement pour remédier à la crise du sanctuaire, pour contrecarrer l’erreur du libéralisme et pour neutraliser le fléau du communisme.
A. Au XVIe siècle à Manrèse.
C’est durant ce siècle que le fléau du protestantisme, qui est à l’origine de la crise néo-protestante actuelle, va se développer avec Luther. Le Bon Dieu va susciter saint Ignace pour l’enrayer. L’Immaculée va également intervenir : c’est elle qui va inspirer à saint Ignace, dans la grotte de Manrèse, les fameux Exercices spirituels :
« Saint Ignace apprit de la Mère de Dieu elle-même comment il devait combattre les combats du Seigneur. Ce fut comme de ses mains qu’il reçut ce code si parfait dont tout soldat de Jésus-Christ doit se servir. »
Pie XI, Lettre Meditantibus nobis, 3.XII.1922, cité in Livre Bleu [LB], Le Pointet, 1992, p. 296.
Notons que la crise liturgique actuelle remonte également à la révolte de Luther, car Bugnini, l’artisan de la réforme liturgique de Paul VI, disait qu’il fallait, dans cette réforme conciliaire, « écarter toute pierre qui pourrait constituer l’ombre d’un risque d’achoppement ou de déplaisir pour nos frères séparés » [17]. Mais l’Immaculée apportera sa réponse le siècle suivant…
B. Au XVIIe siècle à Quito.
La Vierge Immaculée va donc intervenir dans la crise du sanctuaire qui débute, en réalité, avec le protestantisme, car celle que nous connaissons aujourd’hui – dénoncée vigoureusement par le Saint Siège [18] lui-même en 2003 – n’est qu’un écho de celle inaugurée par Luther au XVIe siècle.
Or, que voit-on du côté de la Vierge Immaculée ? Le 2 février 1634, à Quito, capitale de l’Équateur, la Mère Marie-Anne de Jésus Torres, de l’Ordre de l’Immaculée Conception, priait devant le Saint-Sacrement quand, subitement, la lampe qui brillait devant l’autel s’éteignit. Comme elle essayait de la rallumer, une lumière surnaturelle inonda l’église : « Fille chérie de mon cœur, je suis Marie du Bon Suceso, etc. ». Après ces paroles, Notre-Dame s’est mise à parler de l’Ordre de l’Immaculée Conception et spécialement de la Conception de Quito. La Vierge continue :
« La lampe qui brûle devant l’amour prisonnier et que tu as vue s’éteindre a beaucoup de signification. La première : à la fin du XIXe siècle et durant une grande partie du XXe siècle, diverses hérésies foisonneront sur cette terre alors république libre. La lumière précieuse de la foi s’éteindra dans les âmes en raison de la corruption presque totale des mœurs […]. La seconde : Mes communautés seront désertées […]. Combien de vraies vocations périront par manque de direction adroite, prudente pour les former […]. Le troisième motif pour lequel la lampe s’est éteinte, c’est qu’en ce temps-là l’atmosphère sera remplie de l’esprit d’impureté qui, telle une mer immonde, inondera les rues, les places et endroits publics. Cette liberté sera telle qu’il n’y aura plus au monde d’âme vierge. Un quatrième motif est que, s’étant emparé de toutes les classes sociales, les sectes tendront, avec une grande habilité, de pénétrer dans les familles pour perdre jusqu’aux enfants. Le démon se glorifiera de se nourrir d’une manière perfide du cœur des enfants. C’est à peine si l’innocence enfantine subsistera. Ainsi les vocations sacerdotales se perdront […]. Les prêtres s’écarteront de leurs devoirs sacrés et dévieront du chemin tracé par Dieu. Alors, l’Église subira la nuit obscure à cause de l’absence d’un prélat et d’un Père qui veille avec amour, douceur, force et prudence, et beaucoup d’entre eux perdront l’esprit de Dieu, mettant en grand danger leur âme. Prie avec insistance, crie sans te fatiguer et pleure sans cesse avec des larmes amères dans le secret de ton cœur, demandant à Notre Père du Ciel que, par amour pour le Cœur Eucharistique de mon très saint Fils, pour son Précieux Sang versé avec tant de générosité et pour les profondes amertumes et douleurs de sa Passion et de sa mort, il prenne en pitié ses ministres et qu’il mette fin à des temps si funestes, envoyant à l’Église le prélat qui devra restaurer l’esprit de ses prêtres. Ce fils que je chéris, celui que mon divin Fils et moi aimons d’un amour de prédilection, nous le comblerons de beaucoup de dons, de l’humilité de cœur, de la docilité aux diverses inspirations, de force pour défendre les droits de l’Église […] Il conduira avec une douceur toute divine les âmes consacrées au service divin […]. Il tiendra en sa main la balance du sanctuaire pour que tout se fasse avec poids et mesure en sorte que Dieu soit glorifié. Ce prélat et père, sera le contrepoids de la tiédeur des âmes consacrées dans le sacerdoce et la religion. […] Il y aura une guerre affreuse où coulera le sang des religieux […]. Alors arrivera mon heure : de façon stupéfiante, je détruirai l’orgueil de Satan, le mettant sous mes pieds, l’enchaînant dans l’abîme infernal […]. Le cinquième motif pour lequel la lampe s’est éteinte est que […] le peuple deviendra indifférent aux choses du bon Dieu, prenant l’esprit du mal et se laissant entraîner à tous les vices et passions. […] Ma chère fille, s’il t’était donné de vivre en ces temps funestes, tu mourrais de douleur en voyant se réaliser tout ce que je t’ai annoncé. »
Cité dans Fideliter N°66, de novembre-décembre 1988, p. 66 à 69.
Je vous laisse faire l’application de cette prophétie à notre époque. Je me permets de vous rappeler, pour cela, que les prophéties ne sont pas faites pour nous dire quand les choses arriveront, mais pour que, lorsqu’elle arrive, nous comprenions que Dieu l’avait bien annoncé, et que nous reconnaissions qu’est arrivé ce qui avait été prophétisé.
C. Au XVIIIe siècle, le monde déclara la guerre à Dieu.
La guerre du libéralisme, secrète, sournoise et cachée, commence avec la fondation de la Franc-Maçonnerie en 1717, c’est-à-dire un an après la mort – en 1716 – du père de Montfort. Parmi les deux acteurs principaux, se trouve un protestant rochelais. Le père de Montfort était parfaitement au courant de ce qui se tramait, il en avait eu l’intuition : dans son livre L’Amour de la Sagesse éternelle, il démasque les alchimistes à la recherche de la fausse sagesse. Or ces alchimistes constituent une des deux branches à l’origine de la Franc-maçonnerie[19].
La guerre du libéralisme, officielle, ouverte et publique commence avec la grande Révolution française de 1789. Les révolutionnaires choisissent pour emblème de leur révolte le bonnet phrygien, le bonnet des esclaves affranchis à Rome : leur révolte est en réalité une révolte contre la Rome catholique et l’Église. A cette époque le Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge disparaît comme l’avait prophétisé le père Grignion :
« Je prévois bien des bêtes frémissantes, qui viennent en furie pour déchirer avec leurs dents diaboliques ce petit écrit et celui dont le Saint-Esprit s’est servi pour l’écrire, ou du moins pour l’envelopper dans les ténèbres et le silence d’un coffre, afin qu’il ne paraisse point ; ils attaqueront même et persécuteront ceux et celles qui le liront et réduiront en pratique. Mais n’importe ! Mais tant mieux ! Cette vue m’encourage et me fait espérer un grand succès, c’est-à-dire un grand escadron de braves et vaillants soldats de Jésus et de Marie […] pour combattre le monde, le diable et la nature corrompue, dans les temps périlleux qui vont arriver plus que jamais. »
VD 114.
Ce petit Traité va réapparaître providentiellement au bon moment comme nous le verrons bientôt. Disons tout de suite pour terminer ce parallèle entre le père de Montfort et la Révolution, qu’il sera canonisé, en 1947, un an avant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, qui n’est autre que la codification juridique du droit révolutionnaire contraire, comme le dit Mgr Gaume, au droit de Dieu. Comme en 1715, l’Apôtre marial précède la Révolution d’un an : la Vierge Immaculée ne se laisse jamais devancer ! Veuillez noter que 1947 est aussi l’année du sacre épiscopal de notre fondateur…
D. Au XIXe siècle à La Rue du Bac, à Lourdes et à La Salette.
L’Immaculée va intervenir, cette fois, pour contrecarrer les erreurs du libéralisme. Déjà, à Quito, elle avait signalé les erreurs des XIXe et XXe siècles. Le libéralisme est la grande erreur du XIXe, tandis que le communisme est la grande erreur du XXe. Ce sont donc les apparitions de la Rue du Bac, de Lourdes et de La Salette, du XIXe siècle, qui nous intéressent dans cette étude de l’action de la Vierge contre le libéralisme.
En 1830, l’apparition de Notre-Dame à Sainte Catherine Labouré à la Rue du Bac ouvre le grand cycle des apparitions mariales récentes qui vont promouvoir la dévotion populaire à l’Immaculée. Ces apparitions se situent au cour du combat catholique anti-libéral du XIXe siècle. Marie choisit discrètement une date emblématique pour entrer dans ce combat : en octobre 1830, Félicité de Lamennais, père du libéralisme catholique dont nous souffrons aujourd’hui, fondait à Paris, avec quelques-uns de ses disciples, un quotidien, L’Avenir, qui contenait en germe le libéralisme catholique [20]. Cette apparition de 1830 est un préambule à la proclamation du dogme de l’Immaculée conception [21]. Or, c’est précisément l’année de la proclamation du dogme de l’Immaculée conception, en 1854, que Dieu met un terme à la carrière de Lamennais : en 1854 qu’il quittait ce monde. C’est la réponse de l’Immaculée qui prend les choses en main personnellement. Quatre années plus tard, à Lourdes, à l’occasion des apparitions à sainte Bernadette, en 1858, l’Immaculée vient conforter le vicaire de son Fils dans son magistère : « Je suis l’Immaculée Conception » dit-elle en réponse à l’Église qui vient de proclamer le dogme.
Les apparitions de La Salette vont nous donner une lumière définitive sur l’intervention de l’Immaculée contre le libéralisme. Dans le cadre de cette théologie mariale de l’Histoire, un seul passage retiendra notre attention, un passage du message de La Salette, mérite une attention particulière, parce que la Vierge Immaculée y parle des âmes qui se sont consacrées à elle :
« J’adresse un pressant appel à la terre : [.] j’appelle mes enfants, mes vrais dévots, ceux qui se sont donnés à moi pour que je les conduise à mon divin Fils, ceux que je porte pour ainsi dire dans mes bras, ceux qui ont vécu de mon esprit ; enfin j’appelle les Apôtres des derniers temps, le fidèles disciples de Jésus-Christ qui ont vécu dans un mépris du monde et d’eux-mêmes, dans la pauvreté et dans l’humilité, dans le mépris et le silence, dans l’oraison et la mortification, dans la chasteté et dans l’union à Dieu, dans la souffrance et inconnus du monde. »
Imprimatur de Mgr L’évêque de Lecce. Nihil obstat du 15 novembre 1879.
Notons pour commencer que, si l’Incarnation a eu lieu à la plénitude des temps, Fillion, dans son commentaire des épîtres précise que les derniers temps ont commencé avec Jésus-Christ. Nous y sommes donc depuis 2000 ans ! Ces paroles, donc, de Notre-Dame de la Salette, sont précisément l’écho du Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge du père de Montfort :
« Mais qui seront ces serviteurs, esclaves et enfants de Marie ? […] Ce seront des Apôtres véritables des derniers temps, […] ce seront de vrais disciples de Jésus-Christ, qui marchant sur les traces de sa pauvreté, humilité, mépris du monde et charité, enseignant la voie étroite de Dieu dans la pure vérité, selon le saint Évangile, et non selon les maximes du monde, sans se mettre en peine ni faire acception de personne, sans épargner, écouter ni craindre aucun mortel, quelque puissant qu’ils soit. Ils auront dans leur bouche le glaive à deux tranchants de la parole de Dieu ; ils porteront sur leurs épaules l’étendard ensanglanté de la Croix, le crucifix dans la main droite, le chapelet dans la gauche, les sacrés Noms de Jésus et de Marie sur leur cœur, et la modestie et mortification de Jésus-Christ dans toute leur conduite. »
VD N° 56 à 59.
Il s’agit presque d’un mot à mot de la Vierge Marie, vis-à-vis du Traité. Or, le Traité de la vraie dévotion a été retrouvé le 22 avril 1842, soit quatre années avant les apparitions de Notre-Dame de la Salette. Cette année-là était précisément l’époque à laquelle les œuvres du père de Montfort allaient être envoyées à Rome dans le cadre de l’examen de sa cause. La providence organisait tout pour que soit retrouvée la pièce maîtresse des œuvres de l’Apôtre marial [22]. La voix du Traité deviendra, en quelque sorte celle de Rome, selon l’enseignement de saint Pie X et de Pie XII comme nous l’avons déjà vu.
Une fois encore, avec La Salette, la Vierge Marie vient encourager l’Église dans la voie mariale. Mais, surtout, elle vient donner le remède dont les âmes ont besoin. Un fait significatif nous le fera comprendre : en 1997 a été retrouvé un manuscrit de Victor Schoelcher, sous-secrétaire aux colonies, Franc-maçon, revendiquant l’abolition de l’esclavage. Ce document est le plus ancien en la matière : il est daté de 1842. C’est-à-dire l’année même de la découverte du Traité. Mais tandis que la maçonnerie travaille activement à cette abolition, elle instaure un esclavage beaucoup plus dur beaucoup plus grave et beaucoup plus périlleux : celui du libéralisme, ou du droit à l’erreur et au péché. Contre cet esclavage du démon, l’Immaculée nous indique le remède, celui contenu dans le Traité de la vraie dévotion : c’est-à-dire le Saint Esclavage. Car, comme le dit l’auteur du Traité :
« Avant le baptême, nous étions esclaves du diable ; le baptême nous a rendus esclaves de Jésus-Christ : ou il faut que les chrétiens soient esclaves du diable, ou esclaves de Jésus-Christ [.]. Tout ce qui convient à Dieu par nature, convient à Marie par grâce, disent les saints ; en sorte que, selon eux, n’ayant tous deux que la même volonté et la même puissance, ils ont tous deux les mêmes sujets, serviteurs et esclaves. On peut donc, suivant le sentiment des saints et de plusieurs grands hommes, se dire et se faire l’esclave amoureux de la très sainte Vierge, afin d’être par là plus parfaitement esclave de Jésus-Christ. »
VD N°73
Bien entendu, d’un côté, il faut préciser qu’il s’agit d’un esclavage d’amour, volontaire, qui n’a rien à voir avec l’esclavage odieux établi entre les hommes. Mais, d’un autre côté, il faut préciser que l’expression Saint Esclavage est en quelque sorte incontournable, nonobstant les affirmation d’un jésuite, qui écrit [23] à ce sujet :
« Notre sensibilité culturelle elle-même éduquée […] à la démocratie […] rejette spontanément un mot qui évoque d’autres temps. […] l’orientation des historiens de cette spiritualité qui sont portés à éviter cette formulation, en lui substituant une terminologie plus adaptée à la mentalité actuelle, nous semble très opportune […]. D’autres formulations sont pensables […] qui ne trahissent pas la pensée profonde du saint et qui le placent dans la culture d’aujourd’hui. [24] »
En effet, toute la Tradition est unanime au sujet de la pratique chrétienne du Saint Esclavage [25] : Jésus « a pris la pris la forme d’esclave pour notre amour : Formam servi accipiens », et la Sainte Vierge s’est dite « l’esclave du Seigneur » [26]. Saint Paul [27] comme saint Jacques[28] se déclarent « servus Christi », c’est-à-dire esclave [29] du Christ. Le Père de Montfort précise à ce sujet : « lequel mot de servus […] ne signifiait autrefois qu’un esclave, parce qu’il n’y avait point encore de serviteurs comme ceux d’aujourd’hui. » [30]. Saint Thomas d’Aquin affirme que « celui-là est vraiment esclave qui s’est obligé à servir. » [31]. Sainte Thérèse d’Avila déclare : « Savez-vous bien ce que c’est d’être vraiment spirituel ? C’est se faire l’esclave de Dieu » [32]. Sainte Marguerite-Marie « se voue comme esclave à la Vierge, Mère de Dieu, pour appartenir en cette même qualité au Cœur sacré de l’adorable Jésus » [33]. Saint Ignace de Loyola, dans la contemplation de Jésus et Marie dans le mystère de la nativité, dit : « Je me tiendrai en leur présence comme un petit mendiant et un petit esclave indigne de paraître devant eux » [34]. Le Saint Esclavage, c’est donc la grande tradition évangélique.
De plus, dans le Traité de la vraie dévotion, le Père de Montfort fait un véritable travail théologique : il distingue les « deux manières ici-bas d’appartenir à un autre et de dépendre de son autorité » [35]; il distingue « trois sortes d’esclavages » [36]; il établit, en cinq points, qu’il y a « une totale différence entre un serviteur et un esclave » [37]. Il signale que le Catéchisme du concile de Trente ne laisse « aucun doute que nous soyons esclaves de Jésus-Christ », car il l’exprime « par un terme qui n’est point équivoque, en nous appelant mancipia Christi : esclaves de Jésus-Christ » [38]. Il conclut : « Je dis que nous devons être à Jésus-Christ et le servir, non seulement comme des serviteurs mercenaires, mais comme des esclaves amoureux » [39]. Quand un théologien s’applique à un tel travail de distinction, de définition et de précision, c’est qu’il veut donner un sens précis aux mots qu’il emploie et qu’il tient à ce que ces mots soient entendus comme il le désire. Évacuer l’expression Saint Esclavage c’est donc rompre avec la Tradition et trahir la pensée du père de Montfort. Le P. Poupon, dominicain, est formel à ce sujet :
« Ils commettent une erreur, ils causent un dommage ceux qui prétendent en éliminer le vocable ; ils édulcorent sinon transforment la spiritualité du saint poète [Le Père de Montfort] ; car on ne saurait faire subir un changement quelconque à la propriété d’une chose sans altérer la nature de cette chose. »
Le poème de la consécration à Marie, [PCM], par le Père Poupon, o.p. Bellecour, Lyon, 1947, p. 337.
Le cardinal Gerlier, confirme la chose dans son introduction du livre du dominicain :
« Le R.P. Poupon […] maintient le terme esclavage de Marie malgré les attaques dont il a été l’objet, malgré la rudesse apparente d’un vocabulaire avec lequel sont peu familiarisées les oreilles modernes. Sans doute, ce terme n’est aucunement imposé : et ceux qui préfèrent ne pas l’employer restent libres. Mais, pour le conserver, ne suffit-il pas, en réalité, de le comprendre ? Il ne s’agit pas ici de vaines disputes de mots. La consécration mariale de Montfort requiert une parfaite et totale dépendance vis-à-vis de la Vierge Marie. Or aucun terme n’a plus d’efficacité pour marquer cette dépendance que celui d’antan. »
PCM, Préface du Cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, p. 2.
Les montfortains postconciliaires les plus lucides affirment la même thèse :
« Quand on veut vraiment pénétrer et expliquer en profondeur la pensée de Montfort, il faut bien recourir à son texte, en exposer le sens et montrer sa conformité au donné évangélique. »
Les intuitions d’un auteur spirituel, par le P. A. Bossard, s.m.m. Louis-Marie de Montfort, Théologie spirituelle, Centre international montfortain, Rome 2002. p. 192, note 14.
Redisons-le : au moment même ou s’instaure l’esclavage du libéralisme, sous couvert de la libération de l’esclavage humain, la Providence nous propose le vrai remède : le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge qui enseigne le Saint Esclavage de Jésus en Marie, comme grand remède à l’esclavage du péché. C’est pourquoi, personnellement, j’appelle le Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge le Manuel du combat marial anti-libéral.
E. Au XXe siècle à Fatima.
L’Immaculée Conception va ensuite s’intéresser au problème au fléau du communisme. Pour cela elle apparaît à Fatima, au XXe siècle sous le signe du Cœur Immaculé. Sous des apparences différentes, c’est toujours la Mère de Dieu qui apparaît. C’est donc toujours l’Immaculée Conception qui apparaît également : à Fatima comme à La Salette ; à La Salette comme à Lourdes ; à Lourdes comme à la Rue ru Bac. Veuillez remarquer que, comme la Vierge de Lourdes, la Vierge de Fatima décline son identité. A Lourdes, elle se présente comme l’Immaculée Conception, à Fatima elle se présente comme la Vierge du Rosaire :
« En octobre, Je dirai qui je suis [.] et Je ferai un miracle que tous verront pour croire [.] Je suis Notre-Dame du Rosaire. »
Fatima, joie intime, évènement mondial [FJE], publié par la Contre-réforme Catholique, Chapitre II, p. 41 à 87. 1ère citation, p. 60. La Vierge réitère le 13 septembre, p. 78. 2ème citation, p. 83.
Une nouvelle fois la Vierge intervient dans l’histoire de l’Église pour encourager le vicaire de son Fils. Elle se manifeste quatorze ans après la mort de Léon XIII qui a écrit plus d’une vingtaine de fois en faveur du Rosaire, dont douze lettres encycliques. Jamais un pape n’avait autant écrit sur un seul et même sujet. Lui-même devait sa grande dévotion au Rosaire au père de Montfort surnommé Le Père au Grand chapelet [40]. L’Immaculée vient de nouveau encourager le pape dans sa dévotion mariale.
Elle vient aussi pour nous apprendre les moyens de faire triompher son Cœur Immaculé. La très sainte Vierge a affirmé le 13 juillet 1971 : « A la fin mon Cœur Immaculé triomphera »[41]. Elle préconise pour cela la Consécration de la Russie et la Dévotion réparatrice des premiers samedis du mois. Saint Pie X avait déjà encouragé la dévotion des premiers samedis. Et ici encore, la Vierge Immaculée encourage la papauté. Pour ce qui est de la Consécration de la Russie, un éminent fatimologue affirme que la consécration n’a pas encore été réalisée [42], et qu’il est probable que le saint Père ne l’envisage pas durant son pontificat [43].
Pour conclure sur les interventions de Marie dans l’histoire, disons qu’à l’aube du 3ème millénaire, le libéralisme et le communisme se sont, non seulement répandu dans le monde entier, mais ont aussi, pour ainsi dire, fusionné dans ce qu’il faut appeler un communisme libéral ou un libéralisme communiste, ceci par un double phénomène convergeant : la communisation du libéralisme et la libéralisation du communisme. Ces deux tendances, même si elles ne sont pas arrivées à leur pleine maturation, convergent vers leur terme commun, le culte de l’homme en vue du règne de l’Antéchrist, qui instaurera cette synthèse politique qui sera encore plus terrible que les deux fléaux. Ce système politique diabolique consistera en un monde dans lequel toute erreur intellectuelle et tout mal moral a droit de cité, tandis que le vrai et le bien en seront juridiquement exclus. La tentative de loi contre l’homophobie en est que les prémisses. Règnera alors un unique esclavage : celui du démon dans toute son ampleur. C’est dans ce contexte décisif de l’histoire du salut que Marie fera triompher son Cœur Immaculé. Elle donne pour cela une arme essentielle, la consécration montfortaine mariale du Saint Esclavage, et ses accessoires : d’une part, elle a livré au monde la Médaille miraculeuse à la Rue du Bac ; d’autre part, elle a rappelé, à Fatima, deux grandes pratiques mariales : celle du rosaire et celle du scapulaire [44]. Ces dernières pratiques ne sont à la consécration que ce que le corps est à l’âme : c’est parce qu’une âme s’est consacrée dans l’armée mariale qu’elle porte sur elle le sceau de son appartenance ; c’est parce qu’elle s’est dépouillée de tout qu’elle porte le petit habit qu’est le scapulaire de la Vierge ; c’est parce qu’elle s’est liée à Marie par les chaînes du Saint Esclavage d’amour qu’elle récite le chapelet, dévotion qui l’enchaîne spirituellement à sa bien-aimée. C’est ainsi que l’apôtre marial enseigne comment mettre en pratique l’affirmation de la Vierge à la sœur Lucie de Fatima, qui s’adresse aussi à toutes les âmes :
« Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu. »
FJE, p. 55.
III. Le Triomphe du Cœur Immaculé.
Beaucoup d’imaginations rêvent de voir, un jour de grisaille, les nuages du ciel terrestre se dissiper pour laisser place à un cœur tout brillant, ceint d’épines et entouré d’angelots, projetant des éclairs d’une lumière toute divine qui pénètrent toutes les âmes pour les convertir sur-le-champ. Cela n’est qu’imagination… Comment ce réalisera ce triomphe ? De quoi s’agit-il ?
Ce triomphe doit s’entendre premièrement de la conversion de la Russie [45]. C’est Notre Seigneur qui le dit :
« Je veux que toute mon Église reconnaisse cette consécration [Nous proposons de lire : cette conversion] comme un triomphe du Cœur Immaculé de Marie, afin d’étendre ensuite son culte et placer, à côté de la dévotion à mon Divin Cœur, la dévotion à ce Cœur Immaculé. »
Lettre de Lucie du 18 mai 1936, dans laquelle elle rapporte ce que Notre Seigneur lui a répondu pourquoi la Russie ne se convertirait pas sans sa consécration. FJE, P. 220.
Le P. Poupon a bien précisé que cette consécration portant sur une réalité politique, et faisant appel à la royauté de Marie, n’est que le préambule du triomphe de la Mère de Miséricorde dans des âmes par la grâce :
« La royauté prépare cette communication vitale, – d’abord sur le plan collectif et par voie de conséquence dans le domaine personnel, – et elle en favorise le développement jusqu’à cette consommation où tous les élus règneront avec le Roi et la Reine. »
PCM, p. 226.
Ce principe est capital. Cela montre également que le Triomphe du Cœur Immaculé de Marie doit aboutir à la consécration mariale personnelle des âmes. Il ne faut pas oublier que la cause matérielle de l’Église ce sont les âmes et non pas les nations, ni même les paroisses, ni même les familles : ce sont les âmes. Voilà pourquoi quiconque prétend travailler au Triomphe du Cœur Immaculé de Marie, doit penser in concreto à la consécration mariale personnelle des âmes. C’est ici que saint Louis-Marie Grignion de Montfort tient une place de choix avec sa Consécration de soi-même à Jésus-Christ, la Sagesse incarnée par les mains de Marie. En effet, le père Grignion dit à sa manière que ce triomphe est principalement, essentiellement et ultimement un triomphe intérieur, et non pas premièrement un simple triomphe extérieur :
« Marie est la reine du ciel et de la terre par grâce, comme Jésus en est le roi par nature et par conquête. Or, comme le royaume de Jésus-Christ consiste principalement dans le cœur ou l’intérieur de l’homme, selon cette parole [de l’Évangile] : Le royaume de Dieu est au-dedans de vous, de même le royaume de la très sainte Vierge est principalement dans l’intérieur de l’homme, c’est-à-dire dans son âme, et c’est principalement dans les âmes qu’elle est plus glorifiée avec son Fils que dans toutes les créatures visibles, et nous pouvons l’appeler avec les saints la Reine des Cœurs(77). »
VD 38.
A la fin de son Traité, il donne une description mystique de ce triomphe :
« L’âme de la sainte Vierge se communiquera à vous pour glorifier le Seigneur ; son esprit entrera en la place du vôtre pour se réjouir en Dieu, son salutaire, pourvu que vous vous rendiez fidèle aux pratiques de cette dévotion [il cite saint Ambroise] : Que l’âme de Marie soit en chacun pour y glorifier le Seigneur ; que l’esprit de Marie soit en chacun, pour s’y réjouir en Dieu. Ah ! Quand viendra cet heureux temps, dit un saint homme de nos jours qui était tout perdu en Marie, ah ! Quand viendra cet heureux temps où la divine Marie sera établie maîtresse et souveraine dans les cœurs, pour les soumettre pleinement à l’empire de son grand et unique Jésus. Quand est-ce que les âmes respireront autant Marie que les corps respirent l’air ? Pour lors, des choses merveilleuses arriveront dans ces bas lieux, où le Saint-Esprit, trouvant sa chère épouse comme reproduite dans les âmes, y surviendra abondamment et les remplira de ses dons, et particulièrement du don de sa sagesse, pour opérer des merveilles de grâces. Mon cher frère, quand viendra ce temps heureux et ce siècle de Marie, où plusieurs âmes choisies et obtenues du Très-Haut par Marie, se perdant elles-mêmes dans l’abîme de son intérieur, deviendront des copies vivantes de Marie, pour aimer et glorifier Jésus-Christ ? Ce temps ne viendra que quand on connaîtra et on pratiquera la dévotion que j’enseigne [ : Pour qu’arrive le Règne de Jésus, qu’arrive le Règne de Marie !]. »
VD 217.
Et ce triomphe aboutira au triomphe de Jésus-Christ :
« Si nous établissons la solide dévotion de la très sainte Vierge, ce n’est que pour établir plus parfaitement celle de Jésus-Christ, ce n’est que pour donner un moyen aisé et assuré pour trouver Jésus-Christ. »
VD 62.
Parce que Jésus-Christ :
« est notre unique maître qui doit nous enseigner, notre unique Seigneur de qui nous devons dépendre, notre unique chef auquel nous devons être unis, notre unique modèle auquel nous devons nous conformer, notre unique pasteur qui doit nous nourrir, notre unique voie qui doit nous conduire, notre unique vérité que nous devons croire, notre unique vie qui doit nous vivifier, et notre unique tout en toutes choses qui doit nous suffire. Il n’a point été donné d’autre nom sous le ciel, que le Nom de Jésus, par lequel nous devions être sauvés. Dieu ne nous a point mis d’autre fondement de notre salut, de notre perfection et de notre gloire, que Jésus-Christ : tout édifice qui n’est pas posé sur cette pierre ferme est fondé sur le sable mouvant et tombera infailliblement tôt ou tard. Tout fidèle qui n’est pas uni à lui comme une branche au cep de la vigne, tombera, séchera et ne sera propre qu’à être jeté au feu. Si nous sommes en Jésus-Christ et Jésus-Christ en nous, nous n’avons point de damnation à craindre : ni les anges des cieux, ni les hommes de la terre, ni les démons des enfers, ni aucune autre créature ne nous peut nuire, parce qu’elle ne nous peut séparer de la charité de Dieu qui est en Jésus-Christ. Par Jésus-Christ, avec Jésus-Christ, en Jésus-Christ, nous pouvons toutes choses : rendre tout honneur et toute gloire au Père, en l’unité du Saint-Esprit ; nous rendre parfaits et être à notre prochain une bonne odeur de vie éternelle. »
VD 61.
La théologie mariale de l’histoire est donc bien ordonnée, et subordonnée à la théologie christologique de l’Histoire. C’est sa finalité, le terme dans lequel elle s’épanouit.
Conclusion
Dom de Monléon, moine bénédictin, dans son commentaire sur l’Apocalypse, précise que la « Femme revêtue du soleil, figure l’Église, enveloppée tout entière dans le Christ qui est à la fois sa protection et sa parure comme le vêtement l’est pour le corps » [46]. Mais il ajoute que la Femme revêtue du soleil désigne « aussi la Vierge Marie, irradiée par le Verbe dans le mystère de l’Incarnation […] Les douze étoiles […] font la couronne de la Vierge » [47]. Dans un autre ouvrage, Les Noces de Cana, il fait cette méditation :
« On remarquera que dans l’Offertoire de la nouvelle messe de l’Assomption [après la proclamation du dogme en 1950], qui est tirée du Protévangile dont nous avons parlé plus haut, le mot Muleriem [c’est-à-dire Femme] a été écrit avec une majuscule. Il est permis de croire qui ce détail typographique, inusité jusqu’ici, n’a pas été introduit dans la liturgie sans raison. L’Église a voulu souligner qu’elle reconnaît en Marie, la Femme par excellence ; celle qui domine toute l’Écriture sainte, depuis les premiers chapitres de la Genèse, où nous lui voyons écraser la tête du serpent jusqu’à l’Apocalypse, où elle nous est montrée, nimbée du Soleil de Justice, la tête couronnée d’étoiles, et tenant la lune sous ses pieds. »
Les Noces de Cana, chapitre VIII.
Ainsi donc, l’Immaculée, comme Jésus-Christ son Fils, domine bien toute l’histoire dans le plan divin : Elle est la Femme de la Genèse [48], la Femme Vierge d’Isaïe [49], la Femme des Noces de Cana [50], la Femme du Calvaire [51], et la Femme de l’Apocalypse [52].
La Genèse prophétise le mystère de la Femme par excellence qui ne sera mis en lumière que progressivement dans l’Histoire de l’Église. Dès lors, dans la Genèse, Dieu la présente déjà, mystérieusement, comme l’Immaculée Conception. Avec Isaïe, Dieu annonce que la Femme immaculée doit être Mère virginale de Dieu ; avec les Noces de Cana, la Femme se manifeste comme Médiatrice de toutes grâces auprès de son divin Fils ; au Calvaire, la Femme, accomplit son rôle de « Généreuse associée » [53] dans le plan de la Rédemption, c’est-à-dire remplissant son office de Co-rédemptrice. Avec l’apocalypse, elle est présentée par Dieu comme la Mère spirituelle, type de l’Église, victorieuse du démon, qui enfante ses enfants à la vie surnaturelle.
C’est vraiment tout le Mystère de Marie [54] qui est résumé dans le Mystère de la Femme par excellence : l’homme était tombé par la femme, c’est-à-dire Eve, l’homme se relève par la Femme, c’est-à-dire Marie, l’Immaculée Conception. Il y a donc bien une théologie mariale de l’Histoire du monde et du Salut. Ne craignons donc pas, comme dit Notre Seigneur : « Nolite timere… Ne craignez point petit troupeau, car Dieu votre Père a pour agréable de vous donner le royaume ». [Lc 12,32] :
« Ne craignez point – commente le père de Montfort –, quoique naturellement vous ayez tout à appréhender : vous n’êtes qu’un petit troupeau et si petit qu’un enfant peut l’écrire, Puer scribet eos [Is 10,19]. Et voilà les nations, les mondains, les avares, les voluptueux, les libertins assemblés à milliers pour vous combattre par leurs railleries, leurs calomnies, leur mépris et leurs violences, Convenerunt in unum [Ps 2,2]. Vous êtes petits, ils sont grands. Vous êtes pauvres, ils sont riches. Vous êtes sans crédit, ils sont appuyés de tous. Vous êtes faibles, ils ont l’autorité en main. Mais encore un coup, Nolite timere, ne craignez point volontairement, écoutez Jésus-Christ qui vous dit : Ego sum, Nolite timere, c’est moi, ne craignez point ; c’est moi qui vous ai choisis, Ego elegi vos ; [Jn 15,16] c’est moi qui suis votre bon Pasteur : ego sum pastor bonus ; je vous connais comme mes brebis, Ego cognosco, etc. Nolite mirari si odit vos mundus, scitote, etc. : ne vous étonnez point si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï le premier. Si vous étiez du monde, le monde vous chérirait comme une chose qui lui appartiendrait ; mais, parce que vous n’êtes point du monde, il faut que vous essuyiez sa haine, ses calomnies, ses injures, ses mépris, ses outrages. Ego protector tuus sum in manibus meis descripsi te. Je suis votre protection et votre défense, […], vous dit le Père éternel, je vous ai gravé[e] dans mon cœur et écrit[e] en mes mains, pour vous chérir et vous défendre, parce que avez mis votre confiance en moi et non dans les hommes, en ma Providence et non dans l’argent. Je vous délivrerai des pièges qu’on vous tend, des calomnies qu’on vous impose, des terreurs de la nuit et des ténèbres qui vous intimident, des assauts du démon du midi qui veut vous séduire ; je vous cacherai sous mes ailes ; je vous porterai sur mes épaules ; je vous nourrirai à mes mamelles ; je vous armerai de ma vérité, et si puissamment que vous verrez de vos yeux vos ennemis tomber à milliers à vos côtés : mille mauvais pauvres à votre gauche, dix mille mauvais riches à votre droite, sans que ma vengeance approche même de vous. Vous marcherez avec courage sur l’aspic et le basilic envieux et calomniateur ; vous foulerez à vos pieds le lion et le dragon impie, emporté et orgueilleux ; je vous exaucerai dans vos prières ; je vous accompagnerai en vos souffrances ; je vous délivrerai de tous vos maux ; je vous glorifierai de toute ma gloire que je vous montrerai dans mon royaume, à découvert, après que vous aurai comblé[e] de jours et de bénédictions sur la terre. Ce sont là […] les promesses admirables que Dieu vous a fait par la bouche du Prophète, si vous mettez par Marie – L’Immaculée Conception, la Femme par excellence – toute votre confiance en lui. »
Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Aux Associés de la Compagnie de Marie [ACM], N°1 à 4.
Ainsi, croyons fermement avec Saint Louis-Marie Grignion de Montfort que C’est par Marie – l’Immaculée Conception, la Femme par excellence – que nous devons chercher et trouver Jésus, que nous écraserons la tête du serpent et que nous vaincrons tous nos ennemis et nous-mêmes pour la plus grande gloire de Dieu [55]. Ainsi soit-il.
Guy CASTELAIN †
- Traité de la Vraie Dévotion à la Saint Vierge [VD] de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, N°1.[↩]
- VD 49.[↩]
- Adaptation de VD 62.[↩]
- Ultimo dit le texte latin (DzS 3900) : terme qui possède de multiples sens en français : le plus haut, le plus relevé, le premier, le dernier, l’extrême, le plus reculé, le plus ancien, etc.[↩]
- Affirmation du Courrier de Rome, Sisinono N° 181 (371) juillet-août 1996, p. 3. Toute cette première partie s’inspire de l’article intitulé « A Marie et à son Fils ! Jean-Paul II et le sens marial du protévangile », publié dans le même numéro de cette revue.[↩]
- Datée du 2 février 1904, pour le cinquantenaire de la proclamation du dogme de l’Immaculée conception (1854).[↩]
- VD 51–54.[↩]
- Le Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge de saint Louis-Marie Grignion de Montfort.[↩]
- Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, Georges Rigault, p. 195. Éditions Les Traditions Françaises, Tourcoing, 1947. Bien entendu, il ne s’agit pas d’une définition extraordinaire. Il s’agit du Magistère ordinaire personnel du pape.[↩]
- Le corps mystique du Christ, du R.P. Mura. A. Blot, Paris, 1937. II, p. 132. Cité par La postulation générale montfortaine, Rome 22 avril 1942, in Traité de la vraie dévotion à la sainte Vierge, par le bienheureux Louis-Marie Grignion de Montfort, Reproduction photographique du manuscrit [RPVD]. Préface, p. XXVI et XXVII.[↩]
- Les Pères de la Compagnie de Marie fondée par saint Louis-Marie Grignion de Montfort.[↩]
- Témoignage oral du professeur en question. J’ai passé personnellement plusieurs heures avec ce prêtre. Je tiens ces deux histoires de sa propre bouche. Je garde l’anonymat par discrétion.[↩]
- Epître catholique de Saint Jacques, chapitre 4, verset 4. Traduction de Glaire sur la Vulgate.[↩]
- Élu pape en 1978. Sa devise : Tuus totus, c’est-à-dire : Je suis tout à vous [ô Marie] ». VD 223.[↩]
- Le 19 septembre 1996, à l’occasion du 150ème anniversaire des apparitions de La Salette.[↩]
- Lettre du Pape aux familles montfortaines sur la doctrine mariale de leur saint Fondateur, du 8 décembre 2003. L’Osservatore romano [langue française] N°3, 20 janvier 2004.[↩]
- Osservatore Romano du 19 mars 1965.[↩]
- Voir le document Ecclesia de Eucharistia, Lettre Encyclique du souverain pontife sur l’Eucharistie dans son rapport avec l’Église, datée du 17 avril 2003. Voir sur ce sujet Sisinono N° 271 (461) d’octobre 2004, et Le Sel de la Terre N°46, automne 2003, pp. 16–22.[↩]
- Connaissance élémentaire de la Franc-Maçonnerie, Arnaud de Lassus, AFS, 2° édition, 1996. p. 16–19.[↩]
- Connaissance élémentaire du libéralisme catholique, Supplément au numéro 140, p. 10. AFS, 31, rue Rennequin, F‑75017 Paris.[↩]
- Par la Bulle Ineffabilis Deus de Pie IX le 8 décembre 1854.[↩]
- RPVD, Introduction.[↩]
- Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, la doctrine christo-mariale, par G. Mucci, s.j. La Civilta cattolica, 3 février 2001.[↩]
- Le jésuite s’inspire du P. B. Cortinovis, Dimensione ecclesiale della spiritualita di san luigi Maria de Montfort, Rome, Edizioni monfortane, 1998, 216 s.[↩]
- Avant de donner les arguments de Tradition, un argument historique : l’expression esclave n’a jamais été plus odieuse aux hommes qu’à l’époque où la crucifixion des esclaves était pratiquée, c’est à dire jusqu’au IVe siècle. Même à cette époque, les apôtres se sont fait appeler Esclave du Christ.[↩]
- VD N°72. Cf. Phil. II, 7 et Lc I, 38.[↩]
- Rom. I, 1. Fillion précise en note : esclave au sens strict.[↩]
- Jac. I, 1.[↩]
- Fillion précise en note la signification grecque du mot : esclave.[↩]
- VD N°72.[↩]
- Somme théologique, IIae, IIae, q. 184, a. 4. Il y a une analogie entre la consécration religieuse et la consécration mariale montfortaine : la consécration mariale ne consiste pas en un vœu, mais on s’y oblige à servir Jésus par Marie.[↩]
- Château intérieur, 7ème dem., Ch. IV, éd. Carmélites de Paris, p. 309.[↩]
- Œuvres complètes, éd. Gauthey, t. II, pp. 781–782.[↩]
- Exercices spirituels, N°114.[↩]
- La servitude et l’esclavage. VD N°69[↩]
- De nature, de contrainte et de volonté. VD N°70.[↩]
- VD N°71[↩]
- D N°72 et 129. Catechismus Conc. Trid., pars I, c. 3.[↩]
- VD N°73.[↩]
- Voir Saint Louis-Marie Grignion de Montfort [LC], par le P. Le Crom, Clovis, 2003. p. 443.[↩]
- FJE, p. 61.[↩]
- Le Père Pierre Caillon. Voir sa brochure sur le sujet : « La consécration de la Russie aux Très Saints Cours de Jésus et Marie, Téqui, 1983. p. 52–53. Depuis la situation reste inchangé, nonobstant ce que l’on a pu dire….[↩]
- Le Père Caillon. Voir les six heures de conférences sur le thème Les papes et la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie. Cassettes audio non disponibles dans le commerce, dans lesquelles il expose ses démarches personnelles auprès du pape Jean-Paul II en faveur de la consécration de la Russie et donne les raisons de cette probabilité.[↩]
- La Vierge s’est aussi montrée à Lucie en tant que Notre-Dame du Carmel : « Pourquoi dis-tu que Notre-Dame t’est apparue habillée comme Notre-Dame du Carmel ? […] Parce qu’Elle avait quelque chose qui pendait de sa main ». FJE, p. 86–87.[↩]
- FJE, p. 220.[↩]
- Le sens mystique de l’Apocalypse [SMA], NEL, Paris, 1984. p. 190.[↩]
- SMA, p. 191.[↩]
- Genèse III, 15.[↩]
- Isaïe VII, 14.[↩]
- Saint Jean II.[↩]
- Saint Jean XIX, versets 25–27.[↩]
- Chapitre XII.[↩]
- Pie XII, Munificentissimus Deus, 1950.[↩]
- Voir le livre du père Bernard O.P. Le Mystère de Marie développant la médiation de Marie dans la pensée du père de Montfort.[↩]
- D’après la Lettre aux Habitants de Montbernage.[↩]